Si les voitures électriques et les infrastructures de charge ont connu des progrès fulgurants en termes de polyvalence et de facilité d’utilisation, le grand public reste encore méfiant des capacités de ces autos sur les longs trajets.
Une majorité encore assez peu réceptive à cette nouvelle motorisation, mais à laquelle Daniel ne fait manifestement pas partie : ce propriétaire de Xiaomi SU7 a ainsi décidé de rejoindre Paris depuis la Chine… par la route. Nous l’avons rencontré en exclusivité.
Un voyage de deux mois et 17 000 kilomètres
Sept pays, (quasi) zéro difficulté
Le rendez-vous est donné Place des Vosges, dans un Paris désert, en pleine période olympique. Daniel arrive avec sa SU7 bleue… et customisée, avec plusieurs autocollants humoristiques et de nombreuses indications inscrites au feutre directement sur la carrosserie. « Les villes du périple et les dates de mon arrivée », précise-t-il.
L’occasion de se pencher un peu plus en détail sur les détails de cette épopée pour le moins étonnante. Daniel est donc parti il y a deux mois à la frontière avec le Kazakhstan, avec l’idée bien arrêtée de rejoindre Paris par la route.
Durant ces deux mois, il aura traversé le Kazakhstan, avant d’arriver en Russie, puis de passer en Lettonie, la Lituanie, la Pologne, avant l’Allemagne et la France.
Une épopée prise manifestement avec beaucoup de nonchalance. « J’ai planifié le trajet, notamment pour les recharges », nous annonce Daniel, mais sans plus. Il est ainsi parti avec… 1 000 euros en poche. « J’allais peut-être manquer d’argent au Kazakhstan ou tomber en panne en Russie, mais je voulais voir jusqu’où je pouvais aller », explique-t-il.
La chance lui a manifestement souri, puisqu’il est arrivé à Paris sans la moindre encombre… ou presque : « il y a eu un moment chaud au Kazakhstan où je me suis embourbé », nous raconte-t-il. Des pêcheurs l’ont alors tiré d’affaire, et tout le reste du voyage s’est bien passé.
De nombreuses recharges et un adaptateur nécessaire
17 000 km entre la Chine et la France : une épreuve pour n’importe quelle voiture, mais la motorisation électrique de sa Xiaomi SU7 peut laisser penser à quelques challenges logistiques en termes de recharge.
Une question que Daniel expédie rapidement : « je n’ai jamais eu de problème à trouver une station de charge », nous explique-t-il. Même dans les pleines du Kazakhstan ou de la Russie, il a toujours trouvé de quoi se recharger, avec deux paramètres qui lui ont facilité la vie.
La première, c’est qu’il n’existe qu’un seul réseau de charge au Kazakhstan, et qui permet de régler directement sur les bornes, sans passer par une application. Une différence avec l’Europe, où Daniel a regretté de devoir quasi systématiquement passer par une application pour régler les charges (même si l’UE a obligé les nouvelles installations à se doter de moyens de règlement).
Second point appréciable : les câbles de charge rapide y sont au standard chinois… à l’inverse de l’Europe, où un coûteux adaptateur (aux alentours de 800 euros, d’après lui) a dû être nécessaire pour les charges en courant continu.
Un chargeur qui ne marchait d’ailleurs pas sur toutes les stations, notamment les Ionity, obligeant Daniel à trouver d’autres réseaux de charge. Heureusement, nous dit-il, « la densité et la rapidité des chargeurs est appréciable ».
Allez, partons sur quelques chiffres : sa SU7 a donc parcouru 19 729 km depuis sa sortie d’usine avec une consommation moyenne de 23,8 kWh/100 km. Une consommation assez haute, mais qui peut en partie s’expliquer par le rythme soutenu de Daniel, qui ne s’est pas privé de pousser sa Xiaomi électrique.
Un objectif initial bien spécifique
Après, une question qui semble aller de soi à la découverte de ce périple est : pourquoi ? Notre Daniel avait un plan bien spécifique à la base.
Étant commercial automobile dans une société spécialisée dans l’export, il voulait profiter de la situation géopolitique russe (où les sanctions suite à la guerre en Ukraine ont quasiment interrompu toutes les ventes de voitures européennes, ouvrant grand la porte aux constructeurs chinois) pour y vendre des SU7.
Un projet qui n’a pu être concrétisé, notamment à causes des taxes de 20 000 euros demandées par la Russie, mais qu’importe : Daniel avait acheté sa SU7 et compte bien l’utiliser.
La SU7, sa première voiture qu’il n’a pas choisi par hasard
Chose étonnante : la SU7 est la première voiture de Daniel, âgé de 25 ans ! Encore plus cocasse : il ne porte pas spécialement Xiaomi dans son cœur, mais a choisi la SU7 plus comme « le dernier objet à la mode » que par attache à la marque.
Il s’est d’ailleurs précipité sur la voiture, signant le bon de commande quelques jours après l’ouverture des ventes en mars 2024 – ce qui explique pourquoi il l’a récupérée si tôt, les délais de livraison dépassant désormais les huit mois d’attente.
