Essai Zeekr X : la voiture électrique chinoise qui a enfin (presque) tout pour elle

Un sérieux prétendant

Nous avons pu essayer la seconde voiture du constructeur chinois Zeekr, la Zeekr X, à qui l'on doit la voiture électrique à 1 000 km d'autonomie (la Zeekr 001). Le crossover Zeekr X propose une entrée en matière à moins de 45 000 euros dans un monde premium moderne et original, signé du groupe chinois probablement le plus dynamique du moment, Geely. Voici notre avis complet et détaillé de la version de base, forte de 272 chevaux et d'un équipement pléthorique.
Le Zeekr X sera sur nos routes à la fin 2024.
Le Zeekr X sera sur nos routes à la fin 2024.
 

Si vous êtes fidèle lecteur des pages de Survoltés, vous devez commencer à être familier avec la marque Zeekr, sortie de terre il y a 2 ans : nous avons déjà essayé ici le grand break de chasse 001 et sommes montés à bord de ce modèle X, en statique. Comme si le groupe chinois Geely manquait de marques de marques premium (Volvo, Polestar, Lotus, Lynk&Co, Smart…), ses responsables se sont donc dits qu’il y aurait certainement la place pour un petit nouveau du genre !
Ainsi est née Zeekr, marque surdouée à la croissance accélérée (déjà 150 000 voitures écoulées en Chine), forte de bases techniques connues dans le groupe avec notamment la plateforme modulaire 100 % électrique SEA qui équipe la Smart #1 et la Volvo EX30. De quoi laisser la concentration des équipes se tourner vers le design, très fort, sous la direction d’un ancien de Audi, Stefan Sielaff.
En Europe, Zeekr construit son siège régional à Amsterdam, tandis que le design et la R&D sont basés à Göteborg, en Suède. C’est par ces deux pays que la marque a abordé notre continent, en attendant un déploiement en Belgique, Allemagne, Norvège et chez nous en France. Une arrivée attendue d’ici un an (fin 2024 donc), marquée par la construction d’un show-room modèle à Paris. Une centrale de pièces détachées et de réparation de carrosserie sera mise en place pour couvrir le Vieux Continent, tandis que le mode de distribution sera autour de hubs rassemblant tous les services autour de la marque.

Avec 4,43 m de long et un empattement de 2,75 m, le X offre de belles proportions.

Le Zeekr X devrait être le best-seller potentiel de la marque, avec son gabarit de crossover familial de 4,43 m de longueur. De quoi rivaliser avec des références comme les Volkswagen ID.3 ou ID.4 (il se situe entre les deux), Mercedes EQA, BMW iX1, mais aussi dans sa propre famille, la Smart #3 par exemple. Pour cela, Zeekr mise sur une gamme très simple avec un tarif canon : une version propulsion, une version à 2 moteurs et traction intégrale avec quelques menus équipements en plus, une seule batterie de 69 kWh et une seule option (pour la peinture) et voilà.

Fiche technique

Modèle Zeekr X
Dimensions 4,45 m x 1,836 m x 1,572 m
Puissance (chevaux) 427 chevaux
0 à 100km/h 3,8 s
Niveau d’autonomie Conduite semi-autonome (niveau 2)
Vitesse max 200 km/h
Taille de l’écran principal 8,8 pouces
Prise côté voiture Type 2 Combo (CCS)
Prix entrée de gamme 45000 euros
Fiche produit

Design : un vrai spectacle !

Une chose est sûre : les designers du Zeekr X ont eu les mains libres ! Le crossover chinois ressemble à un concept-car qu’on aurait presque tel quel laissé sortir du studio de création pour aller rejoindre la route. On peut trouver le traitement de ses détails un peu compliqué ou surchargé, mais honnêtement, il est difficile de ne pas être impressionné par ses lignes franches, ses belles proportions et ses idées originales tout autour de sa carrosserie.

