DJI ne se contente plus de peaufiner ses gammes de drones grand public et s’attaque désormais à un nouveau marché en lançant le FPV. Comme son nom le laisse entendre (First Person View), ce drone a la particularité de se piloter en portant un masque devant les yeux. Le but : profiter d’une expérience de vol immersive pour créer des plans dynamiques, voire renversants. Ces drones sont traditionnellement réservés à des pilotes experts, qui bricolent eux-mêmes leur engin avec différentes pièces et y collent souvent une GoPro en guise de caméra embarquée. Bref, cette pratique demande un long apprentissage, que cela soit au niveau du montage ou du pilotage. C’est bien là le coup de génie de DJI qui propose un drone FPV tout-en-un avec caméra intégrée, radiocommande, casque et surtout avec des assistances pour les débutants. Nous disions quelques lignes plus haut que DJI s’attaque à un nouveau marché, mais il serait plus juste de parler de création d’un marché tant ce nouveau drone est le premier de son genre à faire son apparition sur les étals.
Bref, DJI veut démocratiser les drones FPV, ou du moins en faciliter l’accès puisqu’il faut tout de même débourser un minimum de 1 350 euros pour profiter de ce nouveau joujou. Le DJI FPV est censé accompagner les néophytes dans leur apprentissage grâce à trois modes de vol ; mais est-ce vraiment raisonnable de mettre entre les mains de débutants un engin pouvant frôler les 140 km/h ? Nous avons fait voler le DJI FPV pendant plusieurs heures et voici notre test et avis complet. Notez que cet article est avant tout pensé pour les néophytes du FPV, ayant moi-même découvert cet univers à l’occasion. Les pilotes experts savent déjà sûrement si ce drone est fait pour eux, mais que cela ne les empêche pas de lire notre article.
Réglementation des drones
Vous n’êtes pas sans savoir que les drones de loisir sont soumis à une réglementation très stricte en Europe et en France. Le DJI FPV n’échappe logiquement pas à la règle et, sans rentrer dans les détails, sa masse tout juste inférieure à 800 grammes lui impose des mesures somme toute habituelles depuis la nouvelle réglementation du 1er janvier 2021 : limitation de la hauteur de vol à 120 mètres, interdiction de voler de nuit, de survoler des personnes, des lieux privés ou tout autre site sensible — faut-il encore préciser que le vol en agglomération est interdit ? Il ne faudra pas oublier de s’enregistrer en tant qu’exploitant d’UAS (sur AlphaTango) et d’apposer son numéro d’exploitant sur son DJI FPV, à l’aide d’une étiquette par exemple.
Pour aller plus loin
Carte : où peut-on faire voler son drone en France ?
Dernier détail, mais pas des moindres : à moins de ne pas utiliser le casque, il est interdit de piloter son DJI FPV en étant seul, car la réglementation impose de garder son drone à vue d’œil en permanence. Comprenez que cela ne sera jamais le cas puisqu’avec le casque, le pilote regarde le retour du drone, mais pas le drone en lui-même. C’est pour cela qu’il faut être accompagné d’un observateur, qui sera donc chargé de garder le drone dans son champ de vision. Au-delà de rester dans la légalité, le fait de piloter avec un observateur est rassurant, surtout pour les débutants.
Un look d’alien et une prise en main on ne peut plus accessible
Cette première partie porte sur le design et le fonctionnement des différents éléments nécessaires pour piloter le DJI FPV, à savoir la radiocommande, le casque et… le drone. Avant de plonger dans les détails, sachez que ces trois éléments sont déjà tous appairés avant l’envoi du colis. La mise en route est donc on ne peut plus simple puisqu’il suffit d’allumer les trois appareils et d’attendre quelques secondes. N’oubliez pas de patienter une vingtaine de secondes supplémentaires pour établir une connexion avec un maximum de satellites — environ 20 dans de bonnes conditions.
Nuançons toute cette simplicité de mise en route en expliquant l’étape de connexion à l’application, qui est nécessaire au premier vol pour activer l’appareil et pour mettre à jour les éléments, y compris la batterie. L’application DJI Fly est disponible sur l’App Store, mais vous ne la trouverez pas sur le Play Store puisqu’il faut passer par un APK — officiel, précisons-le. Sur les deux plateformes, le drone FPV n’est pas proposé dans l’application lorsqu’on clique sur “Connecter un appareil”. Seuls le Mavic Air 2, Air 2S, Mavic Mini et Mini 2 le sont. L’utilisateur qui n’a jamais utilisé de tels produits auparavant ne comprendra pas la démarche à suivre puisque la notice indique clairement d’utiliser l’application DJI Fly. En fait, il faut allumer le drone, la radiocommande et le casque, puis brancher le casque à son téléphone pour que l’application reconnaisse magiquement le FPV et débloque alors l’interface qui lui est dédiée. La manipulation n’est pas forcément compliquée, mais il faut fouiller le manuel : l’information n’est pas mise en avant et les néophytes perdront sûrement patience. Une petite épopée pour un pur débutant !
Notez que les mises à jour sont indispensables avant le premier vol et prennent plusieurs dizaines de minutes si tout se déroule sans échec. Il est donc conseillé de bien charger la batterie du drone avant de lancer le processus. L’application n’est plus utile une fois les mises à jour réalisées puisque le drone se pilote et se paramètre uniquement en passant par le casque.
Le drone DJI FPV
Le design du DJI FPV ne laisse pas indifférent et a d’ailleurs beaucoup fait réagir lors de sa sortie. On pourrait se contenter de l’adjectif “futuriste” pour le définir, mais essayons d’aller un peu plus loin. Mes proches qui n’avaient jamais vraiment vu de drone auparavant vous diront qu’il “fait peur” et je dois bien avouer qu’il a un petit côté alien. Une fois inspecté de plus près, le FPV a finalement une gentille tête et si certains comparent sa forme arrondie à une cafetière Nespresso, nous penchons de notre côté pour un front de béluga. Le capot est légèrement transparent et permet alors d’apercevoir les composants électroniques du drone, qui est d’ailleurs proposé en un unique coloris noir. Le côté “agressif” du drone est confirmé par le son qu’il émet à l’allumage : on a droit à une espèce de court, mais puissant jingle métallique en plus des clignotements des LEDs. C’est la petite touche DJI.
