Fin de l’ADSL : les communes livrées à elles-même pour gérer le passage à la fibre optique

 
La disparition du réseau ADSL est programmée pour 2030 tandis que le réseau fibre doit prendre le relais sur tout le territoire. Alors que l’échéance approche à grands pas, l’Association des Maires de France reproche à l’État et aux opérateurs de faire reposer l’effort de pédagogie auprès des administrés sur les épaules des édiles.
@Mika Baumeister/Unsplash

L’ADSL vit ses dernières heures. Alors que la fibre optique est déjà la norme aujourd’hui, sa couverture doit être hégémonique dans les années à venir. Pour l’Arcep, le gendarme des télécoms, la fermeture du réseau cuivre passe obligatoirement par un déploiement du réseau fibre, mais l’objectif de couverture à 100 % n’est pas encore atteint dans certaines communes. Pour ce faire, un travail d’information et de pédagogie auprès des usagers est nécessaire, mais l’Association des Maires de France déplore que cet accompagnement dans la transition ne soit assuré que par les élus locaux, sans aucune aide de l’État ou des opérateurs.

Une transition à deux vitesses

Le 31 janvier 2025, 162 communes seront concernées par la fermeture du réseau cuivre, obsolète, moins performant et plus cher à entretenir, afin d’être totalement remplacé par le réseau fibre. Parmi elles, des communes comme Aizenay (85) qui profite déjà d’un taux de couverture de 98,91 % et pour qui l’objectif des 100 % ne devrait être plus qu’une formalité. Mais ailleurs, à Darazac (19), le taux de couverture est à plus de 80 %, il y a donc encore des efforts à faire pour atteindre l’objectif des 100 %.

Source : Kirill Sh sur Unsplash

Ces disparités sont en grande partie dues au manque d’informations transmises aux collectivités sur qui a la fibre et qui ne l’a pas encore. Ce qui ne permet pas de cibler les déploiements, mais il y a aussi un travail de sensibilisation à faire auprès des usagers les plus âgés. Pour Corinne Moreau, conseillère municipale dans la commune de Fontaine-au-Bois (59), « la plus grosse difficulté est de faire comprendre aux personnes que la fibre ne veut pas dire uniquement internet. Souvent, les personnes âgées me répondent « je n’ai pas besoin d’internet, donc je ne veux pas la fibre » ». Problème : quand bien même une partie de nos aînés disent ne pas avoir besoin d’internet, ils se retrouveront également sans téléphone fixe ni télévision lorsque le réseau ADSL aura disparu.

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Ce qui n’empêche pas quelques irréductibles à refuser tout raccord avec la fibre, les propriétaires de résidences secondaires voulant profiter d’un cadre totalement déconnecté par exemple. « On ne peut pas obliger les habitants à prendre un abonnement à la fibre » pointe Joël Beynel, maire de Darazac. Il y a également les habitations isolées qui nécessitent des travaux conséquents et des raccordements complexes pour lesquelles des solutions à base de 4G sont plus souvent privilégiées, car moins coûteuses. Dans les faits, la fibre pourrait ne pas atteindre un taux de couverture de 100 %.

Enfin, la question des malfaçons et des dégradations sur le réseau fibre optique doit être prise plus au sérieux. 81 maires de Haute-Savoie ont récemment alerté l’Arcep sur les détériorations commises par les opérateurs commerciaux et les sous-traitants, appelant également à ce qu’une proposition de loi visant à encadrer les opérations de raccordement à la fibre optique soit débattue à l’Assemblée Nationale.

Un travail de communication essentiel

Pose de la fibre optique dans un immeuble

Pour convaincre les réticents et faire avancer le déploiement de la fibre, un travail de communication est vital, d’autant plus que les échéances approchent à grands pas. Mais cet effort de pédagogie est aujourd’hui à la seule charge des maires qui doivent redoubler d’efforts pour informer leurs administrés, que ce soit en faisant du porte-à-porte, du tractage les jours de marché ou encore tenir des permanences à la mairie. Ce que regrette l’Association des Maires de France, c’est que ni l’État ni les opérateurs ne mettent les moyens financiers dans cet accompagnement. Pour Michel Sauvade, co-président de la commission numérique de l’AMF, « le maire n’a pas à prendre en charge la communication des opérateurs ».

Depuis un an, les édiles réclament la mise en place d’une instance tripartite neutre entre les associations de collectivités locales, les opérateurs et l’État pour accompagner les usagers, mais aussi les élus, que ce soit par la mise en place d’un numéro vert ou une campagne d’information nationale. L’État a déjà lancé l’année dernière la plateforme treshautdebit.gouv.fr avec un mémento sur la fermeture du réseau cuivre, mais force est de constater que cela reste insuffisant.


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