Pour qui ne connaît pas Shure, il faut rappeler que la marque américaine conçoit des produits audio depuis près de 100 ans. Initialement spécialisé dans la conception de microphones, puis logiquement dans celle de cellules phono — les technologies sont très proches — Shure propose, depuis quelques décennies déjà, des casques hi-fi ainsi que des écouteurs de haute qualité. Nombre de musiciens utilisent d’ailleurs des écouteurs Shure sur scène, particulièrement ceux à transducteurs multiples.
Après quelques modèles true wireless avec récepteurs Bluetooth tour d’oreille détachables, Shure propose avec les Aonic Free des intras TWS au look plus conventionnel.
Fiche technique
Modèle | Shure Aonic Free |
---|---|
Format | Ecouteurs sans fil |
Batterie amovible | Non |
Microphone | Oui |
Autonomie annoncée | 21 heures |
Type de connecteur | USB Type-C |
Prix | 199 |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé avec des écouteurs prêtés par Shure.
Design
Les Shure Aonic Free sont des écouteurs intra-auriculaires plutôt imposants. Leur coque est composée de deux parties, l’une basse prolongée par l’embout d’insertion et qui intègre le transducteur, et l’autre bien plus grande, dans laquelle se trouve la batterie et qui sert à la charge acoustique. La partie supérieure des écouteurs est réalisée en PVC mat, tandis que la section inférieure l’est en PVC brillant. Chaque coque dispose d’une LED de statut et est percée de multiples petits orifices, au fond desquels sont installés les microphones de conversation.
À défaut de zones de contrôle tactiles, chaque écouteur dispose d’un petit bouton à presser. Enfin, les embouts ne sont pas en silicone, mais en mousse à mémoire de forme et, surtout, non percés. Autrement dit, le son est partiellement empêché de circuler par les embouts, ce qui impacte tout particulièrement les hautes fréquences.
Un confort… progressif
Contrairement aux embouts en silicone qui s’adaptent instantanément au conduit auditif, ceux en mousse à mémoire de forme ont besoin… d’un temps de chauffe. Ce n’est pas une plaisanterie : au contact de l’oreille, la mousse monte en température et s’attendrit. En somme, pour bien enfiler les Shure Aonic Free, il ne faut pas hésiter à appuyer fortement pour que la mousse des embouts s’écrase dans le conduit auditif. Ensuite, un simple quart de tour vers l’arrière et les écouteurs se stabilisent parfaitement. Ils peuvent alors être écoutés des heures sans inconfort, en marchant, à vélo et même en trottinant.
Boîtier de rangement encombrant
Étant donné le gabarit des écouteurs, le boîtier de charge Aonic Free est du genre massif et relativement lourd, bien qu’il soit réalisé en plastique. Sans fioriture, il propose une LED de statut en façade et un port USB-C de charge.
La charge Qi par induction n’est pas supportée. Quant à la manipulation du boîtier, elle ne pose aucune difficulté.
Usage et application
En l’absence de zones tactiles, le contrôle de la lecture ou des appels audio nécessite de saisir fermement les écouteurs, entre le pouce et l’index, pour presser leur bouton. L’opération, sans être acrobatique, n’est pas la plus intuitive, et engendre une pression dans le conduit auditif, au point de déplacer les écouteurs.
Par conséquent, les écouteurs Shure Aonic Free gagnent à être contrôlés par le biais d’un smartphone.
Une app très fonctionnelle
Pour paramétrer les boutons de contrôle ou activer certaines fonctionnalités, Shure propose l’app Shure Play. Celle-ci bénéficie d’une présentation soignée et propose toutes les fonctions qu’on est en droit d’attendre avec des écouteurs sans fil. Les boutons de commande des écouteurs gauche et droit sont programmables séparément, pour gérer la lecture, la prise d’appel, l’invocation de l’assistant vocal ou le mode « environnement », qui permet d’entendre autour de soi au travers des microphones. Les différents messages vocaux (marche/arrêt, connexion Bluetooth, état de la batterie…) peuvent être désactivés sélectivement, leur volume ajusté et leur langue choisie.
