Google ARcore et Apple ARKit : est-ce vraiment l’eldorado technologique attendu ?

 
Google a officialisé sa contre-offensive. Face à Apple ARKit, Google ne va pas brandir son Tango, mais ARcore. Un ensemble d’outils à destination des développeurs pour leur permettre de créer des applications en réalité augmentée. On doit donc s’attendre à une déferlante d’apps et de jeux en AR dès la fin de l’année 2017. Pour autant, faut-il y croire ?

Après la réalité virtuelle, la réalité augmentée a le vent en poupe. On aurait pu le prévoir, les outils existaient déjà et de nombreux jeux et apps ont vu le jour. Le plus connu, Pokémon Go. Avec l’arrivée d’iOS et des premières apps ARKit, Google a bien compris qu’il fallait faciliter l’accès aux outils de développement.

ARCore est donc l’évolution de la plateforme Tango de Google qui fonctionne d’abord sur les Google Pixel et le Samsung Galaxy S8 (Android 7.0). La grosse différence avec Google Tango tient au fait que nos smartphones n’ont pas besoin de capteurs étranges.

Tango, trop complexe et coûteux

En effet, Tango était une plateforme avant tout hardware : plusieurs appareils ont ainsi été créés en partenariat avec des fabricants, dont une tablette et des smartphones. C’est le cas du Lenovo PHAB 2 Pro, par exemple. À travers ce projet, Google souhaitait que nos appareils mobiles puissent percevoir le monde comme nos yeux — en 3D, avec une compréhension de l’espace et du mouvement pour une prise de conscience du monde qui les entoure. Le Projet Tango était une combinaison de technologies matérielles et logicielles, justement conçues pour faire exactement cela.

Le problème majeur de cette plateforme est la nécessité de rajouter de nouveaux capteurs : une caméra TOF (pour mesurer l’environnement) et une caméra capable de suivre le mouvement d’un objet dans l’environnement en plus des capteurs et émetteurs habituels.

En plus de cela, les appareils Tango devaient être puissants. Imaginez que vous êtes en train de faire une série de photos en trois dimensions avec le réglage panoramique sur votre appareil photo, sauf que vous prenez 50 photos de l’espace ou de l’objet et que vous laissez le logiciel fusionner les photos ensemble pour vous. Au total, les derniers produits Tango étaient capables de capturer près de 250 000 mesures chaque seconde en temps réel, afin de réaliser un modèle 3D de l’environnement. Dimensions, textures, couleurs, espaces… pour reproduire l’environnement réel le plus parfaitement possible.

Au final, peu d’appareils ont vu le jour. Nous avons d’ailleurs appris qu’ils ne recevraient pas les dernières mises à jour Android. La riposte à Apple ne pouvait pas être Tango.

 

ARCore, bien plus accessible pour tout le monde

Fin août, Google a levé le voile sur Google ARCore. Il était temps, les démos ARKit d’Apple étaient franchement impressionnantes. De plus, peu de capteurs sont nécessaires pour faire de la réalité virtuelle à la sauce Apple, la grande majorité des produits iOS seront compatibles avec ARKit avec la mise à jour iOS 11.

Google a déjà annoncé qu’une grande partie du parc de smartphones, dont ceux de Samsung, Asus… très certainement l’ensemble des smartphones avec un poil de performances dès 2018. Google ARCore fonctionne sans capteurs de profondeur ou caméras supplémentaires sur les smartphones.

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, les premières démos sont impressionnantes et largement suffisantes pour permettre au grand public d’adhérer à cette technologie (d’un point de vue technique). Les capteurs (accéléromètre, gyroscope, boussole, caméras, etc.) permettent déjà de réaliser de nombreuses tâches :

  • Suivi des mouvements : en utilisant la caméra du téléphone pour observer les points caractéristiques de la pièce et les données du capteur IMU, ARCore détermine à la fois la position et l’orientation du téléphone à mesure qu’il se déplace. Ce qui permet aux objets virtuels de rester correctement positionnés, même si vous bougez votre smartphone.
  • Compréhension de l’environnement : jusqu’à maintenant, il était courant de voir les objets AR placés sur un plancher ou une table. ARCore peut détecter des surfaces horizontales en utilisant les mêmes points de caractéristiques qu’il utilise pour le suivi du mouvement.
  • Estimation de la lumière : Enfin, ARCore mesure la lumière ambiante et permet aux développeurs d’appliquer ces données sur les objets virtuels, ce qui les rend encore plus réalistes.

Comme vous vous en doutez, les calculs sont nombreux, en particulier pour ce qui touche au graphisme. ARCore est compatible avec les principaux moteurs de jeu, dont Unity, OpenGL et Unreal. Des moteurs de jeu qui ont déjà créé d’importants écosystèmes de développeurs formés à leurs outils.

L’intérêt de cette plateforme est surtout de réduire considérablement la difficulté d’accès à la réalité augmentée aux développeurs. La démo de Google est plutôt impressionnante, mais elle reste très simple à mettre en place : chaque modèle 3D, dont la petite mascotte Android, a été créée dans Blocks. Il s’agit du programme de modélisation VR 3D de Google. Google a ensuite combiné cet outil à Tilt Brush, son outil de réalité virtuelle développée préalablement pour le HTC Vive. Ce Paint du futur et en 360° consiste en une toile blanche multidimensionnelle à remplir de votre créativité.

Un autre démo montre, encore une fois, la puissance d’ARCore : en utilisant un plugin sur le site Web de Wayfair, il est possible de mesurer un coin de pièce en utilisant son doigt sur l’écran du téléphone. Puis le site Web de Wayfair affiche des résultats uniquement pour les chaises qui correspondent à cet espace précis.

