Pourquoi la Chine mise encore autant sur le charbon alors qu’elle fait largement mieux que l’Europe sur le solaire et l’éolien

 
Avec la multiplication de ses projets d’installations solaires et éoliennes, la Chine semble a priori vouloir améliorer son image de premier émetteur mondial de CO₂. Pourtant, elle continue d’investir massivement dans le charbon, au risque même de basculer dans la surcapacité.
Image par JLB1988 de Pixabay

Alors que de nombreux pays ont amorcé leur démarche vers une sortie du charbon, la Chine semble, au contraire, en devenir toujours plus dépendante. Le minerai noir renforce sa place dans le mix énergétique chinois avec de nouvelles centrales mises en service, en construction ou récemment approuvées. Ces choix énergétiques de Pékin soulèvent de sérieux doutes quant à l’atteinte de la neutralité carbone visée pour 2060.

Une dépendance au charbon encore plus ancrée

Un récent rapport du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA) et du Global Energy Monitor (GEM) révèle une évolution assez préoccupante de l’industrie du charbon en Chine. En 2024, de nouvelles centrales totalisant 30,5 GW (gigawatts) ont effectivement été mises en service selon ce document. Plus inquiétant encore, celles entrées en construction au cours de la même année ont atteint 94,5 GW.

C’est bien plus que la puissance totale du parc nucléaire français (61 GW), et depuis 2015, les chiffres annuels n’avaient jamais été aussi élevés. D’ici deux à trois ans, ces infrastructures commenceront à produire de l’électricité, alors même que le président Xi Jinping annonçait en 2021 son intention de réduire progressivement l’exploitation du charbon.

Centrale solaire d’Aramon – France // Source : EDF

Outre ces nouvelles constructions, de nombreux projets ont également reçu leur approbation. Au premier semestre 2024, 9 GW « seulement » avaient été validés, ce qui laissait enfin espérer un ralentissement du recours au charbon. Mais cette tendance s’est inversée au second semestre, les chiffres ayant rapidement grimpé pour atteindre 66,7 GW en fin d’année.

Pourquoi l’industrie du charbon continue-t-elle à prospérer ?

La montée en puissance de l’industrie du charbon en Chine s’explique en partie par l’implication des entreprises minières dans les projets. Celles-ci financent la construction de nouvelles centrales afin de pérenniser leurs propres activités, et ce, sans forcément tenir compte de la demande du marché. C’est à cause de cette dynamique que certains experts craignent un risque de surcapacité électrique dans le pays.

Une autre raison qui maintient la filière, selon le CREA, concerne les engagements à long terme signés par de grands acheteurs auprès des exploitants de centrales à charbon. Ces contrats rendent difficile tout désengagement ou transition vers des sources d’énergie plus propres, sous peine de lourdes pénalités.

Une addition d’énergie plutôt qu’une transition ?

En Chine, la transition énergétique repose sur le principe du « établir avant de détruire ». Autrement dit, le pays vise d’abord à bâtir un parc d’énergies propres solide avant de réduire sa dépendance au charbon. Les sources renouvelables y sont ainsi devenues de vrais acteurs clés.

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Rien qu’au cours de l’année 2024, le pays a ajouté 356 GW d’énergies renouvelables, soit 4,5 fois plus que les nouvelles installations de l’Union européenne (dont le solaire vient enfin de dépasser le charbon). Pourtant, malgré cet essor, les chiffres concernant le charbon n’augurent rien de bon pour les objectifs climatiques. D’ailleurs, selon le rapport, la démarche actuelle du pays s’apparente davantage à une « addition d’énergie » plutôt qu’à une vraie transition, les énergies propres et polluantes progressant en parallèle.

Dans ses lignes de recommandations, le CREA conseille au pays d’inclure des objectifs concrets de réduction du charbon dans son prochain plan quinquennal (2026-2030). Il préconise aussi de limiter les contrats d’achat à long terme avec les exploitants de centrales à charbon et de réduire leurs heures de fonctionnement afin de libérer plus de place pour les renouvelables sur le marché.


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