La quasi-totalité des Xiaomi Store en France a fermé ses portes. L’annonce a fait évidemment grand bruit. Or, il faut bien comprendre que les activités de Xiaomi dans l’Hexagone se portent bien, mais l’entreprise Tell Me, le prestataire externe chargé de gérer les boutiques physiques, a fait l’objet d’un redressement judiciaire.
Résultat : les Xiaomi Store ont fermé leurs portes brusquement, à l’exception de celle ouverte sur les Champs-Élysées, car celle-ci n’est pas gérée par Tell Me. En réaction, Xiaomi se contentait d’indiquer avoir « pris connaissance de la décision du Tribunal de justice de Créteil plaçant la société Tell Me, gérant des Xiaomi Store en France, en liquidation judiciaire ». La firme ajoutait ensuite chercher « à reprendre rapidement les activités normales ».
La responsabilité de Xiaomi remise en cause
Au travers de ses propos, on sent que Xiaomi prend ses distances par rapport à cette affaire. Cependant, la responsabilité de la marque chinoise est pointée du doigt par d’anciens employés des boutiques qui témoignent auprès de Numerama. D’aucuns estiment que ce communiqué livre une interprétation faussée des faits. « Ce n’est pas la réalité et ce n’est pas juste pour Tell Me, qui a fait tout ce qu’il pouvait pour sauver nos activités », explique l’une des personnes interrogées.
Ce vendeur récemment licencié pointe du doigt une inaction de la part de la marque chinoise. « C’est Xiaomi France qui n’a pas voulu aider les boutiques, ils n’ont pas mis un centime dans les magasins ». Les témoins, qui s’expriment sous couvert d’anonymat, évoquent un sentiment d’abandon. Xiaomi est, en effet, accusé de laxisme, au mieux, ou carrément, au pire, d’avoir mis des bâtons dans les roues des boutiques physiques.
Une histoire compliquée
Il faut savoir qu’au tout début, les boutiques en France étaient régies par une autre entité, iHealth Labs. Il s’agit d’un fabricant de thermomètres et de balances connectées. Cette firme n’a donc, a priori, pas de légitimité à récupérer une activité dans la distribution. Il semblerait que ce choix de partenaire s’inscrivait dans des accords plus globaux entre Xiaomi et iHealth.
Or, les personnes ayant témoigné auprès de Numerama regrettent une mauvaise gestion d’iHealth. Elles expliquent également qu’à partir de 2019, cette entreprise aurait été grandement marquée par les manifestations des Gilets jaunes en marge desquelles des vitrines de Xiaomi Store avaient été brisées et des produits dérobés.
À la fin de l’année 2020, la direction d’iHealth, vraiment rebutée par ces événements (en plus de la pandémie), aurait déjà décidé de fermer les boutiques, sauf celle des Champs-Élysées qui jouit d’une bonne visibilité. Deux anciens d’iHealth décident alors de créer Tell Me pour reprendre les activités et sauver les équipes qui œuvrent dans les magasins.
Les Xiaomi Store concurrencés par le site de Xiaomi
Cependant, dès le début du projet, il était clair que Tell Me n’arriverait à rien sans trouver d’associé et des fonds. Et c’est là que les personnes témoignant mettent en cause la responsabilité de Xiaomi qui, d’après certaines sources, savait depuis toujours que « sans soutien extérieur, c’était mort ». Et la marque n’aurait ainsi jamais fourni cette aide tant espérée.
Pire, son site web marchand (mi.com) aurait fait de la concurrence aux Xiaomi Store sur plusieurs produits (hors smartphones) avec des promotions alléchantes alors que les prix étaient gelés dans les boutiques physiques. Numerama précise que les équipes de Xiaomi France ne sont pas réellement visées par les critiques. Les accusations s’adressent plutôt au siège en Chine.
Xiaomi devrait continuer d’avoir des boutiques en France
Contacté par Numerama, Xiaomi laisse clairement entendre qu’il compte continuer à miser sur des boutiques physiques pour appuyer sa présence en France : « nous évaluons toutes les possibilités pour l’avenir, y compris les nouveaux points de vente physiques potentiels ». Le groupe souligne cependant l’indépendance des magasins de détail qui « vendent des produits Xiaomi officiellement autorisés ».
Ces derniers « sont donc détenus et exploités par les parties tierces, qui sont [seules] responsables de leurs opérations et de leurs finances ». La filiale française ne donne pas plus d’informations sur la potentielle influence du siège en Chine sur ses décisions.
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