Test du Netgear Nighthawk M5 : la Rolls des routeurs mobiles

 
Netgear propose une nouvelle version de ses luxueux routeurs mobiles Nighthawk. Le M5 combine 5G, Wi-Fi 6, Gigabit Ethernet et USB-C dans un appareil polyvalent de 10 cm de côté. Il promet des performances époustouflantes, mais après nos tests des routeurs fixes Nighthawk et Orbi, on attend Netgear au tournant sur la mise en œuvre.
Crédit photos : Romain Heuillard pour Frandroid

Dans notre société toujours plus connectée, nous avons besoin d’accéder à internet en tout lieu et à tout moment. En déplacement, nous dépendons souvent d’un smartphone et de sa connexion cellulaire.

Si on préfère le confort d’une tablette ou d’un ordinateur, on dépend alors de la disponibilité d’un réseau Wi-Fi, d’un modem 4G intégré, ou encore du partage de connexion d’un smartphone. Ce dernier est gratuit, mais il demande des manipulations à chaque utilisation (sauf avec un iPhone et un Mac), il vide la batterie du smartphone et ses performances sont passables (débits et portée).

L’idéal pour ceux qui veulent se connecter facilement et rapidement en vadrouille est donc de se tourner vers un routeur mobile. De préférence un modèle 5G, prêt pour l’avenir. Il n’en existe qu’un : le Netgear Nighthawk M5, un produit très haut de gamme, que nous avons testé.

Quatre connexions dernier cri

Successeur des Nighthawk M1 et M2, le M5 propose à son tour les meilleures technologies du moment. Il embarque en effet un modem Qualcomm Snapdragon X55, celui qui était intégré aux smartphones très haut de gamme de 2020 dotés de puces Snapdragon 865 et 865+.

Dans le routeur de Netgear, il capte la 5G non-standalone sub-6GHz, offrant des débits de 3,2 Gb/s en réception, ou bien la 4G LTE Cat 20, offrant quant à elle des débits maximaux de 2 Gb/s en réception et de 316 Mb/s en émission. Aucun réseau commercial 4G ou 5G ne permet à notre connaissance d’atteindre de tels débits théoriques et il faudrait une rare combinaison de facteurs pour les approcher en pratique. Mais un tel appareil garantit qu’on tire le meilleur du réseau cellulaire en toutes circonstances.

Le Nighthawk M5 propose par ailleurs un port Gigabit Ethernet, du Wi-Fi 6 à 1,2 Gb/s et un port USB-C, qui permet de l’alimenter, mais aussi de profiter des débits maximums en USB 3,1 Gen 2 (environ 3 Gb/s).

Ces quatre connexions offrent de nombreuses combinaisons de configurations, de quoi faire du Netgear Nighthawk M5 un appareil très polyvalent, pouvant servir aussi bien de routeur mobile, de routeur fixe ou encore de simili pont.

Une bonne interface vaut mieux que trois médiocres

Avant de détailler les différents modes de fonctionnement du produit et d’en tester les performances, parlons des interfaces utilisateur. Le Netgear Nighthawk M5 en propose trois ! Il offre ainsi une interface web, une application mobile, mais aussi un écran tactile.

Un écran tactile pratique malgré tout

Au 1er démarrage, cet écran couleur d’une diagonale de 2,4 pouces (6,1 cm) invite l’utilisateur à choisir un mot de passe administrateur (pour l’interface web), à personnaliser son réseau Wi-Fi (nom, mot de passe et délai de mise en veille) et à mettre à jour le firmware.

L’interface maison permet ensuite de consulter l’opérateur, la nature (4G, 4G+, 5G…) et l’intensité du signal cellulaire, l’état de la batterie ou encore le volume de données échangées depuis la dernière échéance (paramétrable). Elle permet aussi de modifier la plupart des paramètres : connexion cellulaire (APN, 4G ou 5G…), connexion Wi-Fi (bandes, portée, réseau invité…), activation du « délestage wxs Wi-Fi ou Ethernet… Une fonction SMS rudimentaire est également intégrée, de quoi recevoir des messages d’authentification par exemple, ce qui ne mange pas de pain.

Malheureusement, la traduction française est, comme souvent, de mauvaise qualité. Le menu « Portée WiFi » par exemple propose un réglage « Étendu » (tant pis pour l’accord au féminin) qui devient « Accélérer » dans le menu supérieur. Basculer l’interface en anglais permet de comprendre que c’est une mauvaise traduction (automatique ?) de « Boost ». Dans le menu des paramètres, on peut lire « Afficher » ou « Verrouiller » au lieu de « Affichage » et « Verrouillage », et le premier devient même « Ecran » lorsque l’on clique dessus. C’est indigne d’une multinationale comme Netgear. Nous conseillons aux anglophones de basculer l’interface en anglais, les intitulés étant en outre plus explicites.

