Le scooter électrique, enfin !
Il en existe quelques modèles depuis un moment (Govecs, Eccity, BMW…), les solutions de partage (CityScoot, COUP) fleurissent dans certaines grandes villes, mais les scooters électriques restent marginaux alors qu’ils ont tout pour devenir l’engin idéal. Pas d’émissions, recharge plus simple que pour les voitures électriques – surtout lorsque les batteries sont amovibles -, conduite souple et dynamique, rayon d’action suffisant pour l’usage urbain : les arguments sont nombreux. En revanche, l’offre des constructeurs manque à l’appel.
Et c’est un peu l’histoire de la poule et l’œuf. Il y a deux ans, Piaggio préférait se lancer dans le vélo électrique, jugeant le marché plus mûr que pour un scooter électrique, qui serait pourtant un prolongement naturel de sa gamme pour le spécialiste italien. C’est enfin (presque) fait : au Salon de la moto de Milan (nommé EICMA), rendez-vous annuel incontournable de la profession, Piaggio montre une version proche de la série de sa Vespa Elettrica (attendue depuis fin 2016). Ou plutôt deux versions, l’une purement électrique affichant 100 km d’autonomie (recharge de la batterie lithium-ion en 4 heures sur une prise classique), l’autre nommée « X » et pourvue d’un prolongateur d’autonomie, un petit moteur essence pouvant entrer en fonction en cas de besoin pour offrir, en tout, 200 km de rayon d’action à l’engin (juste 50 km en électrique ici et 150 km avec les 3 litres d’essence). Avec 2 kW de puissance (4 kW en pic), les performances sont annoncées comme étant supérieures à celles d’un scooter 50 centimètres cube et le système bénéficie d’une récupération d’énergie à la décélération, ainsi que d’une marche arrière. Cette Vespa est aussi connectée, nous en connaîtrons plus de détails à l’approche de sa commercialisation, l’an prochain, ainsi que les tarifs de ces deux versions, forcément haut de gamme comme tous les scooters siglés Vespa.
Autre acteur italien mais autrement moins connu, la marque Askoll présente son petit scooter léger eS2 Sport alimenté par deux batteries Panasonic (2,1 kWh au total pour 80 km d’autonomie) tandis que l’espagnol Bultaco mise sur un hybride entre vélo électrique et moto avec son Albero.
Le français Eccity retouche quant à lui sa gamme tout électrique (6 990 à 8 990 €) avec quelques nouveaux équipements et l’apparition d’une appli pour voir le niveau de charge et l’autonomie restante. Mais surtout, un prototype électrique à trois roues (deux à l’arrière) est présenté et il devrait rejoindre la gamme l’an prochain avec 100 km d’autonomie et une vitesse maxi de 120 km/h. Avantage, plus de stabilité en virage et au freinage.
Parmi les nouveaux acteurs du monde des scooters électriques on trouve des start-ups chinoises comme Niu, remarquable nouveau-venu créé par des anciens de Huawei et Baidu. Il complète sa gamme très design avec 4 nouveaux modèles au salon de Milan, le petit U Pro, strictement urbain avec 70 km d’autonomie et 45 km/h maxi (lancement en avril), les GT et GTX avec batterie amovible (respectivement 80 et 100 km/h et 130 et 180 km d’autonomie) qui seront disponibles en septembre, et enfin, le Projet X (160 km/120 km/h en équivalent 125 cm3) lancé fin 2018. Des modèles à suivre au vu de la bonne impressions que nous avaient donnée la conduite du premier modèle de la marque. Tous sont connectés via une appli maison qui suit à distance le niveau de charge et la localisation GPS.
Honda s’y est mis aussi de son côté avec une version électrique de son scooter PCX mais elle ne semble pas destinée au marché européen. Dommage. Enfin, les rumeurs de scooter électrique Ducati répandues au travers d’interviews du côté de la maison-mère Audi restent au mieux, une déclaration d’intention. A suivre…
Connectivité croissante
L’affichage digital avec connexion Bluetooth reliant le smartphone du pilote et sa machine deviennent de plus en plus commun. BMW présente ainsi un nouveau scooter de moyenne cylindrée, le C400 X, qui peut recevoir en option un écran TFT 6,5 pouces avec GPS et connexion Bluetooth. Comme certains autres modèles, il est également accessible sans clé, un simple transpondeur dans la poche suffisant à le déverrouiller et le démarrer. Chez Piaggio, le best-seller MP3 en version Business est désormais livré avec un GPS TomTom Vio, spécifique pour les deux-roues avec un calcul de trajets différent des GPS classiques automobiles.
Dans un tout autre genre, on ne peut résister à évoquer la magnifique Ducati Panigale V4, pas seulement pour le plaisir des yeux, mais aussi pour une raison bien plus technologique : elle aussi a droit à sa dose de connectivité avec une analyse des données de roulage avec GPS et une appli spécifique. Spectaculaire également, le concept Honda CB4 Interceptor cache dans son phare LED une mini-turbine qui alimente en électricité le panneau d’affichage électronique de bord. Il fallait y penser…
Mais la connectivité n’est pas forcément seulement sur la machine, elle peut aussi directement rejoindre le casque. C’est ce que propose l’américain Nuviz avec son système d’affichage comparable aux affichages tête haute de certaines voitures. Des informations simples (flèches de direction de navigation, identité d’un appelant…) sont ainsi visibles en conduisant, directement dans le champ de vision. La marque Sena propose quant à elle des casques avec Wi-Fi et Bluetooth, écouteurs avec réduction active de bruit (mais qui laisse filtrer les sirènes de véhicules d’urgence) et caméra intégrés.
Des concepts pour demain
La mobilité urbaine laisse libre cours à l’imagination des ingénieurs et des designers pour proposer des solutions originales pour plus de protection, de stabilité ou… d’originalité. Les premières ébauches sont souvent testées au moyen de concepts présentés au public des salons spécialisés. Le coréen Kymco s’y essaie avec le concept CV3, un puissant scooter à 3 roues et toit intégré. Yamaha propose aussi sa vision à 3 roues, mais dans un mode franchement plus radical avec sa Niken, une moto faite pour exploiter son potentiel sur route. Et toujours en 3 roues, mais plus urbain, le suisse Quadro s’est associé avec le taïwanais SYM pour fonder une nouvelle marque, Nuvion, avec un lancement prévu d’ici 2019. Décidément, cela bouge dans le monde de la mobilité urbaine.
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