L’identité visuelle passe par le « regard »…

Les feux de jour à LEDs donnent une jolie identité à la face avant, les élargisseurs d’ailes laqués noir ont une forme interrompue qui dynamise la silhouette, tout comme le gros “kick” au niveau des portes arrière, tandis que les feux animés eu s’approchant de l’auto font le spectacle.

Ramassé, sophistique, le petit crossover chinois est franchement original.

Un sentiment de spectaculaire qui perdure à la découverte de l’habitacle, surtout dans notre version d’essai aux tons clairs, baignée de lumière via le grand toit panoramique (fixe) de 1,21 m2.

Habitabilité : espace et clarté

Pas de cuir animal dans la cabine de la X, mais un combo cuir végétal souple et revêtement façon Alcantara, associés à de vraies touches de métal (c’est tellement rare !) d’une couleur entre or et laiton du plus bel effet, même si certains pourront trouver cela un peu clinquant.

Clarté, modernité sont les maîtres-mots à bord.

L’espace dégagé entre les sièges avant, sans console centrale, associé au dessin très épuré et aux tons clairs, complété par la surface translucide rétro-éclairée de la couleur que l’on souhaite : voilà qui concourt à une belle impression de zénitude lorsqu’on prend place à l’avant.

Couleur au choix pour l’éclairage d’ambiance.

Des rangements généreux sont répartis dans l’habitacle, et on note deux prises USB-C de respectivement 27 et 60 watts pour recharger smartphones et ordinateurs ! Pour la recharge sans fil, il faut glisser son smartphone dans un support aveugle dans l’accoudoir avant, où il est tenu en place par une partie protubérante souple, cachée.

L’accoudoir est non réglable, dommage car il est un peu court.

Les passagers arrière ont droit à leurs prises de recharge, et l’espace aux genoux comme à la tête y est généreux. Dommage que, comme souvent, le plancher surélevé par la présence de la batterie donne une position moins confortable, d’autant qu’on ne peut pas ici étendre les jambes sous les sièges avant.

Côté coffre, on aurait attendu mieux : avec 362 litres, le X n’est pas un crossover SUV bien généreux. Heureusement, les dossiers arrière se rabattent à plat pour emporter de gros objets facilement. Sous le capot avant, le petit frunk ne permet que d’accueillir le câble de recharge, guère plus.

Infodivertissement : catalogue complet

Difficile de savoir si cet état d’esprit zen perdurera avec l’usage du système d’info-divertissement maison (sur une base Android) : toutes les fonctions n’étaient pas encore disponibles ou finalisées lors de notre essai, une fâcheuse habitude de plus en plus répandue malheureusement chez les constructeurs, surtout chinois.

Ce qu’on peut dire, c’est que l’écran de 14,6″ est bien défini et très réactif, et que ses graphismes modernes sont flatteurs. La clim est toujours accessible depuis un bandeau permanent en bas de l’écran, ouvrant en grand les réglages de flux à diriger du bout des doigts comme chez Tesla. La représentation 3D de l’auto rend très bien et sa représentation avec une vue à 360° comme vue d’un drone lorsqu’on manœuvre est impressionnante. L’ensemble tourne avec une puce Qualcomm et la mémoire de 128 Go permet de stocker infos et applis et peut être contrôlé à la voix ou par geste.
Le pack Premium est offert la première année (99 euros par an ensuite) et propose une connexion 5G illimitée, donnant accès aux streamings audio et vidéo, à des jeux et différentes applis développées avec Harman Ignite. Une navigation connectée prenant en compte le trafic et une planification intelligente de la route, incluant les mises à jour de la cartographie, est aussi dans le pack Premium. Apple CarPlay et Android Auto sont eux de série.

Le conducteur a le choix entre l’instrumentation et l’affichage HUD.

Devant le conducteur, un petit écran d’instrumentation (8,8″) donne les infos principales de manière assez lisible, mais on a tendance plutôt à privilégier le vaste affichage tête haute de 24,3 pouces avec ses flèches bougeant de manière dynamique pour souligner les changements de direction donnés par le GPS (de série). Une simple animation plutôt qu’une vraie réalité augmentée comme le présente le constructeur, du moins à ce stade.

