Voiture électrique : la batterie révolutionnaire sera bientôt produite en France, tout ce que ça change

 
La semaine dernière, le président Emmanuel Macron a présenté sa stratégie pour réindustrialiser la France, notamment via l’implantation d’usines de batteries pour voitures électriques. Dans le même temps, le taïwanais ProLogium a annoncé l’installation d’une nouvelle usine de batteries à Dunkerque qui produira des batteries solides. Une solution révolutionnaire qui devrait multiplier par deux l’autonomie des voitures électriques à terme.
À gauche, le PDG de ProLogium, Vincent Yang, s’entretient avec, à droite, Emmanuel Macron // Source : Reuters

La France sera-t-elle bientôt le nouvel eldorado de la batterie en Europe ? Pas pour le moment, puisque l’Allemagne et la Hongrie ont des projets plus ambitieux à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais à ce rythme, l’Hexagone pourrait bien rattraper son retard.

En effet, après les usines de batteries de Douvrin (dont l’ouverture est prévue fin mai), Douai et Dunkerque avec la start-up française Verkor, c’est un quatrième projet qui vient d’être annoncé. L’officialisation a été faite suite au déplacement d’Emmanuel Macron dans le Nord de la France et de la présentation de sa stratégie pour réindustrialiser le pays.

Le nord de la France, une localisation clé

Ainsi, l’entreprise taïwanaise ProLogium a annoncé la construction d’une quatrième usine de batteries en France, sa première en Europe. Mais contrairement aux autres usines, ProLogium a d’autres ambitions puisque la firme asiatique compte produire en France des batteries dites « solides ».

ProLogium prévoit d’investir environ 5,2 milliards d’euros à Dunkerque d’ici 2030 afin d’atteindre une capacité de production annuelle de 48 GWh (de quoi équiper environ 1 million de voitures électriques par an). L’entreprise espère débuter la production fin 2026 et augmenter sa capacité sur plusieurs années, créant ainsi 3 000 emplois dans l’usine et 12 000 emplois indirects.

L'usine CATL en Allemagne
L’usine CATL en Allemagne

Mais pourquoi le choix de Dunkerque ? Les raisons sont multiples selon Gilles Normand, le vice-président chargé du développement international du groupe ProLogium. En effet, l’entreprise taïwanaise souhaitait avoir accès à « une électricité décarbonée », et à Dunkerque, non seulement « l’électricité nucléaire est disponible, mais il y a aussi la présence d’éoliennes offshore ». De quoi rendre les voitures électriques encore plus « propres » qu’elles ne le sont déjà.

Plus globalement, c’est tout un écosystème pour les batteries qui se développe dans le nord de la France avec les trois autres projets cités plus haut. Rappelons également que de nombreuses usines de voitures électriques se trouvent en Europe du Nord, et Dunkerque est très bien desservie par le rail, la route et un port en eau profonde, ce qui facilite les importations et les exportations de leurs produits.

Qu’est-ce qu’une batterie solide ?

Mais pourquoi avoir fait le choix des batteries solides et non au lithium ? ProLogium mise sur l’avenir, et pense que les batteries solides présentent plus d’avantages que les batteries au lithium.

Les batteries lithium-ion présentent quelques points négatifs. Parmi les plus importants, on retrouve les aspects de sécurité et plus particulièrement les risques d’incendie. En effet, à cause de l’échauffement de la solution électrolytique lors de la charge et de la décharge des cellules d’une batterie lithium-ion, des incendies peuvent se produire. C’est toutefois assez rare avec les nouvelles batteries LFP au lithium, qui ne comporte pas de cobalt.

C’est pourquoi de nombreux mécanismes de sécurité sont implémentés au sein des packs de batterie, mais évidemment ces systèmes prennent de la place. De la place qui pourrait être utilisée plutôt pour implanter de nouvelles cellules et augmenter l’autonomie des voitures électriques.

Le défi réside dans la possibilité d’atteindre des autonomies comparables à ce que l’on retrouve sur des modèles thermiques équivalents, même si Elon Musk pense que cela n’est pas nécessaire. Les batteries solides devraient permettre aux véhicules électriques de gagner en autonomie, puisque leur densité énergétique est bien plus élevée par rapport aux batteries au lithium. On parle d’un doublement de cette densité énergétique par rapport aux batteries lithium existantes d’ici la fin de la décennie.

Les batteries solides seraient alors parfaites pour les voitures électriques : dans le même volume et le même poids, il serait possible d’augmenter significativement le nombre de cellules, et donc la capacité du pack de batterie, et par conséquent l’autonomie.

De nouveaux investisseurs entrent dans la danse

Dans le même temps, Emmanuel Macron a annoncé que l’entreprise chinoise XTC et l’entreprise française Orano investiront 1,5 milliard d’euros et créeront 1 700 emplois dans un site de production de batteries au lithium à Dunkerque comme le précise une dépêche de l’AFP relayée par Connaissances des Énergies.

La coentreprise entre XTC et Orano, selon le président français, est considérée comme « complémentaire » à l’usine ProLogium, car elle interviendra dans la phase en amont de la production de batteries : l’usine produira les cathodes des batteries. Cette coentreprise devrait s’installer non loin du port de Dunkerque, tout comme l’usine de ProLogium.

Emmanuel Macron a également souligné que d’ici la fin de la décennie, plus de 20 000 nouveaux emplois seront créés dans la région de Dunkerque.


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