Test du DJI Spark : le mini drone qu’on commande « au doigt et à l’œil »

 
J’ai répondu à l’invitation de DJI et testé son « mini drone » Spark une journée entière. Ce drone pensé pour le grand public tient-il ses promesses ? Voici mon verdict.

Introduction

Artisan de la démocratisation des drones civils — avec le premier Phantom puis toute sa descendance — jusqu’alors réservés aux passionnés de modélisme, DJI a présenté la semaine dernière le Spark, avec lequel il pourrait bien faire entrer le marché dans une nouvelle ère.

DJI pourrait bien reproduire le phénomène GoPro. Le Spark est effectivement à la portée d’un large public, que ce soit financièrement, puisqu’il coûte 600 euros, ou à l’usage. Ce drone miniature est en substance une GoPro volante : un petit appareil pratique avec lequel on immortalise et partage facilement des moments forts. Certes GoPro propose le Karma, mais il est plus gros, plus cher et moins pratique.

Ce DJI Spark, je l’ai utilisé une journée entière, et je vous livre ici mes impressions.

Le DJI Spark en vol stationnaire

Photo et vidéo

Plus encore que les précédents DJI, le Spark est bien plus un appareil à photographier et à filmer qu’un aéronef à piloter. Penchons-nous donc pour commencer sur ses prestations photo et vidéo.

Techniquement, le DJI Spark est équipé d’un capteur CMOS au format 1/2,3 pouce coiffé d’une lentille f/2,6 offrant un champ de vision de 82° (équivalent à 25 mm). Cet appareil photo est monté sur une nacelle stabilisatrice à deux axes, qui permet de choisir l’inclinaison sur l’axe vertical, de -90° (pointé vers le sol) à 30° (en contre-plongée). Le tout photographie au mieux en JPEG à 12 millions de pixels et filme dans un seul format : en 1080p à 30 i/s, enregistré sur une microSD en H.264 à 24 Mb/s.

Les caractéristiques sont donc semblables à celles d’une GoPro, les réglages en moins. DJI a simplifié au maximum, on ne peut même pas basculer en 25 i/s. (Mais à quoi bon ? Même en Europe, la plupart des écrans fonctionnent à 60 Hz, un multiple de 30.)

En pratique, la qualité des photos et vidéos est acceptable, sans plus. Les images sont à la hauteur d’un smartphone milieu de gamme : elles manquent de piqué, surtout sur les bords, le bruit apparait rapidement, rien qu’à l’ombre d’un arbre par beau temps… Et surtout on retrouve ce manque de dynamique caractéristique des petits capteurs : le Spark est incapable de capturer simultanément les zones les plus claires et les plus obscures de scènes pourtant assez peu contrastées. On le voit sur la vidéo ci-dessous, les murs blancs du château sont surexposés. Les vidéos ont en revanche le mérite d’être stables.

Législation

En somme ce n’est pas cet appareil photo qui produira des clichés impressionnants, mais le caractère encore assez extraordinaire, au sens propre, de photos et vidéos aériennes.

Or sur ce point il convient de nuancer les vidéos promotionnelles tournées par DJI, qui montrent des plans époustouflants, que vous ne pourrez jamais reproduire en France, en raison d’une règlementation beaucoup plus stricte. On ne déplore quasi aucune condamnation d’usager ayant bravé avec la plus grande prudence quelques interdits, mais théoriquement en France on ne peut voler quasi qu’au-dessus de plaines sans intérêt. Il est effectivement interdit voler de nuit, de survoler une plage, une route ou un village… et des zones entières, telles que la quasi-totalité de l’Île-de-France, sont restreintes.

Nous vous recommandons chaleureusement de prendre connaissance de la règlementation et de la carte des zones autorisées avant d’investir, car elles pourraient bien refroidir vos ardeurs.

Pilotage par gestes

Mais dans de bonnes situations, telles qu’au-dessus d’une propriété privée sans vis-à-vis, l’utilisation du DJI Spark est d’une facilité déconcertante. Génération après génération, DJI a considérablement facilité le pilotage de quadricoptère. Le Spark va encore plus loin, puisqu’on peut l’utiliser… sans le piloter.

