Si la majeure production des batteries pour nos voitures électriques se fait actuellement en Chine, avec des acteurs comme CATL ou BYD notamment, cela pourrait bientôt changer. En effet, de nombreux constructeurs et équipementiers se tournent maintenant vers l’Europe ainsi que les États-Unis. De nouvelles usines devraient voir le jour sur le Vieux Continent, alors que les ventes de voitures électriques s’accélèrent. À tel point qu’elles ont dépassé les diesel en France au mois de décembre.
Une forte incitation financière
Outre le géant chinois CATL, implanté depuis peu en Allemagne, plusieurs entreprises prévoient de construire des usines de production de batteries en Europe, comme Verkor ou encore ACC. De son côté, Tesla est désormais prête à assembler des accumulateurs à Berlin, tandis que Volkswagen vient de débuter la construction de son usine dans la ville de Salzgitter, en Allemagne. Si d’autres sites sont également prévus, la firme pourrait finalement revoir ses plans.
En effet, et comme l’explique l’agence de presse AFP relayée par le site Connaissance des Energies, le groupe allemand met ses projets de nouvelles usines européennes en pause pour l’instant. Le constructeur souhaite mettre la pression à la Commission, qui a récemment voté en faveur de l’interdiction des voitures thermiques en 2035. Volkswagen attend une réponse des grandes instances au plan de subvention américain.
Pour mémoire, les États-Unis proposent des subventions pouvant atteindre plusieurs milliards de dollars aux constructeurs de batteries « dont la moitié des composants seraient fabriqués à partir de 2024 sur le territoire nord-américain« . Plus concrètement, près d’un tiers du coût d’une batterie pour voitures peut être pris en charge par le gouvernement américain.
De plus, les voitures électriques fabriquées outre-Atlantique profitent également d’un crédit d’impôt de 7 500 dollars pour les clients. Une aide qui pourrait notamment profiter à Tesla, dont les voitures y sont désormais éligibles.
Mais pour y avoir droit, les batteries doivent également être fabriquées sur le sol américain. C’est pourquoi le gouvernement veut aider les constructeurs à s’implanter là-bas, ce qui permettra également au pays de réduire sa dépendance à la Chine. En Europe aussi, les spécialistes s’inquiètent de la montée en puissance des marques asiatiques, sans que personne n’agisse pour l’instant.
Une réponse attendue de l’Europe
Ainsi, le constructeur, relayé par Automotive News, explique conserver son objectif de produire 240 GWh de batteries en Europe d’ici à 2030, mais pour cela, il estime avoir besoin d’un cadre et de meilleures conditions. Ainsi, il attend désormais une réponse de l’Europe, qui devrait bientôt annoncer sa propre version de l’«Inflation Reduction Act » (IRA) américain.
Pour mémoire, l’ancien patron du groupe Herbert Diess annonçait en 2021 son projet d’implanter six nouvelles usines en Europe, et notamment en Hongrie, en Pologne, en République Tchèque et en Slovaquie, en partenariat notamment avec Northvolt. Volkswagen détient en effet 20 % de la société spécialisée dans la fabrication de batteries.
Celle-ci hésite d’ailleurs également à implanter son prochain site aux États-Unis plutôt qu’en Allemagne. Une situation alarmante pour l’organisation Transport & Environnement, qui tire la sonnette d’alarme dans un récent rapport. L’ONG explique que 68 % des projets de production de batteries en Europe pourraient être reportés, réduits ou tout simplement supprimés d’ici à 2030 si rien n’était fait.
Tesla prévoit par exemple de se désormais concentrer sur les États-Unis pour produire ses nouvelles cellules 4680 de dernière génération. En Europe, les investissements ont chuté de 41 % en 2021 et il est urgent d’y remédier, alors que les États-Unis et la Chine pourraient finir par dominer encore plus le marché. Résultat, et comme le souligne l’AFP, l’Europe pourrait passer à côté de milliards d’euros d’investissements. De plus, une production sur le Vieux Continent serait plus propre, réduisant ainsi la logistique et le transport.
Quelle solution pour l’Europe ?
Mais en Europe, il sera bien plus difficile de combattre le plan IRA (Inflation Reduction Act) des États-Unis comme le souligne Alternatives Économiques. Tous les États membres doivent s’accorder sur un plan unique, au risque de créer une concurrence interne en Europe entre les pays. La réponse de l’Europe n’est pas attendue avant le mois de juillet prochain, lors des discussions qui auront lieu sur le fonds européen de souveraineté.
La piste privilégiée est celle d’un emprunt commun, à l’image du plan COVID. Mais certains pays à l’image de l’Allemagne n’y sont pas ouverts. Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour la création d’une « industrie verte » européenne.
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