Dommage que la sono Yamaha ne soit pas ici au niveau de celle de la Zeekr 001.

Les touches au volant permettent de commander l’affichage de l’ordinateur de bord et de contrôler la sono signée Yamaha, franchement décevante au vu de son prestigieux fabricant. Un bouton caché derrière une des branches du volant déclenche le curieux haut-parleur extérieur qui peut relayer (et déformer à volonté !) la voix des passagers avant pour parler à des piétons (ou leur faire peur…). Au programme aussi, des cris d’animaux, mais pas de pets à la Tesla (mais rien ne vous empêche de les imiter). Une dashcam est aussi au programme.

Le mode « pet » permet de rassurer les passants sur le sort d’un animal à l’intérieur, qui bénéficiera de la clim…

Enfin, un petit écran extérieur sur le pilier B (entre les portes, du côté gauche) affiche différentes informations : ouverture de la trappe de recharge, état de la charge (bien pratique), présence d’un chien à l’intérieur en pet mode (avec la clim ou le chauffage) pour ne pas inquiéter les passants…

Conduite : confort et fun

272 chevaux aux roues arrière, voilà de quoi faire saliver les amateurs de conduite sportive, du moins en théorie. Mais on le sait, certains constructeurs offrent ce type de puissance et d’architecture en électrique avec un comportement très placide, comme chez Volkswagen… Le cas du Zeekr X est un peu plus compliqué, ou plutôt, multifacettes.
Avec un antipatinage électronique très rapide et une suspension du genre souple, qui privilégie nettement le confort (et y réussit remarquablement), voilà une auto facile à prendre en mains, efficace et neutre en comportement, plaisante même avec sa direction franche et son freinage facile à doser.
On peut jouer sur les modes de conduite et les paramètres individuels pour régler sa conduite à sa guise : réactivité à l’accélération, fermeté de la direction, etc. Concernant la force du freinage régénératif, on regrette une arrivée un peu brutale et tardive dans le mode maximum, qui nuit au confort pour les passagers. Par ailleurs, aucune conduite one pedal jusqu’à l’arrêt n’est prévue à ce stade, dommage.

Dynamique et très confortable, le Zeekr X offre un excellent compromis.

En revanche, si on hausse le rythme, éventuellement en débranchant (partiellement) l’ESC, le Zeekr trouve un nouveau visage, devenant un peu plus amusant grâce justement à la souplesse de ses suspensions, qui autorisent des mouvements de caisse plus amples : ceux qui les souhaitent peuvent jouer alors avec le caractère de propulsion, profitant de ses 343 Nm de couple pour faire gentiment glisser cette auto de 1,8 tonne.
Mais bon, là n’est pas la vocation d’un crossover familial et au quotidien, le X remplit très bien son rôle. Dans tous les cas, les performances sont d’un bon niveau avec une accélération de 0 à 100 km/h en juste 5,6 s (3,8 s avec la version Privilege AWD de 428 ch). La vitesse maxi est limitée à 180 km/h.

272 ch et 343 Nm de couple assurent de belles performances.

Concernant les aides à la conduite, notre modèle de pré-production n’ayant pas droit aux dernières versions des ADAS, il nous est difficile de les juger. Notons que pas moins de 19 ADAS sont listées par le constructeur sur cette auto, avec naturellement la conduite semi-autonome de niveau 2 sur autoroute. Pour cela, une armada de capteurs est installée, avec 5 caméras extérieures, 5 radars longue distance et 12 radars courte distance. En manœuvres, la vision à 360° est excellente. Enfin, pour clôturer en beauté ce paragraphe sécurité, 5 étoiles EuroNCAP sont visées.

Autonomie, batterie et recharge : bonne moyenne

Une seule batterie NMC fabriquée par CATL est au programme pour les deux versions de la Zeekr X, avec 69 kWh de capacité brut. On peut estimer à environ 65 kWh sa capacité utile, que Zeekr refuse de la communiquer officiellement, petite cachotterie que la marque justifie pour garder son avantage concurrentiel… La batterie est capable de recharger des appareils extérieurs en V2L (recharge bidirectionnelle).