L’égaliseur audio intégré offre sept profils prédéfinis et un mode manuel particulièrement efficace. Ce dernier donne à l’utilisateur la possibilité de positionner quatre points d’ajustement, dont la largeur fréquentielle et le gain peuvent être ajustés. Les résultats obtenus par ce biais sont excellents. En outre, les réglages sont stockés dans les écouteurs et appliqués automatiquement, quelle que soit la source Bluetooth utilisée.
Un mode transparence convaincant
En dépit de l’absence d’un système de réduction de bruit active, les écouteurs Shure Aonic Free isolent très efficacement l’auditeur des bruits environnants. L’isolation passive est donc très satisfaisante, grâce à l’emploi d’embouts en mousse à mémoire de forme dense. Dans la rue ou en transport, on est ainsi peu gêné par les bruits médiums et aigus : seuls les sons très graves et puissants sont perçus. Et encore, sans que cela ne perturbe l’écoute musicale.
Shure exploite les microphones de conversation pour proposer un mode « environnement », qui laisse l’auditeur entendre ce qui se passe autour de lui. Mieux, l’app Shure Play propose d’en ajuster le volume. La qualité de captation et de restitution est très bonne. Par ailleurs, le mode « environnement » peut être activé manuellement (bouton ou app) ou bien automatiquement, grâce au mode « PausePlus ». Dans ce dernier cas, les microphones fonctionnent dès la mise en pause de la musique, et s’éteignent à la reprise de la lecture. Tout du moins, lorsqu’on a recours aux boutons des écouteurs pour gérer la lecture, et non pas aux commandes de l’app musicale utilisée. Car dans ce dernier cas, le mode « environnement » n’est pas automatiquement activé ou désactivé.
Bluetooth au top
Aucun problème de connexion ni de stabilité de la liaison Bluetooth avec les Shure Aonic Free. Que ce soit avec un iPhone, un smartphone Android, un ordinateur portable ou une tablette, je n’ai rencontré strictement aucune coupure ni microcoupure, même au travers d’un plancher en bois et à près de 10 mètres de distance. Les écouteurs ne reconnectent automatiquement au dernier périphérique utilisé. En revanche, pas de connexion multipoint possible.
Audio
Shure a opté pour des transducteurs dynamiques large bande dans les Aonic Free. Le fabricant communique quelques mesures intéressantes. On apprend ainsi que ces transducteurs sont capables de produire un volume sonore de 107 dB pour 1 mW de puissance injectée. Autrement dit, il faut très peu de courant à ces petits haut-parleurs pour s’exprimer, ce qui devrait leur conférer un comportement dynamique intéressant. La réponse en fréquences normalisée s’étend de 20 Hz à 17,5 kHz, mais nous le verrons plus loin, avec un déséquilibre entre les différents registres (grave, médium, aigu) et quelques accidents dans le haut du spectre.
Courbe de réponse en fréquences des Shure Aonic Free
Nous avons mesuré la réponse en fréquences des Shure Aonic Free et elle est un peu déroutante. En effet, on observe une belle linéarité dans le registre grave, avec une légère inflation dans le haut grave — qui renforce théoriquement l’impact des percussions — un pic dans le registre médium vers 2-3 kHz — qui devrait apporter un surcroît de résolution globale — puis une pente d’atténuation vraiment très importante au-delà de 3 kHz. Autrement dit, les hautes fréquences sont excessivement en retrait.
Il est hautement probable que ce phénomène soit lié à l’emploi d’embouts en mousse à mémoire de forme plutôt qu’en silicone, comme expliqué plus haut. Quoiqu’il en soit, en sortie de boîte, les écouteurs Shure Aonic Free ne délivreront pas le son le plus expressif qui soit.
Configuration de test
J’ai écouté les Shure Aonic Free avec un iPhone 13 Pro Max, un Xiaomi Mi 11 Lite 5G et un iPad Pro M1, depuis Apple Music (streaming lossless). Ces écouteurs laissent entendre de légères différences entre les sources, en partie dues au codec utilisé (AAC ou aptX).