Le design futuriste du DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Chacun des quatre moteurs est sans surprise positionné en bout de bras, qui ne sont d’ailleurs pas repliables. Eh oui, nous sommes bien face à un drone FPV et pas à un drone classique. Le transport ne sera donc pas facilité. Au-delà de cet aspect pratique, nous sommes en droit de nous interroger sur la solidité relative de ces bras en plastique puisque les drones FPV terminent souvent au sol ou dans un arbre — suite à des tentatives de prises de vue ou mouvements risqués. Les drones FPV traditionnels sont pensés pour les chutes : ils sont facilement réparables et sont souvent composés d’un châssis en carbone, contre du plastique pour le DJI FPV. Surtout, la boutique en ligne DJI ne semble pas vendre de bras en pièces détachées, mais seulement les trains d’atterrissage et la nacelle-caméra. Nous n’avons pas tenté de collision mur-drone avec notre exemplaire de test pour vous faire un retour sur l’expérience de réparation avec le service DJI, mais vous voilà avertis. Attention, nous n’avons rien à reprocher sur la qualité de fabrication proposée par la marque : les finitions sont impeccables et on sent que tout a été monté aux petits oignons. Il faut vraiment se pencher et regarder à l’intérieur de l’emplacement de la batterie pour voir de chaque côté les deux seuls câbles apparents, qui sont très bien intégrés et qui confirment le soin apporté par DJI à la conception de son premier drone FPV.
Les bras du drone et l’emplacement de la batterie // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Chaque bras et chaque moteur possède une LED à l’arrière (sous forme de fine bande pour les bras) et les deux trains d’atterrissage en ont également une à l’avant. Au-delà d’améliorer la visibilité du drone dans les airs, toutes ces LEDs ont un certain côté esthétique. Ce dernier est sûrement voulu par la marque puisqu’il est possible de déterminer les couleurs des LEDs dans les paramètres. Nous avons sobrement choisi le mode arc-en-ciel. Les antennes sont intégrées aux deux trains d’atterrissage situés à l’avant du drone et c’est sur une partie de la batterie que se repose l’arrière du drone. Malin.
Les différentes LEDs et trains d’atterrissage // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
La batterie est amovible et s’insère grâce à une glissière. Il faut s’assurer, après l’avoir poussé jusqu’au bout pour entendre le “clac” de sécurité, de bien verrouiller sa position en connectant le port d’alimentation. Ce dernier joue donc deux rôles. C’est très bien pensé, l’installation est facile et surtout rassurante : impossible d’avoir des doutes sur la fixation de la batterie avant de faire décoller le drone. Notons que la masse de la batterie joue pour beaucoup dans celle du drone. Comptez environ 507 grammes pour le drone nu et quasiment 793 grammes une fois la batterie installée.
Zoom sur la batterie du DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Les hélices s’installent et se désinstallent facilement grâce à un système quick-release : il suffit de tenir le moteur et de faire pression sur le centre de l’hélice tout en la faisant pivoter pour la verrouiller. Il faut tout de même faire attention au sens de rotation, c’est-à-dire qu’il faut fixer les bonnes hélices sur les bons moteurs. DJI facilite la tâche à l’aide d’un détrompeur : les deux hélices avec des repères rouges doivent logiquement être fixées sur les deux moteurs avec les mêmes repères de couleurs. Les deux autres hélices et moteurs n’ont pas de marquage.
Nous réservons la prochaine partie de ce test à la caméra intégrée, mais sachez tout de même qu’elle repose sur une nacelle stabilisée sur un axe et qu’elle est capable d’enregistrer des vidéos jusqu’en 4K à 60 images par seconde. La protection en plastique de la caméra est utile, mais mal pensée puisqu’on a l’impression de la casser chaque fois qu’on la retire.
Le port USB-C et l’emplacement microSD sont cachés derrière une petite trappe située à l’avant du drone, sous la nacelle. La manipulation pour insérer ou retirer une carte micro SD n’est pas agréable : il faut bien penser à tirer sur l’attache de la trappe pour avoir un accès facilité. Notez que le port USB-C sert uniquement à transférer les vidéos et photos entre le drone et un ordinateur, tablette ou smartphone.
Terminons ce tour du propriétaire par les capteurs proposés par le DJI FPV. Sous l’appareil, on compte un système optique et de détection infrarouge pour aider le drone à se localiser dans l’espace et à se stabiliser. On remarque également la présence d’un feu auxiliaire inférieur, qui vient améliorer la visibilité du système optique inférieur lorsque les conditions lumineuses sont mauvaises. Dans les faits, cet élément se révèle très pratique pour éclairer la zone d’atterrissage après avoir filmé un coucher de soleil. Le drone embarque également un système optique avant, c’est-à-dire un détecteur d’obstacles. Nous verrons un peu plus loin dans ce test qu’il ne se comporte pas tout à fait comme ceux des autres drones de la marque.
Enfin, le DJI FPV est assez bruyant, surtout lorsqu’il dépasse les 70 km/h. En vol stationnaire, voilà les mesures approximatives que nous avons relevées :
- À 3 mètres de hauteur : 70 Db
- À 10 mètres de hauteur : 64 Db
- À 30 mètres de hauteur : 54 Db
Le drone se fait particulièrement entendre lors des freinages d’urgence. Bref, vous ne serez pas aussi discret qu’avec un autre drone de la marque.
La radiocommande du DJI FPV
La radiocommande du DJI FPV est différente de celles des autres drones de la marque. La ressemblance avec une manette de console de jeux est frappante. La prise en main est très agréable et tous les boutons tombent parfaitement sous les doigts. Il faut tout de même quelques heures de vol pour ne pas se mélanger les pinceaux, surtout au niveau des index qui ont chacun accès à trois éléments. L’index gauche peut gérer la mise en pause du vol (ou le RTH), l’inclinaison de la caméra, et peut surtout basculer entre les modes de vol. L’index droit a quant à lui accès au bouton pour lancer l’enregistrement d’une vidéo, au bouton Start/Stop (dont la fonction déclenchée dépend du mode de vol), et d’un bouton personnalisable. Ce dernier a trois positions et nous avons décidé de ne pas les personnaliser et de laisser les commandes par défaut, à savoir le basculement entre trois positions de la nacelle — bas, milieu et haut. On retrouve l’antenne en lieu et place de l’habituel support téléphone.
