Trois ans et trois mois : voilà le temps qu’aura attendu DJI pour mettre à jour sa gamme phare de drones pliables. Officialisé début novembre 2021, le Mavic 3 se faisait attendre depuis de longs mois par la communauté et par les fans de la marque. Nouveau capteur micro 4/3, définition 5,1K, ralenti 120 images par seconde en 4K, module téléobjectif, détection d’obstacles multidirectionnelle, amélioration du système de transmission vidéo, autonomie record et bien d’autres : DJI a sans surprise mis le paquet et promet une “imagerie au sommet”.
S’il serait tentant de comparer exclusivement le Mavic 3 à ses prédécesseurs les Mavic 2 Pro et 2 Zoom, il faut comprendre que les gammes de DJI commençaient dernièrement à perdre en sens. Nous pensons ici à la pertinence du positionnement tarifaire de l’Air 2S dévoilé en avril 2021 : pourtant situé dans la gamme intermédiaire de DJI, ce drone compact marchait clairement sur les plates-bandes des Mavic 2, tant au niveau de la taille du capteur que des fonctionnalités logicielles. Le tout récent Mavic 3 vient donc redorer le blason de la gamme, et il pourrait même être comparé à l’Inspire 2, ce drone purement destiné à la prise de vue professionnelle. Nous avons testé le Mavic 3 en tant qu’utilisateur grand public et une chose est sûre : nous avons du mal à comprendre le retrait du “Pro” dans le nom de ce Mavic 3 tant il a tout d’un grand.
Ce test a été réalisé avec un drone Mavic 3 prêté par la marque.
Un Mavic dans l’âme
Le Mavic 3 reprend sans surprise le format pliant des drones de loisirs de DJI. Ce dernier a largement fait ses preuves sur les gammes de la marque en permettant un encombrement minimum une fois le drone plié. Logiquement, le Mavic 3 est le plus imposant des drones pliables de DJI : il s’inscrit en haut de la chaîne, après la gamme Mini et la gamme Air.
S’il est également légèrement moins compact que le Mavic 2 Pro, la différence n’est clairement pas handicapante, que cela soit pour le transport du drone ou son utilisation dans les airs. Le Mavic 3 affiche 895 grammes sur la balance (899 grammes pour la version Cine Premium). Cette masse tout juste inférieure à 900 grammes n’est pas anodine, mais nous reviendrons dessus un peu plus tard.
La qualité de fabrication à laquelle DJI nous a habitués est au rendez-vous. Le drone inspire confiance à bien des niveaux : impression de robustesse, manipulation naturelle pour déplier les bras… Cette année, le constructeur a même pensé à bloquer la nacelle après extinction du drone. C’est bête, mais ce genre de détails est très appréciable. Cela permet, en plus de faciliter le rangement du drone, d’assurer un maximum de protection à la nacelle lors du transport. À ce sujet, DJI livre son Mavic 3 avec une protection de stockage qui a tout l’air d’une muselière. Fait assez rare pour être souligné, cet accessoire est très bien pensé, facile à installer et protège la nacelle ainsi que les hélices. À l’image de ses coques de protection pour les Osmo Pocket et Pocket 2, DJI démontre encore une fois son certain soin du détail.
Le double module à l’avant du drone est certainement l’élément qui permet de différencier le mieux visuellement le Mavic 3 de ses frères. Nous reviendrons évidemment sur ses caractéristiques vidéo, mais sachez qu’il embarque une télécaméra en plus de la caméra principale. En frappant le côté supérieur gauche du bloc caméra d’un joli logo Hasselblad, DJI nous rappelle sa prise de participation majoritaire dans le fameux fabricant suédois.
La marque ne communique pas sur les moteurs utilisés et indique simplement une vitesse maximale légèrement supérieure à celles des Mavic 2 et des autres drones pliables de la marque. Comptez 75 km/h pour le Mavic 3 contre 68,4 km/h pour l’Air 2S et 57,6 km/h pour le Mini 2. Les hélices du Mavic 3 bénéficient du mécanisme quick release et sont donc très facilement remplaçables : une simple pression/rotation suffit.