Le tactile est par ailleurs perfectible, il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour cliquer sur un bouton, notamment sur les petites touches du clavier virtuel (Qwerty et non Azerty). Mais cette interface est bien pratique malgré tout.

Une application mobile défaillante depuis des années

L’écran tactile a en tout cas le mérite de dispenser d’utiliser l’application mobile défaillante. Celle-ci indique 8 fois sur 10 que le routeur n’est pas pris en charge, comme nous l’avons constaté et comme le signalent de nombreux utilisateurs sur l’App Store et sur le Play Store depuis plusieurs années.

De toute manière, la traduction française de l’application est encore pire que celle de l’écran tactile. Et l’interface, visiblement conçue avec une solution multiplateforme, comme celle de l’application pour les routeurs fixes Nighthawk et Orbi, est bancale sur Android comme sur iOS. Certains boutons apparaissent sous la barre inférieure sur iOS, d’autres sont décalés sur Android.

Enfin une interface web digne de ce nom

Fort heureusement, l’interface web est à la hauteur. Elle donne accès à tous les réglages, y compris depuis un mobile puisqu’elle est responsive. Sur l’échelle de la qualité, elle se situe quelque part entre l’interface web préhistorique, partagée par les routeurs fixes des gammes Nighthawk et Orbi, et celle quasi irréprochable partagée par le switch Multi-Gig Nighthawk SX10 et certains équipements de la gamme professionnelle. Même la traduction française est convenable.

Contrairement à l’écran tactile, l’interface web donne accès à la fonction de contrôle parental gratuite d’OpenDNS, à une fonction de filtrage web (liste noire ou blanche) ou encore à des fonctions de filtrage et de redirection de ports (inutiles en cellulaire faute d’adresse IP publique).

Un routeur polyvalent et performant

Passons maintenant en revue les différents modes de fonctionnement du produit et testons leurs performances.

Routeur « mobile mobile »

Le Netgear Nighthawk M5 est en premier lieu un routeur qu’on pourrait qualifier de « mobile mobile », c’est-à-dire un routeur nomade qui se connecte à un réseau de téléphonie mobile. Il peut servir à connecter un ordinateur portable à internet depuis un café, une voiture ou un train, par exemple.

Il dispose pour ce faire d’une batterie de 19,4 Wh, qui assure facilement une grosse journée de travail. En 12 heures de navigation web, de musique et de vidéo en ligne depuis un ordinateur et deux smartphones, nous sommes passés de 100 % à plus ou moins 40 %. L’autonomie est donc suffisante pour qu’on puisse désactiver la veille Wi-Fi et laisser le routeur toute la journée dans un sac ou dans une poche de manteau (l’appareil mesure 10,5 x 10,5 x 2,2 cm et pèse 240 g). Autrement il faut réveiller le Wi-Fi d’une pression courte sur le bouton Power. Malheureusement cette batterie se recharge lentement, puisqu’il faut environ 4 h 30 min pour passer de 0 à 100 %, que ce soit avec le chargeur USB-A de 16,2 W fourni ou avec un chargeur USB-C de 30 W, l’appareil étant compatible Qualcomm QuickCharge 2.0, mais visiblement pas USB-PD.

Les performances en cellulaire sont, sans surprise, très variables. Ce n’est que le début de la 5G en France et les opérateurs ne lui accordent encore, à juste titre compte tenu du faible taux d’équipement, qu’une fraction de leurs bandes de fréquences. Selon le lieu, le moment et peut-être même la phase de Lune, les débits varient d’un facteur 10 et il n’est pas rare que la 4G soit plus rapide. On peut d’ailleurs désactiver la 5G en quelques clics, notamment via l’écran tactile.

Avec le routeur posé derrière la baie vitrée d’un appartement couvert par une antenne SFR située à deux blocs, nous obtenons plus ou moins 150 Mb/s en réception et 10 Mb/s en émission en 5G 3500 MHz, tandis que nous atteignons respectivement 200 et 20 Mb/s en 4G+ (agrégation de plusieurs bandes de fréquences).

Mais en extérieur à proximité immédiate d’antennes 5G d’Orange et de SFR, qui nous ont prêté des cartes SIM compatibles pour l’occasion, on obtient facilement respectivement 400 et 80 Mb/s, et jusqu’à respectivement 850 et 90 Mb/s avec une antenne en ligne directe !

Il faut préciser que le Wi-Fi du routeur est un facteur limitant, puisqu’on ne dépasse pas 350 Mb/s en 5G vers Wi-Fi 6 (avec un MacBook Air M1), alors qu’on obtient de bien meilleurs scores en le reliant à un ordinateur via son port USB 3.1 Gen 2.

Routeur cellulaire fixe

Mais les routeurs mobiles Netgear Nighthawk disposent en plus d’un port Gigabit Ethernet, qui permet de passer outre les limites du Wi-Fi intégré (performances et maximum de 32 appareils). On peut y relier un seul ordinateur, un switch Ethernet ou bien un point d’accès à un routeur Wi-Fi plus performant.

