Prise en main du JMGO M6, le vidéoprojecteur de poche chinois

 
« Un cinéma de poche ». C’est ainsi que JMGO qualifie son M6, un petit vidéoprojecteur de la taille d’un sac à main « pochette » sur les marches du Festival de Cannes. Autonome, il embarque son propre système d’exploitation, peut être utilisé avec un smartphone, ou non, et joue sur le côté pratique. Mais peut-on attendre une véritable qualité de ce genre de produits ? C’est ce que nous avons essayé de voir en testant quelques jours le JMGO M6.

Comme bon nombre de personnes, je possède un téléviseur dans mon salon, mais en dehors de mon smartphone, ma tablette ou mon ordinateur, il s’agit du seul écran de mon foyer et il m’arrive parfois de regretter de ne pas avoir un moyen de regarder la dernière série Netflix à la mode depuis le fond de mon lit sur une diagonale assez grande pour être réellement confortable. Et il faut dire que la surface des appartements parisiens ne me laisse guère de place pour installer le matériel nécessaire à ce petit plaisir ponctuel.

Aussi, je n’ai pas hésité une seule seconde quand on m’a proposé de tester le JMGO M6, un vidéoprojecteur autonome aux dimensions réduites, mais proposant tout de même un affichage allant de 20 à 100 pouces de diagonale. La promesse ? Un écran de cinéma qui tient dans la poche !

Un appareil terriblement bien pensé

Le premier déballage est immédiatement prometteur puisque l’appareil remplit sa première contrainte : il est très compact (19,40 x 10,20 x 2,90 cm) pour un poids tout à fait correct (1,3 kg). Et le premier contact est très agréable. La coque est en plastique, mais respire la solidité, les 4 petits pieds en caoutchouc promettent une assise stable, l’ensemble est très soigné et la connectique suffisante : un port USB, une entrée HDMI, l’alimentation et un dock pour smartphone. Ce dernier est d’ailleurs particulièrement intelligent puisqu’il se cache sous un rabat permettant de ranger 3 connectiques différentes : USC-C, micro USB et Lightning. À moins d’avoir un très vieil iPhone, votre smartphone devrait être compatible !

En dessous se trouve même un petit pied pour tenir le projecteur légèrement incliné. Ils ont pensé à tout ! Enfin presque, puisque cette béquille s’avère en réalité assez instable et s’écroule assez rapidement.

Tout aussi « smart« , la « façade avant » se décroche pour révéler le projecteur et former par la même occasion une petite télécommande avec, à première vue, tous les boutons nécessaires à la navigation. Il est l’heure pour moi de me glisser sous ma couette et de faire un premier essai.

 

Un premier contact… particulier

Confiant, je commence donc à déballer mon nouveau jouet et me traite immédiatement de benêt en me rendant compte que l’adaptateur secteur est bien évidemment prévu pour des prises chinoises (ou américaines). Mais l’appareil a été intelligemment pensé et le bloc d’alimentation est en deux parties, avec un câble standard. Je me lève donc pour récupérer celui de ma PlayStation 3, compatible, et retourne rapidement au chaud pour allumer l’appareil.

Je démarre le JMGO M6 et une première image un peu floue apparaît. Je pose mon doigt sur la molette de réglage de la mise au point et m’aperçois aussitôt qu’elle est extrêmement sensible. Après quelques minutes à faire des allers-retours avec cette dernière, l’image est enfin nette et le projecteur me souhaite la bienvenue en anglais. J’attrape la télécommande, appuie joyeusement sur le bouton « OK » et… rien. Retour ? Home ? Toujours rien !

La télécommande est très légère, il doit manquer les piles, mais contrairement aux produits vendus officiellement en France, elles ne sont pas fournies. Et puis où faut-il les insérer ? La commande, parfaitement finie, ne laisse pas vraiment présager d’emplacement pour mettre des accumulateurs. Je sors la notice et comprends qu’il faut forcer un peu pour ouvrir une petite trappe. Deux piles AAA sont nécessaires, je me relève donc pour aller en chercher.

