C’est au cœur de Paris qu’a débuté l’aventure Voltaire, dans une étroite rue du 17e arrondissement, à l’initiative de Gabriel Écaille et Grégoire Lieurade. Pendant deux ans, les fondateurs ont développé un premier vélo électrique pour la ville, simple à conduire, confortable, connecté avec un brin d’élégance. C’est ce qu’a testé Frandroid au lancement en 2021.
Le Voltaire d’origine est devenu le Courcelles, en 2022, avec l’apparition du petit frère Bellecour, une version non connectée. Puis la marque a vite grandi et étendu sa réputation, surtout chez les femmes, qui correspondent à 70 % de ses ventes.
Pour essayer de séduire une plus large clientèle, le Voltaire Legendre débarque en ce printemps 2023 avec un style identique, mais un cadre haut. Plus classique dans sa forme tout en gardant les codes esthétiques de la start-up, ce VAE urbain se veut donc plus maniable et agile. Nous l’avons testé, voici notre retour d’expérience.
Fiche technique
Modèle | Voltaire Legendre |
---|---|
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Nombre d’assistances | 3 |
Autonomie annoncée | 70 km |
Temps de recharge annoncé | 150 min |
Batterie amovible | Oui |
Bluetooth | Non |
GPS | Non |
Écran | Oui |
Poids | 21,9 kg |
Couleur | Bleu, Vert, Gris |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Design : rétro, boulot, dodo
La jeune marque française a voulu conserver le style intemporel de son premier vélo électrique, avec un effet chromé et de l’alu brossé partout : garde-boue, potence, guidon, tige de selle, pédales. Précision : le Voltaire Legendre nous a été confié en présérie, qui serait aux dires de la marque 99 % identique au modèle final. Seule différence vis-à-vis de cet exemplaire : le guidon sera en finition brillante comme la potence. Ça brille donc, pour faire opposition au cuir de la selle et des poignées, ainsi qu’au cadre.
Ce dernier est donc de format fermé avec une barre supérieure assez haute, donc peu facile à enfourcher. Il est recouvert d’une belle peinture et de taille unique, seulement taillée pour les personnes supérieures à 1,70 mètre. Bleu foncé, vert anglais ou ici gris, le Voltaire Legendre est canon, et a fait tourner bien des têtes lors de notre essai. Plus qu’en apparence, le soin est apporté aux finitions, comme les soudures bien poncées.
Taillant en 28 pouces contre 26 pouces les Bellecour et Courcelles, ce troisième modèle joue avec un empattement très court. Il reste relativement long, et cela ne suffit pas pour se faufiler facilement dans les petits espaces, devant jouer au millimètre pour ne pas rayer les murs.
Néanmoins, le Legendre ne s’alourdit pas avec moins de 22 kg, batterie incluse. Un peu lourd pour la catégorie. Toutefois, j’ai pu le soulever à la main – pour rentrer dans l’ascenseur – et le porter sans forcer quand nécessaire. Un bon point.
Équipement classique avec bloqueur de roue offert
Vélo de ville, le Voltaire conserve un guidon légèrement courbé, sur lequel pose une magnifique sonnette chromée. Les garde-boue de série brillent aussi, en acier inoxydable léger mais sont un peu branlants. Comme l’espace est trop faible avec le pneu, quelques millimètres de décalage suffisent à induire des imprévus. Notre modèle venait ainsi frôler voire gratter le câble du feu arrière qui se loge entre le pneu et le garde-boue.
La béquille double déjà présente sur les autres versions revient ici. Plus commune aux vélos cargos, elle n’est pas la plus aisée à utiliser, mais avec un avantage certain. En tenant le vélo droit, elle permet de loger le vélo électrique au plus près d’un mur, sans qu’il ne se penche dans un local où le moindre centimètre compte. On aime ou on déteste.
Le superbe éclairage avant façon phare vieille voiture du premier Voltaire Courcelles n’est pas repris. Le Legendre opte pour celui du Bellecour, déporté au-dessus de la roue. Fixe et solide, de 100 lux, il est puissant et très visible de nuit. Pour voir la chaussée, ce n’est pas encore ça, mais il fait mieux que la moyenne. Le feu arrière est à quatre diodes, intégré au garde-boue arrière. Encore une touche rétro.
Le tout est complété par un bloqueur de roue arrière, nécessitant une clé pour le verrouiller et le déverrouiller. Dommage pour ce vélo de ville, il n’y a pas de porte-sacoche ni de porte-bagages en série. La marque nous indique une compatibilité avec des porte-bagages arrière (95 euros), panier et rack avant (119 euros). Développés en interne, ils rejoignent le look chromé du vélo électrique.
Un écran moderne et beau, mais pas assez lisible
Le premier VAE Voltaire était connecté, le second non, le troisième… vous laisse le choix. Nous avons ici essayé la version non connectée, tout simplement car l’itération connectée n’était pas terminée au moment de notre essai. Nous attendrons pour nous prononcer sur ce point.
