Technologie et deux-roues font (enfin) bon ménage

 
Connectivité, propulsion électrique, sécurité : autant de thèmes rares dans le très traditionnel monde des deux-roues. Du moins jusqu’à maintenant, car les constructeurs commencent très sérieusement à se réveiller, pour notre plaisir de technophiles !

Un scooter est un utilitaire basique, une moto doit offrir des sensations pures… Ces définitions ont la peau dure et rares sont les technologies embarquées dans le monde des deux-roues motorisés. Il faut dire que le marché se porte mal depuis des années et il est difficile d’ajouter des équipements à des engins valant parfois le dixième d’une voiture. Les années de retard par rapport à l’automobile pour les normes de pollution ou l’obligation du freinage ABS rappellent ce décalage.

Pourtant, on sent bien un frémissement. Enfin, certains constructeurs se décident à intégrer des tableau de bord avec un affichage connecté. L’électronique de bord permet de prévenir au maximum toute perte d’adhérence. Et les modèles électriques se multiplient. Revue des forces en présence.

Connectivité

BMW est un des précurseurs de la connectivité embarquée à moto. D’abord avec son gros trail (moto mixte route/tout-terrain) GS 1200 et surtout, dès octobre, avec son tout nouveau scooter C400X que nous avons pu tester. Ce scooter de moyenne cylindrée classique et très agréable se conduit avec un permis A2, le permis moto intermédiaire.

BMW oblige, son tarif n’est pas des plus abordables (6 950 euros) et il faut ajouter 605 euros pour avoir droit à la connectivité avec un écran TFT de 6,5 » très lisible, non tactile, mais commandé par une pratique molette multidirectionnelle au guidon. L’appli BMW Motorrad Connected App (Android et iOS) inclut un système de navigation spécifique. Si la cartographie n’est (pour le moment) visible que sur le smartphone, l’écran de bord affiche les indications de direction avec une grande clarté. Pour profiter de tout le potentiel du système, un casque connecté en Bluetooth et équipé d’écouteurs et d’un micro (BMW ou marque compatible) permettra d’entendre les indications de direction de la navigation, de téléphoner et d’écouter de la musique commandée du bout des doigts avec la molette très ergonomique.

Autre système de connectivité embarquée, celle proposée par le spécialiste taiwanais du scooter, Kymco, est nommée Noodoe (Android et iOS). Ici, l’écran affiche une cartographie simplifiée avec un original décompte du nombre de rues avant de tourner. Il peut aussi être personnalisé et afficher météo, notifications Facebook, WhatsApp, appels, news, etc. Plusieurs modèles de la gamme en sont équipés, du mignon Like Xperience 125 (3 099 euros) au gros AK550 (9 890 euros). Un système qui se retrouvera naturellement dans la future gamme électrique du constructeur, nommée Ionex.

Sécurité

Si le freinage ABS est obligatoire pour les modèles de plus de 125 cm³ (un simple freinage couplé est imposé pour les petites cylindrées), c’est le seul dispositif de sécurité active déployé en masse. Rappelons ici que la sécurité active est celle qui permet de prévenir l’accident, alors que la sécurité passive est celle qui en réduit les conséquences, comme le font les airbags.

Certaines motos intègrent une forme de système anti-dérapage rappelant l’ESP automobile. Nommé MSC par Bosch, ce contrôle de stabilité agit sur l’accélérateur ou les freins pour stopper un début de dérapage, avec l’aide d’un capteur d’inclinaison. Il se trouve sur certaines motos haut de gamme. On trouve aussi sur quelques modèles de BMW un indicateur de présence d’un véhicule dans l’angle mort, pour éviter toute manœuvre dangereuse en changeant de file. Plus prospectif, Bosch travaille aussi à un projet visant à aider à relever la moto avant la chute avec un système de cartouche de gaz émettant un flux puissant !

Autres pistes, l’implantation de l’appel d’urgence automatique en cas d’accident e-Call, désormais obligatoire en automobile et juste proposé là aussi par le seul BMW Motorrad, ou la communication entre véhicules (nommée « car to V ») via Wi-Fi et 5G, pour signaler l’approche ou la présence d’un deux-roues aux voitures environnantes. Autre adaptation d’un système commun en automobile, les équipementiers comme Bosch tablent sur un système de radar permettant la conduite avec un régulateur de vitesse adaptatif, parfait sur autoroute où il règle la vitesse en fonction du véhicule qui précède et freine automatiquement en cas de besoin. Un avertisseur de danger lié à ce radar pourrait aussi avertir le conducteur d’un risque de collision imminent, l’aidant à avoir la bonne réaction.

