Le domaine des lunettes connectées est encore en pleine friche. Depuis le lancement des Google Glass, il y a plus de dix ans, il s’agit encore, pour beaucoup de constructeurs, d’un domaine à explorer. Mais rares sont les fabricants à proposer des solutions innovantes en dehors de la simple captation vidéo — à la manière de Snapchat ou des lunettes conçues par Meta et Ray-Ban — ou des lunettes faisant office de haut-parleurs — comme les Bose Frames.
De son côté, le constructeur français Microoled, basé à Grenoble, tente surtout de séduire les sportifs avec ses lunettes Engo 2. Il s’agit en fait de lunettes de réalité augmentée permettant de voir affichées, directement dans son champ de vision, certaines données pour vos entraînements sportifs. De quoi convaincre, ou un simple gimmick ? Pour le savoir, voici le test des Engo 2.
Fiche technique des Engo 2
Engo 2 | |
---|---|
Poids | 36 grammes |
Dimensions | 138 x 49 mm |
Affichage | Projection Amoled |
Applications | iOS, Watch OS, Android, Garmin |
Matériau du verre | Polycarbonate |
Bluetooth | 4.2 |
Ce test a été réalisé avec des lunettes fournies par le constructeur.
Des lunettes Engo 2 au design futuriste
Des lunettes ne sont pas un produit tech comme les autres. Forcément, vous les portez directement sur votre visage et le design, tout comme le confort, a donc une importance primordiale au moment de faire son choix.
À ce petit jeu, je dois bien avouer que j’étais d’abord craintif à l’idée de tester les Engo 2. Il faut dire que je cours rarement avec des lunettes de soleil et que j’avais peur de l’effet masque de ski massif ou du look de kéké des plages. Finalement, Microoled est parvenu à limiter cet écueil. Les lunettes Engo 2 sont certes faites d’une seule pièce de verre en polycarbonate, mais s’avèrent plutôt fines et discrètes… du moins pour vous. Au moment d’aller courir, je sentais bien des regards se porter sur moi, mais davantage pour le fait de porter des lunettes en tant que tel que des lunettes connectées.
Il faut dire que Microoled est parvenu à rendre ses lunettes plutôt discrètes avec des branches classiques qui n’accueillent absolument aucune partie connectée : ni batterie, ni capteur, ni projecteur. En fait, toute la partie connectée des Engo 2 est logée au centre des lunettes, autour des plaquettes, entre les deux yeux. Seuls petits éléments trahissant l’aspect connecté des lunettes, un capteur présent entre les yeux et un ergot au niveau du verre droit, pour accrocher la partie connectée à l’arrière.
Il faudra néanmoins nuancer ce propos quant au design, puisque Microoled propose en vérité deux formats pour ses Engo 2, toujours avec des branches de 133 mm de long :
- format standard : 138 x 49 mm, 36 grammes au total
- format large : 139 x 61 mm, 41 grammes au total
Le format standard est conçu pour permettre une meilleure aération en limitant à la fois le poids et la buée. Un usage davantage pensé pour la course à pied. De son côté, le format large, que je n’ai pas eu l’occasion de tester, est pensé surtout pour les cyclistes, en limitant le vent qui pourrait s’engouffrer derrière le verre. Néanmoins, dans les deux cas, les Engo 2 sont dotées de petits trous d’aération, en bas des verres, pour permettre à l’air de s’écouler.
Notons que les Microoled Engo 2 sont fournis avec de multiples accessoires, comme un étui de voyage rigide, une pochette souple, un chiffon microfibre et un cordon de maintien.
Confort des Engo 2
Avec leur poids de 36 grammes en version standard, les Engo 2 sont des lunettes plutôt confortables à porter. Du moins, elles ne vont pas trop appuyer sur l’arête du nez ou sur les oreilles.
