Il y a un problème avec les étiquettes : aujourd’hui plus que jamais, nous cherchons à en poser, partout. Paradoxalement, à notre époque, ces étiquettes ne font plus sens. Car la nuance a pris le dessus. Alors, imaginez que l’on vous confie un VTT à assistance électrique Moustache Samedi 20 Game 9 à 6 999 euros TTC. La première remarque portera sur le prix. Ensuite, vous expliquerez que clairement, c’est « overkilled » pour vous et pour finir, que ce n’est pas du sport. Je me disais la même chose avant cet essai et je me suis bien trompé.
C’est parti pour le test du Moustache Samedi 29 Game 9.
Fiche technique
Modèle | Moustache Samedi 29 Game 9 |
---|---|
Puissance du moteur | 250 watts |
Nombre d’assistances | 5 |
Autonomie annoncée | 129 km |
Batterie amovible | Oui |
Bluetooth | Oui |
GPS | Non |
Écran | Oui |
Poids | 24,2 kg |
Couleur | Noir, Vert |
Poids maximal supporté | 140 kg |
Prix | 6999 |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Moustache.
Une évolution des VTTA Game et Trail pour plus d’endurance et de connectivité
Moustache Bikes a adopté l’approche des constructeurs de cycles traditionnels : travailler le cadre, la géométrie générale, le plaisir au guidon, en créant certaines pièces et en se fournissant auprès d’entreprises spécialisées pour d’autres. Les VTTAE Game et Trail ont eu droit à un lifting en profondeur. D’abord en adoptant la nouvelle solution Bosch Smart System, puis en revoyant leur géométrie totalement repensée afin de s’adapter à ce nouvel ensemble Bosch.
Un système plus endurant, connecté et modulable
Ce système se compose d’une grosse batterie de 750 Wh, d’un écran amovible et d’une commande de contrôle. C’est cette commande qui est le cerveau du système. Cela permet de retirer l’écran ou de le remplacer par un support smartphone dédié (pour avoir accès à Google Maps par exemple).
Une application disponible sur l’App Store et le Play Store (appelée Flow) permet d’avoir la même interface sur son smartphone. Le système est connecté, embarque un GPS maison et peut s’associer à Strava ou Komoot (pour mesurer ses « perfs »). Le moteur Performance CX a été un poil remanié pour être un chouya plus compact, mais rien de significatif.
La grosse nouveauté, c’est cette « grosse » batterie qui prend une poignée de centimètres en plus par rapport à celle équipant les anciens modèles et qui rentrait déjà au chausse-pied. Tout ça, c’est bien sympa, mais côté fonction, c’est un peu laborieux. Il faut de toute évidence se connecter, se créer un compte et associer le vélo. Puis espérer que cela fonctionne. Nous sommes trois à ne pas avoir réussi à récupérer les données de la sortie (gestion de l’effort, électricité utilisée, km parcourus, etc.).
Les mises à jour étant déployées à distance, tout ceci devrait s’améliorer avec le temps.
Une géométrie totalement repensée pour garder la taille de cadre S
Les concepteurs de Moustache ont ainsi retravaillé la géométrie pour garder un bon équilibre des masses. Par exemple, ils ont repensé le système de verrouillage de la batterie avec une solution maison : initialement, le « Lock » pèse presque 300 grammes et mesure 5 centimètres d’épaisseur.
En le remplaçant par une pièce maison, ils ont gagné 200 grammes et surtout 25 mm. Ces 25 mm ont permis de contenir la longueur du tube oblique et du tube supérieur, et donc de garder un cadre taille S avec cette batterie.
À partir de là, tout a été adapté en conséquence. Un travail minutieux teinté d’empirisme dont les validations ont été faites lors d’essais pour éviter les erreurs engendrées par une confiance aveugle accordée à la P.A.O.
La selle télescopique : indispensable
On termine les évolutions par la fonctionnalité qui change la donne : la selle télescopique. Rien d’extraordinaire pour les utilisateurs de chaises à roulette puisque le fonctionnement est le même : on presse un levier et on ajuste la hauteur de la tige de selle en s’appuyant dessus.
C’est terrible d’efficacité, puisqu’on peut la baisser totalement lorsqu’on n’en a pas besoin, pour gagner en confort et agilité, et la monter au maximum sur les sections nécessitant d’être assis. Le coup de main est légèrement difficile à prendre au départ, mais on s’y habitue finalement vite : ça en devient même un régal.
Des VTTAE pour les fainéants ?
Le VTT regroupe plusieurs activités à vélo : du cross-country pour des parcours longs, mais sans dénivelés trop violents, du all-mountain pour une pratique similaire mais avec des passages très raides en monté comme en descente, de la descente pure. Dans une autre mesure, l’enduro, le trial, le marathon ou le dirt demandent énormément de pratique et de techniques.