Gamme Mavic oblige, le drone est bardé de capteurs de détection d’obstacles. Leur placement a été intelligemment revu, à l’image des capteurs placés dans les coins à l’avant et à l’arrière : ils permettent de couvrir une plus large zone qu’un capteur placé uniquement à l’avant ou sur le côté. On retrouve aussi des capteurs supérieurs et inférieurs, en plus de l’habituel système de détection infrarouge pour l’atterrissage. Le Mavic 3 profite ainsi d’une détection d’obstacles omnidirectionnelle. Nous avons testé les performances du drone à ce niveau, mais il faudra attendre la partie dédiée de ce test pour lire nos conclusions.
Les capteurs inférieurs à gauche, les capteurs arrières/latéraux à droite
Terminons le tour de propriétaire à l’arrière du drone, où nous retrouvons la trappe pour la microSD et le port USB-C. C’est avec lui que vous devrez recharger votre Mavic 3 puisque la batterie de ce dernier est dépourvue d’un tel port. Elle est cependant compatible avec la station de recharge vendue par DJI en supplément et comprise dans les versions Fly More et Cine Premium. Comprenez qu’avec la version classique du Mavic 3, il faudra impérativement laisser la batterie dans le drone pour la recharger.
La batterie du Mavic 3 se retire par l’arrière, là où celle des Mavic 2 se retirait par le haut
À noter que la batterie du Mavic 3 compte pour 37 % de sa masse totale. En parlant de masse, il est justement temps de faire un rapide point sur la législation en vigueur pour le nouveau drone haut de gamme de DJI.
Réglementation
Le Mavic 3 n’a pas de marquage classe CE, du moins à l’heure où nous écrivons ces lignes fin février 2022. Il n’est pas impossible que le drone soit prochainement marqué C1, c’est-à-dire la classe dédiée aux drones pesant entre 250 grammes et 900 grammes — DJI a bien évidemment prévu le coup en respectant à quelques grammes près cette limite. Le marquage C1 est espéré par les professionnels, car moins contraignant, notamment sur la question du survol de personnes.
Ainsi le Mavic 3 vole pour le moment en catégorie dite ouverte et doit donc se plier aux habituelles réglementations européennes inhérentes. Citons l’interdiction de voler de nuit et de survoler des personnes, des zones sensibles, des propriétés privées et des agglomérations. La hauteur de vol maximale est de 120 mètres — et plus de 150 mètres. Le drone doit toujours rester dans le champ de vision du pilote. Si ce n’est pas déjà fait, n’oubliez pas de passer la formation en ligne pour ladite catégorie ouverte. Il faudra également penser à enregistrer votre nouveau jouet sur AlphaTango, puis apposer votre numéro d’exploitant directement sur le drone.
Pas de RC Pro, mais une transmission ultra-fiable
Radiocommande
La radiocommande livrée avec le Mavic 3 est la même que celle vendue avec le Mini 2, Air 2 et Air 2S. La marque s’est sûrement dit qu’il n’était pas nécessaire de proposer une nouvelle version de sa radiocommande quand l’actuelle fait du très bon travail. Cette dernière est en effet très bien pensée : sa prise en main est agréable et embarque juste ce qu’il faut de boutons physiques, bien qu’on ne refuserait pas un second bouton personnalisable.
En plus des deux joysticks à l’avant, comptez un bouton pour allumer la radiocommande, un bouton dédié au décollage/RTH, un curseur pour basculer entre les modes Cine, Normal et Sport, ainsi qu’une touche photo/vidéo et une touche personnalisable. L’index ou le majeur gauche tombe sous l’habituelle molette d’inclinaison de la nacelle tandis que le droit vient se poser sur le bouton d’enregistrement.
Comme d’habitude, les joysticks se dévissent et viennent se loger dans des espaces dédiés de la tranche inférieure de la radiocommande pour faciliter son rangement. Le téléphone se place quant à lui au-dessus du tout grâce à un système de glissière rétractable et se connecte grâce à l’un des trois câbles fournis — USB-C et microUSB pour Android, Lightning pour iOS. Il ne faut pas hésiter à changer le téléphone de sens pour éviter que la glissière n’appuie continuellement sur le bouton de verrouillage ou sur les boutons de volume.
Ceux qui veulent le luxe de ne pas avoir à connecter et utiliser leur smartphone pour piloter le Mavic 3 devront allonger le budget pour acquérir la fameuse radiocommande DJI RC Pro, dotée d’un écran 1080p de 5,5 pouces affichant une luminosité maximum de 1 000 nits. Elle embarque également une connectique plus généreuse avec un port mini-HDMI, un port USB Type-C et un emplacement pour carte microSD. Bon à savoir : la RC Pro est depuis peu (fin janvier 2022) compatible avec le DJI Air 2S.
