Test de la trottinette électrique Z8 Pro : autant d’options que de défauts

Le soin des options au détriment de l'essentiel

Si vous êtes adeptes de trottinettes électriques, vous avez certainement déjà entendu parler de la marque Zero. Nous avons testé la petite dernière, la Z8 Pro, qui propose autant de choses intéressantes que de choses agaçantes.
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Ce test a été réalisé le 22 Octobre 2021 et le marché a peut-être évolué depuis. Consultez notre comparatif pour découvrir des produits plus récents potentiellement plus pertinents pour vous.

 

L’univers de la trottinette est divisé en 3 catégories : les modèles sportifs pour la performance, les jouets pour s’amuser et enfin ceux qui servent de « daily », autrement dit, de véhicule de transport quotidien remplaçant le vélo, la voiture, les transports en commun et parfois même les deux-roues. La Zero 8 Pro (Ou Z8 Pro) vise clairement cette dernière catégorie et promet de vous accompagner quotidiennement dans vos déplacements dans un confort inégalé.

Zero a attaqué le marché avec la 10X, une trottinette de l’époque sans loi, durant laquelle titiller les 50 km/h avec 2 x 1200 W sur une trottinette n’était pas encore considéré comme un crime. Puis d’autres modèles ont vu le jour et parmi eux, la Z8 Pro : la promesse d’un équipement haut de gamme pour un tarif de 890 euros. Mais la Z8 Pro en propose plus : grosse batterie, suspensions avant et arrière, système antidémarrage à carte et même des clignotants ! Elle pourrait presque figurer dans un Batman. Est-ce suffisant pour en faire l’engin de mobilité urbaine parfait ?

Fiche technique

Modèle Z Z8 Pro
Autonomie annoncée 60 km
Temps de recharge annoncé 240 min
Vitesse max 25 km/h
Puissance du moteur 500 watts
Poids maximal supporté 100 kg
Prix 890
Fiche produit

Ce test a été réalisé avec une trottinette qui nous a été prêtée par EMobility Shop.

Design

Le design de la Z8 Pro envoie du bois : gros deck, roues larges, cintre énorme, deux poignées de freins, un repose-pied au-dessus de la roue arrière, la Z8 Pro en impose et fait penser aux trottinettes bodybuildées. De loin, elle attire l’œil et suscite la convoitise. De près, c’est une autre histoire.

La finition est tantôt réussie, comme ce dessous de deck totalement lisse (et donc mieux protégé contre la pluie) ou la potence, épaisse et robuste dont le système de pliage est non seulement doux et fluide, mais aussi sûr. D’un autre côté, ce même système de pliage laisse apparaître une abondance de graisse qu’on aura tendance à se mettre sur les doigts. Les câbles sont finis au briquet (le caoutchouc est brûlé par endroit) et la commande d’accélération, sur laquelle nous reviendrons, fait plastique bas de gamme au possible.

Le deck est large, ce qui offre un excellent confort. Confort renforcé par ce repose-pied situé au-dessus de la roue arrière et qui permet d’avoir une position de conduite très équilibrée. Le cintre (ou guidon) est lui aussi large, et les poignées de freins tombent bien sous les doigts.

Des petits boutons cachés dans ces poignées permettent d’activer les clignotants. Oui, vous avez bien lu ! C’est le seul modèle à ce tarif à en proposer. Et même si au début, j’oubliais de les actionner, ils sont vite devenus indispensables.

Les suspensions, de leur côté, sont plutôt réussies esthétiquement parlant. Nous reparlerons de leur efficacité dans la partie conduite.

Pliée, la trottinette est paradoxalement plus compacte qu’une Ninebot G30 Max et rentrera plus aisément dans le coffre d’une voiture ou entre vos jambes dans les transports en commun.

Niveau éclairage, on trouve une bande de LED qui fait office de feu diurne, deux spots au niveau du deck, un feu arrière et un éclairage sous le deck.

La colonne de direction s’ajuste à la volée à la manière d’une selle de vélo.

Globalement, la construction est solide, mais la finition est très moyenne. Or, ce sont les éléments que l’on utilise constamment qui ont été en partie négligés. Oui, cette trottinette a un look réussi, surtout dans cette couleur verte mate, se montre robuste dans sa construction globale, mais voit certains éléments fondamentaux négligés, comme la gâchette.

