Exclusif, nous avons testé l’Ayaneo 3 : la console portable plus puissante et modulaire que le Steam Deck

 
L’Ayaneo 3 débarque avec une promesse : réinventer le gaming portable grâce à des contrôleurs entièrement modulaires. Un pari fou… réussi ? Nous l’avons testé en avant-première.
Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Sur ce secteur des consoles-PC (comprenez par là, consoles portables sous Windows ou SteamOS), il y a les suiveurs et les pionniers (Valve, évidemment). Ayaneo appartient résolument à la seconde catégorie.

Bien avant que Valve ne démocratise le concept avec son Steam Deck, cette entreprise chinoise traçait déjà sa route, en proposant des machines certes coûteuses, mais résolument innovantes. Une philosophie qui lui a permis de se forger une solide réputation auprès des joueurs, même si la marque chinoise reste encore très peu connue.

Pour aller plus loin
« Nous sommes partis de zéro pour créer nos consoles » : comment une startup chinoise défie Valve, Asus et Nintendo

Pour prouver qu’Ayaneo ne se repose pas sur ses lauriers, ils ont annoncé l’Ayeneo 3. Tout a été développé en interne, on avait d’ailleurs visité leur bureau en octobre 2024.

Précisons que cette prise en main a été réalisée sur un prototype de préproduction de l’Ayaneo 3, les versions finales étant prévues pour avril 2024.

Notre vidéo

Vous pouvez retrouver notre vidéo de prise en main sur ce lien.

La technique

Commençons par les entrailles de la bête. Notre modèle de test embarque ce qui se fait de mieux en matière de processeur mobile : l’AMD Ryzen AI9 HX 370.

Mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’un APU spécialement conçu pour les consoles portables. Ce processeur, issu de la série Strix Point, a été développé pour les PC portables haut de gamme. Et c’est tant mieux : cette origine « premium » lui confère des capacités exceptionnelles.

La grande nouveauté réside dans l’architecture Zen5, qui passe de 8 à 12 cœurs CPU. Un bond en avant considérable qui s’accompagne d’une refonte complète de la partie graphique.

Ce CPU est associé au GPU Radeon 890M et ses 16 unités de calcul en RDNA 3.5, c’est un véritable monstre de puissance qui se cache sous le capot. La version haut de gamme que nous testons est également équipée d’un écran OLED HDR de 7 pouces, capable d’afficher une définition Full HD (1920 x 1080 pixels) à 144 Hz.

Et ça donne quoi sur nos premiers tests ? Cette puce rivalise avec certaines cartes graphiques dédiées d’entrée de gamme. Face à une Nvidia GeForce RTX 3050, la Radeon 890M se défend bien, elle devance même le dGPU dans quelques jeux.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

On a obtenu une moyenne globale de 30 images par seconde en Full HD avec les réglages au maximum, mais vous pouvez avoir 60 ips en mettant les graphismes en qualité moyenne, ce qui est déjà très suffisant sur un tel écran. Comme toutes les consoles portables, il faut jouer avec les paramètres pour trouver le bon équilibre.

Le bon point avec l’Ayaneo 3 est que nous n’avons pas relevé de problèmes de chauffe particulier, malgré le fait qu’on testait un prototype. Bien souvent, l’optimisation est la dernière étape de la conception d’un produit.

L’architecture choisie garantit une certaine pérennité : le support des dernières technologies (DirectStorage, ray tracing, FSR) est assuré, et les performances sont suffisantes pour envisager sereinement les sorties des prochains mois.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Cette machine propose également une version plus abordable équipée d’un écran LCD 120 Hz et d’un processeur AMD Ryzen 7 7840U, pour ceux qui souhaitent un meilleur compromis prix-performances.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Avec ses 690 grammes, l’Ayaneo 3 reste plus légère que prévu compte tenu de sa puissance. Plus compact que le Steam Deck, elle reste confortable en main sur la durée. La plupart des gens qui l’ont vu à la rédaction était étonné par les dimensions, surtout en comparaison au Steam Deck.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

La batterie d’une capacité de 50,25 Wh peut sembler modeste, mais elle est associée à une charge rapide 65 W (en Power Delivery).