Transmission
Qui dit nouveau drone DJI dit nouvelle version de transmission. Déjà excellent sur les derniers drones de la marque, le système de transmission maison OcuSync a droit à sa version 3+ sur le Mavic 3. Sur le papier, cette transmission O3+ est capable d’assurer une portée de transmission maximale de 15 kilomètres en paysage dit “ouvert”, entre 3 à 9 kilomètres dans des zones un peu plus sujettes aux interférences et jusqu’à 3 kilomètres en centre-ville — où les interférences sont logiquement bien plus présentes. Revenons sur terre : en plus d’être purement théoriques, ces données ne peuvent pas refléter un vrai cas d’usage avec la législation en vigueur puisqu’un pilote doit garder son drone à vue d’œil.
Grâce à notre vision de faucon pèlerin (et pour les besoins du test), sachez que la liaison de notre Mavic 3 n’a pas bronché lorsque nous l’avons poussé à plus de 1 100 mètres de notre position. C’est tout à fait bluffant : le retour vidéo est resté parfaitement fluide, sans aucune coupure. Notez que nous étions en pleine montagne et que le drone captait une quinzaine de satellites à ce moment — contre plus d’une vingtaine en général. Dans des situations plus raisonnables et à plus faible altitude, le Mavic 3 n’a eu aucun souci à aller chatouiller la barre des 750 mètres de distance (au-dessus d’une forêt et sans obstacle majeur), mais la liaison a montré ses limites lorsque nous avons envoyé le drone au-dessus d’une falaise à environ 450 mètres de notre position, en bas de ladite falaise — qui représente ici un bel obstacle.
Inutile de s’éterniser : retenez que la version O3+ du système de transmission de DJI est excellente. Elle rend l’expérience de vol agréable et offre une sacrée tranquillité d’esprit : nous n’avons eu aucune coupure majeure ni déconnexion lors de notre vingtaine de vols, et ce dans différentes situations — hautes altitudes en montagne, zones venteuses près des côtes… Bref, on fait confiance au drone et on peut donc se concentrer pleinement sur la prise de vue.
Enfin, cette transmission permet un retour vidéo jusqu’en 1080p à 60 images par seconde, une première pour un drone DJI. Combiné à une latence de 130 ms, ce retour haute définition permet un pilotage réactif et donc des enregistrements précis.
Une qualité d’image indéniable, un téléobjectif accessoire
Le Mavic 3 marque un bond en avant de la qualité d’image sur les drones pliables de la marque, du moins sur la fiche technique. Déjà excellentes sur les Mavic 2 Pro et 2 Zoom, les caractéristiques des caméras du nouveau Mavic 3 ne sont pas là pour rigoler. “Des”, car oui, il embarque deux modules.
Le premier n’est autre qu’un capteur micro 4/3. Une telle taille permet forcément de capter plus de lumière et il faut rappeler que celle des Mavic 2 Pro et Air 2S était quasiment deux fois plus petite — capteur 1 pouce. Surtout, et comme nous l’évoquions dans notre article d’annonce du Mavic 3, ce format 4/3 n’est pas sans rappeler celui de la reconnue série GH de Panasonic, mais aussi celui de la nacelle Zenmuse X5S, compatible avec le drone de cinéma DJI Inspire 2 — qui est bien plus massif et onéreux que le Mavic 3. Rien que ça. Il serait tentant de dire que ce dernier ridiculise désormais l’Inspire 2, mais tout ne se joue pas sur le format de capteur intégré.
Retenez qu’en intégrant un capteur 4/3 (signé Hasselblad soit dit en passant) sur un drone pliable, DJI a clairement mis les petits plats dans les grands. Ajoutant à cela une optique à ouverture variable de f/2,8 à f/11 et cet ensemble permet au pilote une sacrée liberté pour ajuster les paramètres de la caméra. On se retrouve sans surprise avec de meilleurs détails, une meilleure gestion des fortes dynamiques (plage de 12,8 stops) et une meilleure gestion du bruit. Autant dire qu’il va être compliqué de rater un plan, même pour les débutants.
Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à tirer parti du potentiel de la caméra en augmentant les ISO lors des situations compliquées. Ici, on remarque que le Mavic 3 propose un bruit exploitable à ISO 800 et affiche logiquement une perte de détails non négligeable à partir de 1600. Une performance que les autres drones pliables de la gamme ne peuvent techniquement pas atteindre.
Côté définition, ce premier module plafonne à 20 mégapixels pour les photos, tout comme le Mavic 2 Pro et l’Air 2S qui ont pourtant des capteurs plus petits. Dommage pour ceux qui souhaitaient un gain de mégapixels pour recadrer leur image ou en faire des tirages. D’un autre côté, les pixels sont plus gros et capturent donc plus de lumière.
Le Mavic 3 peut enregistrer jusqu’en 5,1 K (5120 x 2700 pixels) de 24 à 50 images par seconde. En DCI 4K (4096 x 2160 pixels) ou en 4K (3840 x 2160 pixels), les fréquences d’images oscillent quant à elles de 24 à 120 fps. Comptez jusqu’à 200 images par seconde en 1080p. Assez parlé, voici de quoi est capable le Mavic 3 dans différentes situations.
Les images ci-dessus ont été enregistrées en profil de couleur normal. Autrement dit, ce ne sont pas les plus belles images que vous pouvez obtenir avec ce drone — pour ne pas dire que ce sont les moins jolies. Eh oui, le Mavic 3 a beau être catégorisé comme un drone de loisirs par la marque, il reste dédié aux professionnels, ou à cette fameuse catégorie que représentent les prosumers. Comprenez qu’il serait bête d’acheter un drone avec un tel potentiel sans utiliser le profil de couleur D-Log 10 bits proposé par DJI. Ce dernier permet une liberté bien plus importante à l’étalonnage. Ci-dessous, on compare deux mêmes images, l’une tirée d’une vidéo en profil de couleur normal, l’autre en D-Log.
En appliquant un lut Rec. 709 et un léger ajustement des contrastes, on se rend compte de la netteté et du contraste appliqués artificiellement par DJI sur le profil de couleur normal. Attention : les images enregistrées dans ce format restent excellentes, mais ceux qui veulent se rapprocher d’une production professionnelle et/ou intégrer les plans de drone avec des vidéos enregistrées par d’autres appareils doivent privilégier le D-Log. Concentrez-vous sur la netteté des champs et ne faites pas attention à l’herbe plus saturée à droite.
Voici deux nouvelles comparaisons avec une image tirée d’une autre situation. La différence est là aussi visible : les branches des arbres affichent des couleurs et des détails bien plus fidèles.
Parlons formats de vidéo. Le Mavic 3 s’utilise avec une carte microSD et écrit en H.264 ou H.265 jusqu’à 200 Mb/s, ce qui est techniquement deux fois plus rapide que le Mavic 2 Pro. Une version bien plus onéreuse du Mavic 3 propose quant à elle le format Apple ProRes 422 HQ. Dans ce bundle, et pour répondre à l’imposante taille des fichiers, le drone embarque un SSD interne de 1 To. Autrement, le drone est exactement le même : taille, masse, batterie, capteurs, caméra…
Enfin, le Mavic 3 enregistre des photos de 20 mégapixels en JPEG, RAW ou JPEG+RAW. Il bénéficie également des modes AEB, panorama (grand-angle, 180° et sphère) et Hyperlapse. Voici quelques images enregistrées avec le drone.
Un téléobjectif plus flippant que bluffant
Terminons cette partie sur la qualité d’image proposée par le deuxième module caméra du Mavic 3 : le téléobjectif. Ce dernier est bien moins convaincant. On vous déconseille franchement son utilisation, à moins de vouloir faire de l’inspection ou tenter d’espionner quelqu’un. Blague à part, si la qualité d’image est vraiment réduite comparée au premier module, ce téléobjectif est assez flippant couplé à la fiabilité de vol du drone. Nous avons pu suivre sans problème notre voiture sur une route de montagne pendant plusieurs centaines de mètres en jouant avec le zoom, les joysticks et l’inclinaison de la nacelle. Impossible évidemment de lire la plaque d’immatriculation, mais on se serait crus dans la retransmission d’hélicoptère filmant une course poursuite sur les autoroutes américaines.
