Riese & Muller est une marque allemande fondée en 1993 par Markus Riese et Heiko Müller, et aujourd’hui co-dirigée et co-détenue par Sandra Wolf. Sa gamme de vélos électriques est aujourd’hui composée de modèles majoritairement haut de gamme, aussi bien taillés pour l’urbain, le VTT, le trekking ou le transport de personnes et de marchandises.
Au fil des années, ses VAE ont récolté une trentaine de récompenses. Mais R&M met surtout un point d’honneur à réduire son empreinte carbone au maximum. Durant l’exercice 2020/2021, l’entreprise a par exemple compensé toutes les émissions de son site de production de Mühltal et de sa logistique de vente.
Assemblés en Allemagne, ses cycles branchés sont en partie fabriqués en Europe : 50 % des composants proviennent en effet du Vieux continent, comme la selle (Italie) ou encore les rayons (Belgique), lorsque le reste provient d’Asie. De notre côté, nous avons pu tester le modèle Charger4 dans sa version GT vario : un monstre de puissance unique en son genre… au prix conséquent de 5799 euros.
Fiche technique
Modèle | Riese & Müller Charger4 GT vario |
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Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Autonomie annoncée | 100 km |
Temps de recharge annoncé | 405 min |
Batterie amovible | Oui |
Bluetooth | Oui |
GPS | Non |
Écran | Oui |
Poids | 30,1 kg |
Couleur | Noir |
Poids maximal supporté | 160 kg |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Prix | 4 299 € |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Design : le SUV des vélos électriques
Des yeux ébahis : voilà comment mon entourage – collègue, amis, famille – a pu maintes fois réagir au moment de découvrir le Charger4 GT vario. Car le Charger4 en jette, le Charger4 interpelle, le Charger4 en impose. Son gabarit ultra imposant trahit un poids conséquent : 30,1 kg, soit dans la moyenne très haute des VAE.
Il faut cependant comprendre la philosophie d’un tel modèle : il est certes fait pour les trajets urbains, mais il est aussi taillé pour les petits sentiers battus et autres ballades en bord de fleuve ou en forêt. De ce fait, Riese & Muller a logiquement conçu ce modèle à partir d’une structure plus corpulente, affublée d’une ribambelle de composants haut de gamme.
Pour revenir au poids, le Charger4 est de toute évidence très lourd, en plus d’être encombrant. C’est un élément que vous devez prendre en compte. Si vous habitez au 4e étage sans ascenseur, sans aucune possibilité de le sécuriser dans une cour ou un local, on vous souhaite un immense courage pour le porter.
L’insérer dans un ascenseur relève aussi de la petite mission : la partie avant du cycle pèse son poids pour pouvoir la basculer en arrière, afin de caler votre monture à la verticale. Bref, vous l’avez compris : son poids et son gabarit ne plaident pas beaucoup en sa faveur.
Plus globalement, le Charger4 GT vario aurait pu mériter des finitions un poil mieux soignées eu égard à son tarif frôlant les 6000 euros. Les soudures sont parfois polies, parfois très visibles, alors que les garde-boue en plastique font clairement tache à ce segment-là. Des garde-boue en aluminium plus robuste et plus premium n’auraient pas été de refus – nous ne sommes pas à un kilo près.
Sur le look global, le Charger4 a le mérite de se distinguer du reste de par une certaine forme de prestance, un aspect massif et un sentiment de robustesse. Disons qu’il ne passe clairement pas inaperçu. Pour le reste, c’est chacun ses goûts et ses couleurs.
Des accessoires, en veux-tu en voilà
Au chapitre des accessoires, le Charger4 n’est pas là pour rigoler. Et là où Riese & Muller fait preuve de pertinence, c’est dans le choix des phares. À l’avant, c’est un Supernova mini 2 Pro ultra puissant – 200 euros sur le marché – qui vous ouvrira la voie. C’est un allié idéal pour la ville, mais aussi les routes très peu éclairées.
Pour aller plus loin
Vélo électrique : quels accessoires choisir pour rouler en sécurité ?
La marque allemande Supernova est l’une des références en la matière, grâce à des dispositifs qualitatifs et efficients. Notre première expérience Supernova au guidon du vélo IWEECH nous avait à l’époque bluffés.
À l’arrière, le porte-bagages maison peut supporter une charge de 27,5 kg et profite d’une compatibilité MIK pour y fixer des accessoires en toute facilité. Toujours de série, vous pouvez compter sur une béquille Ursus Power 94 ajustable qui assure une excellente stabilité à l’arrêt, ainsi qu’une sonnette Billy bien placée sur le guidon.
Pour renforcer la sécurité, un bloque roue arrière ABUS Shield X+ permet, comme son nom l’indique, de bloquer la roue de votre bolide une fois attaché dans la rue par exemple.
Notre modèle d’essai était en plus de ça affublé d’accessoires optionnels : un porte-bagages avant à 100 euros, des pneus GX crantés à 50,90 euros et une chaîne à cadenas rangée dans une pochette elle-même fixée à l’arrière de la selle, à 50,90 euros aussi.
