La crise que traverse le jeu vidéo prend de nombreuses formes. Il y a bien sûr les licenciements en série qui peuvent aller jusqu’à la fermeture de studios, et il y a la syndicalisation des travailleurs de l’industrie.
Si les États-Unis découvrent encore le fonctionnement des syndicats, notamment dans les studios de jeux AAA (les plus grosses productions), la France connait déjà le Syndicat des Travailleurs du Jeu Vidéo (le STJV).
C’est lui qui a accompagné le mouvement de grève chez le studio Spiders en août. Désormais, il s’attaque à un bien plus gros morceau avec un mouvement de grève signalé chez trois antennes d’Ubisoft, le plus gros développeur et éditeur de jeu vidéo en France.
Le télétravail au centre des revendications
Plus précisément, le syndicat appelle à trois journées de grève le 15, 16 et 17 octobres 2024 dans les studios d’Ubisoft en France. Le STJV met en lumière trois revendications :
- Un accord formel sur le télétravail issu d’une véritable négociation avec la direction ;
- Une augmentation immédiate des salaires ;
- La prise en compte des avis des employé•es.
La question du télétravail traverse l’ensemble de l’industrie. En particulier, depuis la crise du Covid, des développeurs ont pris l’habitude du télétravail avec le développement d’outils de travail autour de cette pratique. Pour certains développeurs, cela se traduit par un déménagement ou un recrutement loin du studio physique.
Après plus de cinq ans à travailler efficacement dans le cadre actuel de télétravail, nombre de nos collègues ont construit ou reconstruit leur vie (vie de famille, logement, parentalité…) et ne peuvent simplement pas revenir aux conditions précédentes. Notre employeur le sait parfaitement. La conséquence de sa décision sera la perte d’emploi de nos collègues, la désorganisation des productions, et l’augmentation drastique des risques psychosociaux pour ceux qui restent.
Déclaration du STVJ le 26 septembre
En demandant un retour en présentiel, la direction d’Ubisoft met une pression sur les salariés concernés, qui sont alors naturellement poussés vers la sortie. Une façon pour le groupe de provoquer des départs, sans annoncer de licenciements.
La question des salaires porte sur les résultats de l’inflation et concerne de nombreux salariés dans le monde : les salaires n’ont pas augmenté autant que le coût de la vie.
Reste désormais à voir si la direction répondre aux sollicitations du STJV et si le mouvement de grève sera largement suivi ou non par les employés du groupe.
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