Ce deuxième module propose un capteur 1/2 pouce de 12 mégapixels et un téléobjectif 6,75 x (zoom hybride jusqu’à 28x). Il peut enregistrer jusqu’en 4K à 30 images par seconde et pourra être intéressant dans certaines conditions, si vous ne pouvez pas vous approcher suffisamment d’un sujet par exemple. Vous remarquerez une qualité très dégradée pour les zooms x2 et x4. C’est normal : le drone bascule sur le téléobjectif à partir du x7 et applique avant cela un simple zoom numérique sur le capteur micro 4/3. Au-delà de x7, le zoom est numérique aussi, mais à partir du téléobjectif.
L’application DJI Fly rattrape son retard
Le Mavic 3 s’utilise grâce à la nouvelle application utilisée par la marque pour l’ensemble de ses drones de loisirs actuellement au catalogue : Mavic Mini, Mavic Air 2, Mini 2, FPV, Air 2S, Mini SE. Critiquée à son lancement pour son manque de fonctionnalités “pro”, cette application nommée DJI Fly s’est améliorée au fil des mises à jour et semble petit à petit faire oublier la désormais délaissée application DJI GO 4. Citons la possibilité d’enregistrer les photos en RAW uniquement (contre le seul choix du JPEG+RAW auparavant) ou l’ajout de paramètres dédiés à la sensibilité des joysticks — le comportement du drone suivant les mouvements des joysticks.
Il aura fallu attendre la fin de notre test pour que DJI ajoute une des rares fonctionnalités que nous jugions manquante à l’application : le Color Display Assist. Concrètement, elle permet d’afficher un rendu “normal” des couleurs sur l’écran lorsque l’enregistrement se fait en D-Log, ce profil de couleur plat qui laisse une large liberté à l’étalonnage. Cela évite d’avoir une prévisualisation du plan grisâtre et permet donc de mieux composer.
La dernière mise à jour à date a également facilité l’accès aux réglages de la caméra — ISO, vitesse d’obturation, ouverture, balance des blancs, etc. On se rapproche ici une nouvelle fois de l’ancienne application… et ce sont les professionnels qui vont être contents. Comprenez qu’en vol, il est primordial d’avoir accès le plus rapidement et facilement possible à de tels réglages, histoire de ne pas perdre de temps et de ne pas gâcher un plan.
Enfin, sachez que nous avons rencontré un seul petit bug dans l’application DJI Fly en une quinzaine de vols. Un écran noir s’est affiché le temps de quelques secondes avant que tout revienne à la normale. Nous avons utilisé le Google Pixel 5 et l’iPhone 13 Pro pour notre test du Mavic 3.
Un drone bluffant, des fonctionnalités à peaufiner
Le DJI Mavic 3 est d’une simplicité d’utilisation déconcertante. Appairage, décollage, pilotage, prise de vue et atterrissage : au-delà de la fiabilité de transmission déjà évoquée, les différentes assistances du drone nous mettent toujours en confiance. Le mode RTH (return to home) est très précis et est désormais censé être plus intelligent. Au lieu de s’envoler à l’altitude prédéfinie puis de voyager au-dessus du point de départ avant d’y descendre, le drone définit automatiquement la trajectoire de retour la plus courte et la plus sûre : il peut alors se permettre de baisser petit à petit son altitude sur le trajet retour, avant même d’avoir atteint les coordonnées du point final. S’il est amené à croiser un obstacle, il le contourne. Le gain est double puisque la manœuvre est plus rapide et moins énergivore pour la batterie. Attention tout n’est pas rose : si le drone évite sans problème un arbre, nous émettons des doutes sur sa capacité à détecter les câbles électriques — véritable bête noire des pilotes de drone. Nous ne nous sommes pas amusés à tester cela, mais sachez tout de même que le Mavic 3 bascule sur l’ancienne version du RTH (dit de “ligne droite”) lorsque l’éclairage n’est pas suffisant et que l’environnement n’est pas adapté à la détection d’obstacles.