Dans tous les cas, on subit la gravité et ses propres limites physiques. Si à 20 ans, on se sent capable de tout, lorsqu’on approche du double, pour peu qu’on en pratique pas énormément, c’est plutôt l’inverse. On n’a pas suffisamment de temps à consacrer pour réellement performer, voire pas du tout les moyens physiques de le faire. C’est là qu’intervient le VTT à assistance électrique.
On y perd au niveau du poids, clairement. Mais on y gagne en sécurité et en plaisir.
On ne va pas se mentir, le décor donne envie de faire n’importe quoi
Certains secteurs impossibles d’accès avec un vélo sec sont ici domptés avec une facilité déconcertante. J’utilise quotidiennement un VTTAE doté de 60 Nm de couple. Sur le Game 9, je disposais de 85 Nm. La différence est palpable : il n’y a pas photo. Le système Bosch s’est bonifié avec le temps. La fluidité est désormais totalement au rendez-vous sans cette sensation ON/OFF qui persistait encore sur les anciennes versions.
C’est l’aspect intéressant : une assistance forte transforme la sortie en balade tranquille, une assistance faible voire désactivée permet de performer et de se donner à fond. L’assistance électrique, c’est ce choix.
Gaëtan Dupin photographié par Grégoire Céas.
Mais il y a un autre argument en faveur de l’assistance : le lissage de l’effort. Vous souhaitez mordre la poussière ? Coupez l’assistance ou mettez-vous en « éco ». L’avantage, c’est qu’avec l’assistance, vous pouvez choisir, sur un long parcours, les portions sur lesquels vous allez performer et celles sur lesquelles vous vous économiserez (comme du plat long en VTT). C’est un moyen de lisser l’effort qui est d’ailleurs de plus en plus plébiscité chez les professionnels.
A-t-on besoin d’un VTTAE à 6999 euros ?
On ne va pas se mentir, si vous ne comptez pas en faire régulièrement, un tel vélo est exagéré en matière de prix. Mais n’imaginez pas diviser le prix par cinq non plus.
La première raison vient du terrain et du besoin d’un vélo capable de gérer les situations délicates : des pierres qui bougent, une surface meuble, des chocs sur les jantes, les rayons, les torsions appliquées au cadre. Au bout de quelques sorties, vous risquez de devoir repasser à la caisse. Là où un vélo sec est totalement dépendant de votre niveau, un VTTAE doit gérer bien plus, puisqu’avec, vous irez plus loin, plus fort, plus vite, presque à l’extrême limite. Or, à chaque sortie, les pièces fatiguent et le surpoids du vélo lui-même n’aide pas.
Cela signifie que l’écart déjà significatif entre un VAE et un vélo sec de type urbain se creuse encore plus entre un VTTAE et un VTT sec.
Ajoutez à ça la pénurie de pièces faisant que chaque casse importante se traduit par une immobilisation du vélo. Vous êtes face à un choix difficile : signer un gros chèque de suite ou tenter le coup sur moins cher, ou rester sur un VTT sec sans assistance, plus solide mais limité à votre niveau qui progressera cependant rapidement.
Pour résumer, de ma petite expérience, j’aurais tendance à vous orienter soit sur un excellent VTT sans assistance, soit sur un très, très bon VTT à assistance, mais il faudra y mettre le prix. L’entre-deux est rarement la meilleure des solutions.
Le Moustache 29 Game 9 dans l’effort
Il n’y a rien à reprocher au vélo, en tout cas, à mon niveau.
Les freins Shimano hydrauliques XT M8120 à quatre pistons sont mordants et d’une progressivité hallucinante.
La géométrie du cadre en aluminium est idéale, l’équilibre parfait avec une facilité à cabrer qu’on ne boudera pas. Le shifter est peut-être le point fragile, dans le sens où il faudra faire attention aux changements de vitesse pour éviter de tuer la cassette. Mais la marge est énorme pour abîmer une transmission Shimano XT dont la cassette est en 10-51.
Les suspensions ne sont jamais mises à mal. D’un côté, la suspension centrale maison, une fois bien réglée, procure un amorti suffisant pour absorber les chocs, mais assez ferme pour ne pas engloutir toute l’énergie du cycliste. De l’autre, la suspension avant assurée par une fourche Fox Float 38 Factory E-Bike GRIP2 offrant 170 mm de débattement offre une excellente précision. Il est évidemment possible de la bloquer pour optimiser le rendement selon la situation.
Cailloux branlants, surface meuble, changement de revêtement : même si vous faites n’importe quoi dans ces moments critiques, la roue sera collée à la surface. J’ai tenté un levé de roue léger, dans l’élan, sur une surface oblique avec un revêtement un peu plus glissant : l’avant a décroché, puis le vélo a immédiatement rétabli le contact. Je ne compte les erreurs non volontaires qui m’auraient mis au sol et qui ont été rectifiées par le vélo.
Les pneus Maxxis Assegai 3C MaxxTerra de 29 pouces ne craignent ni cailloux, ni branche, ni débris et adhèrent parfaitement au sol. Sur surface sèche tout du moins, puisque nous n’avons pas eu de zones humides suffisantes pour se faire une idée.