Le bel écran affiche un panneau complet des fonctions de recharge.

L’autonomie homologuée WLTP est de 440 km pour notre version d’essai propulsion, dite Long Range, et de 400 km pour la version à deux moteurs. Notre consommation s’étant établie à 17 kWh/100 km (16,4 kWh/100 km officiellement sur la norme WLTP avec la prise en compte des pertes liées à la recharge) sur les tranquilles routes suédoises de notre parcours d’essai, on peut en effet tabler sur environ 400 km maxi, à condition de ne pas prendre d’autoroutes. La pompe à chaleur de série aide à conserver ces valeurs lorsque les températures montent ou descendent.
À titre de comparaison, la Tesla Model Y Propulsion est donnée pour une consommation de 15,7 kWh / 100 km.

La recharge rapide atteint 150 kW maxi.

Le chargeur embarqué de 22 kW de série (un bon point) permet de repasser de 0 à 100 % de charge en 4 heures, tandis que sur une borne rapide DC, avec une capacité maxi de 150 kW, il faut compter sur une recharge de 20 à 80 % en juste moins d’une demi-heure.
Une navigation avec un planificateur d’itinéraire et le préchauffage automatique de la batterie en vue de la recharge est proposée. Cette fonction est gratuite pour la première année, puis elle devient payante dans le pack Premium Connectivity à 99 euros par an. Pour la recharge, un accord avec Plugsurfing permet d’accéder à 500 000 points de charge en Europe.

Prix : agressif !

La commercialisation de Zeekr en France n’est prévue qu’après la rentrée 2024, mais les tarifs européens sont prévus pour être harmonieux et ne devraient pas différer ici. Avec un tarif tout juste sous les 45 000 euros chez nos voisins, le Zeekr X est ainsi très compétitif face aux autre modèles premium comparables, grâce à un équipement très complet et des prestations de premier ordre.
De série, il inclut le toit panoramique fixe, tous les sièges chauffants, l’affichage tête haute, la sono Yamaha à 13 haut-parleurs, les jantes de 19″, la pompe à chaleur et le chargeur embarqué de 22 kW. À moins de 50 000 euros, la version forte de deux moteurs ajoute des jantes 20 pouces et des sièges massant et ventilés.
Ces tarifs incluent une belle garantie 5 ans, extensible de 5 ans (jusqu’à 200 000 km) si l’entretien est effectué par la marque : 10 ans de garantie, voilà de quoi bien rassurer.
Mais attention toutefois : cette Zeekr X est produite en Chine, et elle pourrait bien ne pas avoir le droit de profiter du nouveau bonus écologique, à moins d’avoir le droit à une dérogation si son usine est majoritairement alimentée par les énergies renouvelables.

Note finale du test
9 /10
Décidément, le groupe Geely commence à sérieusement se montrer compétitif et ambitieux. En seulement 2 ans, montant une marque premium de toutes pièces, le constructeur chinois réussit un second modèle très calibré pour nos marché, à la fois séduisant, avec une vraie personnalité esthétique, une conduite convaincante, des performances électriques au niveau et un tarif... chinois.

Il lui manque certes les versions finales de ses ADAS et info-divertissement mais d’ici un an et sa commercialisation sur nos terres, gageons que les ingénieurs de la marque sauront y remédier. Reste à créer un réseau de distribution et créer une image pour toucher un public premium particulièrement exigeant, face à des références établies de longue date.

Points positifs du Zeekr X

  • Consommation et autonomie

  • Design intérieur et extérieur attractif

  • Grand confort et conduite plaisante

  • Tarif agressif et garantie

Points négatifs du Zeekr X

  • ADAS et info-divertissement encore à tester

  • Image à créer

  • Coffre limité

  • Sono Yamaha sans souffle

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