Enchaînons avec une deuxième petite critique, cette fois-ci orientée sur le comportement du drone en vol. Nous l’avons trouvé particulièrement réactif, voire un peu trop. Si les drones DJI ont toujours été vifs, le Mavic 3 semblait réagir plus brusquement à nos actions sur les joysticks qu’à l’accoutumée, en donnant l’impression de faire des petits soubresauts. Les connaisseurs que cela dérange pourront cependant régler ce problème en ajustant la sensibilité des joysticks dans les paramètres EXP. Une chose est sûre : le drone réagit avec vivacité et nous ne pouvons que vous conseiller d’utiliser le mode Cine pour enregistrer facilement de jolis plans stables. Avec ce dernier mode, la vitesse du drone est plafonnée à 5 m/s contre 15 m/s en mode N (pour Normal) et 19 m/s en mode Sport.
Alors que nous avions peur de son comportement par temps froid, le Mavic 3 n’a pas bronché face à une température de -7 °C. L’autonomie n’a pas semblé être affectée plus que cela. Pour être honnête, dans cette situation, c’est l’état de mes bouts de doigts et de ma motivation qui a décliné le plus vite. Côté discrétion en vol, le drone attirera l’attention si vous poussez un peu trop sur les sticks ou si vous basculez en mode Sport. À titre indicatif, nous avons mesuré un volume sonore de 65 dB sous le drone avec une altitude de 5 mètres, de 54 dB à 20 mètres et 53 dB à 30 mètres. Bref, un bel oiseau.
Bon à savoir : le drone embarque 8 Go de stockage interne. Vous aurez donc de quoi faire quelques courts plans si jamais vous avez oublié votre carte microSD à la maison.
APAS 5.0 et ActiveTrack 5.0
Le DJI Mavic 3 embarque une ribambelle de capteurs qui lui offrent une détection d’obstacles omnidirectionnelle. On compte deux capteurs de vision grand-angle à l’avant, deux arrières, deux inférieurs et deux supérieurs. Comme mentionné plus tôt, les capteurs à l’avant et à l’arrière sont positionnés dans les coins et jouent alors également le rôle de capteurs latéraux, qui manquaient à l’appel sur le dernier drone Air 2S de la marque.
Les plages de mesure des différents capteurs grand-angle du Mavic 3 oscillent entre 0,2 m à 10 m et 0,5 m à 25 m
Couplés à un algorithme, les capteurs du Mavic 3 proposent ce que DJI appelle APAS 5.0 pour la version 5 de son Advanced Pilot Assistance System. Cette fonctionnalité permet au drone de scanner son environnement et d’éviter de potentiels obstacles. L’utilisateur peut choisir entre trois options dans l’application :
- demander au drone de ne pas utiliser les capteurs d’obstacles : pratique dans certaines situations de vol maîtrisées pour faire un plan particulier par exemple, mais très risqué ;
- demander au drone de s’arrêter devant l’obstacle et de stationner en l’air ;
- demander au drone d’essayer de contourner l’obstacle.
Cette dernière option est assez impressionnante. Soyons honnête, avec ce mode activé, il faut vraiment y mettre du sien pour crasher le drone. Lors de tests dans les bois, ce dernier trouvait toujours des petites ouvertures pour passer. Cette fonctionnalité est également pratique à travers le mode de suivi automatique ActiveTrack 5.0, qui permet au drone de suivre un sujet, et à l’utilisateur de se concentrer sur autre chose que le pilotage. On retrouve le même type de suivi sur certaines autres catégories de produits de la marque, à l’image de son stabilisateur pour smartphone OM 5. Il suffit d’encadrer une personne ou un véhicule et de choisir depuis quelle direction le sujet doit être suivi par le drone. Voici quelques exemples. Vous remarquerez sur la vidéo suivante des marquages oranges et rouges sur l’écran : c’est le drone qui nous indique un obstacle et sa distance dans une ou plusieurs directions.
Le suivi est très bon, mais n’est clairement pas exempt de défauts. Prenons l’exemple du suivi de la moto à 01:10. Tout va bien au début, mais sur le retour, le drone perd puis retrouve étonnamment la trace de la moto. Il s’active alors pour rattraper son retard et accélère. Impossible pour nous de dire s’il a baissé sa garde à ce moment, mais une chose est sûre : il a heurté une fine branche (une situation très compliquée à déceler pour les capteurs) quelques secondes plus tard. Nous avons tout de suite arrêté le suivi automatique pour éviter d’abîmer les hélices, ou tout simplement de crasher le drone. Le Mavic 3 s’est également trop rapproché des branches dans un environnement assez restreint en forêt — voir à 08:35.
