Le streaming, ça consomme. Vous le savez si vous regardez des vidéos sur YouTube ou même Netflix depuis votre forfait data limité, et les opérateurs le savent encore plus quand leurs clients consomment plusieurs heures de contenus en streaming par jour. Si les fournisseurs d’accès ont déjà tenté par le passé de faire payer les plateformes de streaming, cette fois la situation a changé : l’impact environnemental de tous ces acteurs du numérique est dans la ligne de mire des instances de régulation, ici l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique).
Cette dernière, dans le cadre de la loi sur l’empreinte environnementale du numérique, a dressé une liste de recommandations pour que les services de streaming comme Netflix, Disney+, Canal+ ou encore Prime Video puissent réduire leur impact sur l’environnement. Au programme de ces bonnes pratiques préconisées par l’autorité : une plus grande éducation des usagers sur leur consommation et une réduction de la qualité d’image.
Un réglage de qualité « écologique » sur les plateformes ?
L’Arcom a tenu à rappeler dans son rapport (via L’informé) que la vidéo représente pas moins de « 66 % du trafic internet mondial en 2022 » et pèse donc dans l’empreinte carbone numérique, qui représente en France environ 2,5 % de l’empreinte totale. Si l’urgent ne prévaut pas, ces chiffres devraient tripler d’ici à 2050 avec une utilisation toujours plus populaire de ces plateformes.
Il faut dire que l’offre est désormais techniquement pointue : la 4K se démocratise désormais dans les forfaits d’abonnement, ainsi que la HDR avec les normes Dolby Vision et HDR10. Toutes ces évolutions ont leur poids sur la bande passante utilisée par les internautes. Dans ses recommandations, l’Arcom incite les plateformes à éduquer leurs usagers sur l’impact écologique de leur consommation vidéo.
Bon nombre d’entre elles vous indiquent déjà la bande passante consommée à l’heure selon le mode de qualité choisi, sans pour autant sensibiliser sur l’empreinte carbone de chacune de ces options. Il n’y a guère que myCANAL qui peut se targuer d’afficher un tel message lors du paramétrage de définition. L’Arcom incite d’ailleurs tous les acteurs du streaming à se concerter pour trouver « une méthodologie commune de calcul de l’impact environnemental des usages audiovisuels liés à l’utilisation de leurs services en 2024 ».
Et à l’instar de l’option « Économiseur de batterie » des smartphones, les acteurs du streaming pourraient selon l’Arcom proposer un ou plusieurs réglages respectueux de l’environnement. Plus qu’une simple réduction de la qualité, elle désactiverait aussi la lecture automatique des épisodes suivants, mais aussi la lecture automatique de vidéo lorsque l’utilisateur parcourt la page d’accueil. Toutes ces options, déjà proposées par les plateformes, devraient être regroupées sous un seul réglage activable en deux clics.
Des codecs vidéos moins gourmands
L’autre mesure recommandée concerne sans surprise l’optimisation de cette qualité d’image dans l’objectif de consommer le moins possible. Les plateformes avaient déjà été contraintes pendant le confinement à réduire leur débit binaire (bitrate) pour préserver la bande passante de toute une population désormais assignée à domicile. Ici, l’argument est cette fois écologique, avec comme piste de réflexion le travail sur des codecs audio et vidéo moins gourmands.
Sur ce point, les plateformes proposent leurs propres infrastructures et techniques de compression, mais certaines se sont accordées sur le codec AV1, comme Netflix ou YouTube. Ce dernier permet de réduire considérablement la bande passante utilisée pour une qualité au moins égale et parfois supérieure aux codecs classiques.
Reste à savoir si les différents acteurs de l’audiovisuel visés promettront d’adopter ses mesures pour contenter l’Arcom. Alors que la tendance chez tous les géants de la tech et du numérique est au greenwashing, beaucoup ont déjà amorcé ce genre d’initiative pour rassurer le public, mais aussi les instances régulatrices. Mais la ligne est fine entre campagne marketing et mise aux normes. En France, ils seront en tout cas conviés à rendre compte annuellement de leurs actions avec un premier bilan prévu dans deux ans. Mais sans régulations pour les y contraindre, il faudra donc s’en référer à leur bonne volonté.
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