Évidemment, le système permet de jongler entre performance et autonomie selon les besoins. Ne vous attendez néanmoins pas à une autonomie record, ce n’est pas le point fort d’Ayaneo. Surtout avec Windows 11 dessus, ce n’est pas l’OS qui offre le meilleur compromis puissance-autonomie-prix.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

La connectique de l’Ayaneo 3 est complète, on a même un port oculink capable d’accueillir un GPU externe – en plus des ports USB4 (40 Gb/s) qui peuvent aussi être branchés à un eGPU. La prise casque 3,5 mm assure la rétrocompatibilité avec tous les casques du marché. La connectivité sans fil s’appuie sur le duo Wi-Fi 6E et Bluetooth 5.2, enfin, il y a un slot microSD.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Mais l’intérêt de l’Ayaneo 3 ne réside pas dans cette fiche technique, aussi impressionnante soit-elle. Non, la vraie révolution se trouve dans son système modulaire baptisé « Magic Controller ».

Le système Magic Controller

Vous l’aurez compris, l’innovation de l’Ayaneo 3 est dans son système « Magic Controller », une approche radicalement nouvelle de la personnalisation des commandes. Fini le temps où l’on devait s’adapter à une disposition figée : ici, c’est la console qui s’adapte à vous.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Un système d’éjection futuriste

Premier contact avec le système modulaire : le mécanisme d’éjection motorisé. Loin des systèmes à clips traditionnels, Ayaneo a opté pour une solution très mécanisée.

Réalisé sans trucage // Source : Frandroid

Une simple pression sur le bouton dédié active deux micro-moteurs pas à pas qui libèrent les modules. Le vrombissement mécanique et le mouvement contrôlé surprennent au début, mais ça s’avère efficace. Pour les remettre, il faut juste les presser et attendre que le système les détecte. On peut aussi faire ça du côté du logiciel, via l’interface dédiée.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Notez qu’on n’installe pas ces modules dans n’importe quel sens, il faut respecter un peu de logique : le système le détectera si vous faites n’importe quoi et vous l’indiquera.

Une modularité pensée dans les moindres détails

Les modules ne se contentent pas d’être amovibles : ils sont entièrement personnalisables. Presque chaque élément peut pivoter à 180 degrés, ils permettent des configurations jusqu’alors impossibles. Les boutons eux-mêmes sont détachables et réorientables, ce qui offre une liberté totale dans leur disposition. Enfin presque, certaines configurations inutiles sont reconnues automatiquement, elles ne fonctionnent pas. Exemple ? Les boutons A, B, X, Y… à l’envers.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Les différents types de modules

Le kit Magic Controller propose plusieurs types de modules :

  • Des sticks analogiques Hall Effect pour une précision plus juste, mais aussi davantage de longévité (rappelez-vous la Switch et ses Joycons)
  • Des pavés tactiles similaires à ceux du Steam Deck
  • Des D-pad classiques et « dish-style » pour les amateurs de jeux de combat
  • Des boutons configurables supplémentaires
  • Des gâchettes adaptatives avec verrouillage Pro
Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Ayaneo annonce ainsi plus de 56 combinaisons possibles. Vous pouvez ainsi recréer la disposition asymétrique d’une manette Xbox, la configuration symétrique PlayStation, ou inventer votre propre layout. Le système reconnaît instantanément les changements de configuration grâce à des connecteurs Pogo.

Des configurations pour chaque genre de jeu

Cette modularité prend tout son sens selon le type de jeu :

  • Pour les FPS : configuration avec gâchettes courtes et sticks précis
  • Pour les jeux de combat : D-pad optimisé et boutons rapprochés
  • Pour les jeux de course : gâchettes linéaires à course longue
  • Pour les jeux de stratégie : pavés tactiles pour une meilleure précision

Et ça donne quoi en mains ?

