Mais pourquoi ces voitures électriques font-elles plus de bruit qu’une voiture thermique ?

 
C’est un fait, les voitures électriques sont plus silencieuses que les voitures thermiques. Pourtant, elles ne sont pas aussi silencieuses qu’on pourrait le croire. En effet, entre la réglementation qui a évolué ces dernières années pour des raisons de sécurité et le travail des constructeurs pour rendre certaines voitures électriques plus « bruyantes », les voitures électriques sont aujourd’hui largement plus audibles qu’il y a dix ans.

Avec l’avènement de la voiture électrique, parmi les principales craintes de certains usagers de la route, il y avait bien évidemment l’argument concernant le bruit de ces fameuses voitures. Effectivement, à faible allure, il se peut qu’on ne puisse pas forcément entendre une voiture électrique, ce qui peut poser quelques problèmes en matière de sécurité, notamment en zone de rencontre.

En revanche, à vitesse élevée, les émissions sonores d’une voiture électrique peuvent toutefois égaler celles d’un véhicule thermique. En effet, les bruits de frottement (comme les bruits de roulement par exemple) et aérodynamiques sont plus intenses à vive allure et dépassent ceux du moteur.

Vous l’avez peut-être remarqué, mais par rapport à une Renault Zoé âgée de dix ans, l’un des premiers modèles électriques à grande échelle, les nouvelles voitures électriques font plus de bruit. Enfin, elles font plus de bruit à basse vitesse, puisqu’à allure plus soutenue, le problème est le même que pour un modèle thermique : les ingénieurs cherchent à rendre leur modèle le plus silencieux possible. Lors de la phase de présentation de son i7, avant la révélation du modèle, BMW avait d’ailleurs axé une partie de sa communication sur le soin apporté à l’acoustique à haute vitesse de sa limousine.

Faire moins de bruit à haute vitesse, mais plus à basse vitesse, telle est la nouvelle équation que doivent résoudre les constructeurs automobiles, et nous allons vous expliquer pourquoi. Mais il y a aussi un autre élément qui entre en compte, et celui-ci est plus émotionnel, puisqu’il fait en quelque sorte écho au plaisir de conduire.

Si la sonorité « agricole » d’un bon vieux quatre cylindres diesel ne manquera à personne, celle d’un beau flat-six Porsche ou d’un orchestral V12 Ferrari fera sans doute quelques nostalgiques. Mais les constructeurs ne manquent pas d’imagination pour tenter de faire perdurer ce fameux plaisir acoustique et raviver les sens de certains aficionados. Et nous le verrons aussi, certains y parviennent un peu mieux que d’autres.

Qu’impose la réglementation ?

En fait, si une voiture électrique actuelle fait plus de bruit qu’une Renault Zoé âgée de dix ans, c’est qu’il y a une raison. Depuis le 1er juillet 2019, l’Union européenne impose aux constructeurs d’implémenter un bruit artificiel pour chaque nouvelle voiture électrique. Certains peuvent y voir une pollution sonore supplémentaire, mais ce bruit artificiel augmenterait la sécurité des usagers les plus vulnérables.

En effet, piétons et cyclistes se sont habitués à tendre l’oreille et ne pas forcément regarder ce qui se passe sur la route, notamment pour traverser au passage piéton. Même si les moteurs thermiques sont devenus de plus en plus silencieux avec le temps et l’hybridation de certains modèles, ils avaient au moins ce mérite de ne pas surprendre.

Un prototype de BMW i7 passant ses tests acoustique // Source : BMW

Une étude britannique réalisée par Guide Dogs, une association des chiens d’aveugle, avait même relaté que nous avions 40 % fois plus de chance de nous faire percuter en ville par une voiture électrifiée.

C’est pour cette raison liée à la sécurité principalement que l’Europe a rendue obligatoire l’AVAS (pour Acoustic Vehicle Alert Systems). Ce système concerne tous les véhicules électriques, hybrides ou hybrides rechargeables roulant à moins de 20 km/h ou en marche arrière. Ils doivent émettre un bruit, quel qu’il soit, pour informer de leur présence.

La législation laisse une petite marge de manœuvre aux constructeurs pour proposer leur propre solution, avec un bruit qui doit être compris entre 56 (soit un peu moins que le bruit d’une conversation) et 75 décibels (soit le bruit d’une voiture thermique ou encore d’un aspirateur). Au-delà des 25 km/h, on considère que les bruits de roulement et d’air sont à peu près équivalents avec leurs homologues thermiques, et donc suffisants.

Le « vrai » bruit d’une voiture électrique

Dire qu’une voiture électrique ne fait pas de bruit, c’est totalement faux. Une voiture électrique, dans certaines circonstances, fait moins de bruit qu’un modèle thermique, mais elle en fait toujours, même si elle n’est pas équipée d’un dispositif sonore obligatoire depuis 2019.

Au passage d’une voiture à batterie, on peut ainsi entendre une sorte de bruissement, un sifflement et quelques bruits de frottement. Les bruissements, personne n’y peut rien, puisqu’ils sont causés par les déplacements d’air générés par le mouvement du véhicule. Les ingénieurs peuvent toutefois les limiter en travaillant soigneusement sur certains éléments aérodynamiques.

Les sifflements que vous pouvez entendre, notamment lorsqu’une voiture électrique évolue à basse vitesse, ce sont les bruits mécaniques. Ils sont produits par le moteur électrique en fonction de son régime et parfois par les appareils de bord (climatisation, pompe à chaleur). Enfin, les bruits de frottement sont émis via le contact des pneumatiques sur la chaussée. Ils varient en fonction de la nature et de la qualité du revêtement ainsi que du type de pneus.