En attendant, on voit que Voltaire tâtonne sur les écrans, avec trois modèles différents sur les trois modèles existants. Le Courcelles l’intégrait au milieu du guidon, lorsque le Bellecour se contente d’un petit écran de contrôle déporté, commun à d’autres marques. Ici, le Legendre épouse un nouvel écran OLED carré de 1,3 pouce, en couleurs sur fond noir, un tantinet dans le style de Specialized. C’est moderne, au fort contraste, concentrant des infos de tailles distinctes collées les unes aux autres. Presque un nuage de chiffres.
Beau à première vue, il n’est pas très lisible une fois en route. La jauge de batterie originale est trop petite, tout comme l’icône d’éclairage à peine visible. Cela, conjugué aux reflets de la surface lisse. On voit surtout la vitesse en gros, en bas à gauche, et le mode utilisé à droite. Il faut également s’approcher un peu pour lire les infos secondaires :
- Kilométrage en cours ou total ;
- Vitesse moyenne ou maximale ;
- Temps écoulé depuis allumage ;
- Autonomie restante (changeante selon le mode choisi).
La manipulation des boutons est simple : celui de dessus pour allumer le vélo, et celui de gauche pour faire défiler les infos. Ils sont cependant un peu petits, mais en métal et solide, comme les rebords de l’écran en général, qui font penser à une smartwatch. Classiques et plus gros, les boutons haut et bas des modes d’assistance s’opèrent juste en dessous, pour passer de l’un à l’autre.
Confort correct et bonne maniabilité
Changement d’importance sur le Voltaire Legendre par rapport à ses congénères : la position est sportive et active. La selle étant au niveau du guidon, on penche vers l’avant, pour une conduite moins « confort » que les Courcelles et Bellecour. Ainsi, la répartition du poids est plus équilibrée, donnant une meilleure maîtrise du vélo et une sensation d’agilité au guidon.
Différence avec le reste de la gamme, le Legendre hérite de pneus plus fins. Moins rassurant en virages, il ajoute cette sensation de légèreté dans les manœuvres. S’il est moins urbain dans l’esprit, il convient cependant davantage à ceux et celles qui aiment les modèles plus sportifs, à la conduite moins « pépère ». Ce modèle un brin sport est fait pour faire du vélotaf ou une petite promenade à rythme soutenu.
Plus facile à manipuler, ce Voltaire reste assez étroit grâce au guidon courbé, afin d’éviter les autres cyclistes ou rétroviseurs. Ce n’est toutefois pas le plus compact, loin d’un Iweech par exemple.
Pour aller plus loin
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Les pneus étroits devraient logiquement dégrader le confort. Et bien pour avoir testé personnellement les Courcelles et Bellecour, il n’y pas de handicap notoire sur ce Voltaire Legendre. Le VAE épouse des pneus Schwalbe Marathon Road Cruiser qui gomment magnifiquement bien les vibrations.
Et on félicite le choix du « Green Compound », car fabriqué à partir de matières recyclées et de matières renouvelables. Il ne peut toutefois faire des merveilles sur les bosses et trous, là où une suspension vient à manquer pour améliorer le confort au quotidien. Impossible d’y caser une selle suspendue, du fait de l’intégration de la batterie, et la fourche avant en aluminium est fixe.
Rembourrée et en similicuir, la selle mousse couleur caramel convient aux petits trajets, disons moins de 10 ou 15 km. Au-delà, elle est trop ferme pour arriver à destination sans douleur au niveau de l’arrière-train.
Un moteur vif, en adéquation avec l’esprit sport
À l’instar des autres Voltaire, le Legendre reconduit la partie moteur et transmission. Inutile de tout vous redire vis-à-vis du test initial du Courcelles, si ce n’est que c’est un moteur conçu avec Mivice, de 35 Nm et situé sur le moyeu arrière (équivalent 65 Nm pédalier selon la marque). Il associe une vitesse unique passant par une courroie Toptrans, sans entretien (régulier) et durable dans le temps.
La spécificité du Voltaire Legendre est la liaison au sol, plus faible, du fait des pneus fins. On sent ainsi une assistance plus énergique, en adéquation avec le capteur de couple. Ce dernier fonctionne dès la pression sur la pédale, mais pas tout le temps. Ponctuellement, l’assistance ne démarre pas au quart de tour.
Elle fonctionne aussi via 3 modes : 1, 2 et… Max. Le mode 1 offre déjà un bon soutien à l’effort, pour une conduite posée, en promenade, ne dépassant pas 20 km/h. Le mode 2 est très vif, avec de belles accélérations et reprises, suffisant pour le quotidien et même en montée. Le mode Max est presque facultatif, sauf si l’on grimpe des pentes ardues. Ou si l’on apprécie le « kick » au démarrage et ne pas perdre une seconde lors du vélotaf.
Courroie et vitesse unique en toute simplicité, un manque de bons freins
Précisons que tout fonctionne dans un silence quasi total. Merci à la courroie, et au moteur dont le sifflement s’invite uniquement hors circulation ou dans un tunnel. Bref, un vélo dynamique comme prévu, poussant à dépasser souvent les 25 km/h.
