Test de l’Abxylute One : l’alternative libre au PlayStation Portal

Consoles • 2023

À quoi ressemble vraiment un appareil dédié au remote play et au cloud gaming ? La petite console ABXYlute One se veut être la meilleure réponse à cette question.
Source : Brice Zerouk pour Frandroid
Source : Brice Zerouk pour Frandroid
 

La 5G, le Wi-Fi 6, les dernières consoles portables, le cloud gaming… Toutes ces technologies transforment progressivement la manière dont on joue aux jeux vidéo, au point que nous n’avons plus vraiment besoin d’être devant le périphérique créant les images pour interagir avec eux. Voyant ça, de nombreuses entreprises ont commencé à s’infiltrer dans la brèche. En Occident, l’exemple le plus connu reste la Logitech G Cloud, même si de nombreux acteurs en direct de Shenzhen sortent bien des produits depuis quelques années. Et en voyant l’annonce de la PlayStation Portal, on sait que la tendance n’a pas fini de s’arrêter. Mais avant cela, pourquoi ne pas craquer pour un autre produit, au même prix, mais bien plus libre ? C’est toute l’idée de l’Abxylute One.

Fiche technique

Modèle Abxylute One
Dimensions 25 cm x 3 cm x 11,5 cm
Support Dématérialisé
Définition maximale Full HD
Wifi Wi-Fi 5 (ac)
Bluetooth Oui
Poids 430 g
Fiche produit

La machine est prêtée par OtaXou pour ce test.

Design

Premier élément qui a tout de même son importance : la console est fournie d’office avec sa sacoche de transport à coque rigide, semblable à toutes les sacoches que l’on voit pulluler sur le marché pour la Nintendo Switch ou le Steam Deck. Et ça a bien son importance en considérant le format de l’Abxylute (prononcé Absolute). Le constructeur a en effet visé de faire une console très fine, ce qui est réussi puisqu’elle est très similaire à la Switch sur cet aspect, mais un peu plus ergonomique. Et cela, on le voit particulièrement à son dos creusé et texturé, qui permet au bout des doigts de saisir une surface plane pour une préhension plus rigide.

Source : Brice Zerouk pour Frandroid

Ceci étant dit, la finesse de l’appareil va aussi à son encontre : si le plastique est d’assez bonne qualité au vu de son prix, les tranches de l’appareil ont tendance à un peu trop creuser la paume en pleine partie. On en vient à se dire qu’on aurait plutôt aimé la même tendance que celle suivie par Logitech, à savoir se rapprocher d’une manette traditionnelle, plutôt que de viser la finesse.

Cette prise en main, confortable, mais particulière, pourrait nuire chez certaines personnes à des sessions de plusieurs heures. Heureusement, on ne peut pas en dire autant du reste. Les boutons ABXY (dont la couleur des LED peut être personnalisée) par exemple sont de très bonne qualité, et profitent d’un rebond conséquent qui rend chaque appui très précis. Les gâchettes à effet Hall, larges et analogiques avec une course de 6,5mm, ont aussi du répondant.

Source : Brice Zerouk pour Frandroid

Mais ce sont surtout les joysticks à effet Hall, moins prônes au stick drift, qui sont vraiment très agréables en main. On ne regrettera que le fait qu’ils aient un petit format relatif aux Joy-Con plutôt qu’une taille standard, mais la qualité est bien là. Le reste des boutons, comme le start/select ou celui d’alimentation, est très franchement bas de gamme et a le même feeling que des pièces imprimées à la maison sans arrondir les coins. Heureusement, ces boutons sont loin d’être les plus importants ni les plus utilisés au quotidien.

Source : Brice Zerouk pour Frandroid

Non, le vrai point faible de cette configuration est à voir du côté de la croix directionnelle. Creusée et très enfoncée dans la coque de l’Abxylute, elle n’offre pas une précision suffisante pour passer des quarts et demi cercles avec confiance. Elle suffira amplement pour naviguer sur un menu, mais ceux qui espéraient jouer à des jeux 2D réclamant une grande précision, comme les jeux de combat, seront déçus.

