Le prix des jeux vidéo a toujours fait l’objet d’un débat, en particulier quand les éditeurs annoncent une hausse du tarif. Dernièrement, c’est le président de Capcom et de la CESA, l’association organisatrice du Tokyo Game Show, qui a relancé le sujet. Dans les colonnes du journal économique Nikkei on peut lire qu’il estime que le prix des jeux serait aujourd’hui trop bas.
Personnellement, je pense que les prix des jeux sont trop bas. Les coûts de développement sont environ 100 fois plus élevés qu’à l’époque de la Famicom (NDLR : le nom japonais de la Nintendo NES), mais les prix des logiciels n’ont pas augmenté autant. Il est également nécessaire d’augmenter les salaires. Étant donné que les salaires augmentent dans l’ensemble de l’industrie, je pense que l’augmentation des prix unitaires est une option saine pour les entreprises.
Faut-il s’attendre à une nouvelle hausse des prix ? Le lancement de la génération PS5 et Xbox Series X s’est accompagné d’un passage de 70 à 80 euros pour le prix des jeux à haut budget à leur sortie.
Il n’a jamais été aussi peu cher de jouer
Le président de la CESA Haruhiro Tsujimoto représente ici avant tous les éditeurs de jeux AAA au Japon, c’est-à-dire Capcom, Square Enix ou encore Bandai Namco. On peut lui prêter que l’augmentation du prix des jeux en apparence a été plutôt douce et n’a pas suivi l’inflation. En France le prix des jeux est passé de 60 à 70 euros en 2007 avec le lancement des consoles HD, puis à 80 euros avec l’arrivée de la PS5. C’est une augmentation bien plus faible et lente que les autres produits de grande consommation.
Pour autant, le modèle économique du jeu vidéo a complètement été bouleversé en 15 ans. Le jeu vidéo n’a probablement jamais été aussi accessible qu’aujourd’hui. Entre les périodes de promotion, les services d’abonnement comme le Xbox Game Pass, les jeux offerts sur l’Epic Game Store, trouver un jeu AAA à petit prix est devenu bien plus simple. Par ailleurs, si le budget de développement des « gros » jeux suit une courbe qui pourrait effrayer n’importe quel observateur, sont aussi apparus des jeux aux coûts bien plus maitrisés, développés par de petites équipes. Ces jeux sont souvent commercialisés à petit prix, l’excellent Vampire Survivors à 4,99 euros en est un très bon représentant. On ne parle même pas des jeux free to play comme Fortnite ou Fall Guys.
Dès lors, si l’on peut comprendre l’avis d’Haruhiro Tsujimoto, est-ce qu’il ne serait pas également sain pour l’industrie du jeu vidéo de s’interroger sur ses budgets de développement. La course aux jeux de plus en plus massifs, aujourd’hui fabriqués par des milliers de développeurs sur plus de cinq ans, va-t-elle vraiment dans le bon sens ?
Dans sa citation, le président de Capcom fait également le lien avec le niveau de rémunération des développeurs. Il s’agit d’un sujet particulièrement vivace au Japon, où certains studios ont procédé à des hausses de salaire généralisées depuis la pandémie. Une hausse qui ne permet pas aux salaires des développeurs japonais de rattraper le niveau de leurs homologues américains précisait le Japan Times en 2022.
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