Conversion d’une voiture thermique en électrique : comment ça marche ?

Certains critères précis sont à respecter

 
Un arrêté ministériel, publié au Journal officiel le 3 avril 2020, a rendu légal la conversion des véhicules thermiques à l’électrique. Que faut-il savoir si vous souhaitez franchir le pas et convertir votre voiture thermique en électrique ?

Si vous suivez avec une certaine assiduité l’actualité automobile, vous n’êtes certainement pas sans savoir que, depuis un arrêté ministériel datant du 3 avril 2020 publié au Journal officiel, transformer son automobile thermique en un « véhicule électrique à batterie ou à pile combustible » est désormais légal.

Cette pratique, que l’on nomme « rétrofit », concerne ainsi les véhicules de catégories M et N équipés d’une immatriculation vieille de cinq ans, à partir de la date de conversion. La catégorie M correspond aux « véhicules à moteur conçus et construits pour le transport de personnes et ayant au moins quatre roues », soit les particuliers, les utilitaires, les minibus, les autobus ou encore les camions. La catégorie N concerne les « véhicules à moteur conçus et construits pour le transport de marchandises et ayant au moins quatre roues ».

Le délai susmentionné de cinq ans s’abaisse à trois ans pour les modèles appartenant à la catégorie L, c’est-à-dire les « véhicules à moteur à deux ou trois roues et quadricycles à moteur ». Les engins agricoles ne pourront bénéficier de cette conversion. L’arrêté précise également que « la puissance du moteur électrique doit être comprise dans la plage fermée 65 % – 100 % de la puissance maximale du moteur d’origine ».

L’intérêt du rétrofit

Sans s’étendre sur les raisons de l’utilisation d’une voiture électrique, ou non, tout dépendra essentiellement des besoins de chacun. La conversion du thermique à l’électrique permet de modérer assez significativement l’empreinte carbone de ses déplacements, puisque vous n’achetez pas de véhicules neufs et vous ne détruisez ou ne laissez pas en circulation votre ancien véhicule.

En d’autres termes, vous évitez la production d’une voiture neuve électrique et vous évitez également la mise à la casse et la destruction d’un engin susceptible d’être encore en bon état de fonctionnement. Deux processus qui amènent évidemment des rejets de CO2 et d’autres émissions polluantes.

Outre l’aspect environnemental, le rétrofit permet également de développer une filière spécialisée qui est notamment composée de quelques artisans locaux qui ont su prendre le virage. L’État voit aussi ça comme une aubaine pour l’économie et l’emploi.

Les démarches à suivre

Comme vous devez vous en douter, il y a quelques démarches à effectuer avant d’entamer ce processus. L’arrivée de la nouvelle réglementation doit faciliter les démarches administratives liées à cette transformation. Le projet de l’arrêté a été préparé par l’association Aire (Acteurs de l’Industrie du Rétrofit électrique) en association avec les pouvoirs publics.

Ainsi, un cahier des charges a été défini et détermine le cadre de la transformation et l’homologation de véhicules (voiture, utilitaire, motocyclette, scooter) à moteur thermique en véhicule électrique à batterie ou à hydrogène. Ce cahier des charges est très strict, notamment concernant les questions liées à la sécurité. Une homologation du véhicule étant nécessaire, cette conversion doit être effectuée par des installateurs spécialisés dans le retrofit électrique. Plusieurs entreprises, habilitées par le fabricant de votre voiture, proposent ces services, à des tarifs plus ou moins attrayants, nous y reviendrons un peu plus bas.

Comme toute modification, la conversion d’une voiture thermique en électrique impose une mise à jour de la carte grise. Après le rétrofit, le propriétaire du véhicule concerné, muni du certificat d’homologation fourni par l’entreprise qui l’a réalisé, devra entamer les démarches d’immatriculation concernant cette modification des caractéristiques techniques.

Il faudra alors entamer une demande de modification d’une carte grise déjà enregistrée à votre nom. Le coût de la démarche s’élève à la somme d’un cheval fiscal, de la taxe de gestion (qui est actuellement de 4 euros) ainsi que de la redevance d’acheminement de 2,76 euros. Le prix de la nouvelle carte grise dépendra du département de résidence du demandeur.