Source : Brice Zerouk pour Frandroid

Connectique

En bas de l’appareil, on retrouve un port USB-C servant à la charge et à la connexion, un port combo jack et un port microSD pour étendre le stockage. La console intègre également un gyroscope. Pas de manquement pour une console dédiée au cloud gaming et au remote play donc.

Source : Brice Zerouk pour Frandroid

Côté sans fil, on notera la compatibilité avec le Wi-Fi 5 (802.11ac) à deux antennes dédiées et le Bluetooth 5. Le premier n’est certes pas le plus optimisé, le Wi-Fi 6 GHz étant tout puissant en la matière, mais la présence du 5 GHz est rassurante. Et pour le deuxième, nous avons le droit à une norme qui a fait ses preuves sur la réduction de la latence, mais aussi sur la large compatibilité des produits. Voilà un avantage que n’a pas, à titre de comparaison, le PlayStation Portal.

Audio

Très grand point positif : les haut-parleurs sont situés sur le devant de l’appareil, un fait rare dans ce marché des consoles libres. Cependant, ne vous imaginez pas une excellente configuration : le son est aussi d’entrée de gamme que n’est le produit lui-même, avec une absence totale de basse et des aigus et médiums très mal ciselés. Ceci étant dit, ça fait très bien l’affaire, et ce n’est pas une déception en soi en considérant le placement tarifaire de l’Abxylute.

Écran

L’Abxylute One intègre une dalle LTPS de 7 pouces supportant une définition maximale de 1920 x 1080 pixels, soit du Full HD en 16:9. Elle offre un taux de rafraîchissement continu de 60 Hz, et est tactile jusqu’à 10 points simultanés.

Sous notre sonde et avec le logiciel DisplayCal, nous sommes au-devant d’une bonne surprise. En effet, malgré le prix attractif de l’appareil, la dalle couvre bien 99,2% du volume de l’espace sRGB pour 70,3% de l’espace DCI-P3. Certains PC d’entrée de gamme n’atteignent même pas les 50%, c’est dire. Et ça ne s’arrête pas là !

Source : Brice Zerouk pour Frandroid

En effet, la dalle brillante offre une luminosité maximale de 501 cd/m², largement suffisante pour ne pas être gêné par le soleil en extérieur, pour un excellent taux de contraste de 1528:1. Pire encore, elle a l’audace d’être bien calibrée, avec un Delta E00 moyen mesuré à 1,89 pour une température de couleurs moyenne à 6711K. C’est légèrement trop froid, mais définitivement au-dessus de la moyenne. La qualité de l’écran de l’Abxylute est clairement la meilleure surprise qu’offre cet appareil.

Logiciel

Il y a définitivement un petit acteur chinois qui s’est chargé de créer un excellent lanceur d’applications pour les consoles portables sous Android, puisque l’Abxylute One a essentiellement le même que celui de la Logitech G Cloud. Nous sommes autrement sous Android 12 et son Play Store, mais avec le patch de sécurité de décembre 2022. Comprenez : ne vous amusez pas à gérer votre compte en banque sur cette console portable.

L’interface en elle-même est excellente et permet de retrouver ses applications les plus utilisées en quelques clics. On est sur une philosophie très proche des consoles modernes, mais en plus focalisé en l’absence de grands services rattachés à l’Abxylute. Un appui prolongé sur la touche Accueil vous ouvre également un volet de réglages rapides en plein jeu, quand un appui combiné sur Start et Select crée automatiquement une capture d’écran. Le reste n’est tout simplement qu’Android, que l’on peut d’ailleurs utiliser en mode « tablette » si l’on souhaite se passer de l’interface optimisée.

Tout est simplement là, sans fioriture. On peut toutefois remarquer, à la comparaison avec la G Cloud, quelques outils manquants comme le fait de pouvoir assigner une touche à une zone de l’écran. Mais voilà : Abxylute est clair sur ça, sa console n’est vraiment faite que pour l’accès à distance type remote play ou cloud gaming. Il y a fort à parier que le constructeur ait lui-même fait le choix de passer cette mise à jour pour ne pas brouiller les pistes.