 

Une interface chinoise simple et efficace

Quand tout fonctionne enfin — et que j’ai passé quelques minutes à refaire la mise au point après avoir bougé l’appareil –, je commence le paramétrage, un peu fastidieux quand on sait qu’il faut saisir des informations sur un clavier QWERTY virtuel avec une croix directionnelle. Ceux qui ont déjà rentré une clé WiFi à la manette sur une console de jeu comprendront de quoi je parle.

Mais qu’importe, d’autant que l’interface me propose même de choisir le français comme langue du système, ce qui est plutôt une très bonne surprise, même si je déchanterai rapidement en me rendant compte qu’une partie des informations reste en anglais ou traduite à la va-vite (mention spéciale à la « correction automatique de trapède », sic). Le budget traduction a apparemment été tronqué en cours de route, mais l’iconographie permet de s’y retrouver, même si l’on ne parle pas anglais.

L’interface, un fork de Nougat, ressemble un peu à une tablette Android simplifiée, parfaitement fluide et agréable à visiter malgré son processeur quad-core MediaTek et seulement 1 Go de RAM. Un fond d’écran, un widget horloge et des icônes d’applications. Certaines sont déjà préinstallées, mais je me dirige immédiatement vers Aptoide TV, le marché d’applications, avec déjà la crainte de ne pas pouvoir installer mes softs préférés. À tort.

Ici, je trouve mon bonheur, avec YouTube, Netflix ou encore Twitch, mais aussi VLC, MX Player, Kodi ou même Popcorn Time. Sur cette dernière, un commentaire prévient : « ceci n’est PAS une version LÉGITIME – ALERTE COPIE ». Je doute cependant que la moitié des applications précitées soient légitimes, d’autant qu’au téléchargement, le système me prévient que certaines d’entre elles nécessitent les Google Play Services, qui ne sont bien évidemment pas présents ici.

 

Le premier bug

Assez peu confiant, je lance tout de même YouTube et essaye l’une des premières vidéos proposées en faisant bien attention tout de même d’éviter les « PRANK », « TOP 10 » et autres productions dans le genre que je n’ai pas forcément envie de cautionner. Bref, les premières secondes se lancent, je pose la télécommande et m’installe confortablement quand, après quelques très courts instants, la vidéo s’arrête, ne laissant que le son. Puis un flash blanc éclatant, qui m’a bien fait perdre 2 dixièmes à chaque œil, m’indique que le JMGO M6 a bugué et redémarre.

Je me retrouve là, et peut-être un peu las, à regarder cet écran sans vie pendant quelques minutes. J’applique donc le bon vieux précepte de l’informatique : « dans le doute, reboot ! », sauf que le projecteur ne s’éteint pas. J’essaie un appui court, un appui long, des appuis par intermittence, je menace l’appareil de le jeter contre le mur s’il ne coopère pas, je le débranche, mais rien n’y fait : il a encore de la batterie et je me retrouve donc dans un silence tout relatif, bercé par le bruit du ventilateur de la bête dont le souffle me nargue de ses 30 dB (ce qui n’est pas négligeable mine de rien lorsque l’on regarde un film).

Deux solutions s’offrent alors à moi : sortir de mon lit dans le froid de la nuit pour aller chercher une épingle et provoquer un hard reset, ou poser ce démon chinois dans une pièce où sa luminosité et son bruit ne me gêneront pas pour dormir et retenter le lendemain. Fort heureusement, premier démarrage oblige, sa batterie de 5400 mAh, encore peu chargée, en a décidé pour moi dans un dernier râle d’agonie.

 

Une image suffisante

Après quelques couacs dans le genre, j’abandonne l’idée de profiter de YouTube et opte donc pour d’autres applications, comme Netflix, où je me suis rendu compte que la télécommande n’avait pas forcément tous les boutons nécessaires puisque je n’ai pas trouvé comment lancer un épisode d’une série en particulier, ou encore Arte et son hilarant documentaire sur l’obsolescence programmée vantant les mérites de « La Confrérie de l’Ampoule ».