On regrettera aussi la faible marge de manœuvre laissée au pilote dans ce mode : l’interaction avec le drone est trop limitée et il reviendra de toute façon se replacer une fois avoir lâché les joysticks. À ce sujet, le drone se place à une distance différente en fonction du sujet choisi (humain, véhicule). En mode de suivi ActiveTrack, le Mavic 3 est assez proche de la personne qu’il suit. En plus de permettre un plan plus large, un peu plus de distance avec le sujet l’aiderait certainement à réduire les à-coups engendrés par le calcul permanent de l’algorithme.
Nous venons de nous attarder sur les cas où la détection d’obstacle ne nous a pas convaincus, mais nous restons impressionnés par ses performances. Le mode ActiveTrack 5.0 est vraiment pratique malgré les à-coups, surtout que l’on peut changer à tout moment la direction de suivi du drone (devant le sujet, sur le côté, en diagonale…). Ceux qui veulent mieux appréhender ce fonctionnement sont invités à regarder entièrement la vidéo : nous forçons par exemple le drone à se repositionner lorsque nous changeons de sens. Le suivi de la voiture à 02:54 en est un bel exemple.
Le drone arrive d’ailleurs à reconnaître et distinguer un humain d’une voiture ou d’un bateau avant d’activer le suivi, mais en moto, il faut s’assurer d’encadrer le conducteur debout avant qu’il ne monte sur la selle. Attention également lorsque vous êtes en groupe : le drone changera parfois de personne. Globalement, le sujet doit être relativement démarqué de ce qui l’entoure, surtout du sol : porter un manteau marron à côté d’un chemin boisé n’a pas aidé le drone de notre côté.
Finalement, si cette détection d’obstacle est bluffante et semble fiable dans la très grande majorité des cas, ce sont forcément les derniers pourcentages qui nous freinent à utiliser l’option sans garder constamment un œil sur le drone et le pouce sur le bouton d’arrêt — situé sur la radiocommande. Il faut dire qu’à plus de 2 000 euros le drone, la confiance dans le couple capteurs/algorithmes ne fait pas tout. Notez que la détection d’obstacle est désactivée en mode Sport.
Et les autres modes automatiques ?
En réalité, le mode ActiveTrack 5.0 que nous venons de détailler s’inscrit dans un groupement de trois fonctionnalités appelé FocusTrack. Eh oui, en plus de pouvoir suivre un sujet en mouvement, le Mavic 3 propose également :
- Spotlight 2.0 : le drone garde toujours le sujet dans l’image et le pilote peut continuer d’interagir avec les joysticks. L’objectif est justement de se concentrer sur les mouvements et la hauteur du drone sans avoir à trop se soucier de cadrer le sujet. Ce dernier peut être statique (un monument par exemple) ou en mouvement, mais, sans action de votre part, le drone fera du surplace tout en ajustant l’angle de la nacelle pour le cadrer.
- POI 3.0 : le drone tourne autour du sujet selon la vitesse et le sens de rotation choisi. Les sujets statiques comme en mouvement sont gérés.
Ces deux derniers modes bénéficient de l’évitement d’obstacles. Ils répondent à des besoins spécifiques et ils se sont montrés très efficaces lors des quelques fois où nous les avons utilisés. Attention : les trois fonctionnalités FocusTrack peuvent être utilisées jusqu’en 4K et DCI 4K à 60 images par seconde — pas de 5,1 K ni de 120 images par seconde donc. Les possesseurs du Mavic 3 Cine Premium peuvent également oublier le format Apple ProRes. La dernière mise à jour à date du Mavic 3 a quant à elle rendu le zoom numérique x2 et le D-Log compatibles avec les trois modes FocusTrack.
En plus de ces limitations, certains professionnels ont émis quelques retenues sur les fonctionnalités du Mavic 3. Il est intéressant de les mentionner, surtout lorsque lesdits problèmes sont apparus depuis l’arrivée du Mavic 3 et du changement d’application. Nous pensons ici au vidéaste Gautier Veltri, qui explique que le mode Spotlight 2.0 ne permet plus de faire bouger le drone en ligne droite, ce qui pose des problèmes aux professionnels souhaitant utiliser cette option tout en respectant un plan de vol. À prendre en compte donc. La critique est disponible sur sa chaîne YouTube.
