Dans le jeu vidéo, les échecs sont monnaie courante. Mais certains font plus de bruit que d’autres. C’est le cas de Concord, le nouveau shooter multijoueur de Sony, qui vient de tirer sa révérence après seulement deux semaines d’existence. Un fiasco qui pose de nombreuses questions sur les stratégies des grands éditeurs et l’état du marché.
Après huit ans de développement, des équipes entières mobilisées, des millions investis… pour un résultat qui n’aura duré que 14 petits jours.
Un lancement qui fait pschitt
Dès sa sortie le 23 août dernier, Concord n’a pas réussi à attirer les foules. Selon les estimations de GameDiscoverCo, le jeu n’aurait été vendu qu’à 25 000 exemplaires, tous supports confondus. Pour vous donner une idée, c’est à peu près autant que ce que vend un jeu indépendant moyen, pas vraiment le résultat attendu pour une production d’un géant comme Sony.
Sur Steam, la plateforme de jeux sur PC, Concord a péniblement atteint un pic de 700 joueurs simultanés. C’est… comment dire… ridicule ? À titre de comparaison, des jeux comme Counter-Strike 2 ou PUBG comptent régulièrement plus d’un million de joueurs en même temps. Autant dire que Concord faisait figure de nain dans un monde de géants.
Les raisons d’un échec
Mais pourquoi un tel plantage ? Plusieurs facteurs entrent en jeu. D’abord, le marché des shooters multijoueurs est archi-saturé. Entre Fortnite, Apex Legends, Valorant et compagnie, les joueurs ont déjà l’embarras du choix. Pour s’imposer, il faut vraiment apporter quelque chose de neuf.
Or, c’est là que le bât blesse pour Concord. Le jeu n’innovait pas vraiment. Certes, il était joli, bien fini, mais il ne proposait rien de révolutionnaire. Dans un marché aussi concurrentiel, être « pas mal » ne suffit pas. Il faut être exceptionnel.
Ensuite, il y a la question du modèle économique. À l’heure où beaucoup de jeux du genre sont gratuits (free-to-play), Concord était vendu plein pot. Un choix risqué, voire téméraire, qui n’a visiblement pas payé.
Les leçons à tirer
L’échec de Concord nous rappelle plusieurs choses. D’abord, que dans le jeu vidéo, rien n’est jamais acquis. Même un géant comme Sony peut se planter magistralement. Ensuite, que le temps de développement n’est pas gage de succès. Huit ans, c’est long, très long même. Trop long ? Possible. Le marché a eu le temps de changer plusieurs fois pendant ce laps de temps.
Enfin, cela pose la question de la stratégie de Sony dans le domaine des jeux service (ces jeux conçus pour durer dans le temps, avec des mises à jour régulières). L’entreprise a clairement affiché ses ambitions dans ce secteur, mais ce faux départ pourrait l’inciter à revoir sa copie.
Et maintenant ?
Sony a annoncé que tous les acheteurs seraient remboursés. Un geste commercial qui coûtera sans doute moins cher que de maintenir les serveurs en ligne pour une poignée de joueurs. Mais l’histoire de Concord n’est peut-être pas totalement terminée.
Ryan Ellis, le directeur du jeu chez Firewalk Studios (le studio derrière Concord, racheté par Sony l’année dernière), a laissé entendre que d’autres options étaient à l’étude. Un passage en free-to-play ? Une refonte en profondeur ? L’avenir nous le dira.
En attendant, Concord restera comme un exemple de ce qu’il ne faut pas faire dans l’industrie du jeu vidéo. Une leçon qui, espérons-le, sera retenue par Sony et les autres acteurs du secteur. Car dans ce milieu, l’échec peut coûter très, très cher.
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