Volkswagen a trop de voitures sur les bras en stock mais ce n’est pas uniquement la faute de la voiture électrique

 
Volkswagen traverse actuellement une situation délicate. Le constructeur ferme des usines et envisage des plans de licenciements massifs. Une situation pour le moins préoccupante, d’autant plus que son stock de véhicules continue d’augmenter plus rapidement qu’il ne diminue. Mais est-ce réellement la faute de la voiture électrique ?

Avoir beaucoup de stock est un problème pour de nombreuses entreprises. L’idéal serait de fonctionner à flux tendu, car le stock représente de la trésorerie immobilisée qui coûte de l’argent en maintenance et en gestion. Lorsque le média allemand Bild évoque l’exemple de 6 000 voitures stockées au port d’Essen, certaines personnalités publiques ont détourné ces propos pour critiquer les voitures électriques et la transition énergétique.

Tout n’est pas la faute de l’électrique

Ce qu’on voit sur cette photo est bien un parking de stockage majoritairement rempli de voitures électriques. Mais tout n’est pas dû à la « marche forcée vers le 100 % électrique » imposée par l’Union européenne. Le problème est bien plus complexe que cela !

https://twitter.com/MacLesggy/status/1861790420625211879

Selon un employé interrogé par Bild, le problème résiderait dans le « manque d’infrastructures, de recharge et l’autonomie des voitures« . Une appréciation qui semble subjective, car le réseau de charge s’étend de jour en jour, permettant d’effectuer de longs trajets sans trop de difficultés ni de rencontrer d’embouteillages aux bornes de recharge.

Si le problème venait uniquement des voitures électriques, tous les modèles auraient du mal à se vendre. Or, les ventes de Tesla repartent à la hausse depuis octobre, et les carnets de commandes pour des citadines électriques telles que la Renault 5 ou la Citroën ë-C3 se remplissent rapidement. Alors, pourquoi les voitures de Volkswagen s’entassent-elles sur ce parking ?

Un réseau de distribution saturé

Depuis quelques mois, ce parking d’Essen a tendance à se remplir, avec plus de voitures qui arrivent que de véhicules qui partent. Cette zone de transit, normalement réservée aux voitures en attente de transport, n’a pas vocation à devenir une zone de stockage. Pourtant, plus le temps passe, plus cela y ressemble.

L’Autostadt à Wolfsburg, berceau historique de Volkswagen. // Source : Volkswagen

En effet, le réseau de distribution de Volkswagen n’arrive pas à absorber tous les véhicules produits par la marque, en raison de ventes moyennes qui ralentissent la rotation des véhicules dans les concessions et les livraisons. Résultat : des voitures sans assignation arrivent dans ces zones de transit et y restent plus longtemps que prévu, parfois même plus de six mois avant de trouver une concession capable de les accueillir.

Essentiellement des modèles chers

Dans l’article du média Bild, on peut lire une déclaration d’un employé de ce lieu de transit affirmant qu’il s’agit principalement de modèles trop chers, notamment des Audi et Volkswagen dépassant les 50 000 euros. Un budget qui ne permet pas de bénéficier du bonus écologique en France, ce qui limite l’attrait de ces véhicules dans l’Hexagone.

La concurrence est aujourd’hui féroce, et le prix joue un rôle essentiel dans la décision d’achat. Par exemple, un Renault Scénic est proposé à 39 990 euros, un Tesla Model Y à 40 990 euros, une Peugeot e-3008 est accessible à 44 990 euros, et le e-5008 à 46 990 euros.

Ces voitures offrent un style attractif, un espace généreux et une autonomie correcte, avec des tarifs de plus en plus compétitifs. De son côté, Audi a lancé une série spéciale à 46 990 euros pour tenter de profiter du bonus écologique et relancer ses ventes. Chez Volkswagen, l’ID.4 est disponible à partir de 41 500 euros, certes, mais avec une petite batterie de 52 kWh et une autonomie de 360 km, plus faible que celle d’une Renault 5 E-Tech. Une capacité qui peut sembler juste pour un usage familial.

À titre de comparaison, un Tesla Model Y à 40 990 euros propose une autonomie de 455 km, un Renault Scénic à 39 990 euros atteint 420 km, tandis que cette version de l’ID.4 plafonne à 363 km.

Pour retrouver sa compétitivité, Volkswagen va devoir revoir profondément sa gamme, en commençant par ses véhicules électriques. Heureusement, le constructeur de Wolfsburg prévoit le lancement, en 2025, d’un modèle jugé essentiel : la citadine ID.2, attendue à partir de 25 000 euros.