Enfin, le Mavic 3 a deux autres modes automatiques dans sa manche. Les fameux QuickShots déjà, ces mouvements automatiques qui rendent des plans fluides et stables accessibles aux novices ou aux paresseux. Cinq types de mouvements sont proposés : Dronie, Helix, Rocket, Circle et Boomerang. On les retrouve sur les autres drones de la marque, comme le Mini 2 ou l’Air 2S.
Ensuite, l’option MasterShots, présenté avec l’Air 2S. Il s’agit d’une version plus poussée des QuickShots : après avoir sélectionné le sujet et quelques autres paramètres comme la distance, le drone enchaîne tout seul 10 mouvements différents puis les combine en un petit montage avec de la musique — que vous pouvez évidemment partager en 2-3 clics sur les réseaux sociaux. Nous n’avons pas été convaincus par cette fonctionnalité et on doute qu’une personne ayant acheté un drone plus de 2 000 euros ne prenne pas la peine de faire ses propres plans et surtout son propre montage.
Jusqu’à 35 minutes d’autonomie !
Ça y est, les drones grand public atteignent une autonomie plus que suffisante. Sans toucher les 46 minutes d’endurance maximale promises, le Mavic 3 s’est montré très convaincant. Selon nos tests en utilisation classique, le drone tient généralement 30 à 35 minutes. En mode Sport, le Mavic 3 devra sans surprise se poser plus tôt. À ce sujet, le premier signal de batterie faible nous propose un RTH aux environs de 15 % d’autonomie restante, puis commence à biper dans tous les sens une fois passé sous le seuil des 10 %.
Voici un exemple concret de l’évolution de l’autonomie, en mettant plein gaz sur les joystick pendant une belle partie du vol :
- 10 h 15 : décollage du drone et utilisation classique, à savoir quelques prises de vue en mode Normal et quelques suivis automatiques ;
- 10 h 43 : le drone affiche 28 % d’autonomie restante, nous passons en mode Sport ;
- 10 h 46 : il reste 6 minutes de vol estimées et la batterie affiche 17 %
- 10 h 47 : le drone nous propose un RTH après être passé à 15 % d’autonomie restante ;
- 10 h 49 : le drone se pose seul en nous laissant une légère marge de manœuvre, il lui reste 8 % de batterie une fois au sol.
Pour un drone, une telle autonomie ne peut être que soulignée : quasiment 35 minutes avec plusieurs minutes passées en mode Sport. Ce jour-là, les conditions de vol étaient favorables, sans vent. Dans une situation bien plus compliquée à -7 °C, le Mavic 3 a perdu 37 % de son autonomie en 15 minutes, ou 61 % après 20 minutes de vol à -3 °C. Enfin dans des conditions venteuses près des côtes, le Mavic 3 s’est par exemple posé après 28 minutes de vol, avec 11 % d’autonomie restante.
La radiocommande a quant à elle perdu l’un de ses quatre témoins de batterie après deux vols pleins, soit 1 heure et 8 minutes d’utilisation. Selon nos tests, une batterie de Mavic 3 met entre 1 h 27 et 1 h 35 à se recharger.
Attention, les 30 à 35 minutes réelles de vol permises par le Mavic 3 ne nous empêchent pas de vous conseiller l’achat de batteries supplémentaires, ou d’acquérir le drone dans sa version Fly More. Justement, parlons-en.
Sortez le chéquier
Le DJI Mavic 3 est vendu 2 099 euros pour sa version de base. Rajoutez 700 euros et vous obtiendrez le bundle Fly More, qui propose un total de trois batteries (contre une dans la version classique), une station de recharge, un jeu de filtres ND (4/8/16/32), mais surtout une super sacoche de transport. Si celle-ci est clairement la plus grosse sacoche proposée pour un drone pliable DJI, elle s’est révélée extrêmement pratique par sa conception lors de nos tests. Au-delà des finitions proposées (DJI oblige), la sacoche peut se porter à la main, en bandoulière ou en mode sac à dos. Le must pour transporter une petite veste ou un ordinateur sans prendre un autre sac avec soi.
La version Cine Premium du Mavic 3 est quant à elle sur un autre niveau. Elle demande 4 799 euros pour l’ensemble des éléments précédemment cités en plus de la radiocommande RC Pro (vendue 999 euros seule) et surtout de la compatibilité Apple ProRes 422 HQ et du SSD intégré d’un To pour stocker de tels fichiers.
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