En revanche, il faudra nécessairement les positionner le plus près possible des yeux afin de bien les maintenir. Durant mon premier essai, sur une séance de course à pied d’une heure, j’ai dû les replacer toutes les trente secondes. Il faut dire que je les avais positionnées un peu trop en avant et qu’en raison des chocs de chaque foulée, elles avaient tendance à redescendre de plus en plus. Sur mes sorties suivantes en revanche, après les avoir bien positionnées au plus près des yeux, je n’ai plus rencontré ce souci.
Ces soucis de maintien sont d’autant plus problématiques que les lunettes servent avant tout pour les fonctions tête haute. Or, si elles glissent, vous perdrez alors les informations en réalité augmentée de votre champ de vision. Je pensais que ce problème ne se rencontrait qu’en course à pied, mais, après une sortie à vélo de trois heures, mon collègue Maxime — à qui j’avais confié les Engo 2 — m’a dit avoir rencontré le même souci.
Autre particularité des lunettes Engo 2, leur module connecté central de 13 grammes, conçu par Microoled. S’il est dans l’absolu plutôt discret, il ne s’effacera pas totalement du champ de vision et, sans gêner pour autant, sera bien visible comme une petite tache noire en bas de votre vue, notamment sur la partie droite accueillant le dispositif d’affichage.
Notons enfin que les verres en polycarbonate sont suffisamment efficaces pour pouvoir faire du sport en plein soleil, sans jamais être ébloui pour autant. En revanche, si les lunettes sont très adaptées au sport en pleine journée, elles deviennent inutiles si vous vous exercez de nuit. Après tout, ce sont avant tout des lunettes de soleil qui vont donc assombrir votre environnement. En revanche, mon collègue Simon, habitué aux lunettes de vélo Oakley — qui accentuent le contraste — m’a indiqué qu’il était gêné par le fait que les verres en polycarbonate se contentent de faire office de lunettes de soleil.
Autre conséquence de ce format : les lunettes ne peuvent pas faire office de lunette de vue et ne peuvent pas être utilisées en plus de votre paire de lunettes habituelle.
Étanchéité et utilisation sportive des Engo 2
Il va sans dire que les Engo 2 sont des lunettes conçues avant tout pour le sport et qu’elles sont donc adaptées à cet usage. En revanche, le constructeur ne communique sur aucune certification, d’étanchéité, se contentant d’annoncer qu’elles proposent un revêtement « anti-sueur » ou qu’elles sont « résistantes à la sueur, la pluie et la poussière ».
On pourra donc utiliser les lunettes aussi bien en course à pied qu’à vélo ou en trail, mais les Engo 2 ne sont absolument pas adaptés à une utilisation immergée comme la natation.
Une connexion très simple à un smartphone ou une montre
Les lunettes Engo 2 ne sont pas des lunettes autonomes. Elles ne servent que d’affichage tête haute et vont donc nécessiter que vous les connectiez à un autre appareil qui va leur transmettre ses propres données.
Pour ce faire, plusieurs solutions s’offrent à vous :
- Un smartphone Android
- Un iPhone
- Une Apple Watch
- Une montre connectée Garmin
- Un compteur vélo Garmin
Microoled a par ailleurs annoncé une compatibilité à venir avec les montres de sport de la marque finlandaise Suunto. Néanmoins, les modèles de Polar ou Coros ne sont pas pris en compte, pas plus que les montres connectées sous Wear OS. Microoled indique cependant avoir ouvert ses API ce qui permettrait, théoriquement, à n’importe qui de développer une application compatible.
L’application ActiveLook
Pour connecter les lunettes à un smartphone — Android ou iOS — il faudra nécessairement installer l’application ActiveLook sur son smartphone. Il s’agit de l’application développée par Microoled pour contrôler l’affichage tête haute des lunettes. C’est d’ailleurs la même application utilisée par d’autres modèles de lunettes à affichage tête haute, comme les Engo 1, les Julbo Evad 1, les Cosmo Vision ou les ActiveLook Enterprise.
