L’échec des Google Glass raconté sans langue de bois par quelqu’un qui l’a vécu

... mais aussi sur les caméras Google Clips

 
Dans un thread partagé sur Twitter, un ingénieur de Google ayant œuvré sur les Google Glass et les caméras Google Clips fait le point sur les défauts de ces produits… mais aussi sur la culture d’entreprise parfois défaillante qui germait alors chez Google.
11 ans après leur sortie, les Google Glass font encore parler d’elles… principalement pour leurs défauts // Source : Google

« [Ces produits] avaient un défaut fatal. Tout le monde a vu ce défaut. Mais la culture d’entreprise qui s’était développée dans ces équipes leur a délibérément permis de l’ignorer », c’est en ces termes que Warren Craddock, un ingénieur de Google, a entamé sur Twitter un thread aussi intéressant que croustillant. Il y évoque les défauts rédhibitoires des Google Glass et des caméras Google Clips sur lesquels il a personnellement travaillé… mais aussi les lacunes structurelles qui ont permis, au sein même de Google, la commercialisation de ces produits passablement ratés.

« En dépit des efforts de Google pour leur trouver une tâche ou une situation où elles seraient indispensables, elles ne faisaient rien de réellement utile », explique Warren Craddock au sujet des Google Glass, sur lesquelles il a œuvré pendant 16 mois en tant qu’ingénieur software Senior, spécialisé dans la conception de caméras, rapporte 9to5Google.

Pas de « Killer App »

Pour l’ingénieur, l’un des principaux problèmes des lunettes connectées de Google était justement qu’elles ne disposaient d’aucune « Killer App », cette fonction ou application centrale et évocatrice pour le grand public que toutes les marques cherchent (avec plus ou moins de succès) lorsqu’elles souhaitent lancer un nouveau produit. D’après Warren Craddock Google n’a pas réussi à en trouver une seule pour les Google Glass… pas plus que les développeurs tiers une fois les lunettes lancées au travers de leur « Explorer Edition ».

Cette absence de réelle utilité vient d’après lui des limitations induites par le petit écran (640 par 360 pixels seulement) intégré aux Google Glass. Un écran « simplement trop petit, et trop maladroitement placé dans le coin de votre œil », ajoute l’ingénieur. Faute de trouver une véritable utilité aux Glass, Google s’est alors contenté du service minimum avec des fonctionnalités basiques et fort peu vendeuses pour le produit. Une vacuité que Craddock résume en expliquant que les seuls cas d’utilisation trouvés par les responsables Google se limitaient à « des questions insipides comme « Ok Glass, quelle est la hauteur de la Tour Eiffel ? » ou prendre des [photos] des plantes en pot sur leur bureau ».

https://twitter.com/warren_craddock/status/1579532973548113922

Un look qui n’a convaincu personne ?

« Vous aviez l’air stupide en les portant », ajoute enfin Warren Craddock, expliquant que l’esthétique des Google Glass n’avait, en outre, pas convaincu grand monde chez Google. « Personne n’a jamais porté de Glass au bureau. Elles étaient posées sur nos bureaux, branchées à une prise USB, se rechargeant pour toujours », poursuit-il. Et d’après lui, Google n’aurait « jamais reconnu directement les lacunes fatales » de ce produit, préférant continuer à le promouvoir tant bien que mal.

9to5Google relativise pourtant cet échec en indiquant que les technologies mises au point, notamment sur le plan de la caméra, ont été par la suite réutilisées avec succès par Google sur ses smartphones Nexus puis Pixel. Difficile enfin de ne pas penser aux nouvelles Google Glass, réellement utiles cette fois, dévoilées par Google au printemps.

Quoi qu’il en soit, Warren Craddock pas beaucoup plus tendre en ce qui concerne les petites caméras Google Clips, conçues pour enregistrer automatiquement les bons moments du quotidien. D’après lui, les photos prises par les Google Clips l’étaient toujours « depuis des points de vue bizarres » et peu flatteurs.

« Il s’avère que les humains n’aiment que les photos prises du point de vue d’autres humains. C’est une caractéristique fondamentale de notre psychologie, et c’est parfaitement logique. Nous n’aimons pas l’ambiance des photos prises à partir de plateaux de table, de sacs à dos, d’épingles à nourrice ou de colliers de chien », explique-t-il au sujet d’un produit que vous aviez probablement oublié.


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