Cette puce signe l’indépendance technologique chinoise

 
Qui aurait cru que 6 nanomètres pourraient faire trembler Silicon Valley ? C’est pourtant le pari de Cixin Technology avec son SoC P1, une puce conçue pour permettre à la Chine de ne plus être dépendante des Etats-Unis.
Source : Cixin Technology

C’est tendu entre la Chine et les États-Unis. Les américains multiplient les sanctions technologiques envers la Chine. Mais la Chine cherche à sortir de cette impasse. Cixin Technology, une entreprise chinoise spécialisée dans la conception de circuits intégrés, vient de dévoiler son nouveau produit : le SoC Cixin P1. Mais qu’est-ce qui rend cette puce si spéciale ?

Voilà le contexte pour commencer : vous êtes un fabricant chinois d’ordinateurs, et du jour au lendemain, on vous dit que vous ne pouvez plus acheter les meilleures puces d’Intel, AMD ou Qualcomm. C’est ce qui est arrivé à Huawei, et c’est la situation à laquelle font face les entreprises chinoises depuis octobre 2022. Mais voilà que Cixin Technology débarque avec son SoC P1.

Source : Cixin Technology

Le Cixin P1, c’est un peu le couteau suisse de l’IA. CPU, GPU, NPU… tout y est pour permettre aux constructeurs chinois de créer leurs propres machines capables de faire tourner des processus d’IA sans avoir à acheter des puces aux Américains.

Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas parce que c’est made in China que c’est au rabais. Le Cixin P1 a de sérieux arguments à faire valoir :

  • Une architecture ARM v9.2-A (la dernière en date, s’il vous plaît)
  • Un procédé de fabrication en 6 nm (pas mal du tout pour une première)
  • 12 cœurs CPU qui peuvent turbiner jusqu’à 3,2 GHz
  • Un GPU 10 cœurs pour faire de jolis calculs
  • Et le clou du spectacle : un NPU capable de délivrer 30 TOPS (Tera Operations Per Second)

Pour les non-initiés, TOPS, c’est l’unité de mesure qui fait vibrer les aficionados de l’IA. Et avec 45 TOPS au total (en combinant NPU et GPU), le Cixin P1 se place dans la cour des grands. C’est ce que propose la toute dernière puce de Qualcomm pour PC, le Snapdragon X Elite (sur son NPU seulement).

ARM, un choix par défaut

Maintenant que nous avons vu les gros titres, creusons un peu plus. Le choix de l’architecture ARM n’est pas anodin. C’est un peu comme choisir une recette de cuisine universelle que chacun peut adapter à sa sauce. Ici, Cixin a pris la base ARM et l’a personnalisée pour répondre aux besoins spécifiques du marché chinois.

Le procédé de fabrication en 6 nm est aussi un tour de force. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces chiffres, plus c’est petit, plus c’est puissant et économe en énergie. 6 nm, c’est déjà très fin, et ça montre que la Chine rattrape son retard à vitesse grand V dans le domaine des semi-conducteurs. Apple, par exemple, va vers le 2 nm.

TSMC, fabricant taïwanais, est en train de commercialiser sa seconde génération de gravure en 3 nm « N3E », et prépare une troisième génération « N3P », attendue pour sa part en 2025.

Mais ce qui fait vraiment la différence, c’est la flexibilité du Cixin P1. Il peut faire tourner Windows, Android, ou même Kirin OS (le petit dernier de Huawei).

Et cerise sur le gâteau : le Cixin P1 est compatible avec les mémoires LPDDR5-6400 et supporte le PCIe 4.0 16x. Pour les non-techniciens, disons simplement que ça lui permet de communiquer très rapidement avec d’autres composants, comme des GPU dédiés ou des puces spécialisées en IA. Hé oui, vous pourriez assembler un PC avec cette puce.

Pas trop vite

Cependant, ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Le Cixin P1 a beau avoir des caractéristiques impressionnantes sur le papier, il faudra voir ce qu’il donne dans la vraie vie. Mais avec le Cixin P1, la Chine montre qu’elle n’a pas dit son dernier mot dans la bataille technologique mondiale.


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