En pratique, ça fonctionne ! Malgré leur nature amovible, les modules sont remarquablement stables une fois en place. Aucun jeu, aucun craquement : la qualité de fabrication est au rendez-vous. Les connecteurs Pogo assurent un contact électrique parfait et durable. Et pourtant, on a un prototype entre les mains, rappelons-le.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Le système est parfaitement intégré à l’interface dédiée. Chaque configuration peut être sauvegardée et associée à des jeux spécifiques. L’interface reconnaît automatiquement les modules installés et adapte les contrôles en conséquence.

Personnellement, je trouve que c’est un argument de poids. Cette approche répond à une demande croissante de personnalisation de façon ingénieuse.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Petit warning tout de même, la complexité du système soulève quelques questions sur sa durabilité à long terme. Les connecteurs Pogo et les moteurs d’éjection sont des points sensibles qui nécessiteront un soin particulier… et on se questionne sur la longévité.

Mention spéciale pour le logiciel AYASpace

L’interface AYASpace d’Ayaneo est une vraie plus-value pour une console PC portable. Loin d’être une surcouche superficielle, c’est un véritable centre de contrôle qui permet une personnalisation de chaque aspect de la machine.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

La gestion de l’énergie est particulièrement impressionnante : on peut ajuster le TDP de 5 W à 35 W, créer des profils personnalisés pour chaque jeu, configurer la courbe du ventilateur ou encore activer le mode bypass pour préserver la batterie lors des sessions branchées.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

L’interface reconnaît instantanément les changements de modules de contrôle et adapte ses options en conséquence, proposant un niveau de personnalisation inédit pour chaque configuration.

Ayaneo 3 // Source : Frandroid

Personnellement, j’utilise le mode « Smart TDP » qui ajuste automatiquement la consommation en fonction de la charge, tandis que la nouvelle fonction « Snow Domain » permet de mettre en pause certaines applications pour optimiser les performances. Le système propose même des options avancées comme la désactivation sélective des cœurs CPU ou l’ajustement de la VRAM.

Une campagne Indiegogo qui mérite attention

Un mot sur la méthode de commercialisation : comme souvent, Ayaneo passe par une campagne Indiegogo. Si la marque a fait ses preuves et livre généralement ses produits dans les délais, il convient toujours d’être prudent avec le financement participatif. Les premiers retours sont bons, mais comme pour tout achat de ce type, la patience et la prudence sont de mise.

L’Ayaneo 3 est proposée en deux versions sur Ingiegogo : comptez environ 680 euros pour le modèle « standard » avec écran LCD 120 Hz et processeur AMD 7840U, tandis que la version premium avec écran OLED 144 Hz et Ryzen AI9 HX 370 démarrera à environ 1270 euros.

Ces prix, hors taxes et frais de port, positionnent clairement l’appareil sur le segment haut de gamme du marché, loin des 549 € du Steam Deck OLED de base (et encore, c’est sans les remises à ce prix).

Ce que l’on en pense

Ne nous voilons pas la face : l’Ayaneo 3 n’est pas destinée à tout le monde. Là où le Steam Deck de Valve joue la carte de l’accessibilité et de la simplicité, notre console chinoise assume pleinement son positionnement « enthousiaste ». Et c’est probablement mieux ainsi.

Prenons un peu de recul : nous avons d’un côté un système modulaire complexe qui nécessite une vraie réflexion sur ses besoins en jeu, de l’autre une interface technique qui regorge d’options de personnalisation. Ajoutez à cela un prix salé et une distribution via Indiegogo, et vous obtenez un produit clairement destiné aux passionnés.

Ce positionnement se retrouve jusque dans les détails : qui d’autre qu’un véritable amateur de tech appréciera de pouvoir ajuster manuellement la courbe du ventilateur, de créer des profils TDP personnalisés ou de bidouiller la disposition des contrôles ? Même le choix d’un APU de PC portable haut de gamme plutôt qu’une puce dédiée aux consoles traduit cette volonté de séduire les connaisseurs.

L’Ayaneo 3 est à l’image de sa marque : technique, pointue, sans compromis. Elle s’adresse à ceux qui veulent le meilleur du gaming portable et sont prêts à mettre les mains dans le cambouis pour l’obtenir. Une approche qui tranche avec la tendance actuelle à la simplification, mais qui a le mérite d’être cohérente et assumée.

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