Ici, aucun problème, l’image est très lumineuse (200 lumens, et je ne parle pas de la fameuse Ampoule), ce qui permet même de profiter du projecteur dans une pièce n’étant pas totalement plongée dans l’obscurité, même en plein jour. Elle est également très contrastée. Peut-être un peu trop même, certaines teintes apparaissant très sombres.

Pour ce qui est de la finesse d’image, le JMGO M6 est compatible avec des formats Full HD ou 4K, mais ne sort nativement que du 480p. On pourrait se dire que c’est un peu léger, d’autant qu’avec la sensibilité de la mise au point, il est parfois difficile d’obtenir des sous-titres parfaitement nets, mais sur un produit de cette taille, on peut difficilement se montrer beaucoup plus exigeant.

Notons également que le haut-parleur intégré est plutôt puissant et qu’il fait donc suffisamment l’affaire pour couvrir le souffle du ventilateur. Heureusement d’ailleurs puisque le projecteur ne possède pas de jack pour y brancher un casque audio.

 

Un appareil polyvalent… sur le papier

Finalement, je ne me laisse pas désemparer et essaie de voir les différentes possibilités de l’objet. J’ouvre le clapet à l’arrière, mets en place l’adaptateur USB-C et y branche mon téléphone. Ce dernier se recharge, prouvant que le contact a bien été établi, mais je constate avec un peu de fébrilité qu’il est plutôt bancal et qu’il ne se passe absolument rien à l’écran (ou plutôt au mur). Je comprends alors qu’il ne s’agit que d’un dock servant à l’alimentation du téléphone et non pas à établir une connexion entre les deux terminaux. Dommage, l’idée était bonne.

Pour diffuser du contenu de son smartphone sur son mur, il faut donc passer par une solution sans fil et j’ai pour cela trois applications à ma disposition : HappyCast, Miracast et AirScreen. La première boucle en « Force Close » au lancement, le second me demande d’utiliser libVLC pour streamer une vidéo et la troisième a bugué au lancement de la première vidéo en AirPlay. Une seconde tentative en Google Cast a eu l’obligeance d’attendre le milieu de la vidéo avant de planter.

Tant pis donc pour une utilisation avec le smartphone, j’essaye plutôt une clé USB contenant un fichier vidéo en 4K. Je branche la clé, un peu difficilement en raison de la proximité du port avec le câble d’alimentation (c’est une grosse clé USB) et… rien. Je me rends donc dans l’explorateur de fichiers préinstallé, mais celui-ci ne me propose que de naviguer dans la mémoire interne du projecteur, pas les périphériques externes. Je me décide donc à aller chercher ES Explorer, mais je tombe une nouvelle fois nez à nez avec un écran m’indiquant que l’application ne répond pas.

Je vous épargne tous les autres problèmes rencontrés lors de cette tentative, mais j’ai finalement réussi, après plusieurs dizaines de minutes, quelques allers-retours sur mon PC et une grande désillusion en m’apercevant que l’USB n’est pas OTG et force un formatage en FAT32, à écouter le son de ma vidéo. Pour l’image, on repassera.

En définitive, seul le port HDMI semble donc réellement utilisable sans le moindre problème. C’est déjà cela, mais c’est décevant.

 

Notre avis

Clairement, le JMGO M6 est vraiment très attractif sur le papier et il est bourré de promesses. On aimerait cependant qu’il les tienne un minimum, ce qui n’est pas du tout le cas. L’appareil est bien pensé, mais sa partie logicielle totalement bancale empêche de réellement en profiter. Au lieu de cela, on enchaîne bug sur bug et essayer de lire un contenu est un véritable parcours du combattant.

C’est d’ailleurs très dommage puisque les rares moments où on arrive à le faire fonctionner, la qualité n’est pas affreuse pour un produit de cette taille, et la luminosité est très bonne.

Autant dire qu’à ce prix (plus de 300 euros), le JMGO M6 n’a que très peu d’arguments à opposer à l’Anker Nebula. Peut-être même aucun…

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