La radiocommande du DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
La face avant comporte quant à elle le bouton d’alimentation, un deuxième bouton personnalisable, les LEDs de niveau de batterie et bien évidemment les deux joysticks. Certains pilotes FPV trouvent ces joysticks trop petits par rapport à leurs radiocommandes habituelles et soulignent par conséquent un pilotage plus compliqué et surtout moins précis. Il nous est impossible de vous donner un avis sur ce point, n’ayant jamais piloté de drone FPV avant. Les joysticks sont d’ailleurs dévissables et DJI a comme à son habitude pensé à un emplacement de rangement directement creusé dans la radiocommande. C’est très pratique pour ne pas les perdre. Pour ceux qui se demandent, dévisser les joysticks facilite le rangement de la manette dans un sac par exemple.
La manette se recharge via un port USB-C. Notons pour finir la présence d’une attache au centre de la manette qui permet, grâce à un cordon (non livré avec le drone), de la laisser pendre à son cou pour avoir les mains libres.
Le casque du DJI FPV
Le casque est l’une — si ce n’est la — particularité phare d’un drone FPV : il offre au pilote une vue immersive et donc un pilotage bien plus précis. Comprenez qu’avec un drone classique, il est compliqué d’évaluer à vue d’œil (ou avec le retour sur téléphone) la distance entre le drone et un obstacle. Concrètement, une fois le masque posé devant les yeux, l’utilisateur devient en quelque sorte le drone, en tout cas ses yeux.
Notez que le pilote peut évidemment à tout moment retirer le masque pour faire atterrir le drone par exemple. À ce sujet, sachez que le masque ne tient pas sur le front et retombe trop facilement sur le nez. Ce n’est pas pratique et fait surtout risquer à l’utilisateur une erreur de pilotage.
Le casque est noir et donne un certain look à l’utilisateur : on ne passe pas inaperçu avec un tel matériel sur la tête, surtout que les quatre antennes (qu’il ne faut pas oublier de visser avant chaque vol) apportent un aspect assez agressif à l’ensemble. Je n’ai malheureusement pas échappé aux « on dirait une mouche ».
Le masque ne possède pas de batterie intégrée et il faut l’alimenter avec l’espèce de petite batterie externe livrée dans la boîte. On se retrouve donc avec un câble qui pend du casque jusqu’à la batterie, que nous vous conseillons de ranger dans la poche arrière du pantalon — c’est là que le câble dérangera le moins. Une batterie intégrée au casque aurait été moins dérangeante en vol, mais aurait compliqué sa recharge. Un petit emplacement sur le bandeau aurait tout de même été le bienvenu. En plus de laisser une jolie marque sur le haut du nez, le casque n’est pas des plus confortables. Certes, on ne pilote pas plus d’une heure en général, mais on aurait apprécié une mousse plus rembourrée pour le prix du drone, surtout quand on voit que la marque ne se gêne pas pour vendre un rembourrage spongieux à 15 euros sur son site.
Le masque et sa batterie // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Le masque est ajustable à chaque morphologie. Le bandeau serre-tête fait très bien son travail, mais il est également possible d’ajuster la distance entre les deux verres en fonction de sa distance interpupillaire. Le but est ici que les images soient correctement alignées pour éviter au maximum les zones floues. À ce sujet, les deux écrans (un pour chaque œil) de 2 pouces offrent une définition de 1440 x 810 pixels et une fréquence de rafraîchissement de 144 Hz. Le retour vidéo est franchement convaincant, tant au niveau de la qualité d’image que de la latence. Seuls les pilotes FPV aguerris sentiront le très léger délai de l’ordre de 28 millisecondes.
Attention : certains éléments se fondent avec le décor et ne sont repérables avec le masque que très tardivement. Nous pensons ici à des branches fines ou à des lignes électriques. D’où l’importance de bien repérer les lieux avant de voler à toute vitesse et de toujours piloter avec un observateur. Aussi, nous n’avons pas réussi à éliminer les zones de flou présentes dans les coins de l’image. Cela n’est pas dérangeant puisque nos yeux ne se fixent jamais longtemps sur les informations affichées dans ces zones — batterie, vitesse, altitude, temps de vol restant, inclinaison de la nacelle…
Bon à savoir : les informations de vol importantes sont superposées au retour vidéo et sont visibles sur les côtés de l’écran, à la manière d’un masque de réalité augmentée. Une lettre blanche “H” est également affichée et a pour but d’indiquer la position du pilote. C’est extrêmement pratique pour avoir une idée de la distance qui nous sépare du drone. D’ailleurs, le casque ne se contente pas d’afficher le retour vidéo puisque c’est avec lui que l’utilisateur a accès aux différents paramètres du drone dont voici une liste non exhaustive :
- Sécurité : altitude maximale, distance maximale, mise à jour du point RTH…
- Contrôle : paramètres de la radiocommande, couleurs des LEDs, sensibilité de la nacelle…
- Caméra : définition vidéo, format d’encodage, quadrillage, stabilisation…
- Affichage : luminosité de l’écran, affichage du point de départ…
La navigation dans les différents menus se fait avec un bouton multidirectionnel et un bouton “retour”. Ce n’est pas facile au début, mais quelques vols suffisent pour appréhender le système de navigation. Les menus auraient tout de même mérité d’être mieux organisés : certaines informations essentielles sont rangées dans des sous-sous menus et d’autres sont étrangement catégorisées, à l’image de l’option “calibration de la nacelle” qui se trouve dans l’onglet “contrôle” et pas “caméra”.
Notez qu’au moment où nous écrivons ces lignes, le casque livré avec le DJI FPV n’est pas compatible avec les autres drones de la marque, même avec le tout fraîchement annoncé Air 2S. Dommage.