Performances

Car oui, ne l’oublions jamais en considérant l’Abxylute One : il s’agit d’une console dédiée exclusivement au remote play et au cloud gaming. Comprenez qu’elle ne cherche absolument pas à lancer des applications natives et locales, et compte sur des appareils distants pour s’occuper des tâches les plus lourdes. Sa fiche technique en est la preuve, puisqu’au centre des opérations, on retrouve une puce Mediatek MT8365 avec un GPU Mali G-52, et 4 Go de RAM LPDDR4. Côté stockage, vous aurez le choix entre 32 et 64 Go.

Sur le papier, c’est compréhensible. Un appareil de la sorte n’a fondamentalement besoin que d’installer des applications légères comme le Remote Play, GeForce NOW ou Shadow PC, décoder le flux vidéo qu’il reçoit, et point barre. Mais dans les faits, cette configuration est un peu difficile à vivre puisqu’elle n’est pas assez puissante pour naviguer dans l’interface sans subir quelques ralentissements. Une fois le jeu lancé, tout est bon, mais se diriger vers une application est parfois source de quelques longues expirations du nez et autres petits claquements de la langue sur le palais.

En jeu

Fun fact : la puissance de l’appareil est si faible que l’intégralité des benchmarks que nous utilisons habituellement refuse de se lancer. Amusant, n’est-ce pas ? Mais puisque nous sommes sur un appareil dédié au remote play et au cloud gaming, ce sont ces deux choses qu’il nous faut tester avant tout. Notez que nous les avons réalisés sur une fibre Sosh de 300 Mb/s, et avec un routeur ASUS RT-AXE7800 sur un réseau Wi-Fi 5 GHz dédié.

Pour le remote play, nous nous sommes focalisés sur la PlayStation 5, puisque cette dernière utilise un codec particulier : le H265. C’est celui-ci qui lui permet d’avoir d’excellentes performances dans un jeu local, mais il peut parfois poser problème à de vieilles puces. Heureusement, ça n’est pas le cas ici, et l’application PSPlay nous offre toujours les mêmes excellentes performances que d’habitude sur cette même configuration. Notez que pour accéder au Remote Play de la PS5 sur l’Abxylute, il vous faudra éviter l’application officielle (qui ne supporte que les DualShock 4 et Dual Sense) pour vous tourner vers Chiaki (gratuite, libre, peu performante) ou PSPlay (payante, la meilleure). Abxylute avait à l’origine réussi à être compatible avec l’application officielle, mais il semble que cette compatibilité ait sauté avec les dernières mises à jour. Ce n’est pas un drame : nous sommes sous Android, tout est permis.

Côté cloud gaming, nous avons en premier lieu testé GeForce Now. Et il n’y a pas : la console est assez confortable et l’écran assez beau pour que jouer à Cyberpunk 2077 en RT Overdrive soit toujours un absolu plaisir.

L’application Android de Shadow PC fonctionne également à merveille, pour débloquer l’accès à ces jeux comme Jedi Survivor qui ne sont disponibles sur aucune autre plateforme de cloud.

Enfin, le Xbox Game Pass tourne lui aussi proprement, même si les serveurs de Microsoft sont ce qu’ils sont et n’offrent toujours que du 720p avec une latence mal optimisée sur mobile.

La promesse d’Abxylute est donc bien tenue : en sachant proprement configurer son réseau pour utiliser le Wi-Fi 5 GHz, profiter du remote play et du cloud gaming est superbement confortable sur cette console. Par contre, n’imaginez vraiment pas faire autre chose : lancé par curiosité, Call of Duty Mobile lui-même se configure en faible automatiquement, ne dépasse pas les 30 FPS, et n’est pas particulièrement intéressant puisqu’il n’est pas compatible avec la manette intégrée. Privilégiez les jeux 2D et plus largement compatibles manette, comme l’excellent Dead Cells sur le Play Store, ou l’émulation des plateformes 2D de l’époque. Mais n’imaginez pas une seule seconde vous faire du Genshin Impact confortablement sans passer par le cloud ou le remote.

Refroidissement et bruit

Qui dit accès distant dit aussi… pas besoin de faire chauffer la machine ! L’Abxylute One n’a aucun système de refroidissement actif, et ne chauffe pas le moins du monde, au point qu’il n’était pas même nécessaire de sortir la caméra thermique. La philosophie de l’appareil n’est tout simplement pas de cet ordre.