Signature sonore
Comme l’annonce la courbe, la restitution manque cruellement d’aigu, ce qui ne manque pas de souligner la bosse aux environs de 3 kHz. Mauvaise pioche, l’oreille est naturellement très sensible à cette partie du spectre audio, puisque c’est précisément la fréquence de résonance du canal auditif. Bilan, la restitution est sèche et dure, frustrante et rapidement fatigante. Fort heureusement, l’égaliseur proposé par Shure dans son app permet de corriger le tir et de transfigurer les Aonic Free. En utilisant les réglages manuels suivants, on obtient une écoute bien plus physiologique. Dans le grave, placer un point sur 100 Hz, avec une largeur d’1,5 octave et un gain de 8 à 10 dB (selon vos préférences). Dans l’aigu, placer un second point sur 10 000 Hz, avec une largeur d’1,3 octave et un gain de 10 dB (ne pas lésiner, le médium se creuse alors légèrement). Enfin, laissez les deux autres points à 0 dB de gain (sans correction donc). Ainsi, vous récupérerez un tapis de grave plaisant et une brillance séduisante. Les qualités mécaniques des transducteurs et la précision de l’amplification feront le reste.
- Grave : après égalisation, rondeur et profondeur parfaitement convaincantes
- Médium : beaucoup de rigueur et de rapidité
- Aigu : après égalisation, fin et pétillant, une belle surprise
Comportement dynamique
Après égalisation, c’est le feu d’artifice avec mon iPhone. Ça cogne du grave à l’aigu et c’est un vrai plaisir, car tout semble sous contrôle. Cela incite à pousser volontiers le volume, à des niveaux peu recommandables. L’excellente tenue des transducteurs et de l’amplification s’accommode très bien des morceaux riches et difficiles. Go de Grimes ou Killing Strangers de Marylin Manson, des titres percutants, sont restitués avec panache. Idem pour des morceaux pop comme Stay de Kid Laroi & Justin Bieber ou Where Are You Now de Lost Frequencies & Calum Scott. Aux antipodes, le thème d’In the Mood for Love, de Shigeru Umebayashi, laisse entendre des timbres d’une juste inattendue. La contrebasse grogne et se déploie dans l’espace, sans jamais entacher le jeu de l’archet du violon principal, ni les cordes grattées des secondaires. Malgré l’égalisation appliquée, ces écouteurs apportent une coloration modérée aux prises de son.
Les grands écarts dynamiques sont marqués avec pas mal de panache, des tréfonds du spectre aux plus hautes fréquences. Les petites variations sont aussi bien perceptibles. En somme, le comportement dynamique des Shure Aonic Free est très bon.
Scène sonore
Les écouteurs Aonic Free déploient une vaste scène sonore, particulièrement bien peuplée. Il n’est pas difficile de localiser dans l’espace un instrument ou une voix. L’immersion de l’auditeur est forte, avec des éléments sonores très proches, et d’autres, bien plus lointains. On profite d’une scène aussi large que profonde, ce qui est étonnant après le renforcement des fréquences aiguës opéré avec l’égaliseur. En effet, il est fréquent de réduire la profondeur de la scène en poussant les transducteurs à jouer plus fort dans le haut du spectre. Ce n’est donc pas le cas avec les Aonic Free, preuve de la rigueur de leurs transducteurs.
Micro
La captation des microphones intégrés est bonne, la voie de l’auditeur bien reproduite, mais les bruits environnants sont trop peu filtrés, ce qui pénalise l’interlocuteur qui peine parfois à bien vous entendre.
Autonomie
Shure annonce jusqu’à 7 heures d’autonomie et deux recharges grâce au boîtier de rangement. J’ai mesuré 7h10 à 50 % du volume de mon iPhone. Mission accomplie également de ce point de vue.
Prix et date de sortie
Les écouteurs Shure Aonic Free sont disponibles dans les coloris noir ou rouge et commercialisés au prix de 199 €.
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