« Je ne connecterai pas mon lave-vaisselle à ton stupide cloud », la folie des appareils trop intelligents

 
Et si votre lave-vaisselle vous obligeait à créer un compte en ligne pour lancer un simple rinçage ? C’est ce que Jeff Geerling a découvert avec son nouveau Bosch, et il n’est pas content.

Quand Jeff Geerling a dû remplacer son vieux lave-vaisselle GE, il pensait faire une bonne affaire avec un Bosch série 500 (ce modèle spécifique n’est pas commercialisé en Europe mais en Amérique du Nord). Recommandé par Consumer Reports, disponible en stock, et dans son budget (moins de 1 000 dollars), ça semblait parfait. Avec son père, il l’installe sans trop de galères – malgré une petite virée au magasin de bricolage pour un outil supplémentaire. Mais une fois branché, la déception arrive vite : pour lancer un simple cycle de rinçage ou activer le mode éco, il faut… une appli. Et pas n’importe laquelle : une application connectée au Wi-Fi via un compte cloud appelé Home Connect. Sérieusement ?

C’est là que Jeff, un passionné de tech habitué à bidouiller des trucs, commence à râler – et on le comprend. Pourquoi un appareil aussi basique qu’un lave-vaisselle a-t-il besoin d’internet pour fonctionner pleinement ? Sur son ancien GE, même s’il montrait des signes d’usure (commandes capricieuses, charnières rouillées), tout était accessible avec des boutons physiques. Avec le Bosch, les fonctionnalités modernes comme le démarrage différé ou le nettoyage automatique sont bloquées derrière une barrière numérique. Résultat : soit tu te connectes, soit tu te contentes du minimum.

Pourquoi le cloud, c’est pénible (et un peu louche)

Cette dépendance au cloud, c’est une tendance qui gagne du terrain. Comme le précise The Verge, Samsung et LG, par exemple, poussent leur initiative Screens Everywhere : fini les boutons, place aux écrans tactiles et aux connexions internet. Mais à quel prix ? D’abord, il y a la sécurité. Un lave-vaisselle sur votre réseau Wi-Fi, c’est une porte ouverte potentielle pour des hackers. Bon, Bosch n’est pas une marque obscure, mais qui leur fait confiance pour sécuriser un appareil ménager aussi bien qu’Apple ou Google sécurisent un smartphone ? Pas grand-monde.

Ensuite, il y a la question de l’obsolescence programmée – les fabricants conçoivent parfois leurs produits pour ne pas durer éternellement. Avec un lave-vaisselle connecté, si le service cloud ferme un jour (parce que trop cher à maintenir) ou devient payant (bonjour l’abonnement à 5 euros/mois pour rincer les assiettes), vous vous retrouvez avec un appareil à moitié fonctionnel. Jeff y voit une stratégie sournoise : simplifier le design pour réduire les coûts aujourd’hui, et peut-être vous pousser à racheter ou payer plus tard.

Qui a besoin de commander son lave-vaisselle depuis son smartphone en vacances ? Pour une sonnette vidéo, passe encore : voir qui sonne à ta porte à distance, ça peut être utile. Mais un lave-vaisselle ? C’est censé laver la vaisselle, point. Pas besoin d’une appli pour ça. Pourtant, les fabricants semblent obsédés par l’idée de tout connecter, même quand ça n’a aucun sens.

Des solutions ? Pas si simple

Alors, que faire ? Jeff a envisagé plusieurs options. La plus évidente : ignorer ces fonctionnalités et se contenter des cycles de base. Mais c’est frustrant quand tu payes pour un appareil censé tout faire. Autre idée : le connecter au Wi-Fi et basta. Sauf que ça veut dire donner à Bosch un accès à votre réseau – et potentiellement à vos données. Il existe bien une alternative geek : une bibliothèque Python (Home Connect Python) permet de contourner le cloud et de contrôler l’appareil localement. Problème : ça demande des heures de configuration, et Jeff n’a pas envie de jouer les ingénieurs pour un lave-vaisselle.

Ce qui le met vraiment en rogne, c’est le manque de bon sens des fabricants. Pourquoi ne pas proposer un contrôle local par défaut, avec le cloud en option ? Un petit écran à 30 centimes ou quelques boutons supplémentaires suffiraient à rendre l’appareil autonome. Pour Jeff, cette paresse des designers est un aveu : on sacrifie l’expérience utilisateur pour des profits futurs – via des abonnements ou la vente de données. Et nous, consommateurs, on subit.

En France aussi, on trouve des appareils électroménagers connectés similaires à celui que Jeff Geerling critique dans son expérience. Cette tendance du « tout-connecté » s’est bien installée dans l’Hexagone, même si elle reste moins répandue qu’aux États-Unis ou en Asie. Des modèles comme le Bosch SMS6EDI06E, vendu chez des enseignes comme Darty ou Boulanger, utilisent aussi l’application Home Connect.

Cette app vous permet de lancer un cycle à distance, de vérifier l’état du lavage ou d’activer des options comme le mode éco. Mais, comme pour Jeff, il faut une connexion Wi-Fi et un compte cloud pour débloquer toutes les fonctionnalités. Sans ça, vous vous retrouvez avec un appareil bridé – un peu frustrant quand tu débourses 600 à 800 €.

Côté lave-linge, les Samsung Smart Control (série WW90, environ 700 €) ou les LG ThinQ (modèle F94J53WH, autour de 600 €) sont de parfaits exemples. Ils vous laissent lancer une lessive depuis votre canapé ou diagnostiquer une panne via une application. Mais, comme pour le Bosch de Jeff, ces options avancées nécessitent une inscription sur un service cloud. Si vous refusez, vous vous contentez des boutons physiques – qui, soit dit en passant, sont parfois moins intuitifs qu’avant.


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