Une autonomie à sous-estimée
Ayant un gabarit important, j’ai sollicité tous les modes d’assistance : de l’E-MTB (le mode le plus adapté à l’ascension en VTT) au Turbo (le plus énergivore) en passant par l’Eco. Sur 20 kilomètres de sortie, à peine 45 % d’autonomie a été utilisée. Certains avaient à peine consommé 20 %. Les 43 kilomètres annoncés par la marque sont largement atteignables. Mais mieux : cela signifie que vous pouvez organiser une sortie d’une longue journée et rentrer à vélo sur le reste de la batterie sans problème.
La batterie n’est pas verrouillée par clé. Pour les raisons d’encombrement évoquées plus haut dans le test, ce système a été remplacé. Il y a bien une sécurité par vis, en haut à l’intérieur du tube oblique, mais pas de clé. L’avantage : la batterie reste amovible et peut être rechargée séparément.
Comptez en revanche 4 heures de charge. C’est long, c’est un fait. Le coût de la batterie de remplacement n’a pas été communiqué, mais les prix ont tendance à tourner entre 600 et 800 euros. Les délais, eux, oscillent entre plusieurs mois et un an.
L’égo aidé par le vélo
Lors de notre sortie, nous avons été accompagnés par Gaëtan Dupin, un VTTiste aguerri. Autant dire que toutes les mauvaises habitudes ont été passées en revue, afin de progresser. Les résultats sont immédiats : un meilleur équilibre sur le vélo, une gestion de l’effort optimisée, la possibilité de franchir des passages impensables avant, notamment les montées.
C’est là qu’on se rend compte de la fatigue imposée aux différents organes du vélo. Mon B-Twin à 250 euros n’aurait pas fait le poids, logique. En revanche, mon VTTAE Sunn Flash S2, semi-rigide, aurait certainement encaissé autant. C’est plutôt moi qui n’aurais pas pu effectuer les mêmes actions avec.
Quand tu sors de chez toi en oubliant le charisme. Photographie par Grégoire Céas.
On dérive un peu sur l’essai du vélo à proprement parler, mais c’est paradoxalement sur ce point que tout se joue : vous trouverez des VTTAE moins onéreux, dans la même gamme chez une marque concurrent, qui seront capables d’encaisser tout autant, qui permettront un beau nombre de folies, mais qui seront limités par vos capacités. La solution est peut-être là. Et la réponse à la question initiale aussi : investir 6999 euros ne vous donnera pas un vélo d’un niveau trop important pour vous, mais compensera sûrement beaucoup trop vos limites.
C’est la raison qui fait que nous avons adoré ce modèle : il assure le job, que vous soyez novice ou pro. Cela tranche avec des vélos de route carbone par exemple, bien trop exigeants et nécessitant une certaine pratique et un certain niveau.
Un VTT en milieu urbain ?
Faire des trajets urbains en VTT ? À un tel tarif qui plus est ? En voilà une idée grotesque de prime abord. Mais lorsqu’on y réfléchit, ne posséder qu’un seul vélo assurant dans tous les domaines offre un gain de place et une économie non négligeable. Alors oui, c’est parfaitement faisable. Mais on déconseillera d’y monter un siège enfant. Cela faussera totalement le réglage de la suspension centrale puisque sur un VTT, la fixation du siège se situe sur la selle. Selle qui est télescopique et directement liée à l’amortisseur central.
Oubliez également les sacoches, les paniers pour transporter E.T et tout autre accessoires de commuter. L’utiliser pour le vélo-taff revient à aller travailler en Alfa Romeo 4C ou en BMW X1000RR.
Si ces contraintes vous conviennent, alors vous pourrez faire un détour par la forêt en rentrant du bureau et vous faire plaisir sans la moindre crainte (enfin, la règle veut qu’on ne tente rien de fou lorsqu’on est seul). La polyvalence en dehors d’un cadre VTT est logiquement limité, mais la pratique, la sensation au guidon et le plaisir sont bien présents.
Donc oui, le Moustache Samedi Game 9 peut parfaitement servir de vélo-taf, même s’il n’a absolument été conçu pour ça.
Un presque sans faute
Difficile de faire mieux que ce VTT électrique, y compris du côté pro. Tout a été pensé pour l’efficacité et l’accessibilité. Un vélo qui convient au pro en recherche de performances mais aussi à l’amateur passionné qui a les moyens financiers.
Ce n’est pas qu’une configuration empilant des composants haut de gamme, mais une harmonie dans le but de délivrer un outil plaisant qui ne vous lâchera pas, quel que soit votre niveau.
Pour ne rien gâcher, il est aussi visuellement très réussi. L’intégration su système Bosch ajoute les derniers gadgets tech. Pour résumer, une pépite.
Prix et disponibilité
Le Moustache Samedi 29 Game 9 est disponible sur le site officiel de la marque au prix de 6999 euros.
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