Après notre premier essai du SUV VinFast VF8, nous avons profité de notre passage au Vietnam pour visiter l’usine de VinFast près d’Hanoï. C’est dans le calme d’une journée chaude et humide, près du port de Haïphong, l’un des sites les plus bombardés de tout le Nord-Vietnam, que notre journée a commencé. La guerre est terminée depuis maintenant près d’un demi-siècle de retard et ce coin du front de mer a été fortement industrialisé.
VinFast a vu le jour cinq ans auparavant, dernier-né d’un conglomérat fondé par Pham Nhat Vuong. Nous en parlions dans un dossier, après avoir obtenu son diplôme d’études à Moscou, il a emprunté 25 000 dollars pour lancer une entreprise de nouilles instantanées en Ukraine. En 2010, il l’a vendue à Nestlé pour 150 millions de dollars, puis est au Vietnam pour lancer Vingroup. Il exploite aujourd’hui un assortiment d’entreprises, y compris des centres commerciaux, des hôtels, des villages vacances et des parcs d’attractions, des hôpitaux, un opérateur mobile et même une université.
Désormais, l’homme le plus riche du Vietnam a l’intention de devenir un seigneur mondial de l’automobile. Nommée VinFast, sa nouvelle entreprise est déterminée à être à la hauteur de son nom. Créé en 2017, le premier véhicule, un BMW X5 modifié, était en production deux ans plus tard dans un complexe tentaculaire érigé à Haïphong. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de conduire les premières voitures thermiques de VinFast, un SUV et une berline dont les finitions n’ont rien à envier à celles des voitures allemandes.
Si tout se passe comme prévu, le constructeur automobile vietnamien commercialisera deux véhicules tout électriques en France d’ici à la fin d’année 2022, le VF8 dont on a réalisé un premier essai et l’énorme SUV VF9. Il y aura ensuite les VF6 et VF7. Tout un programme.
Bien qu’il y ait beaucoup d’usines au Vietnam, elles sont largement axées autour de la production de vêtements. Le lancement de VinFast marque un changement radical qui pourrait radicalement modifier l’économie de la nation asiatique. Du moins, c’est l’objectif de Vingroup.
Au début, difficile de prendre au sérieux le projet. Il y a eu l’accord de licence avec BMW. Puis la construction d’une énorme usine près du port d’Haïphong et le recrutement de grandes pointures de l’automobile en Europe et en Amérique. Comme nous l’évoquions dans cet article, pour aller vite, VinFast collabore avec les Italiens Pininfarina et Torino, l’Autrichien Magna Steyr, le Suisse ABB, les Allemands Bosch, Siemens, et par ailleurs BMW.
Avec une population de plus de 97 millions d’habitants, VinFast dispose d’un marché domestique potentiellement lucratif. Mais VinFast a très tôt expliqué que leurs ambitions ne s’arrêtaient pas à la frontière vietnamienne. Ils ont donc annoncé passer au 100 % électrique, alors même que le Vietnam est très loin d’entamer cette transition énergétique. Sur les routes vietnamiennes, nous avons croisé de multiples véhicules VinFast. Cependant, toutes étaient thermiques, équipées d’un moteur BMW modifié.
Notez que VinFast n’est pas nouvelle dans les véhicules électrifiés, l’entreprise vietnamienne commercialise déjà des scooters et des bus électriques au Vietnam. Nous avons eu l’opportunité de les tester.
La « Gigafactory » vietnamienne
L’usine de Haïphong est énorme, rien que l’atelier d’assemblage possède une superficie totale de 200 000 mètres carrés. À présent, la capacité de production est en moyenne de 38 véhicules par heure, soit 250 000 véhicules électriques par an. VinFast a néanmoins la possibilité d’agrandir son usine pour atteindre 950 000 véhicules produits par an. C’est l’équivalent de ce que pourrait théoriquement produire la Gigafactory de Tesla à Shanghai en Chine. On a d’ailleurs mis « Gigafactory » entre guillemets, car contrairement à Tesla (et bientôt Volkswagen), pour construire ses batteries, VinFast assemble des cellules déjà livrées par Samsung. VinFast ne produit — pas encore — ses propres cellules.
