Il semblerait que Netflix veuille jouer au bras de fer encore une fois avec le Gouvernement. Lors d’une rencontre organisée par l’Association des Journalistes Média (AJM), Damien Bernet, directeur du développement de Netflix en France, a vivement critiqué l’actuelle chronologie des médias.
Une chronologie des médias revue et qui va dans le sens de Netflix
Pour rappel, la chronologie des médias est une règle qui impose un calendrier de diffusion minimale pour la diffusion d’un film selon les médias. Un film doit d’abord sortir en salle, puis en VOD/DVD/Blu-Ray, puis sur les chaînes de télévision et sur les services de SVoD. Un accord avec le Gouvernement était jusqu’alors en négociation entre toutes ces parties, et a été signé il y a quelques mois. Netflix en est sorti a priori grand gagnant et a vu sa période réduite de 36 à 15 mois. Un changement plutôt convaincant, la période d’attente de trois ans pouvait effectivement paraître anachronique du point de vue de l’industrie cinématographique, d’autant plus que c’est une exception française.
Une victoire qui implique pour la plateforme de financer le cinéma français. Netflix s’était alors engagé à produire de « petits films » entre 3 et 4 millions d’euros à chaque fois, pour un engagement de 40 millions d’euros par an. Cette nouvelle chronologie des médias est entrée en vigueur le 10 février 2022.
Netflix veut renégocier quelques mois seulement après la signature
Ce mardi 28 juin, Damien Bernet a déclaré à l’AJM que « Cette chronologie ne peut pas tenir. Elle ne correspond pas aux usages. Le public a besoin d’avoir les contenus rapidement. Le fait de les mettre sur une étagère ou au frigo durant 15 mois n’a aucun sens aujourd’hui. Et cela ne sert surtout pas les films. Tout ce que cela génère, c’est du piratage ».
Pour appuyer son explication, il parle de l’exception française en disant que « nous sommes prêts à payer plus par film si la fenêtre est raccourcie » et que « dans le monde, la fenêtre de sortie des films sur les plateformes est fixée en général à 45 jours ». Apparemment, l’herbe est plus verte ailleurs pour Netflix. Cependant, il se dit ouvert à des discussions se disant « prêts à mettre beaucoup plus d’argent dans la production d’un film français si l’on pouvait ensuite disposer d’une fenêtre plus cohérente avec la demande de nos abonnés ». Comme le rappelle Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Netflix et présente à cette rencontre, « la sortie en salle, ce n’est pas le cœur de notre business ».
Damien Bernet annonce vouloir renégocier « dès le mois de septembre », pour une application en janvier 2023. Cela alors qu’au moment de la signature, la ministre de la Culture de l’époque Roselyne Bachelot « avait estimé que les discussions pourraient être rouvertes en janvier 2023 », indique Le Figaro.
Netflix investit dans le cinéma français
Le Figaro poursuit en disant que Netflix présente un intérêt certain pour le marché français. Le journal indique que « le groupe américain pourrait diffuser 25 œuvres françaises (séries, documentaires et longs-métrages) cette année sur sa plateforme et 20 autres sont en cours de développement ». Le tout pour une enveloppe de 200 millions d’euros, « soit plus que les obligations de production imposées par le décret sur les services de médias audiovisuels à la demande ». Alors, réel intérêt pour le marché français ou volonté de séduction des autorités publiques… difficile de se prononcer.
Netflix « ne s’oppose pas à la sortie en salles, notamment pour les festivals et avant-premières » et annonce sa présence au prochain festival de Venise, rapporte Olivier Ubertalli.
Le service de SVoD est d’ailleurs en train de revoir sa formule et a confirmé l’arrivée de publicités. Netflix veut aussi mettre fin au partage de compte pour éviter la perte d’abonnés qu’il vit en ce moment.
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