En mai 2020, le président de la République, Emmanuel Macron annonçait un objectif fort : rendre accessible à toutes les voitures électriques, 100 000 bornes de recharge d’ici à la fin de l’année 2021. Le but ? Accompagner la transition vers l’électrique et inciter les automobilistes à opter pour ce type de motorisation, qui connaît un succès grandissant, au point de dépasser les ventes de diesel en fin d’année dernière.
Un nouvel objectif
Or, nous sommes début 2023 et ce chiffre n’a toujours pas été atteint. En effet, au 31 janvier dernier, le territoire ne comptait que 85 284 points de recharge. Ce qui correspond à une hausse de + 57 % en un an. Une belle progression qui ne suffit tout de même pas, d’autant plus que la fiabilité n’est pas toujours au rendez-vous. En effet, selon l’Avere-France, les bornes de 150 kW sont indisponibles 22 % du temps, soit l’équivalent de sept jours par mois.
La France a donc toujours été à la traine par rapport aux autres pays d’Europe, et notamment face aux Pays-Bas et à l’Allemagne. Mais elle compte désormais changer la donne, alors que le gouvernement vient d’annoncer un nouvel objectif. Dans une dépêche AFP, relayée par le site Connaissance des Energies, le ministre des Transports Clément Beaune a déclaré vouloir se concentrer sur les autoroutes.
Ce dernier affirme en effet que « nous sommes en mesure d’atteindre avant la fin du semestre toutes les aires d’autoroute de France« . On imagine que le ministre fait référence aux aires de service et non pas à toutes les aires, comme les aires de repos.
Un objectif très ambitieux, alors que le gouvernement mise notamment sur la baisse du prix de l’électricité. Or, celui-ci est très élevé depuis plusieurs mois, alors que le gros est passé de 85 euros du MWh en 2021 à plus de 1 000 euros en France l’an dernier. Une augmentation qui impacte alors la recharge à domicile, malgré le bouclier tarifaire, ainsi que la charge rapide.
C’est notamment pour cela qu’un « amortisseur électricité » a récemment été annoncé par le gouvernement, afin de réduire le coût de l’énergie pour les opérateurs de bornes de recharge. Cela devrait se traduire par des prix en baisse, mais aussi de nouvelles implantations dans le futur. Comme l’explique le cabinet Xerfi, installer une borne est très coûteux pour les exploitants et pas du tout rentable, en raison des coûts de déploiement et d’exploitation, ainsi que celui de l’électricité.
Un réseau en développement
Néanmoins, de plus en plus d’entreprises s’implantent sur les aires d’autoroutes françaises. De quoi rassurer les automobilistes, alors que l‘autonomie reste encore un frein important à l’achat d’une voiture électrique et que les Français souhaiteraient pouvoir parcourir au moins 400 kilomètres en une seule charge, ce qui est un erreur. On pense notamment à Fastned, qui a signé en avril 2022 un partenariat avec la Sanef afin d’installer 18 stations sur les autoroutes du Nord et de l’Est de la France.
L’entreprise a inauguré il y a quelques jours une nouvelle station de recharge sur l’aire de Vémars, composée de bornes affichant une puissance maximale de 300 kW. Aux Pays-Bas, la firme propose des prises allant jusqu’à 400 kW, comme son rival Circontrol. Pour bénéficier d’une concession sur quinze ans, Fastned a alors dû s’engager à faire évoluer le nombre de bornes en fonction du trafic et à pratiquer des prix compétitifs.
D’autres opérateurs sont également bien implantées sur les autoroutes françaises, comme TotalEnergies et Ionity, co-entreprise créée par BMW, Ford, Hyundai, Mercedes et Volkswagen, entre autres. Afin de pallier importants coût d’implantation et de fonctionnement, il se peut que des rachats entre opérateurs aient lieu dans le futur. Une situation qui met en alerte l’Autorité de la Concurrence, qui s’apprête à « examiner le fonctionnement concurrentiel du secteur des infrastructures de recharge pour véhicules électriques« .
L’organisme souhaite sans doute éviter une situation de monopole de certaines entreprises, comme c’est par exemple le cas en Allemagne, où certains fournisseurs d’énergie s’octroient jusqu’à 90 % des points de charge dans certaines villes ou régions. Une situation que l’on doit notamment à la réglementation européenne, qui autorise les fournisseurs d’électricité à revendre leurs crédits CO2 à des sociétés pétrolières plus polluantes, à condition d’exploiter leurs propres bornes.
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