Le DJI Spark propose effectivement un mode PalmControl, avec lequel on le commande avec des gestes :

  • Pour commencer, on fait décoller le drone de sa main : on l’allume, on attend une trentaine de secondes qu’il s’initialise, on le tient à bout de bras, on attend qu’il ait détecté notre visage, puis on double clic sur le bouton unique. Les moteurs démarrent, et dès que les voyants passent au rouge, on lâche l’appareil qui s’écarte de quelques centimètres et passe en vol stationnaire en attente d’ordre.
  • Dès lors on peut lui présenter la paume de sa main, attendre quelques secondes qu’il la détecte, puis le faire monter ou descendre ou le tourner de droite à gauche en déplaçant (lentement) sa main, pour choisir l’arrière-plan.
  • Une fois l’orientation choisie, un signe au-revoir de la main le fait s’envoler à quelques mètres de nous.
  • Reste à faire le geste du cadre avec ses mains, ce qui déclenche le retardateur de l’appareil photo.
  • Puis si on se déplace, le drone nous suit, ce qui permet de changer de cadre afin de faire une autre photo, et ainsi de suite.
  • Lorsqu’on a terminé, on rappelle le drone en levant ses bras en Y, il revient alors à moins d’un mètre.
  • On peut enfin présenter sa main sous le drone afin qu’il se pose dans la paume de la main.

Une fois qu’on a bien acquis les bons gestes (l’appareil est un brin intransigeant), le DJI Spark est un oiseau de compagnie assez obéissant. Le mode mains-libres souffre malheureusement de trois lacunes :

  • il ne permet pas de filmer
  • pour une obscure raison, il n’enregistre des photos qu’en petit format, en 1440 x 1080 pixels (1,5 million de pixels)
  • il lui arrive de nous perdre de vue, parfois au point qu’il faille en reprendre le contrôle manuel à l’aide de son smartphone
Exemple de photo déclenchée via PalmControl avec le DJI Spark

Pilotage automatique

Et en parlant de smartphone… le DJI Spark n’est pas qu’un selfie-drone. Il est lui aussi compatible avec l’application DJI GO 4 des séries Mavic, Phantom 4 et Inspire 2.

Cette application permet de se connecter au drone depuis son iPhone, son iPad, son téléphone ou sa tablette Android. De quoi le régler, le téléguider, cadrer à l’aide du retour HD en temps réel, diffuser en direct sur Facebook Live et YouTube, rapatrier photos et vidéos afin de les partager… mais aussi et surtout d’accéder aux modes de vol intelligents.

En plus des fonctions PalmControl et Selfies pré-citées, qui fonctionnent toujours, DJI GO 4 propose :

  • ActiveTrack : vous tracez un rectangle sur un objet afin que le drone le suive de face, de dos ou de profil, ou tourne autour
  • TapFly : l’application détecte le sol et vous permet de taper à l’écran sur la destination à atteindre automatiquement
  • QuickShot : 4 modes de prise de vue automatique réservés au Spark, aux noms éloquents :
    • Fusée (prend de l’altitude à la verticale du sujet)
    • Dronie (recule en s’élevant pour révéler l’environnement)
    • Cercle
    • Spirale (tourne autour du sujet tout en s’éloignant et en s’envolant)
  • Fusée (prend de l’altitude à la verticale du sujet)
  • Dronie (recule en s’élevant pour révéler l’environnement)
  • Cercle
  • Spirale (tourne autour du sujet tout en s’éloignant et en s’envolant)
On distingue les capteurs du Vision System sur le ventre du DJI Spark

Les quatre modes QuickShot permettent de faire rapidement et facilement des vues aériennes impressionnantes, sans pilotage, mais ils souffrent eux aussi d’une lacune : le DJI Spark est équipé d’un radar, qui lui permet de détecter et d’éviter les obstacles, mais seulement vers l’avant. Aussi, il appartient à l’utilisateur de juger si le drone a la place d’effectuer un dronie (en marche arrière) une spirale ou n’importe quel autre QuickShot, au risque qu’il se prenne un arbre, tombe ou y reste perché. Or il est assez difficile de juger des distances dans le ciel, par manque de repères et d’échelle.

Certes, le DJI Spark est sinon « indestructible », tel que nous le présentent les représentants de la marque, au moins solide, avec sa structure en métal. Le constructeur a effectivement délibérément renoncé aux bras pliables, qui l’auraient rendu encore plus compact (il mesure 14,3 x 14,3 x 5,5 cm), mais l’auraient fragilisé. Reste que, même s’il ne pèse que 300 g, il pourrait sévèrement blesser quelqu’un s’il lui tombait dessus.