Attention, comme toute modification qui doit être effectuée, comme un changement d’adresse par exemple, la transformation de votre véhicule doit être déclarée dans un délai maximum d’un mois après l’achèvement des travaux. En cas de non-respect, vous pourriez vous faire verbaliser et risquer une amende de 4e catégorie pouvant aller jusqu’à 750 euros. Sans oublier qu’avec le durcissement du contrôle technique, un véhicule non conforme à sa carte grise se verra recalé.

Quels sont les tarifs en vigueur ?

Si vous êtes convaincu à l’idée de passer votre voiture thermique à l’électrique, sachez qu’il restera un obstacle, qui peut être de taille : le prix. En effet, contrairement à un passage à une carburation mixte comme essence/GPL ou essence/GNV, le passage du thermique à l’électrique nécessite de nombreux composants plus ou moins coûteux à commencer par la batterie.

Certaines entreprises affichent des sommes pouvant atteindre plus de 20 000 euros. Néanmoins, aujourd’hui, le coût moyen d’une intervention est estimé à 10 000 euros. Une somme qui peut être divisée par deux grâce aux récentes mesures annoncées par le gouvernement. En effet, dans le cadre de relance de la filière automobile faisant suite à la crise sanitaire, le gouvernement a annoncé que le rétrofit serait éligible à une aide de 5000 euros, selon les revenus par foyer.

Cette aide peut également s’ajouter à celles décidées par les régions ou les villes, comme c’est le cas à Grenoble par exemple. En effet, les aides proposées par Grenoble Alpes Métropole s’adresseront aux particuliers et seront indexées sur les revenus du foyer fiscal, avec un plafond à 7200 euros. Pour les entreprises, la métropole proposera une prime de 4000 euros pour un utilitaire de moins de 2,5 tonnes, et de 6000 euros pour les utilitaires au poids supérieur.

Les tarifs varieront également en fonction du type de batterie (qui déterminera, en partie, l’autonomie de votre voiture avec une seule charge), mais aussi la puissance du chargeur embarqué. Vous pourrez vous contenter d’un chargeur qui se limite à la puissance d’une prise domestique classique, mais pour les recharges plus rapides, un chargeur de 7 kW peut être une bonne alternative. En revanche, il ne sera pas possible d’installer un chargeur rapide puisque cela repose sur l’exclusivité d’un constructeur, comme Tesla par exemple, ou celle d’un consortium de constructeurs.

Les avantages du rétrofit

De nombreuses grandes villes mettent en place des Zones à Circulation Restreinte qui interdisent progressivement l’accès aux véhicules thermiques. Quand bien même il est encore possible de circuler dans certaines de ces grandes villes, le rétrofit peut avoir de l’intérêt pour certains automobilistes qui n’ont pas envie de changer pour une voiture électrique neuve ou qui n’en ont pas forcément les moyens financiers. À cela s’ajoute également la fin de la vente des véhicules thermiques en 2040 qui est déjà inscrite dans la Loi Orientation des Mobilités.

L’autre avantage, c’est également les économies de carburant, puisque vous n’aurez plus à passer par la case station-service. Un véhicule « rétrofité » sera plus économique à l’utilisation qu’un véhicule thermique puisque rouler à l’électrique permettra de diviser le poste carburant par trois en moyenne. Certaines situations seront également plus avantageuses pour vous, comme la possibilité de recharger gratuitement via les bornes ou les prises que votre employeur peut vous mettre à votre disposition sur votre lieu de travail.

Pour plus de confort, l’installation d’une Wallbox ou d’une prise renforcée à domicile peut aussi être une bonne solution, tout comme l’abonnement à certains services donnant l’accès à un certain nombre de bornes de recharge. Chargemap Pass peut aussi être une bonne alternative puisque ce badge de paiement avec accès universel vous permettra de recharger votre véhicule électrique sur la majorité des réseaux de recharge européens.

Pour aller plus loin
Borne électrique en copropriété : quelles sont les démarches à suivre ?


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