Voici le « passeport pour batterie » qui va permettre de verdir les voitures électriques

 
Le passeport pour batterie, qui ne concernera pas uniquement les voitures électriques, a pour but d’apporter plus de transparence sur l’ensemble des batteries équipant nos appareils, avec une meilleure traçabilité des composants.

L’avènement de la voiture électrique ces dernières années a évidemment amené à beaucoup d’interrogations autour du processus de fabrication desdites voitures, mais aussi et surtout de leur batterie.

Système d’extraction polluant, usage de métaux rares, travail forcé des enfants, recyclage… Les questions, informations et désinformations sont nombreuses, et c’est pourquoi le législateur, mais pas que, demande aujourd’hui aux fabricants beaucoup plus de transparence autour des batteries.

Le 18 janvier dernier, la Global Battery Alliance (un groupement qui représente plus de 120 entreprises internationales, des industriels et des associations non gouvernementales) a présenté lors du Forum Économique de Davos, plusieurs exemples de ce que pourrait être le projet de passeport pour batterie.

Son objectif ? Offrir plus de transparence et une meilleure traçabilité sur toute la vie de la batterie, et cela de son extraction minière jusqu’au processus de recyclage. Plusieurs marques automobiles collaborent sur ce projet, dont Tesla, Audi, Volkswagen ou encore Volvo.

Quelles seront les informations techniques communiquées ?

Avec les premiers exemples données, nous pouvons d’ores et déjà avoir un bel aperçu sur la vie de la batterie concernée. Ceux-ci concernent trois batteries de voitures électriques, à savoir un modèle de chez Tesla et deux de chez Audi. Nous découvrons ainsi quatre onglets avec différentes informations concernant la batterie, les matériaux, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et enfin les données.

Le premier onglet est composé de plusieurs données listées comme ceci :

  • Les différents fabricants responsables de la cellule, de l’assemblage et du véhicule dans lequel la batterie est implantée ;
  • Les dates et les lieux des différentes fabrications ;
  • Le type de cellules, le nombre de cellules par pack ;
  • L’énergie totale du pack batterie (kWh), la capacité nominale (Ah) et le voltage ;
  • Le type de chimie (LFP, NCM, NMA, etc.) ;
  • Le poids de la batterie ;
  • La densité d’énergie (kWh/kg) ;
  • La durée de vie attendue (en nombre de cycles) ;
  • La plage de température de fonctionnement.

Comme vous pouvez le constater, ces informations sont globalement déjà connues puisque parfois communiquées par le constructeur au sein de la fiche technique du véhicule. C’est aussi l’onglet le moins « abstrait » pour le consommateur, avec des données chiffrées précises.

Le second onglet concerne les matériaux qui composent les cellules de batterie et leur origine. Nous avons également repris comme exemple la batterie « grande autonomie » de Tesla utilisées par la Global Battery Alliance afin d’illustrer ce « prototype » de passeport. Nous retrouvons ainsi :

  • La part de matériaux recyclés dans les cellules (pas d’info chez Tesla pour le moment) ;
  • Les matières premières et leur poids ;
  • La provenance, avec le fournisseur et le pays d’extraction.

Le troisième onglet donne une notation sur le respect des engagements environnementaux et sociaux, avec notamment un point sur le respect des droits humains et du travail des enfants, et ce sur l’ensemble des acteurs ayant participé à la fabrication de la batterie. Il y aussi une classification des performances en fonction de l’impact carbone de la batterie.

Le quatrième onglet est une sorte de tableau récapitulatif avec toutes les données analysées mettant en avant si la traçabilité de la batterie est avancée ou bien s’il y a encore quelques zones d’ombre. Dans l’exemple Tesla, pratiquement tous les éléments sont tracés, analysés et les engagements environnementaux et sociaux respectés.

Si vous souhaitez découvrir ce prototype de passeport de batterie plus en détail et les trois exemples publiés, n’hésitez pas à consulter sur le site de l’organisme : le modèle Tesla, un modèle Audi (batterie de 115 kWh) et un second modèle Audi (batterie de 100 kWh).

Obligatoire à partir de 2026

Vous l’aurez compris, nous en sommes encore au stade de prototype, mais l’Union européenne a adopté en fin d’année dernière des règles pour verdir ses batteries, des smartphones aux voitures. Ainsi, toutes les batteries produites vont disposer d’un clone numérique qui comprend toutes les données collectées pendant tout le cycle de vie.

Globalement, ce système de clone numérique n’a rien de vraiment nouveau puisque Renault l’emploie déjà dans ses usines. Son principe est d’ailleurs assez simple, puisque son jumeau numérique est hébergé dans le cloud et pourra être consulté. Les clients auront donc accès à un QR Code renvoyant au passeport de la batterie du véhicule concerné. Le passeport pour batterie sera un élément imposé par la Commission européenne au 1er janvier 2026 pour toutes les voitures électriques et les batteries industrielles présentes sur le marché de l’Union européenne.

Pour rappel, les fabricants devront, dès 2024, renseigner l’empreinte carbone totale attendue de chaque batterie, de l’extraction minière au recyclage. Et après 2027, seules les batteries des voitures électriques ne dépassant pas un seuil maximal pourront être commercialisées.

La composition des nouvelles batteries devra aussi inclure des niveaux minimums de métaux issus de la valorisation des déchets. Par exemple, après 2031, les batteries des véhicules électriques devront incorporer, au minimum, 16 % de cobalt, 6 % de lithium et de nickel recyclés.

Quels sont les autres secteurs concernés ?

Comme énoncé plus haut, la batterie des voitures électrique ne sera pas la seule concernée. D’autres règles ont été établies par l’UE autour des batteries pour les appareils électroniques. D’ici trois ans et demi, les smartphones ou appareils électroniques devront être conçus pour pouvoir enlever et remplacer facilement la batterie.

Les entreprises incluant des batteries dans leurs produits devront respecter des objectifs de collecte : 45 % des batteries de téléphones ou d’ordinateurs devront être collectées d’ici 2023, et au moins 73 % d’ici 2030. Les vélos, scooters et trottinettes électriques sont aussi concernés avec un taux minimal de reprise qui s’élèvera à 61 % d’ici 2031.

De ce fait, toutes les batteries collectées devront être recyclées, avec des niveaux élevés de récupération pour les composants les plus critiques. D’ici 2027, les processus employés devront permettre de recycler au moins 90% du cobalt et du nickel des batteries, ainsi que 50% du lithium, puis 80% en 2031.

Pour aller plus loin
Voitures électriques : l’Europe part en guerre contre les batteries chinoises polluantes


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