De là, vous pourrez connecter vos lunettes simplement en les allumant, lancer des entraînements et, surtout, configurer les différentes données affichées dans votre champ de vision. Les options proposées sont plutôt complètes puisqu’on a la possibilité d’afficher jusqu’à six données simultanément, allant de la vitesse en temps réel à la distance totale, en passant par l’allure moyenne, le dénivelé positif, la puissance maximale ou la cadence.
Ce sont par ailleurs trois écrans de données qui peuvent être configurés, permettant d’afficher un maximum de 18 données au total.
Reste que l’utilisation au smartphone est loin d’être idéale, et ce pour une simple raison : les données affichées sont celles du smartphone. Or, si les smartphones peuvent être relativement précis pour le suivi GPS — et donc la vitesse ou l’allure, — ils ne sont pas les plus adaptés pour certaines données comme la puissance ou la fréquence cardiaque… puisqu’ils ne peuvent pas obtenir ces informations.
La connexion à une montre ou un compteur vélo
Pour ces raisons, après deux entraînements avec mon smartphone, j’ai rapidement pris l’habitude d’utiliser les lunettes Engo 2 à ma montre connectée, une Garmin Forerunner 255.
La connexion des lunettes à la montre va cette fois exiger l’installation du champ de données « ActiveLook » au sein de la boutique Garmin Connect IQ. Il vous suffit alors d’ajouter ce champ de données à votre écran d’entraînement pour que les lunettes se connectent automatiquement à la montre sur l’écran de chargement de l’exercice. Pour le coup, c’est pratique.
Ce qui l’est un peu moins, en revanche, c’est la configuration des données affichées dans les lunettes lorsqu’elles sont connectées à une montre. Pour ce faire, il vous faudra rentrer dans les paramètres du champ de données ActiveLook, dans l’application Garmin Connect IQ sur votre smartphone, puis jongler avec les numéros. En fait, les paramètres n’indiquent pas quelles sont les données affichées, mais va utiliser un code numérique — par exemple, 1=temps total, 2=distance, 15=allure, 6=fréquence cardiaque moyenne. Impossible de deviner à quelle donnée correspond tel ou tel nombre, mais il est possible d’en retrouver la liste sur une page dédiée du site d’ActiveLook.
Cette configuration fastidieuse effectuée, vous pouvez alors vous entraîner normalement. Au moment de lancer l’entraînement, les données seront alors affichées en temps réel dans les lunettes en plus de votre poignet.
Les contrôles des Engo 2
Pour contrôler les lunettes en elles-mêmes, vous avez deux possibilités : un bouton physique au-dessus du module connecté et un capteur de mouvement entre les deux yeux.
Pour les allumer ou les éteindre, il faudra nécessairement passer par le bouton physique en gardant son doigt appuyé quelques secondes dessus. Pour changer d’écran de données — parmi les trois affichages proposés, — il vous faudra passer votre main devant le capteur ou le toucher.
C’est justement cette manipulation qui m’a le plus frustré pendant mon test. Lorsque je voulais replacer mes lunettes, il m’est très souvent arrivé de changer d’écran de données, devant alors tous les repasser — y compris l’écran de veille, éteint — avant de revenir à mon affichage initial. Et encore, s’il est plutôt simple en course à pied de remonter les lunettes simplement en les tirant par les branches avec les deux mains, c’est une autre paire de manches à vélo si on souhaite conserver au moins une main sur le guidon.
Heureusement, il est possible de désactiver le capteur de gestes depuis l’application sur smartphone.
La connexion Bluetooth des Engo 2
Pour la connexion au smartphone, aux montres connectées ou au compteur vélo, les Engo 2 utilisent une simple connexion Bluetooth en version 4.2. Si l’affichage des données n’est pas parfaitement synchronisé entre la montre et les lunettes, la latence ne dépasse pas la seconde. Par ailleurs, je n’ai subi aucun souci de connexion et le lien entre les lunettes et la montre est resté parfaitement stable durant tous mes entraînements.