Enfin la Gold Wing, vaisseau amiral de chez Honda, reçoit quant à elle un airbag intégré qui se déclenchera en cas de choc frontal, comme en auto. Mais comme en auto, ce type d’équipements arrivent d’abord sur des modèles très haut de gamme, seuls capables d’intégrer à leur tarif ces coûts marginaux conséquents. Une Gold Wing coûte 26 000 euros ! À ce prix-là, elle s’offre aussi la primeur d’intégrer Apple CarPlay sur son écran TFT 7 pouces…

Electrique

Les Parisiens sont habitués à croiser en silence les scooters électriques partagés de Cityscoot et Coup. Une bonne manière de se familiariser à l’usage de tels engins limités à 45 km/h certes (équivalent 50 cm³ oblige), mais suffisants pour traverser la ville en toute quiétude, pour quelques euros.

Coup

Parmi les modèles disponibles à l’achat, le leader BMW doit faire patienter ses clients face à la forte demande pour son scooter C Evolution, pourtant vendu plus de 15 000 euros. Un excellent modèle très performant, à l’aise sur autoroute et fort d’une autonomie de 160 km (version long range). Une version avec un peu moins d’autonomie, mais toujours très performante, peut être conduite avec un simple permis B (auto) assorti d’une formation de 7 heures. Mais pour autant, si on peut penser qu’une déclinaison plus modeste aurait toute sa place, les ingénieurs de BMW nous ont confié que le modèle économique n’existe pas à ce jour pour un modèle plus petit, d’une puissance et de prestations équivalent à un 125, avec des performances et une autonomie satisfaisant les standards de la marque.

Peut-être que Vespa Elettrica saura jouer ce rôle, à moins qu’elle ne se rapproche d’un équivalent 50. En tout cas, la jolie italienne est attendue pour la fin de l’année avec une version 100 % électrique (autonomie de 100 km) et une version avec prolongateur d’autonomie thermique pour s’assurer d’éviter tout risque de panne sèche.

Pionnier en son temps du scooter électrique, Peugeot devrait lancer bientôt le Peugeot 2.0 e-powered by GenZe de sa nouvelle maison mère, l’indien Mahindra. Ce robuste scooter électrique à vocation utilitaire intègre un vaste coffre de 90 litres et il peut rouler une cinquantaine de kilomètres avant recharge. Peugeot est aussi partie prenante dans un projet européen nommé EU-Live, où le constructeur français travaille à un prototype de scooter électrique équivalent à un scooter 125, avec 10,5 kW de puissance et 5,3 kWh de batterie (Samsung) pour offrir environ 100 km d’autonomie.

Notons aussi les modèles du français Eccity, de l’italien Askoll, de l’allemand Govecs qui s’apprête à lancer son joli Elly avec écran 5 pouces connecté (messages, navigation, musique…), de la marque UNU (petit scooter rétro), ou encore Quadro qui projette pour l’an prochain une version électrique de son unique scooter à 4 roues, le eQooder.

Enfin, la start-up chinoise NIU vient de lancer en grande pompe deux modèles, en réalité des évolutions des mignons modèles déjà sur le marché. Équipés de batteries lithium Panasonic et d’un moteur Bosch, ils affichent des prix promo de lancement sur Indiegogo défiant toute concurrence : 2 299 euros et 3 999 euros pour les M+ et N-GT dont nous avons pu prendre brièvement le guidon.

NIU N-GT

Le premier est un mini-scooter dont la version M+ Pro reçoit un moteur de 1 200 W et une batterie amovible de 42 Ah, pour 130 km d’autonomie et une recharge en 3,5 h. Facile et maniable, il donne cependant l’impression d’être un jouet en comparaison du N-GT, autrement plus sérieux et confortable. Son moteur de 3 000 W lui permet d’atteindre une vitesse de 70 km/h et ses deux batteries amovibles de 35 Ah offrent 160 km d’autonomie (recharge en 3,5 h). Malheureusement, l’ABS n’est pas au programme.

Question connectivité, NIU ne fait qu’une partie du chemin : certes, une appli permet de localiser son scooter (GPS et carte SIM, en partenariat avec Vodafone, y sont intégrés), de connaître à distance son autonomie, voire d’être alerté d’un mouvement suspect de l’engin. Mais le constructeur a « oublié » de proposer une solution de navigation de bord ou une forme de mirroring d’un smartphone, au moins pour la partie navigation.

Décidément, le modèle idéal, électrique, connecté, sûr et abordable n’est pas encore prêt, mais gageons que les constructeurs en prennent lentement le chemin.

Pour aller plus loin
Scooters : électricité et connectivité s’invitent au guidon – Salon de la moto de Milan


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