Pour être entièrement assemblée, une voiture VinFast passera par une chaîne de montage complète de quatre kilomètres de long. Après la peinture, la carrosserie de la voiture est automatiquement transférée à l’atelier d’assemblage général par un système aérien.
Au total, il faut assembler environ 3 000 composants et sous-ensembles principaux pour construire une voiture complète. Avec 15 lignes de production, dont l’assemblage intérieur/extérieur et des portes, l’assemblage du moteur et du châssis, l’assemblage final et les lignes de finition et d’inspection générale.
Les robots fournis par Dalmec (Italie) permettent aux opérateurs de manipuler de manière sûre des pièces et des composants de grande taille sans contact direct, ce qui contribue à accroître la productivité et la sécurité.
L’atelier de carrosserie de VinFast est, quant à lui, équipé de 1 200 robots ABB (Suisse) installés par des experts de l’industrie automobile, dont EBZ d’Allemagne et Hirotec du Japon. Ce système robotique permet à l’atelier de carrosserie de produire 100 % des soudures des voitures. Il est impressionnant de voir les robots bouger de façon harmonieuse et précise.
Là où sont conçues les batteries
VinFast conçoit également ses propres batteries, avec une usine d’assemblage de batteries et prévoit à terme de produire ses propres cellules de batterie à Haïphong. Une fois dans ce workshop dédié aux batteries, on retrouve les petites cellules/piles conçues par Samsung.
Le processus de tri des cellules est 100 % automatisé. Les cellules sont vérifiées et classées en quatre niveaux de tension afin d’optimiser l’autonomie et la durée de vie des batteries. Après avoir été testées, elles sont regroupées dans des blocs de piles. Comme chez Tesla, ce sont donc de petites cellules de batterie individuelles connectées en parallèle et en série.
Ainsi, elles s’assemblent en un bloc de batteries, contrairement aux batteries sous forme de poche, comme les batteries de la BMW i3 ou les batteries utilisées dans la Chevrolet Bolt. Ce choix s’explique par la flexibilité et la rentabilité qu’offre l’assemblage de ces petites cellules de batterie. De cette façon, en connectant un plus grand nombre de cellules de batterie en parallèle, VinFast augmente la capacité de la batterie, offrant alors plusieurs versions du véhicule avec une autonomie étendue.
Plus tard, en 2022, près de Vung Ang (Ha Tinh) toujours au Vietnam, Vingroup a expliqué avoir la volonté d’exploiter une usine de batteries LFP (pour Lithium-Fer-Phosphate) qui s’étendra sur 8 hectares et coûtera plus de 175 millions d’euros. De quoi réduire les coûts (grâce à la technologie LFP), mais au détriment de la densité énergétique par rapport aux cellules NMC / NCA.
Des expertises européennes et américaines
Toutes les machines et tous les équipements utilisés dans l’usine sont neufs et 100 % importés de pays européens et américains. En outre, les lignes de production possèdent un niveau d’automatisation allant jusqu’à 80 %, comme vous pouvez le voir en photos.
Au poste d’assemblage final, le programme de commande du véhicule est installé. La voiture passe ensuite par une station de remplissage de fluides où elle est équipée de ses fluides de fonctionnement nécessaires : le liquide de refroidissement, le gaz de la climatisation, le liquide de direction assistée, le liquide de frein et le liquide de lave-glace.
Après la station de remplissage, la voiture est soumise à quelques bancs d’essai. À ce stade, d’importants paramètres liés aux performances de la voiture sont testés, tels que l’équilibre des pneus, l’accélération latérale, le bruit, les vibrations, la luminosité des phares, l’étanchéité et ainsi de suite. Enfin, un test de validation du véhicule est effectué sur une piste d’essai.
Il est temps de voir si le calendrier de lancement ambitieux de VinFast est à la hauteur du défi. Le groupe vietnamien a également annoncé construire une usine semblable aux États-Unis, mais également en Allemagne. Chez le Vietnamien, les ressemblances avec Tesla n’ont plus aucune limite.
Pour aller plus loin
VinFast VF8 : notre premier essai du SUV électrique qui s’inspire de Tesla
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