Pourquoi les constructeurs font-ils aujourd’hui des bruits artificiels pour leurs voitures électriques ?

Nous avons répondu à cette question un peu plus haut, c’est pour une raison de sécurité tout d’abord, et aussi parce que c’est obligatoire depuis 2019 sur toutes les voitures électriques nouvellement immatriculées. Certains constructeurs automobiles, comme Renault, Kia ou Jaguar, n’ont pas attendu cette réglementation pour mettre en place de dispositif sur certaines de leurs voitures.

Les sons des voitures électriques ne sont pas soumis à beaucoup de contraintes, si ce n’est celle du nombre de décibels. Si un constructeur souhaite créer un son artificiel de soucoupe volante, de cloche d’église ou bien de gémissement de lapin nain du Nebraska, libre à eux.

Mais les constructeurs ne travaillent pas uniquement sur le « bruit obligatoire » de leur voiture. En effet, avec l’arrivée de certains modèles sportifs électriques, chez BMW et chez Porsche notamment, nous avons aussi vu une arrivée de nouvelles sonorités qui ont une tout autre fonction que l’aspect sécuritaire.

Ces sons artificiels sont émis par les haut-parleurs et participent au plaisir de conduire, comme le délicat feulement d’un V10 Lamborghini à bas régime. Sauf que nous n’en sommes pas encore là, et d’une manière générale, hormis certains constructeurs comme Abarth sur sa nouvelle 500 électrique (qui a passé plus de 6 000 heures à recréer le bruit d’un moteur essence) ou Mercedes sur certains de ses modèles électriques, les constructeurs ne cherchent pas à singer le bruit des moteurs thermiques les plus remarquables de leur histoire.

Dans le cas d’une Porsche Taycan par exemple, cela participe au plaisir de conduire, avec un son très « futuriste » qui s’amplifie à mesure que l’on accélère, qui diminue lors des phases de freinage… bref, qui mime globalement les phases d’un moteur thermique, mais cette fois-ci en étant corrélé à un bloc électrique.

On aime ou on déteste, tout dépend du son en question, mais fort heureusement, il est possible de désactiver ce système de son artificiel. Les constructeurs y consacrent même de la recherche et du développement, à l’image de BMW qui a fait appel au célèbre Hans Zimmer, qui a composé, entre autres, les bandes originales des films « Le Roi lion », « Gladiateur » ou encore « Pearl Harbor », pour élaborer le bruit des nouvelles BMW électriques. Nous le verrons juste en bas, mais ce n’est pas forcément sa plus belle œuvre.

Les meilleurs sons artificiels des voitures électriques… et les pires !

Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, mais ça peut s’argumenter. Comme énoncé plus haut, de nombreux constructeurs travaillent sur des sonorités artificielles, que l’on peut déjà apprécier (ou pas) sur certaines de leurs nouveautés. Et chez Frandroid, pratiquement toutes les voitures électriques commercialisées en France sont déjà passées entre nos mains, dont certaines avec des sonorités pour le moins particulières.

Renault

Le choix du roi chez Renault, avec trois sonorités « d’ambiance » différentes avec un son « clinquant », un son « neutre » et un son « sportif ». Ce dispositif a été créé en partenariat avec l’IRCAM, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique, et Andrea Cera, une compositrice électroacoustique, designer sonore et artiste d’installation sonore italienne. Dans une voiture comme la Zoé, avouons que c’est plutôt rigolo et pas forcément entêtant.

BMW

Comme énoncé plus haut, chez BMW, on a mis les petits plats dans les grands en collaborant avec Hans Zimmer. Sauf qu’après avoir prix en main plusieurs BMW électriques, dont la i7 ou encore la i4 M50, ça ne nous a pas vraiment convaincus, avec une sonorité à nos yeux (ou plutôt à nos oreilles) assez neutres et sans grand relief.

Porsche

Chez Porsche, on a eu la bonne idée de ne pas vouloir recréer artificiellement le son du flat-six. Et c’est tant mieux, sauf que le son créé est sûrement l’un des plus, si ce n’est le plus entêtant du marché.

Globalement, comme chez BMW, ça n’a pas franchement d’identité et c’est amplifié à l’excès comme si on entrait dans une faille spatiotemporelle sans jamais en sortir. Ah et comme nous sommes chez Porsche, cette option baptisée « Porsche Electric Sport Sound » et pas du tout indispensable est facturée 504 euros. Avec cet argent, achetez plutôt une PlayStation 5, par exemple.

Mercedes

Chez Mercedes, on a choisi de travailler avec Linkin Park. On pouvait donc s’attendre à quelque chose d’assez convaincant et c’est le cas, avec une sonorité artificielle qui singe le V8 Mercedes-AMG, sans basculer dans l’excès. Le travail est sobre et efficace, et on en redemande. Comme un album de Linkin Park en somme.

Abarth 500e

Qui ne s’est jamais retourné en entendant une Abarth arriver beaucoup trop vite dans une étroite rue parisienne en pensant que c’était une sportive beaucoup plus accomplie que ce charmant pot de yaourt à la boîte de vitesse robotisée désastreuse ? Une Abarth 595 (ou 695, c’est selon les versions) équipée d’un échappement optionnel Monza, force est de constater que la mélodie est plutôt agréable à l’oreille avec cet accent délicatement latin.

Pour la nouvelle 500e, du côté d’Abarth, on s’est dit que ce serait une bonne idée de refaire la même chose, mais avec une sonorité artificielle. Et de toute façon, compte tenu du fait que ce sont les fans qui l’ont choisi, ça ne peut qu’être convaincant pour la majorité des clients. Et force est de constater, même si nous n’avons pas encore pris en main la voiture à l’heure où nous écrivons ces lignes, que c’est franchement réussi.

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