Pilotage manuel

On peut aussi, malgré tout, piloter manuellement le DJI Spark. On peut le faire via l’application, à l’aide de deux sticks virtuels à l’écran, semblables à ceux de jeux vidéo mobiles. Muni d’un GPS et d’un Vision System, tout comme ses grands frères, l’appareil est très stable donc très facile à piloter. Pour autant, on ne prend aucun plaisir à le piloter via l’application, a fortiori depuis le petit écran d’un smartphone. La vivacité de l’appareil est d’ailleurs bridée.

Pour profiter du pilotage, il faut acquérir le bundle Fly More à 800 euros, comprenant des accessoires dont une radiocommande, ou se procurer cette dernière en option, pour 180 euros. Compacte, celle-ci offre deux véritables sticks dignes d’une RC de modélisme, procurant un pilotage bien plus instinctif. Cette manette dispose d’ailleurs d’un mode Sport, avec lequel l’appareil peut atteindre 50 km/h. Prudence, l’évitement d’obstacle est alors inopérant.

Tout comme celles des Mavic, Phantom et Inspire, cette radiocommande offre un port USB, auquel on connecte son smartphone, afin de profiter d’une meilleure portée. Toutefois, le Spark n’exploite pas la technologie OcuSync de ses grands frères, mais du Wi-Fi. La portée maximale est de 100 m via le smartphone et de 2 km ou de 500 m avec la radiocommande, respectivement sur la bande des 2,4 ou des 5,8 GHz. En pratique, à moins d’être en rase campagne, les interférences limitent la portée à quelques dizaines de mètres au mieux… mais sachant qu’il est obligatoire de garder le drone en vue, c’est suffisant.

Autonomie

Reste enfin la question de l’autonomie. DJI revendique une autonomie maximale de 16 min, qui correspond à un vol sans vent à une allure constante de 20 km/h. En pratique, on approche effectivement du quart d’heure de vol lorsqu’on pilote sans discontinuer sans le mode Sport. Toutefois, ce sont les décollages qui consomment le plus, si bien qu’on vide une batterie en 4 ou 5 démonstrations du mode PalmControl. Autrement dit, il est recommandé d’investir au moins dans une deuxième batterie, soit par le biais du bundle Fly More, qui inclut un total de 2 batteries et une station de recharge pour 3 batteries, soit séparément pour 60 euros.

À titre de comparaison, le DJI Phantom 4 Pro revendique une autonomie de 27 min et vole un peu plus de 20 minutes en conditions réelles.

Conclusion

Le DJI Spark est un gadget étonnant, qui permet de faire des photos et vidéos hors du commun, et d’une certaine manière de voler. Il est si facile et si rapide à faire voler qu’on peut l’utiliser plus souvent qu’un de ses grands frères, si bien qu’on le « rentabilisera » plus facilement… à condition toutefois d’en avoir l’occasion (problématique de la règlementation précitée).

On regrette que ce premier drone miniature n’évite les obstacles que vers l’avant, la direction dans laquelle il vole finalement le moins. On regrette aussi la qualité d’image perfectible.

En somme, comme pour beaucoup de produits high-tech, certains préfèreront à juste titre attendre la deuxième génération.

Alternatives

Le DJI Spark a deux principaux rivaux dans cette gamme de prix :

Le Parrot Bebop 2, que nous avons testé en janvier 2016, et qu’il ringardise quelque peu. Ce dernier est plus gros, encore moins doué en photo et vidéo, faute de nacelle, et moins perfectionné. Il présente en contrepartie l’avantage d’être plus amusant à piloter, de voler plus longtemps (jusqu’à 25 min), et enfin d’être moins cher, puisqu’il est désormais vendu 450 euros.

Diamétralement opposé, le Hover Camera Passport est quant à lui un selfie-drone pliable de 18,2 x 13,2 x 3,3 cm et de 242 g, encore plus simple que le DJI Spark. S’il est vendu en exclusivité par Apple, sur son site internet et en Apple Store, une application Android est également disponible.

Prix et disponibilité

Le DJI Spark sera disponible à partir du 29 juin 2017, mais il est dès à présent en précommande sur la boutique en ligne de DJI et chez quelques revendeurs comme Boulanger, Darty ou la Fnac. Il y est vendu seul au prix de 600 euros. La Fnac et Materiel.net proposent autrement le bundle Fly More, comprenant une radiocommande, une seconde batterie, une station de recharge pour 3 batteries, des protections d’hélices et un jeu d’hélices supplémentaires, pour 800 euros.

Il est également disponible à l’heure où nous écrivons ses lignes à 446 euros sur GearBest.

Pour aller plus loin
Test du DJI Mavic Pro, le drone le plus intelligent (et bluffant) de la planète


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