Le routeur dispose d’un port Gigabit Ethernet, d’un port USB-C USB 3.1 Gen 2 et de deux prises TS9 pour une antenne externe

Le Nighthawk M5 peut ainsi faire office de routeur cellulaire fixe, comme alternative au Netgear Orbi 4G que nous avons testé et aux box 4G commercialisées par les opérateurs, en remplacement ou en complément d’une connexion à internet fixe trop lente ou trop instable. À cet effet, la batterie est amovible et on peut la retirer pour la préserver en cas d’utilisation prolongée sur secteur.

Routeur fixe avec failover

Enfin, le routeur mobile de Netgear peut servir… de routeur fixe, avec ou sans connexion cellulaire de secours. On peut effectivement le configurer pour qu’il se connecte à internet via son port Ethernet ou via Wi-Fi.

On peut se connecter à un réseau filaire existant pour couvrir une zone avec son propre réseau Wi-Fi, auquel tous ses appareils se connectent automatiquement. Relié à notre connexion FTTH à 1 Gb/s, le routeur délivre alors 500 Mb/s en Wi-Fi 6 et 650 Mb/s en USB.

Connecté à internet via Ethernet (mais pas via Wi-Fi), l’appareil propose en plus la fonction failover, avec laquelle il bascule automatiquement sur la connexion cellulaire en l’absence de connexion Ethernet. La bascule est quasi instantanée, dans un sens comme dans l’autre, alors qu’elle prend plus d’une minute sur le Netgear Orbi 4G, dont c’est pourtant l’une des fonctions principales. On peut ainsi regarder le direct sur myCanal sans interruption lorsqu’on débranche et rebranche le câble Ethernet, par exemple.

On peut aussi se connecter à un réseau Wi-Fi, celui d’un hôtel par exemple, et ainsi contourner l’éventuelle limite d’appareils. On passe le possible portail captif (numéro de chambre, voucher…) depuis un de ses appareils, puis tous les appareils passent pour un seul. Relié à notre point d’accès Wi-Fi 6, on obtient seulement 50 Mb/s en Wi-Fi, mais 400 Mb/s en Ethernet ou en USB.

Le Nighthawk M5 n’aime décidément pas les connexions sans fil simultanées, comme le montrent nos tests en 5G vers Wi-Fi ou en Wi-Fi vers Wi-Fi. C’est anecdotique pour la plupart des utilisateurs, mais ceci vaut aussi en local : on plafonne à 220 Mb/s entre deux ordinateurs connectés au routeur en Wi-Fi, alors qu’on atteint 660 Mb/s entre deux ordinateurs connectés l’un en Wi-Fi 6 l’autre en Ethernet.

Enfin, le routeur propose deux puissances de signal Wi-Fi. Le réglage faible suffit amplement en utilisation mobile. Il est en revanche insuffisant pour couvrir entièrement un appartement quasi carré de 50 m² en 5 GHz. Les débits plafonnent par endroit à 25 Mb/s en 2,4 GHz. Avec le réglage fort, la portée est suffisante pour maintenir 80 Mb/s en 5 GHz.

Prix et disponibilité

Le marché des routeurs cellulaires est une niche, celui des routeurs mobiles 5G l’est encore davantage, ce qui ne suscite pas une grande concurrence. En l’occurrence, le HTC 5G Hub semble avoir été abandonné et le Huawei 5G Mobile WiFi Pro est introuvable en Europe, sauf en Suisse, ce qui fait du Netgear Nighthawk M5 le seul routeur mobile 5G facilement accessible sur le marché français. Il est vendu la coquette somme de 800 euros. On le trouve sur la boutique en ligne du fabricant, chez Amazon, Boulanger, Cdiscount, Darty ou encore LDLC.

Note finale du test
7 /10
Le Nighthawk M5 délivre des performances de premier ordre et une grande fiabilité. Mais comme souvent chez Netgear, la mauvaise qualité des applications mobiles et des traductions en français gâchent la fête. Elles sont indignes d’une telle multinationale et d’un tel positionnement tarifaire.

La 5G étant la technologie de téléphonie mobile pour au moins les 10 prochaines années, la longévité, les performances et la polyvalence de l’appareil peuvent néanmoins justifier l’investissement. Le M5 peut effectivement remplacer une box fixe, un routeur de voyage, et dispenser d’acheter les versions 4G de différents appareils. Le tout avec un seul abonnement (ou avec une Multi-SIM), ce qui peut s’avérer rentable selon les cas.

Points positifs
Netgear Nighthawk M5

  • Grande polyvalence

  • Performances globales

  • Interface web

  • Disponible chez les grands revendeurs (contrairement aux produits Huawei)

Points négatifs
Netgear Nighthawk M5

  • Performances Wi-Fi en utilisation simultané

  • Qualité des applications mobiles

  • Qualité des traductions

  • Prix excessif

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