Conduite

Avec son large deck, la Z8 Pro permet de bien se positionner. Le poids de la batterie offre un centre de gravité bas. Les premiers tours de roue permettent d’apprécier l’efficacité des suspensions qui gomment les aspérités de la route. La largeur du guidon offre un bon contrôle. On s’amuse à pencher dans les virages.

Le repose-pied arrière, le cintre large et le deck permettant de poser tranquillement ses pieds offrent un grand polygone de sustentation et prodiguent un excellent équilibre.

Les suspensions sont réglables, mais vous ne les réglerez probablement jamais. Avec la configuration d’usine, et mon quintal dessus, c’était un régal. À tel point qu’on en oublie totalement que les roues ne font que 8,5 pouces tubeless pour l’avant et que le pneu arrière (de 8 pouces) est plein. D’ailleurs, leur efficacité est telle que vous pourrez même sauter des trottoirs avec un peu d’élan sans craindre pour vos pneus ou la structure de la trottinette.

À ce propos, petit conseil : si vous optez pour une trottinette à pneus pleins, pensez à la prendre avec des suspensions, ou ajoutez-en si c’est possible. Votre dos et vos articulations vous remercieront, surtout si vous êtes nés avant les années 90. Le revers de la médaille pour ce pneu plein, c’est son remplacement, plutôt complexe.

D’autant que la roue intègre le moteur. Oui, la Z8 Pro est une propulsion, comme la Ninebot G30 Max (et à la différence de la série M365 de Xiaomi). Cela offre l’avantage de pouvoir lever la roue avant pour passer des petits obstacles, là où une M365 aura tendance à déraper.

Les clignotants sont vraiment bienvenus, mais leur luminosité manque de puissance en plein jour. Cela dit, on se demande pourquoi on ne retrouve pas cette possibilité sur d’autres modèles. C’est d’autant plus efficace la nuit, rendant cette trottinette un poil plus visible en hiver, lorsque le soleil se couche à 17 heures.

Le réel problème, et non des moindres, vient de la gâchette d’accélération. Celle-ci même que nous pouvons retrouver sur les Minimotors et d’autres marques ou modèles génériques rebadgés. Cette gâchette est une plaie. Sa précision rappelle celle du stick de la manette de la Nintendo 64. Mais ce n’est pas le pire.

Sur notre modèle de test, le calibrage était si hasardeux que je me suis retrouvé plusieurs fois totalement à l’arrêt : par besoin de ralentir en roulant, j’ai lâché la gâchette, puis, en voulant réaccélérer, plus rien. Il a fallu enfoncer l’index à fond, relâcher de nouveau puis appuyer pour qu’elle reparte.

Lorsqu’elle n’est pas capricieuse, la gâchette manque tout de même de progressivité au niveau de sa course, générant un effet « tout ou rien » très désagréable et peu recommandé aux débutants.

De manière générale, l’accélération est très mal gérée par la trottinette. On a l’impression qu’elle veut aller plus vite et qu’elle coupe le jus. Puis elle remet le jus. Puis elle coupe le jus. On pourrait l’appeler la Philippe Katerine des trottinettes électriques. On n’est donc jamais à vitesse constante. C’est une succession de variations qui, à la longue, finit par fatiguer. C’est vraiment dommage, car ça annihile tout le plaisir apporté par les autres éléments et donc nuit au plaisir de conduite.

L’écran couleur, quant à lui, est visible en plein soleil, mais l’interface très brouillonne est difficilement lisible lorsqu’on est en train de rouler.

Modes de conduite et freinage

Il existe 3 modes : de 1 à 3. Le premier limite la vitesse à 15 km/h et se veut progressif. Le second est un bridage à 20 km/h maximum avec une plus forte accélération. Le troisième donne accès à la limite maximale autorisée en Europe, 25 km/h. Une simple pression sur le bouton permet de passer d’un mode à l’autre.

Parlons un peu de la puissance : si les 500 W du moteur sont affichés fièrement, en montée, ce n’est pas la même limonade. La trottinette peine autant que n’importe quel modèle doté d’un seul moteur. Sur une pente assez raide, on se retrouve à monter lentement. Mais à moins d’habiter en montagne, vous ne retrouverez jamais vraiment à l’arrêt.