Il est intéressant de noter que ce dernier exemple sur le site Web de Wayfair est du « WebAR », l’utilisateur n’a pas besoin d’avoir une application spéciale installée sur son téléphone pour que la démo fonctionne.

 

Réalité augmentée, l’eldorado attendu ?

La réalité augmentée (AR) est récemment devenue un sujet d’actualité dans l’arène technologique. Pourtant, nous connaissons cette technologie depuis déjà plusieurs années. Avec ARKit et ARCore, 2018 devrait pourtant être une grande année pour la réalité virtuelle (VR) et augmentée (AR). Microsoft, Apple, Google et Facebook ont parié sur l’ensemble de ces expériences, y compris la réalité mixte, qui combine des aspects de la VR et de l’AR. Mais pourquoi faut-il y croire ?

Revenons déjà en arrière, pour analyser ce que la réalité augmentée a changé. En 2016, 43 millions d’utilisateurs étaient équipés d’un casque de réalité virtuelle dans le monde. Google Cardboard ou HTC Vive, du carton à 1 euro au casque à 800 euros, les usages étaient très variés. Sur ceux qui n’avaient pas encore essayé la VR, 65 % étaient intéressés pour essayer un des casques disponibles. Même si la curiosité du public est là, l’usage a eu du mal à s’installer, votre casque doit sûrement prendre la poussière dans un tiroir.

Pourtant, chaque fois que je commence à penser à l’avenir, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la réalité augmentée comme une partie de celui-ci. À mon avis, les technologies telles que l’AR, l’IA et les voitures autonomes sont, à terme, inévitables. Ils sont trop cool, trop utiles, et il y a trop de gens intelligents qui travaillent dessus pour créer des expériences innovantes. Évidemment, pour le moment ces technologies ne jouent pas encore un rôle majeur dans notre société.

Pourtant, aussi confiant que je le suis dans ce futur augmenté, je fais partie de la minorité. Il suffit de questionner les gens autour de vous : la plupart des gens ne croient pas que l’AR jouera un rôle important dans leur vie. Suis-je si aveuglé par mon désir que je ne vois pas les défauts évidents de cette technologie ?

Il existe des risques importants au développement et au déploiement de l’AR : le rejet social (ce que les utilisateurs de Google Glass ont vécu, ou encore ceux des Spectables), les mauvaises expériences (l’image n’est pas nette, ce n’est pas fluide et ça rend malade), le problème de miniaturisation (quand on voit l’ensemble des capteurs d’un smartphone Tango, ça faisait clairement peur, ou encore les câbles et l’installation du HTC Vive), la fatigue numérique (elle existe, il est assez populaire d’entendre que la technologie détruit notre société), l’aspect légal et enfin l’absence de cas d’utilisation.

Google Glass, un des derniers modèles

D’autant plus que les dernières expériences AR et VR ne sont pas de très grandes réussites. Il suffit d’observer les premières réactions à l’AR avec les Google Glass. Malgré l’investissement d’une des cinq plus grandes entreprises de technologie, Google Glass est mort. Enfin, pour le moment. Les gens étaient intrigués, mais personne ne trouvait une raison de dépenser 1 000 dollars dedans. Même combat en 2017, malgré les millions de dollars investis dans la réalité virtuelle, seuls les joueurs hardcores achètent des casques HTC et Oculus (ils ont baissé de prix depuis leur commercialisation).

Mais, il y a des raisons à ces échecs. Google Glass, malgré le battage exceptionnel, n’était pas de la vraie AR. Ces lunettes projetaient des éléments numériques dans vos verres de lunettes, mais ces éléments n’avaient aucune compréhension du monde réel. C’était essentiellement un smartphone sur votre visage, mais sans moyens simples et intuitifs d’interagir avec lui. Les casques Oculus et HTC sont eux beaucoup trop chers et exigent de la puissance de calcul importante (il faut un PC assez puissant, donc onéreux).

Avec la réalité augmentée vantée par Apple, et maintenant Google, je crois bien plus au potentiel de développement. Pourquoi ? Tout simplement car la réalité augmentée est utile. Bien que nous allons certainement passer plus de temps avec le monde virtuel, le temps que nous consacrerons devrait devenir plus efficace et bien plus connecté au monde réel.

Actuellement, nous sommes attachés à nos écrans. Pour accéder au contenu de notre smartphone et en profiter, nous devons constamment nous déconnecter. C’est d’ailleurs désagréable pour les gens qui nous entourent. La réalité augmentée apporte une solution à ce problème : il vous sera possible de marcher dans la rue, de vérifier un message urgent sur WhatsApp et de suivre les directions de Google Maps tout en maintenant une conversation réelle avec votre ami. Evidemment, cette version vision de l’AR va plus que ce que nous pourrons faire dans quelques semaines avec nos smartphones. Mais, il faut voir ARCore et ARKit comme une phase de transition. La raison pour laquelle j’ai confiance en l’AR, c’est finalement que cela sera extrêmement utile. La réalité augmentée sera utilisée de manière cohérente au travail et à la maison. Elle augmentera notre productivité et nous apportera du confort.

Évidemment, la route est semée d’embuches. Rien ne se produira du jour au lendemain et il y a encore une probabilité que l’AR échoue, mais lorsque vous décomposez l’AR en menaces, on se rend compte assez vite que ces menaces sont susceptibles d’être surmontées. Nous avons fêté les 10 ans de l’iPhone cette année, et je pense qu’il est bon ton de se dire que l’AR sera très différente dans 10 ans.

Si j’étais un développeur en 2017, je m’intéresserais sérieusement à ARCore et ARKit. Il suffit d’observer les premières démos pour rapidement s’apercevoir que cela pourrait devenir quelque chose de très sérieux.


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