Pour aller plus loin
Test du DJI Air 2S : le nouveau roi des drones
Le contrôleur de mouvements
Dans sa logique de popularisation du drone, DJI propose un contrôleur de mouvements pour ceux qui ont trop de mal avec la radiocommande. Ce contrôleur prend la forme du bon vieux Nunchuk de la Wii et facilite grandement le pilotage : il suffit de bouger son poignet et d’appuyer sur la gâchette pour que le drone s’envole dans la direction du viseur blanc affiché sur l’écran du masque. Attention, ce contrôleur ne remplace en aucun cas la radiocommande puisque les mouvements y sont très limités et ne permettent pas un contrôle précis, bien au contraire. Les virages ne sont pas faciles à négocier et ce n’est pas avec ce contrôleur que vous enregistrerez vos meilleures vidéos.
Le contrôleur de mouvements offre une super prise en main // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Selon nous, le contrôleur de mouvements est uniquement utile pour faire essayer le drone à un enfant ou à un proche qui ne se sent pas à l’aise avec la radiocommande classique. À vous de voir si vous jugez l’investissement supplémentaire vraiment nécessaire : cet accessoire est vendu séparément à un tarif de 149 euros. Soulignons tout de même l’effort de DJI de proposer un nouveau moyen inédit de pilotage pour les plus jeunes. La prise en main est très agréable et l’expérience de vol ne peut pas être plus intuitive !
Le contrôleur de mouvements embarque les commandes essentielles, à savoir un gros bouton d’arrêt d’urgence, un pour décoller et atterrir facilement, un pour lancer l’enregistrement, un autre pour changer de mode… Le curseur pour contrôler l’inclinaison de la nacelle ne fonctionnait pas lors de notre test, une mise à jour est prévue.
Une 4K convaincante, une stabilisation décevante
Le DJI FPV embarque un capteur CMOS 1/2,3″ de 12 mégapixels et est capable d’enregistrer des vidéos jusqu’en 4K à 60 images par seconde. Le mode 50 ips est également disponible, mais soulignons l’absence du 30 ips. Le résultat offert en 4K est très convaincant, mais n’est pas à la hauteur des capteurs des autres drones de la marque — en tout cas pas un Mavic 2 Pro. Il faut dire que ce ne sont pas les mêmes types de productions : les drones classiques enregistrent des images très stables et plutôt lentes, contre des “lignes” mouvementées avec un FPV. DJI propose comme d’habitude des couleurs peu saturées et proches de la réalité.
Si on peut reprocher à la caméra du FPV un manque de détails dans les zones sombres, sa plage dynamique ne nous a jamais réellement déçus. Les quelques lens flare sont plus jolis que dérangeants. Il est possible de jouer avec les paramètres essentiels de la caméra, mais le mode auto reste ici la meilleure solution puisque le but d’un drone FPV n’est pas de rester statique face à une seule scène. Comprenez que le pilote ne va pas s’amuser à modifier les réglages de la caméra à chaque virage qu’il effectue. On regrette cependant l’impossibilité de définir une valeur ISO minimale et maximale. Dans de bonnes conditions lumineuses, le DJI FPV délivre de très bons résultats et il est toujours surprenant de voir un si petit capteur proposer de telles images. Ce court exemple devrait vous tenir en haleine pour la suite du test.
Le DJI FPV n’est clairement pas dédié aux photographes aériens : la définition des photos n’est autre que celle des vidéos, à savoir 3840 x 2160 pixels. Autant se concentrer sur les vidéos et extraire une image au montage, surtout que les photos sont assez longues à prendre. Le résultat peut tout de même être sympathique, tant que vous ne zoomez pas dans l’image. Ne comptez ni sur des modes AEB et HDR, ni sur un format RAW. Le profil de couleur D-Cinelike est toujours disponible pour ceux qui souhaitent plus de liberté à l’étalonnage. Notez que l’ouverture de f/2,8 est fixe et que la plage de mise au point ne demande aucun travail : tout ce qui est filmé est net.
Exemples de photos enregistrées avec le DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Même si ce dernier permet d’atteindre les 120 images par seconde, nous vous déconseillons le passage en 1080p : la perte de qualité est vraiment notable. Certaines zones de l’image fourmillent et on a plus généralement l’impression de regarder une vidéo en 720p. Nous avions le même problème avec l’excellent DJI Mini 2. Cela est sûrement lié à la façon dont la marque exploite une définition moindre à celle proposée par le capteur.
Le champ de vision proposé par défaut en 4K est très large (142°) comparé aux 84° du Mavic Air 2. Ainsi, le DJI FPV affiche des déformations sur les côtés de l’image, comme le fait une GoPro. Il est possible de réduire le champ de vision en activant la correction de la distorsion dans les paramètres, ce que nous vous conseillons de faire puisque cette option permet également de supprimer les fréquentes apparitions des hélices dans la vidéo. À ce sujet, sachez qu’un freinage brusque du drone fera apparaître le temps d’un court instant les trains d’atterrissage dans le champ de vision.
Il est également possible d’activer la correction du roulis de l’image, qui permet de réduire l’inclinaison de la caméra dans les virages pour rendre une image la plus droite possible — le champ de vision est alors encore plus réduit.
Abordons désormais le sujet de la stabilisation, sur lequel le DJI FPV nous a déçus. La nacelle est stabilisée sur un seul axe, celui de l’inclinaison, contre trois habituellement. Les images tournées en FPV sont faites pour être immersives certes, mais cet unique axe ne peut compenser les conditions venteuses et produit dans ce cas des images penchées, même avec la correction du roulis activée.
Il faut dire que la prise au vent du drone n’arrange pas l’affaire. Elle est sûrement due à la position inférieure des bras avant. Lors de nos tests et face à un fort vent, le drone a même été déporté sur plusieurs mètres sans pouvoir lutter. Dans des conditions plus favorables, les images sont évidemment droites et stables grâce à RockSteady, la solution de stabilisation électronique de DJI — qui a fait sa première apparition il y a deux ans sur l’Osmo Action. La stabilisation est efficace, mais imparfaite. On remarque parfois quelques mouvements parasites et soubresauts dus aux à-coups de pilotage ou à des bourrasques. On retrouve même des effets “jello”, c’est-à-dire des micros-tremblements causés par la vibration de la nacelle lorsque le drone file à toute vitesse. C’est là toute la limite d’une stabilisation logicielle face à une stabilisation mécanique. Une chose est sûre, il faut laisser cette option RockSteady activée — libellée EIS dans les réglages.
