Le cloud gaming de Microsoft n’arrivera pas sur iPhone de sitôt, et voici pourquoi

 
Malgré l’ouverture de l’App Store aux services de cloud gaming, la grogne persiste chez certains acteurs du marché. En particulier du côté de Microsoft, qui déplore que les directives d’Apple l’empêchent toujours de proposer une application native.
L’App Store et les plateformes gaming // Source : Frandroid

Pouvoir accéder à n’importe quel jeu vidéo, même les plus exigeants, sur n’importe quel appareil, qu’il s’agisse d’un Chromebook, d’un téléviseur ou d’un smartphone : voici la promesse du cloud gaming. Et celle-ci est plutôt tenue, puisque GeForce Now de Nvidia ou encore le Game Pass de Microsoft séduisent des millions de joueurs. Une tendance qui pourrait se poursuivre, car la liste des appareils compatibles avec ces services s’allonge progressivement.

Apple s’était également laissé tenter par cette tendance en début d’année, en autorisant enfin les applications de cloud gaming sur son App Store, permettant à Microsoft et Nvidia de ne plus avoir à proposer leurs services uniquement via le navigateur Safari. Mais voilà, plus de huit mois après cette annonce, aucun de ces deux géants ne propose d’application pour les iPhone et les iPad, et pour une bonne raison : les conditions de la firme de Cupertino ne leur conviennent pas.

Après s’être déjà exprimé sur le sujet en début d’année, Microsoft doit maintenant défendre sa position auprès du gendarme de la concurrence britannique, la CMA. Selon la firme, les directives d’Apple « représentent toujours un obstacle pour les applications natives de cloud gaming », aussi bien sur le plan technique que sur le plan économique.

C’est surtout sur ce dernier point que Microsoft insiste. La firme à la pomme obligerait encore les éditeurs à rendre les abonnements et tous contenus et fonctionnalités payantes accessibles via des achats in-app. Ceux-ci sont soumis à la fameuse taxe de 30 % d’Apple, ce qui rendrait le cloud gaming du Game Pass plus difficile à rentabiliser.

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Microsoft ajoute que ces directives obligeraient les développeurs à recoder leurs jeux, l’App Store ne permettant pas aux applications de cloud gaming de fonctionner comme des lecteurs, un peu comme n’importe quelle application de streaming. Là encore, ce sont les achats in-app qui sont au cœur du sujet, Apple souhaitant empêcher aux applications tierces de se soustraire à ses commissions. Si vous avez une impression de déjà-vu, c’est normal : Spotify bataille sur ce genre de détails depuis de nombreux mois.

De point de vue d’Apple, Microsoft ne se montre pas assez coopératif sur le sujet. « Ce manque d’engagement survient en dépit de la communication positive d’Apple sur les nouvelles opportunités et les nouveaux outils pour les applications de cloud gaming sur iOS », a ainsi déclaré la firme à la CMA.

Des services comme Antstream, qui propose des milliers de jeux rétro en cloud gaming, auraient déjà été capables de développer une application viable économiquement et respectant les règles de l’App Store, un exemple que le Game Pass devrait suivre, toujours selon Apple.

Il faudra encore plusieurs mois, jusqu’au début de l’année prochaine, avant que le régulateur britannique publie son rapport final. En attendant, la piste d’obliger Apple à permettre aux applications de cloud gaming de fonctionner comme un simple lecteur semble privilégiée. Si cela ne répondra sûrement pas complètement aux critiques de Microsoft, il s’agit ici de laisser les développeurs de jeux vidéo tranquilles.

Il reste à voir quel impact cela aura pour nous, Européens. Bien que le DMA permette aux développeurs de s’affranchir, autant que faire se peut, de l’App Store et de ses restrictions et commissions, ce qu’il se passe sur les autres marchés nous affectera forcément. Il y a de fortes chances que la boutique d’applications d’Apple reste prédominante sur iOS et iPadOS partout dans le monde, c’est donc bien ici que les enjeux résident toujours pour les éditeurs d’applications, même sur le Vieux Continent.


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