Pourquoi les voitures électriques devraient être aussi abordables qu’une thermique dans deux ans seulement

 
Elles représentent encore pratiquement 40 % du prix total d’une voiture électrique. La batterie est incontestablement l’élément le plus cher d’une voiture carburant aux électrons, mais ses prix ne cessent de chuter depuis plusieurs mois. De quoi bientôt avoir un vrai impact pour les clients ?

À l’heure où nous écrivons ces lignes, hors subventions, les voitures électriques sont encore plus chères que leur équivalence thermique en Europe.

L’équation est difficile à trouver pour les constructeurs, qui doivent écouler plus d’électriques pour respecter les normes environnementales, des produits plus chers qu’il est, évidemment, plus difficile de vendre.

Le principal problème des voitures électrique, c’est le prix des batteries. Il représente, dans le pire des cas, environ 40 % du tarif final d’une voiture. Plus concrètement, dans le cas d’un BMW iX2 eDrive20 par exemple, la batterie coûte très exactement 21 307,09 euros d’après les documents à notre disposition, sur un tarif de base global de l’auto de 46 900 euros.

Mais tout cela pourrait plus ou moins rapidement changer. Selon une récente enquête menée par BloombergNEF, le prix moyen des batteries lithium-ion a connu en 2024 sa plus forte baisse depuis sept ans.

Cette réduction, estimée à 20 %, porte le coût moyen des batteries à 115 dollars par kWh, et représente une avancée majeure vers la parité des prix entre les véhicules électriques et les voitures à moteur thermique.

Les raisons d’une baisse marquée

Plusieurs facteurs expliquent cette chute rapide des prix, à commencer par la surcapacité de production. La production de cellules de batteries dépasse la demande mondiale, entraînant une concurrence accrue entre fabricants et, par conséquent, une baisse des prix.

Baisse des prix que l’on observe aussi du côté des matériaux. La diminution des coûts des métaux et composants essentiels a également contribué à réduire les coûts de production. L’adoption de technologies moins coûteuses comme le recours croissant aux batteries au lithium-fer-phosphate (LFP), moins onéreuses que d’autres chimies, a joué un rôle central.

L’étude, qui repose sur l’analyse de 343 points de données couvrant divers secteurs (voitures, bus et véhicules commerciaux), indique que cette baisse accélérée pourrait entraîner une chute des prix des voitures électriques à des niveaux comparables à ceux des véhicules thermiques dès 2026, lorsque les coûts moyens des batteries tomberont sous la barre des 100 dollars par kWh.

La Chine, leader incontesté du marché

L’étude met aussi en avant le rôle prépondérant de la Chine dans cette transformation. En 2024, le pays devrait produire assez de cellules de batteries pour couvrir 92 % de la demande mondiale estimée à 1,2 TWh pour les véhicules électriques et le stockage stationnaire.

Cette domination chinoise exerce une pression à la baisse sur les prix des batteries, forçant les fabricants plus petits à réduire leurs marges pour rester compétitifs.

Fait notable, la Chine a déjà atteint la parité des prix entre les véhicules électriques et les voitures thermiques, grâce aux prix des batteries bien inférieurs à la moyenne mondiale.

Un avenir incertain malgré les prévisions optimistes ?

Bien que les prix des batteries devraient continuer à baisser pour atteindre 69 dollars par kWh en 2030 selon les prévisions de BloombergNEF, des facteurs externes pourraient freiner cette tendance, et notamment le ralentissement de la demande mondiale. La production de cellules pour véhicules électriques reste fortement liée aux volumes de ventes de voitures, et un ralentissement des livraisons pourrait limiter les excédents de production.

Les tensions géopolitiques, notamment les menaces de tarifs douaniers élevés sur les importations en provenance de Chine et d’autres régions, ajoutent une incertitude importante. Par exemple, le président élu Donald Trump envisage des droits de douane allant jusqu’à 60 % sur les importations chinoises, quand l’Europe vient d’ajouter jusqu’à quasiment 40 %, en plus des 10 % déjà en vigueur, pour certains constructeurs.

Puisque nous sommes en Europe, restons-y, car la réduction des subventions en Europe pour ralentir le rythme de transition. Cela a conduit à des pressions pour assouplir les objectifs à court terme en matière d’émissions de CO2 et le calendrier d’interdiction des moteurs thermiques.

Pour le moment, l’Union européenne reste inflexible aux demandes répétées de la France, de l’Allemagne, mais aussi de l’ACEA, le lobby de la voiture en Europe. Ce dernier vient d’ailleurs, par l’intermédiaire de son président, Luca de Meo (PDG du groupe Renault), de formuler une nouvelle demande à l’Europe pour plus de « flexibilité » concernant les normes à venir.


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