Terminons cette partie sur une note positive. Il est possible d’enregistrer les vidéos à deux endroits : sur la carte microSD du drone, mais aussi sur celle du casque. Ainsi il restera toujours des rushs de secours au pilote qui a perdu son drone ou qui a eu des problèmes d’enregistrement. Attention tout de même, les vidéos enregistrées sur le casque ont une définition logiquement inférieure à celles du drone (1440 x 810 pixels vs4K) et ne bénéficient pas de la stabilisation électronique. Aussi, les vidéos du casque sont tout le temps enregistrées avec le son, ce qui n’est pas le cas par défaut avec les vidéos du drone. On entend de toute façon uniquement les accélérations des moteurs.
Un pilotage sans prise de tête
Transmission et RTH
Attardons-nous le temps de quelques lignes sur la transmission vidéo et la portée de transmission entre le drone, la radiocommande et le casque. Le FPV est le premier drone de la marque à embarquer la technologie O3, qui peut techniquement permettre une transmission maximale de 10 kilomètres. Au-delà d’être complètement illégal, cette distance ne sera jamais atteignable dans les faits, du moins pas dans nos contrées européennes, car les puissances d’émission et de réception sont bridées. Selon nos tests, cette bride se fait ressentir entre 300 et 600 mètres en fonction du terrain et de son dénivelé. En ligne droite et sans gros obstacles, la transmission vidéo tient le coup sans problème et permet au drone d’atteindre les 600 mètres.
Les choses se compliquent en présence d’obstacles : on perd très souvent le signal lorsque le drone est de l’autre côté d’un vallon et à plus de 300 mètres du pilote. À une telle distance, il n’est pas rare de devoir élever le drone au-dessus des arbres pour retrouver une transmission optimale. Les situations décrites ici ne sont pas extrêmes certes, mais il ne faut pas oublier que l’observateur est légalement tenu de toujours garder le drone dans son champ de vision — ce qui est clairement impossible à plusieurs centaines de mètres.
Ainsi, sachez que la transmission vidéo est excellente sur les distances légales et jusqu’à 300 mètres si le terrain est compliqué : le retour affiché sur le casque est parfaitement défini et fluide. L’expérience est très agréable. Il faut également savoir qu’avant de se couper totalement en cas de problème, la transmission se dégrade brusquement, mais laisse néanmoins le temps de faire demi-tour. La bouillie de pixels disparaît généralement après quelques dizaines de mètres.
Que se passe-t-il si je perds le signal de mon drone ? Concrètement le masque affiche un écran noir et il devient impossible de contrôler le drone. Ce dernier se stoppe net et entame le fameux “retour à la maison” (RTH pour Return To Home) : il s’élève à une altitude préalablement définie puis rentre se poser à l’endroit où il a décollé. Voilà le génie de DJI : offrir la sécurité d’un drone classique sur un FPV. Il est bien évidemment possible de reprendre la main sur le RTH pour continuer à piloter le drone une fois la transmission rétablie — en général au bout de quelques secondes lorsque le drone entame sa montée.
Pour accompagner le débutant FPV dans son apprentissage, DJI propose trois modes de vols (Normal, Sport puis Manuel). Voici une rapide explication des deux premiers avec des exemples vidéos. Le dernier mode, qui correspond au véritable pilotage FPV, aura droit à une partie complète.
Mode Normal
Ce mode n’a rien d’un drone FPV puisque c’est celui qu’on retrouve sur les drones classiques. Il permet aux débutants d’apprendre les bases et d’appréhender le pilotage de leur nouveau joujou. Par exemple, lâcher les joysticks ne fera pas tomber le drone, mais le laissera simplement à l’arrêt en vol stationnaire. Dans ce mode, le drone utilise le GPS et les systèmes de détection d’obstacles situés en dessous et à l’avant. Notez qu’à l’inverse d’un drone classique, les détecteurs se contentent d’indiquer des lignes rouges sur les côtés de l’écran pour signaler un obstacle, mais ne vont pas le stopper. Il faut tout de même vraiment forcer pour toucher l’obstacle. Autrement, le drone est sans surprise très stable et très réactif. Il peut atteindre une vitesse maximale de 15 m/s soit 54 km/h.
Mode Sport
Ce mode garde les mêmes sécurités tout juste expliquées, sauf la détection d’obstacle. Surtout, le drone devient bien plus nerveux et est ainsi plus réactif aux mouvements des joysticks. Le départ arrêté à fond les gaz nous impressionne toujours autant, même après avoir fait le coup une dizaine de fois pour amuser les copains. Ce mode est en quelque sorte le deuxième niveau d’apprentissage : il permet d’améliorer ses réflexes, sa précision et sa gestion des distances de freinage. La vitesse maximale de 27 m/s (quasiment 100 km/h) permet déjà des plans très dynamiques et l’inclinaison de l’appareil dans les virages nous fait toucher du bout des doigts les possibilités du vrai pilotage FPV. Il est même possible de réduire l’angle des virages dans les paramètres. L’expérience de vol est vraiment prenante et nous sommes très satisfaits des plans tournés avec ce mode.
Le mode Sport débloque la fonctionnalité de régulateur de vitesse : un appui sur le bouton dédié et le drone maintient la vitesse actuelle et vole vers l’avant. C’est très pratique pour se concentrer sur les virages. Sachez aussi que la transition entre le mode Normal et le mode Sport se fait sans interruption et sans à-coups. La toute première vidéo du test illustre parfaitement mes propos : je n’étais pas assez rapide pour m’approcher des oiseaux et il m’a simplement fallu appuyer sur le bouton dédié pour débrider la vitesse de l’appareil.
Les deux premiers modes que nous venons d’aborder offrent déjà de bonnes sensations et permettent de s’essayer à passer dans des espaces restreints avec le drone. Il reste cependant une étape cruciale dans l’apprentissage du vrai pilotage FPV.