L’affichage et les données sur les Engo 2
Pour afficher les données dans le verre semi-réflectif de ses lunettes, Microoled utilise un système de microprojecteur Amoled monochrome. Les données sont ainsi affichées dans un jaune fluo tirant légèrement vers le vert avec un fond noir qui devient donc transparent une fois projeté dans le verre grâce à un système de miroir. Les lunettes sont par ailleurs dotées d’un capteur de luminosité qui va permettre d’ajuster automatiquement l’intensité de l’image projetée en fonction de la lumière ambiante. C’est pratique et ça fonctionne bien.
Concrètement, le constructeur promet la « projection d’un écran virtuel à une distance de 4 mètres ». Dans les faits, c’est un peu plus compliqué que cela. Comme les données sont affichées à quelques centimètres des yeux, il vous faudra sans cesse faire la mise au point sur cette partie du champ de vision pour consulter les métriques. Impossible de se concentrer à la fois sur un terrain accidenté pendant une descente de trail et sur la fréquence cardiaque. Il en va de même pour des séances de vélo en VTT ou en gravel, puisque vous devrez nécessairement vous concentrer sur le terrain.
Dommage. J’espérais que ces lunettes permettent de se passer des mouvements du poignet pour consulter les données sur la montre, tout en restant concentré sur les données sportives affichées directement dans le champ de vision. Il n’en est rien, puisqu’en consultant ma fréquence cardiaque ou mon allure, j’allais nécessairement perdre le focus sur le terrain dans lequel je courais.
Un autre souci rencontré, notamment pour le vélo de route, les sorties longues ou le trail, réside d’ailleurs justement dans les données affichées. Les Engo 2 vont se contenter de métriques plutôt classiques affichées sous la forme de nombre. Or, lorsque je présentais les lunettes à mes proches pour leur expliquer leur rôle, une même question est revenue à chaque fois : « Elles peuvent indiquer l’itinéraire et les virages à venir ? ». Non, elles ne le peuvent pas… du moins pas avec les montres Garmin.
Contrairement à un affichage tête haute dans une voiture, impossible d’afficher des flèches de direction ou même votre position sur le tracé de votre parcours. Dommage, cette fonction aurait été très utile, notamment à vélo, en se connectant à un compteur dédié. Il semble que ce soit cependant en développement pour les montres de Suunto.
C’est finalement le principal souci des données affichées : ce sont finalement les mêmes que celles que l’on va retrouver sur sa montre ou son compteur vélo, mais amputées de certaines fonctions pourtant très pratiques. À l’usage, c’est certes amusant de jeter un simple coup d’œil à sa fréquence cardiaque sans bouger le bras. Mais ça n’apporte pas grand-chose à une montre qui est, de toute façon, connectée aux lunettes et que vous pouvez consulter tout aussi simplement en levant le bras.
Autonomie des Engo 2
Microoled annonce jusqu’à 12 heures d’utilisation avec ses lunettes Engo 2. De mon côté, après une sortie en course à pied d’une heure, je comptais de 10 à 15 % de batterie en moins. Après trois heures à vélo, la batterie avait cette fois perdu 40 % de sa charge.
Il faut dire que l’autonomie des lunettes va dépendre en grande partie de la luminosité extérieure, en raison du capteur de luminosité intégré. Plus l’environnement sera lumineux, plus l’affichage sera élevé, et plus vite la batterie va se vider.
Pour la recharge des Engo 2, le constructeur fournit un câble USB-A vers un connecteur magnétique. Problème, à plusieurs reprises les lunettes n’ont pas su se recharger jusqu’à 100 %. La charge semblait s’arrêter une fois que les lunettes atteignaient les 95 à 90 %. C’est sans doute une mesure pour préserver la batterie, mais il aurait été bien d’être prévenu.
Prix et date de sortie des Engo 2
Les lunettes Engo 2 sont disponibles au prix de 329 euros. Elles sont proposées en deux tailles, large ou standard, et en deux coloris de monture, noir ou blanc. Le prix reste cependant le même, quels que soient le format et le coloris.
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