Depuis plusieurs mois déjà, le prix de l’électricité est au plus haut. En effet, le prix de gros a littéralement flambé, passant de 85 euros du MWh en 2021 à plus de 1 000 euros en août 2022. Une situation qui s’explique notamment par la guerre en Ukraine, ainsi que l’arrêt de réacteurs nucléaires sur le territoire, gérés par EDF. Et cela se répercute bien sûr sur les Français, et notamment sur les utilisateurs de voitures électriques.
Une mesure attendue
Selon un rapport publié par Enedis, 85 % des conducteurs rechargent leur véhicule électrique ou hybride à domicile. Dans ce cas, ces derniers doivent composer avec une forte hausse du prix de l’électricité, heureusement limitée par le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Ainsi, l’augmentation est bridée à 15 % depuis le 1er février dernier, après une hausse de 4 % en 2022. Concrètement, cela signifie que les ménages payent en moyenne 20 euros de plus par mois, au lieu de 180 euros sans cette mesure. Nous avons fait quelques calculs de notre côté pour comprendre l’impact sur la recharge d’une voiture électrique à domicile.
Mais le bouclier de 15 % ne concerne que le prix de l’électricité domestique. Les propriétaires de voitures électriques qui se chargent sur des bornes rapides et publiques ne sont pas concernés. Et là, c’est la douche froide. En effet, avec la flambée du prix de l’énergie, de nombreux opérateurs ont revu leurs tarifs à la hausse. C’est notamment le cas de Bélib’, qui a littéralement fait exploser ses prix au début du mois de janvier, avec une double facturation à la minute au au kWh. Avant de revenir sur ses pas quelques jours plus tard face au tollé provoqué par la hausse.
On pense également à Allego, qui a récemment revu sa politique tarifaire avec l’arrivée des heures creuses et pleines. Une stratégie également adoptée par Tesla sur ses Superchargeurs depuis quelques mois. Des évolutions de prix manquant fortement de transparence selon le sénateur de la Seine-Saint-Denis Gilbert Roger. Ce dernier a récemment interrogé le gouvernement sur la mise en place d’un bouclier tarifaire, qui régulerait mieux le prix de la recharge.
Une idée qui n’est pas sortie de nulle part, puisque cette mesure avait été promise par Emmanuel Macron lui-même en octobre dernier, lors du Mondial de Paris. Le président de la République affirmait alors qu' »à partir de janvier 2023, nous allons aussi étendre le bouclier tarifaire aux bornes électriques, pour éviter des péripéties comme certains de nos voisins. Aujourd’hui, les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront« .
Enfin !
Mais depuis, silence radio de la part du gouvernement. Si ce dernier souhaite inciter les automobilistes à passer à l’électrique, en ayant notamment promis l’implantation de 100 000 bornes de recharge sur le territoire fin 2021, il reste tout de même encore à la traîne sur certains sujets. Mais cela est en train de changer, alors que la ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la prévention, Agnès Firmin Le Bodo s’est exprimée lors de la séance du 24 janvier 2023 au Sénat.
À nouveau interrogée par Gilbert Roger, celle-ci affirme alors que « les aménageurs et opérateurs de recharge peuvent, dès lors qu’ils sont éligibles, bénéficier de l’amortisseur électricité mis en place à la fin de l’année 2022« . Une petite avancée donc, confirmée sur Twitter par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui se félicite de cette mesure.
Comment fonctionne l’amortisseur électricité
Le gouvernement n’a pas donné de détail supplémentaire lors de cette prise de parole et on pourrait donc penser que cette aide sera la même que celui déjà en place pour les particuliers. Cependant, le gouvernement rappelle que « la recharge ouverte au public des véhicules électriques relève du secteur concurrentiel, dont les tarifs sont librement définis par les opérateurs. Ces tarifs peuvent dépendre des kilowattheures distribués, mais également d’autres facteurs, notamment la rapidité de la recharge. »
Dans le détail, le ministère de l’Écologie explique le fonctionnement de l’amortisseur électricité sur son site Internet. On peut ainsi lire que « l’État va prendre en charge, sur 50 % des volumes d’électricité consommé, l’écart entre le prix de l’énergie du contrat et 180 €/MWh (soit 0,18 €/kWh) ». Dans l’exemple, l’aide permet d’atteindre « 20 % de la facture totale » d’électricité payée par une entreprise qui achèterait l’électricité 400 €/MWh (0,4 €/kWh).
La formule est un peu complexe à comprendre au premier abord, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’est pas question de réguler le prix de la recharge. Mais simplement de limiter la hausse de l’électricité afin que celle-ci soit moins répercutée dans le prix final payé par le client.
Il ne faut pas s’attendre à des baisses drastiques ou à des tarifs s’approchant de ceux payés à domicile. Reste à espérer que les opérateurs n’en profitent pas pour augmenter leurs profits en maintenant des tarifs élevés malgré ce bouclier.
Le gouvernement souhaite également aller un peu plus loin, alors qu’il est en train de discuter avec l’Union européenne pour mettre en place un « projet de règlement sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs« . Celui-ci permettrait de mieux encadrer les prix et de pouvoir les comparer en toute transparence.
Pour aller plus loin
Hausse des tarifs de l’électricité : comment cela affecte le coût de la recharge de votre voiture électrique à domicile
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