Mon apprentissage en mode FPV : l’avis d’un débutant
Le pilotage en mode Manuel n’a rien à voir avec celui des drones de loisirs, qui proposent en réalité des commandes assistées, sans même que l’utilisateur ne le sache. Les repères sont totalement différents puisque le drone est toujours en mouvement et ne vole jamais en stationnaire de lui-même. Le pilote pince constamment sur les joysticks pour contrôler l’accélération et l’altitude de l’appareil. S’il lâche les commandes, le drone part à la dérive puis s’écrase. Il faut d’ailleurs jouer avec les vis à l’arrière du joystick des gaz pour faire en sorte qu’il ne revienne plus automatiquement au centre et qu’il reste là où le pilote le laisse. DJI explique la marche à suivre, mais la manœuvre n’est pas facile les premières fois.
Une fois passé en Manuel, le drone devient complètement débridé : il perd ses fonctions d’assistance et peut atteindre les 39 m/s, soit 140 km/h. Le 0 km/h à 100 km/h ? En deux secondes. Les chiffres impressionnent, mais ce mode permet surtout au drone d’exécuter tous types de mouvements et figures impossibles à réaliser avec un drone classique. Citons le backflip, le sideflip et le fameux powerloop. C’est ça, le FPV. Ces manœuvres nécessitent énormément d’entraînement : il faut bien comprendre que le pilotage FPV ne s’apprend pas en un soir, mais sur plusieurs mois et années. C’est pour cela que DJI propose un simulateur sur smartphone. Le but est d’apprendre les bases du pilotage sans risquer de casser le drone. S’affranchir de la case simulateur et faire voler directement son drone en mode Manuel le voue obligatoirement au crash.
Le simulateur
Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous avons compris que l’application DJI Virtual Flight était uniquement disponible sous iOS. Il nous a d’ailleurs fallu plusieurs recherches sur le Play Store et sur le site DJI pour le vérifier. Ainsi, à l’heure où nous écrivons ces lignes, la marque ne permet pas aux possesseurs de smartphones Android de s’entraîner sur un simulateur. D’autres simulateurs existent (Tiny Whoop Go, VelociDrone, Liftoff…), mais les débutants ayant dépensé près de 1 500 euros pour s’offrir le DJI FPV s’attendent logiquement à un produit tout-en-un. Sur ce coup, DJI déçoit. Nous mettrons à jour cet article lorsque la version Android sera disponible.
Nous l’avons finalement testée avec un iPhone 8+, qui est d’ailleurs le dernier modèle à prendre en charge l’application.
Avant de pouvoir utiliser le simulateur, il faut alimenter le casque avec sa batterie externe, le connecter au téléphone avec le câble OTG fourni, puis allumer la radiocommande. L’installation prend un espace limité sur un bureau, mais il ne faut pas s’emmêler avec les câbles. Le drone est évidemment hors de l’équation et reste éteint sur la commode. Astuce : il est tout à fait possible d’écouter de la musique ou des podcasts pendant le pilotage — et nous vous le conseillons. Le simulateur propose trois types d’exercices :
- Entraînement pratique pour apprendre les bases du pilotage FPV (ligne droite, virages)
- Vol libre dans 3 maps (usine, terrain de foot et garage)
- Contre la montre dans les 3 maps avec des étoiles à gagner pour déverrouiller les manches suivantes
Ce simulateur n’est peut-être pas le plus complet et riche en cartes, mais il permet de bien appréhender le pilotage en mode manuel. Par exemple, il est possible de changer de vue pour voir le drone à l’écran : l’utilisateur peut alors comprendre comment le drone fonctionne en regardant le comportement des différentes hélices — elles tournent plus ou moins vite ou se coupent totalement. Il faut sans surprise beaucoup de patience avant de réussir ne serait-ce qu’à ne pas crasher le drone. La patience est de mise. On aurait apprécié plus d’explications dans le mode “Entraînement pratique”, mais de toute façon, il faut refaire des dizaines de fois les parcours proposés (même s’il s’agit d’une simple ligne droite) avant de passer aux suivants.
Le pilotage en mode Manuel rend très difficile le vol stationnaire… mais ce n’est pas le but. C’est bien là toute la difficulté des premières sessions : on veut inconsciemment retrouver les mêmes mouvements qu’en drone classique, alors que la philosophie est complètement différente. Après quelques heures passées à s’entraîner en ligne droite puis dans les virages, le drone commence à moins faire le yoyo ou à se retourner et on se surprend à effectuer naturellement des mouvements “pro”, avant de crasher le drone au sol. Le but est de passer assez de temps sur le simulateur à répéter les mêmes mouvements pour commencer à développer une mémoire musculaire avant d’aller voler dans la nature. Ceci dit, la simulation ne nous permet pas de réaliser à quel point le drone va vite, sauf à regarder en permanence la vitesse affichée en bas à droite du masque. La perception n’est pas la même et on ne se rend pas compte que le drone dépasse très facilement les 100 km/h.
Autrement, l’application est une réussite même si elle souffre de quelques ralentissements. Cela n’aide pas à l’apprentissage puisque les baisses de fréquence d’images rendent tout pilotage compliqué. La carte “Usine” est très sympathique grâce à ses nombreux petits passages, mais on en fait malheureusement vite le tour. Quelques cartes de plus n’auraient pas été de refus.
Mes premiers vols en mode Manuel
Il est fortement déconseillé de piloter le DJI FPV en mode Manuel sans avoir passé au moins quelques heures sur le simulateur. De mon côté, et après 8 heures d’entraînement cumulées, je me décide à faire le grand saut. Je choisis un large champ, sans arbres, sans lignes électriques et surtout sans passants aux alentours. Le champ est en pente et je fais décoller le drone en partant du point le plus haut. Je m’assure ainsi une double sécurité si jamais le drone se mettait à foncer vers le sol. À ce sujet, et c’est bien là tout l’intérêt de ce drone, le DJI FPV profite d’un bouton magique : l’arrêt d’urgence. Un clic sur celui-ci et le drone s’arrête instantanément et bascule en vol stationnaire. On peut donc lâcher les joysticks pour reprendre ses émotions. La distance de freinage d’urgence dépend évidemment de la vitesse du drone.