Le freinage est géré par deux tambours : un au niveau de chaque roue (ce qui est surprenant, puisque la documentation technique fait mention de disques, mais passons). Alors oui, ça freine fort. Très fort. Au point de vite bloquer la roue, notamment la roue arrière, et il m’est arrivé à plusieurs reprises de déraper, surtout sur des revêtements glissants. On est d’abord surpris, puis on s’amuse très rapidement après. Ce ne serait donc pas un problème si les freins offraient un peu plus de progressivité. On a, comme pour l’accélération, une impression de « ON/OFF ».

Autonomie et recharge

La batterie a une capacité de 15,6 Ah en 48 V. Tout ceci vous offrira 35 km en mode européen sans sourciller et même sur des parcours avec pas mal de montés. Mais ne comptez pas sur l’indicateur de batterie qui est assez imprécis. En gros, au dernier cran de batterie, il faudra vous hâter de rentrer.

Pour la recharge, c’est assez spécial : la trottinette n’a pas d’indicateur de fin de charge et seule une LED verte sur le transformateur vous indiquera que le processus est terminé. Idem pour la charge elle-même. La LED du transformateur rouge vous indique que ça charge. Soit. Comptez environ 4 heures pour une charge complète.

On trouve deux fiches au niveau du deck pour recharger cette batterie d’ailleurs. Mais un seul chargeur est fourni et aucune mention de ces deux fiches n’est présente sur la documentation technique.

Fonctionnalités

En face, à 890 euros, aucune autre trottinette sur le marché n’offre autant d’options dont certaines ne sont vraiment pas gadgets comme les suspensions (même si la possibilité de les régler n’est pas utile), les clignotants ou encore le démarrage grâce à une carte fonctionnant en NFC.

Mon niveau en hacking étant proche de celui d’un nouveau-né, je ne peux dire si cette solution est suffisamment sécurisée. Mais entre les 20 kilos de la bête et l’impossibilité de rouler avec, cela peut dissuader un chapardeur. En face, pour 699 euros, la Max G30 de Ninebot se dote de pneus tubeless (sans chambre à air) de 10 pouces, mais qui s’affranchit du reste.

C’est une situation classique que l’on retrouve notamment en téléphonie : une marque arrive avec une fiche technique proposant plus que la concurrence pour un tarif similaire. Sur ce plan, Zero fait très fort, mais au détriment d’éléments plus basiques.

Car ces fonctions ne permettent de se démarquer que lorsque le cahier des charges initial est déjà rempli. Or, avec la Z8 Pro, sur les trois composantes essentielles d’une bonne trottinette, à savoir la gestion de la vitesse, celle du freinage et l’équilibre, seule cette dernière est satisfaisante.

Relativisons : cette trottinette, malgré ses défauts, est assez amusante à conduire pour les habitués à la recherche de quelque chose de plus joueur qu’une G30 Max ou qu’une Xiaomi M365. Le freinage trop brutal qui fait un peu déraper l’arrière, l’aspect baroudeur qui permet de jouer un peu avec le relief et les suspensions qui transforment la trottinette en trampoline offrent un cocktail sympathique. Mais de là à dépenser 849 euros, il y a un pas difficile à franchir.

Prix et disponibilité

La trottinette électrique Z Z8 Pro est disponible sur le site d’Emobility Shop au prix de 890 euros.

Note finale du test
6 /10
La Z8 Pro est un modèle intéressant pour le quotidien, mais qui oblige à accepter une sensation de conduite peu agréable et un freinage difficilement dosable, tandis que tous les équipements délivrent, eux, un réel confort à l’usage, soutenu par l’aspect pratique des gadgets intégrés.

Ainsi, au milieu de morceaux bien finis et d’un confort intéressant, on doit composer avec un système de charge flou et une documentation peu explicite. Cela dit, ces défauts n’ont pas été rédhibitoires, juste gênants.

À voir s’ils restent acceptables une fois délesté de 890 euros, soit 191 euros de plus qu’une Ninebot G30 Max dénuée de suspension, mais paradoxalement plus douce et plus stable.

Points positifs de la Z8 Pro

  • Design

  • Confort et efficacité des suspensions

  • Clignotants

  • Antidémarrage via carte NFC

  • Compacité une fois pliée

  • Rapport prix/prestations

  • Bonne autonomie

Points négatifs de la Z8 Pro

  • Gâchette d'accélération capricieuse

  • Freinage puissant mais manquant de progressivité

  • Finition de certains éléments

  • Gestion de l'accélération désagréable

  • Manque de panache en monté

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