Pas question toutefois de faire des pointes, car la vitesse unique n’offre aucun braquet au-dessus de 30 km/h. En conduite hors assistance, elle est très dure aux premiers coups de pédales. Vingt à trente mètres sont nécessaires pour se lancer, et la courroie offre une petite résistance. Pour quelques centaines de mètres en cas de décharge, pas plus.
Sportif sans aller vers les stratosphères de la vitesse, le Voltaire Legendre rappelle qu’il est urbain, et reste cantonné à une utilisation modérée. Car les freins, à commande hydraulique, viennent le trahir. De marque Tektro, ils sont très moyens, linéaires, avec un grip faible à l’avant. Notre modèle d’essai était pourtant rodé, avec plus de 200 km au compteur. Il faut anticiper, surtout sur sol mouillé, car le pneu arrière bloque très facilement.
Une autonomie trop juste et irrégulière
Tout comme la partie moteur, la batterie est identique aux Courcelles et Bellecour. Le Voltaire Legendre réutilise le même accumulateur amovible niché dans le tube de selle, après avoir relevé cette dernière en actionnant un loquet. L’inconvénient de cette solution est d’ouvrir le tube par réflexe, lorsque l’on lève ou manipule le vélo.
Sinon, on extrait la batterie de 2,5 kg par une sangle. Pour la remettre, il faut viser juste en la faisant tomber (avec douceur), pour connecter le culot au vélo.
Avec une capacité de 360 Wh, le VAE ne part pas avec un avantage. Il revendique tout de même 45 à 70 km selon le mode, en théorie. En pratique, on est surtout à 40 km. Mon parcours habituel autour de Paris a montré les limites du moteur énergique qui reste actif entre 25 et 27 km/h.
Ceci est possible, car la tolérance est de +/- 10 %. On précise ici car j’ai réalisé deux parcours complets : l’un en mode 2 en ajustant entre 24 et 25 km/h, l’autre sans contrainte en mode Max. On pensait faire mieux en dépassant majoritairement les 25 km/h – l’assistance se coupe dans ce cas-là –, ce que le vélo invite avec ses accélérations fougueuses.
Or, nous relevons 45 km sur le passage « doux » et tout juste 37 km sur le parcours « Max ». C’est trop juste, mais proche de ce que j’ai pu noter sur les autres Voltaire. La marque est consciente de cette autonomie, et nous confirme travailler sur une amélioration prochaine.
Une batterie peu exploitable sous 20 %, mais une recharge rapide
La perte est progressive sur la première moitié, mais décroît plus vite ensuite. Elle est même en chute libre sous les 30 %. Exemple : nous sommes passés de 22 à 13 % en 4 km, et la seconde fois de 23 à 10 % en 4,5 km. Sous 10 % de batterie, la jauge passe du chiffre à une icône éclair. Là, l’assistance se coupe, et invite à la recharge.
Le plein d’électricité est possible en retirant la batterie amovible, ou directement sur le vélo. En bas à droite du tube, on tombe sur la prise protégée par un capuchon en plastique. Elle se révèle cependant peu accessible, car on lutte pour brancher le chargeur du Voltaire Legendre. De 4 ampères, rapide donc, ce dernier permet de recharger le Voltaire Legendre en 3 heures seulement.
Prix et disponibilité
L’essai de ce vélo électrique a été réalisé en avant-première, quelques jours avant le lancement. Car ce Voltaire Legendre sort officiellement le 19 avril 2023, le jour de la publication de ce test. Il est disponible via deux canaux de vente : le site officiel et progressivement au travers du réseau d’une centaine de revendeurs physiques. Disponible à la commande dès le 19 avril, le VAE sera livré – gratuitement – dans la foulée pour les premiers acheteurs.
Enfin, la version connectée disponible courant juin demandera 250 euros supplémentaires. Nous attendons encore des informations sur cet équipement, que les acheteurs du modèle non connecté pourront installer après achat.
Nous n’avons pas oublié le prix du Voltaire Legendre : 2 390 euros, ou 2 640 euros en connecté. C’est ainsi 100 euros de plus que le Bellecour à cadre bas. Le VAE parisien devient donc une alternative élégante et moins chère que les « prêts à enfourcher » et dynamiques Cowboy 4 et Vanmoof S5,. Car aujourd’hui, les belges et néerlandais flirtent avec les 3 000 euros – si ce n’est plus pour les VanMoof, une hausse de 500 euros est à prévoir en mai 2023.
Le Voltaire est également moins onéreux que d’autres vélos du même esprit de simplicité comme l’Ellipse E1, vendu lui à 2 490 euros.
Ajoutons que le VAE est éligible au bonus vélo national et autres aides à l’achat locales, de quoi économiser quelques centaines d’euros. On retrouve ce VAE au sein de quelques offres de location ou de vélo de fonction. Si le tarif vous freine, une quarantaine de boutiques autorisent un essai du vélo électrique, réservable sur le site.
Après-vente, la marque est disponible par email pour tout souci. Il est possible d’assurer son vélo – vol et casse – via le partenaire officiel Estaly, de 1 à 3 ans. Le tarif varie entre 15 et 17,50 euros par mois selon la durée choisie.
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