Un statut assez particulier pour cette voiture en Chine, donc (en témoigne son succès commercial), et qui s’est concrétisé très rapidement lors de notre rencontre : les touristes chinois s’arrêtaient systématiquement en découvrant la voiture et entamaient la discussion avec Daniel pour savoir comment ce modèle uniquement vendu en Chine pouvait se retrouver au cœur de Paris.
De façon générale, la réaction des gens tout au long du trajet fut très bonne, notamment en Russie. La partie préférée de la SU7 ? « L’accélération », répond du tac au tac Daniel. Il est vrai qu’il a craqué pour la version Max, qui expédie le 0 à 100 km/h en… 2,78 secondes !
Le plus grand testeur de la voiture au monde ?
Une bonne voiture, mais pas parfaite
Après plus de 19 000 kilomètres et 9 pays traversés à son volant, Daniel est peut-être le client qui connaît le plus la Xiaomi SU7 au monde. L’occasion d’en savoir plus sur cette voiture électrique.
Pour aller plus loin
On a visité l’usine Xiaomi de voitures électriques : l’une des plus évoluée au monde et un vrai voyage dans le temps
Sur ce point, Daniel restera objectif. « Tout n’est pas parfait sur la voiture », nous explique-t-il, « et je ne la trouve pas si confortable pour les grands gabarits ». La position de conduite est ici soulignée, et il nous l’illustre par un problème qu’il n’a cessé de rencontrer : son genou tape contre le coin inférieur de l’écran central.
Il sait toutefois reconnaître les bons points, notamment une tenue de route et un comportement de très bon niveau, sans compter l’accélération dantesque.
Les matériaux et les assemblages lui conviennent également très bien… à l’exception d’un problème manifestement récurrent sur la SU7 : l’aile avant a tendance à casser son attache inférieure, sûrement à cause de la canalisation d’air qui passe juste derrière. Un souci qu’il a rencontré, et qu’il a réparé… avec un bout de scotch.
En termes d’autonomie, sa SU7 Max dispose d’une batterie de 101 kWh, capable de parcourir 800 km en une charge selon les (optimistes) normes chinoises CLTC. Dans la vraie vie, Daniel annonce pouvoir faire « entre 500 et 600 km en ville, mais plus autour de 400 km sur autoroute ».
À titre d’exemple, les 2 400 kilomètres entre la Lettonie et Paris se sont soldés par 7 recharges, soit environ 350 km entre chaque arrêt – notons tout de même qu’il n’arrivait pas avec la batterie vide aux stations, de quoi se conforter dans ses déclarations.
Des fonctions indisponibles hors de Chine
Chose intéressante à signaler : hors de la Chine, la SU7 doit oublier plusieurs de ses fonctionnalités. La navigation, par exemple, fut aux abonnés absents dès le passage de la frontière, ce qui a provoqué une baisse des capacités du système de conduite autonome.
Si le régulateur adaptatif et le maintien en voie restaient actifs, Daniel a dû faire sans le système avancé d’assistance, comprenant notamment la reconnaissance des feux rouges ou la prise en charge des voies d’accès et de sortie d’autoroute.
Les longs trajets en voiture électrique : sans aucun problème ?
Daniel compte bien passer quelques jours à Paris pour profiter des Jeux Olympiques, puis descendra à Barcelone, avant de repartir en Chine… au volant de sa SU7, bien évidemment. « Je pense quand même m’arrêter au Nürburgring [un mythique circuit allemand, NDLR] », nous glisse-t-il.
Chose amusante : Xiaomi y a testé plusieurs prototypes de sa surpuissante SU7 Ultra il y a quelques semaines pour peaufiner sa mise au point.
À la question « quels conseils pour quelqu’un qui veut faire une (très) longue distance en voiture électrique », Daniel répond « la recharge n’est pas vraiment un problème, mais il faut tout de même planifier l’itinéraire » – il a pu le faire via plusieurs applications, notamment 2Charger en Russie et Chargemap pour l’Europe (une app française, cocorico).
L’autre conseil est peut-être un peu plus saugrenu, mais il nous encourage à… maîtriser les langues locales ! La preuve, donc, que la motorisation électrique de sa voiture représente quasiment le cadet de ses soucis.
Que retenir de cette étonnante rencontre ? Certes, Daniel n’a pas choisi la pire voiture électrique pour son épopée. Avec 600 kilomètres d’autonomie, une recharge rapide et des systèmes d’assistance évolués, cette SU7 a tout d’une bonne voyageuse, mais la fiabilité de cette toute jeune auto (et la première voiture de Xiaomi, faut-il le rappeler) est une bonne surprise et prouve la rigueur et la volonté de la marque chinoise à proposer un produit de qualité.
Pour aller plus loin
Le patron de Xiaomi explique comment il a fait pour créer la « voiture électrique de rêve » et c’est impressionnant
En tout cas, ce voyage remet en perspective les craintes de tomber en panne d’énergie dans notre quotidien et lors des départs en vacances. Daniel a parcouru quasiment la moitié de la Terre sans gros problème ; vous devriez pouvoir partir en vacances avec confiance.
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