Je n’ai pas eu besoin d’appuyer sur ce bouton lors de mon premier vol. Je m’assure de rester entre 50 mètres et 100 mètres d’altitude et m’amuse à faire des allers-retours en me concentrant sur les lignes droites et sur des petits virages. J’active le quadrillage et le viseur pour avoir des repères dans les airs. Le décollage et l’atterrissage en mode Manuel sont assez risqués pour des débutants, c’est pourquoi je bascule le drone en mode Normal pour bénéficier du système optique inférieur et pour éviter toute casse inutile. C’est là encore un excellent atout de ce drone, en plus du très bon RTH déjà évoqué. Pas de prise de tête, on se concentre sur l’expérience de vol, n’en déplaise aux puristes du FPV.
Bon à savoir : un débutant ne peut pas activer le mode Manuel par inadvertance, même en basculant sur l’option avec le bouton dédié sur la radiocommande. Il faut en effet se rendre dans les paramètres du casque pour débloquer le mode la première fois. Aussi, la transition en mode Manuel se fait tout en douceur, il faut effectuer une espèce de rapide calibration demandée sur l’écran du casque avec les joysticks.
Je décide, lors de mon second vol en mode Manuel, de passer véritablement en pilotage FPV. Eh oui, DJI veut vraiment accompagner l’apprenant jusqu’au bout et active par défaut une limite d’altitude pour que le drone ne parte pas dans tous les sens suite à un pilotage un peu trop agressif — la sensibilité des joysticks peut surprendre. Je vole cette fois-ci au-dessus d’une forêt et redouble alors d’attention. Je garde l’index gauche scotché sur le bouton d’arrêt d’urgence. Je me permets des virages plus ambitieux et quelques pointes d’accélération. Je commence à saisir les possibilités de vidéos offertes par un tel engin. Cela me donne clairement envie de m’améliorer, de m’investir pleinement dans le simulateur et de me documenter sur la gestion des rates, que l’on pourrait définir comme étant la sensibilité du drone et sa réactivité face aux différentes commandes envoyées par les mouvements des joysticks. Bref, je suis évidemment à des années-lumière des pilotes professionnels, mais je m’amuse. Cela tombe bien, je crois que c’est justement l’un des intérêts du produit. Voici quelques images enregistrées lors de mon second vol. Les mouvements ne sont pas impressionnants et surtout indigestes, mais je vous assure que j’ai passé un excellent moment !
Avant de terminer mon vol, je ne peux résister à l’appel du backflip : je prends assez de hauteur pour m’éviter toute rencontre avec un arbre et hop, je mets les gaz, j’incline le drone puis coupe les gaz avant de les remettre pour relancer le tout après la figure. L’expérience est très prenante. Le drone n’a plus beaucoup de batterie, mais je décide d’arrêter la session suite à l’activation du bouton d’arrêt d’urgence in extremis : je me suis senti trop à l’aise lors d’un virage piqué et n’ai pas remis les gaz assez tôt. Le drone a failli terminer sa course dans la cime d’un arbre et doit sa vie aux ingénieurs DJI.
Une autonomie très généreuse pour un tel drone
DJI communique jusqu’à 20 minutes d’autonomie pour son drone FPV. Ces mesures ont été effectuées dans une situation parfaite pour le drone, à savoir sans vent et à 40 km/h — soit 14 km/h de moins que la vitesse maximale en mode Normal. Voici nos résultats après une vingtaine de vols :
- Mode Normal : moyenne de 17 minutes
- Mode Sport : moyenne de 13 minutes
- Mode Normal (80 % du temps) et mode Sport (20 % du temps) : entre 14 et 16 minutes
Notez que ces résultats ont été obtenus en poussant la batterie dans ses retranchements (sous les 10 %), c’est-à-dire en ignorant le RTH enclenché automatiquement par le drone lorsqu’il approche des 20 % de batterie restante. L’autonomie en mode Manuel dépend évidemment de votre style de pilotage et de la vitesse à laquelle vous faites voler le drone. À l’aide des scores obtenus en mode Normal et mode Sport, nous pouvons estimer une autonomie pour le mode Manuel à une dizaine de minutes, voire un peu plus si vous ne poussez pas les gaz à fond.
Ces résultats vous paraissent faibles ? Sachez que l’autonomie des drones FPV traditionnels atteint très rarement les 10 minutes et est plutôt comprise entre 5 et 8 minutes. Aussi, les batteries de ces drones demandent une vraie gestion au niveau de la charge et de la décharge, mais DJI propose sans surprise une batterie dite intelligente : sa fonction de déchargement automatique empêche la batterie de gonfler et la décharge automatiquement jusqu’à environ 60 % après cinq jours d’inactivité. Comprenez que l’utilisateur n’a rien à faire, hormis la recharger avant un vol.
La batterie du masque est peu autonome et nous vous conseillons de bien la charger avant chaque session de vol si vous avez plusieurs batteries de drone. Elle affichait un état de 59 % après 28 minutes de vol et est passée de 100 % à 0 % lors d’une séance de simulateur de 1 heure et 42 minutes. La radiocommande est quant à elle très autonome puisqu’il lui restait plus de la moitié de batterie après six vols en drone — soit environ 1 heure 20 minutes de pilotage.
Côté recharge et toujours selon nos tests, les 2000 mAh de la batterie du drone demandent entre 42 minutes et 50 minutes pour atteindre les 100 %, tandis que la batterie externe du masque (1800 mAh) met jusqu’à 2 heures et 50 minutes pour effectuer une charge complète.
Un positionnement particulier
Un drone tout-en-un ?
Non, le DJI FPV ne remplacera pas votre Mavic ou tout autre drone classique. Le FPV est fait pour la vitesse et la réalisation de plans dynamiques et, s’il propose un mode Normal et un Mode Sport, il n’en reste pas moins un drone à la base dédié au FPV. Ce n’est pas un drone hybride, mais un drone qui accompagne le débutant dans son apprentissage du FPV.
