Faut-il enterrer les Google Glass ?

 
La question est en tout cas posée depuis quelques jours, plus exactement depuis que Sergueï Brin, l’un des fondateur de Google, a « oublié » ses Google Glass lors d’un événement. Il faut dire que peu de développeurs annoncent travailler activement sur les lunettes connectées de Google.
Google Glass Prescriptions

Il n’est pas nécessaire de présenter Sergey Brin. C’est l’un des fondateurs de Google et c’est aujourd’hui le responsable de Google X, la branche de recherche et développement de Google, celle qui s’occupe des « moonshots », des projets d’avenir qui peuvent aussi bien déboucher sur un futur meilleur que capoter en cours de route. Sergueï Brin, donc, est l’un des plus célèbres ambassadeurs des Google Glass. C’est simple, depuis l’annonce des lunettes connectées de Google, il y a deux ans, Sergey Brin ne se montrait plus qu’avec ses lunettes high-tech vissées au nez. Jusqu’à la journée du drame, dimanche 16 novembre dernier, où, à l’occasion du Breakthrough Prize Awards (un événement destiné à récompenser des projets scientifiques) Sergueï Brin est apparu en public sans ses lunettes. Il n’en a pas fallu plus pour que de nombreux sites web technophiles y voient tout simplement la mort des Google Glass. Après tout, si le plus grand supporter des Google Glass ne porte plus sa paire de lunette, c’est qu’il n’y croit plus, non ? Et tant pis si Sergueï Brin annoncera quelques minutes plus tard qu’il a oublié ses lunettes dans sa voiture.

Reuters a sauté sur l’occasion pour mener une petite enquête sur l’état actuel du marché des Google Glass. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas brillant. L’agence de presse anglaise a ainsi interrogé une quinzaine de développeurs d’applications de Google Glass pour savoir ce qu’ils faisaient actuellement. Sur les 16 questionnés, 9 ont affirmé avoir arrêté de travailler ou abandonné leur projet sur Google Glass à cause du manque de clients ou des trop grandes limitations de l’appareil. Trois des développeurs continuent à développer des applications pour les Google Glass, mais uniquement pour les entreprises. Quant au quatre autres développeurs, on ne sait pas ce qu’ils font.

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Le site anglais souligne ainsi que Google n’a jamais vraiment fait d’effort pour rendre ses lunettes accessibles. Non seulement elles coûtent cher, 1500 dollars la paire, mais en plus il est nécessaire d’habiter en Amérique du Nord ou au Royaume-Uni pour pouvoir s’en procurer. De fait, le marché des Google Glass est bien trop petit pour attirer des développeurs. C’est un cercle vicieux : comme il n’y a pas assez de clients, les développeurs ne conçoivent pas d’applications, ce qui attire encore moins de potentiels acheteurs. Pire, des projets comme Oculus Rift concurrencent plus ou moins indirectement les lunettes de Google et attirent les cadres de Google. La dernière defection en date – et non des moindres – est Adrian Wong, le responsable du développement des Google Glass, qui est parti rejoindre Facebook et l’équipe derrière le casque de réalité virtuelle. On aborde à peine les barrières légales que sont en train de poser les différents États et entreprises quant à l’utilisation de Google Glass, qui assombrissent encore l’avenir de l’appareil de Google.

Pour autant, faut-il enterrer les Google Glass ? Répondre positivement à cette question, c’est ignorer complètement les efforts que Google a réalisé tout au long de l’année pour rendre ses lunettes plus accessibles. Entre l’ouverture d’un magasin de l’autre côté de la Manche, l’arrivée de nouvelles montures et des verres correcteurs et une arrivée sur le marché grand public prévue l’année prochaine, il semble que le planning de Google soit plutôt bien bâti pour un projet qu’il abandonnerait. Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que les Google Glass ont toujours été présentées comme un prototype, un appareil qu’il est nécessaire de tester et d’évaluer avant une (im ?)probable commercialisation. Si Google pensait réellement que ses lunettes connectées représentaient un marché lucratif et prometteur, il fait peu de doute qu’il y aurait mis bien plus de moyens. On attendra donc l’année prochaine et l’ouverture de la commercilisation au grand public pour juger de la pertinence d’enterrer ou non un projet très en avance sur son temps.


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