Autonomie

L’Abxylute One intègre une large batterie de 5200 mAh, dont les conditions de recharge sont assez spécifiques pour être notées. Elle accepte en effet une alimentation de 15W (bloc de charge non fourni), mais uniquement via un câble USB-A vers USB-C. Un de ces câbles est fourni. Ceci étant dit, nous avons pu recharger la console à partir d’un bloc de chargeur Power Delivery de 100W avec un câble USB-C vers USB-C sans souci, tant que la console elle-même était sous tension. Hors tension, elle ne reconnaît effectivement pas le câble.

Côté autonomie, nous sommes bien sûr les environs de 8 heures annoncés. Rien d’étonnant à cela puisque la console n’a à sa charge que de décoder un flux vidéo, comme si elle regardait une vidéo YouTube, et les puces ARM mobiles sont particulièrement optimisées pour ce type d’usage. 8 heures, c’est bien, mais il faut aussi comparer cela à la Logitech G Cloud qui dans les mêmes conditions atteint une douzaine d’heures. Ceci étant dit, elle est plus puissante et plus large ; le sacrifice a été fait pour conserver la finesse et le prix bas, de toute évidence.

Prix et disponibilité

L’Abxylute One est disponible par le biais de son site officiel en deux coloris : noir et blanc. La version de base à 32 Go de stockage, largement suffisante pour son usage, est vendue à 216,95 euros. Pour 64 Go, comptez 237,95 euros.

Notre avis sur L' Abxylute One

Design
7
L'Abxylute One a une ergonomie bien à elle qui est assez étrange. D'un côté, on respecte le choix de faire une console très fine et d'arriver tout de même à avoir une préhension solide. De l'autre, pourquoi pas ne pas avoir singé une manette ? Le tout reste réussi, bien que l'aspect entrée de gamme se ressente en tous temps.
Écran
8
La plus grande force de l'Abxylute One est son sublime écran, qui correspond parfaitement à l'usage cible et ne minimise pas l'importance de la calibration ou de la luminosité. Excellent choix.
Performances
6
Oui, la console est faite pour le remote play et le cloud gaming. Mais quand son interface de base souffre de ralentissements faute d'un SoC et d'une RAM bien trop lents, c'est tout de même un problème. Malgré tout, les promesses sont tenues.
Logiciel
8
L'interface de l'Abxylute One fait le choix d'être sans fioritures, et c'est exactement ce qu'on lui demande.
Autonomie
7
Grâce à son focus sur le cloud et le remote, nous avons là une console avec 8 heures d'autonomie, ce qui est plus qu'appréciable. Mais la situation autour de sa charge 15W et la compatibilité des câbles est un peu trop ambivalente pour être rassurante.
Note finale du test
7 /10
Ne pensez pas que la PlayStation Portal n'a pas déjà des concurrents sur le marché. En étant placée au même tarif que l'accessoire PS5 de Sony, l'Abxylute One est une bonne occasion d'en souligner les faiblesses. Compatible Bluetooth 5 et avec toute la force du Play Store derrière elle, elle permet de profiter du Remote Play, oui... Mais aussi du Game Pass, de Steam Link, de NVIDIA GeForce Now, de Shadow PC et de tous ces services en cloud ou en accès distant qui permettent d'étendre l'usage d'un périphérique.

Elle le fait cependant au prix de quelques sacrifices, comme sa puce MediaTek aujourd'hui très vieille qui force quelques ralentissements de l'interface çà et là, ou d'une autonomie de 8 heures déjà très bonne qui aurait pu aller encore plus loin.

Mais voilà : malgré ses choix ergonomiques peu orthodoxes et son plastique un brin toc, l'Abxylute One a su se focaliser sur ce qui importait pour offrir une console dédiée au cloud et au remote play convaincante, avec un sublime large écran qui rend tout lisible. Si le concept de la PlayStation Portal vous attire, vous avez tout intérêt à étudier le profil de cette console libre.

Points positifs de l'Abxylute One

  • Écran lumineux et bien calibré

  • Interface optimisée pour console

  • Console fine, fournie avec sa coque de transport

  • Aucune limite de plateformes

Points négatifs de l'Abxylute One

  • Ralentissements dans l'interface

  • Charge USB A vers USB C

  • Vraiment réservée au cloud et au remote

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