La stabilisation est bien meilleure sur les Mavic puisque ces drones embarquent une nacelle mécanique à 3 axes et bénéficient d’une meilleure prise au vent. De même pour la qualité vidéo et photo : les choix proposés par le FPV sont restreints, même si les vidéos tournées restent de très bonne qualité. Aussi, il n’est pas possible de réaliser des plans parfaitement perpendiculaires au sol avec le DJI FPV, car la nacelle permet une inclinaison minimale de -65° contre -110° pour le Mini 2 et -135° pour le Air 2S. N’oublions pas le bruit émis par les puissants moteurs du DJI FPV : vous serez bien moins discrets qu’avec un drone classique et risquez d’attirer les badauds. Citons également l’absence de modes de suivi intelligent. Notez d’ailleurs que DJI ne propose pas d’option pour faire exécuter des figures au drone en un clic.
Enfin, le DJI FPV est par définition bien moins transportable qu’un drone pliable. La différence est frappante : un drone plié rentre dans une sacoche étonnamment petite alors que le FPV demande une logistique bien plus encombrante. C’est simple, de notre côté, nous transportions toujours le drone et le casque avec la grosse boîte d’origine. Cela en refroidira plus d’un qui voulait partir en vacances avec ce drone. C’est à se demander si DJI n’a pas fait exprès de ne pas proposer de sacoche de transport, même en supplément. Certains vidéastes FPV accrochent souvent leur drone à l’extérieur de leur sac à dos à l’aide d’un des bras, mais cela reste risqué — surtout vu le prix du drone. La mise en route avant le décollage est aussi plus fastidieuse : il faut fixer les hélices, visser les antennes aux casques et y brancher la batterie externe.
En fin de compte, le DJI FPV est un drone pour s’amuser et pour faire de belles vidéos dynamiques, alors qu’un drone classique propose un rendu plus cinématographique, plus stable… plus sage.
Attention aux bêtises
Le DJI FPV est un fabuleux engin. L’expérience de vol est très immersive et amusante, mais cela n’empêche qu’il n’est pas fait pour tout le monde. Nous déconseillons cet achat aux personnes n’ayant jamais piloté de drone classique. Commencer directement avec un drone FPV nous semble être une mauvaise idée. Le pilote débutant risque :
- D’enfreindre les règles en survolant des personnes et/ou des zones privées (l’immersion avec le casque pousse à vouloir explorer les parages)
- De mettre des personnes en danger (en mode sport le drone atteint déjà facilement les 100 km/h)
- De se sentir à l’aise trop vite et de crasher rapidement son drone (on peut alors parler de coût à la minute, à savoir combien de minutes de vol va mettre le pilote avant d’écraser ses plus de 1 000 euros d’investissement au sol)
- De ne plus être si enthousiaste que ça vis-à-vis du pilotage FPV (en se rendant compte que passer des heures sur un simulateur avant d’arriver à produire de belles images ne l’intéresse pas)
On conseille à ces personnes de se tourner vers un drone classique histoire de bien apprendre les bases du pilotage à vue. D’ailleurs, voici une petite compilation des moments où notre exemplaire de test à failli manger la terre.
Le DJI FPV est un formidable moyen de se mettre au FPV sans prise de tête.
Mais alors, à qui est dédié ce DJI FPV ? Selon nous, la réponse est simple : nous le recommandons chaudement aux pilotes de drones classiques qui ont toujours voulu se mettre au FPV, mais qui n’avaient ni le temps ni l’envie de monter leur propre drone. Si (et seulement si) la motivation d’apprendre une toute nouvelle façon de piloter est là, le DJI FPV est le parfait drone pour découvrir cet univers. Ses fonctions d’assistance rendent l’apprentissage bien moins stressant et permettent de se concentrer pleinement sur le pilotage. Après des mois ou années d’entraînement, rien n’empêche les utilisateurs du DJI FPV de passer sur un drone FPV traditionnel pour bénéficier d’une réactivité accrue et d’une meilleure stabilisation — une GoPro et le logiciel ReelSteady semblent être le combo le plus apprécié. Il faudra tout de même accepter la perte de confort engendrée : plus de décollage et d’atterrissage facilités, plus de RTH et plus de bouton d’arrêt d’urgence.
Bref, le DJI FPV est un formidable moyen de se mettre au FPV sans prise de tête, si tant est que l’acheteur soit motivé pour apprendre. Attention : au-delà du simulateur, ceux qui n’ont pas de lieux propices à l’entraînement près de chez eux (champs ou forêts) risquent fort de laisser leur nouveau joujou au placard. D’ailleurs, combien coûte-t-il ?
Prix et disponibilité
Le Bundle DJI FPV Standard inclut le drone et sa batterie, la radiocommande, le casque et l’ensemble des éléments nécessaires à son fonctionnement. Dans cette configuration basique, le drone coûte 1 349 euros. Il faut débourser 279 euros de plus pour deux batteries supplémentaires et leur station de recharge, c’est le Kit Fly More. Le contrôleur de mouvements est quant à lui vendu séparément et demande la modique somme de 149 euros. Ces éléments et le Bundle DJI FPV Standard sont disponibles sur le site officiel, sur Amazon, la Fnac ou chez les autres revendeurs officiels.
Vous avez cassé ou perdu un des éléments du pack de base et souhaitez le racheter ? Il vous en coûtera 719 euros pour le drone, 139 euros pour la nacelle-caméra, 149 euros pour la radiocommande, 659 euros pour le casque (vous avez bien lu) et 149 euros pour une batterie de drone. À ce sujet, DJI propose sans surprise des moyens d’assurer son drone avec le service Care Refresh. La version 1 vendue 199 euros propose une couverture complète et deux unités de remplacement par an, tandis que la version 2 fournit jusqu’à trois remplacements sur deux ans. Comptez alors 329 euros.
Pour aller plus loin
Quels sont les meilleurs drones en 2024 ?
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.
Salut. En tant que pilote de "vrais" drones racers, je pensais en voyant cet article que le journaliste allait se planter magistralement! Et bien non! Article très bon, les analyses sont les bonnes. Et apparemment il a même kiffé voler en fpv! Alors prochaine étape, frandroid monte un vrai racer? Chiche? Parce que faut bien avouer que pour découvrir le hobby, ça fait le job, mais il vole vraiment comme une patate ce drone!
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