Si le porte-bagages vous intéresse, sachez que dans ce cas, le phare y est directement rattaché. Conséquences : lorsque vous tournez, le regard du phare ne suit pas le guidon, mais reste bien droit, car attaché au porte-bagages. Je n’ai, à titre personnel, pas trouvé ça pratique.
La pochette de la chaîne est une idée astucieuse et pratique pour ne pas vous trimballer ladite chaîne dans votre sac, et l’alourdir en conséquence. D’autant plus que le vélo a suffisamment de puissance – vous le verrez plus tard – pour se permettre ce genre d’équipement complémentaire.
Une connectivité complète… mais payante
Le Riese & Muller Charger4 GT vario ne manque pas de technologies embarquées. Ce modèle a même l’embarras du choix, puisque deux applications sont mises à la disposition des utilisateurs : celle de Riese & Muller, et celle de Bosch. Information importante : nous n’avons pas eu l’occasion de tester l’app’ du premier.
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Pour notre modèle d’essai, il était nécessaire que la marque déploie une mise à jour. Cela n’a pas pu être fait dans les temps. Nous avons en revanche pu assister à une démonstration en temps réel, notamment sur la fonction de géolocalisation du vélo. Car le Charger4 GT vario embarque un traqueur GPS avec lui, grâce à la puce RX Chip.
Problème : cette puce est facturée 151 euros en option. La firme allemande aurait clairement pu faire un geste en l’intégrant de série, d’autant plus à 5799 euros de base. C’est décevant. Ladite puce peut fonctionner d’elle-même grâce à sa propre batterie. Si la batterie principale est retirée, la géolocalisation fonctionne tout de même – mais pas indéfiniment.
L’application de Riese & Muller n’en est qu’à ses balbutiements. Elle sert avant tout à consulter ses données de conduite en temps réel (puissance, vitesse), ses résumés de trajet et la localisation de sa monture. Une alarme sonore est aussi au programme, mais seulement sur le modèle Riese & Muller UBN. Le groupe d’outre-Rhin souhaite l’étoffer de plusieurs fonctionnalités pour la rendre plus complète à l’avenir.
Pour profiter de tout ça, il est nécessaire d’activer la fonction « ConnectRide »… gratuite pendant un an, puis facturée 59,90 ensuite. Une dépense supplémentaire qui s’ajoute, mais qui aurait clairement pu être offerte par le constructeur vu, encore une fois, le segment tarifaire du vélo.
En revanche, l’application Bosch eBike Flow rehausse clairement le niveau. Ce logiciel est accompagné des composants Bosch Smart System, éligibles à des mises à jour logicielles à distance. Cet écosystème se montre très complet, bourré de data et très intuitif. Cerise sur la gâteau : vous pouvez même personnaliser votre expérience.
L’application Flow permet par exemple de customiser chaque mode d’assistance disponible sur le vélo, en jouant avec le couple, la puissance ou encore la vitesse maximale (seulement sur le Riese & Muller UBN concernant ces deux dernières données, avec le service RX). Nous avons écrit un dossier complet sur le Bosch Smart System, que nous vous invitons à lire pour en comprendre tous les tenants et les aboutissants.
Nos ardeurs sont néanmoins rapidement tempérées au moment de configurer le Charger4 sur le site officiel de R&M : de série, l’ordinateur de bord n’est autre qu’un Intuvia 100, difficilement pardonnable à ce prix-là. Il faut ajouter 50 euros pour profiter d’un Kiox 300 bien – installé sur notre modèle d’essai – plus ludique à utiliser, et plus fourni en données.
En revanche, Riese & Muller nous indique que de nombreux clients préfèrent l’Intuvia 100, à la fois pour sa plus grande taille d’écran et sa simplicité d’utilisation. Si vous avez l’occasion de tester les deux en amont de votre achat, c’est toujours mieux pour vous faire votre avis.
Une conduite unique en son genre
Le Riese & Muller Charger4 GT Vario est un vélo électrique à la fois taillé pour la ville et les petits sentiers battus. De notre côté, nous n’avons eu que l’occasion de circuler en zone urbaine, où notre protagoniste du jour dompte son sujet. Mais avant de rentrer dans les détails, sachez que sa position de conduite ne plaira peut-être pas à tout le monde.
Il fait en effet apprécier la posture semi-penchée, qui se situe entre la position sportive d’un vélo de route et celle plus décontractée offerte par un vélo typé hollandais. Nous sommes ici à mi-chemin entre les deux, ce qui apporte une petite touche de sportivité sans non plus vous casser le dos. C’est apprécié.
Ce vélo électrique est facile à appréhender dès les premiers coups de roues. Il faudra surtout prendre conscience de son gabarit au moment de vous faufiler entre les voitures ou les usagers d’une piste cyclable. Mais après tout, comme pour chaque vélo que vous achetez, c’est avec l’expérience que vous apprenez le plus à le connaître.
Un confort apprécié
Avec ses gros pneus Schwalbe Johnny Watts d’une largeur de 2,35 pouces, associés à une fourche suspendue d’un débattement de 100 mm, le niveau de confort est véritablement apprécié sur le Charger4. Sachez juste que l’équipement en la matière varie selon les stocks.
Par exemple, le site officiel indique deux modèles de fourche suspendue : la Marzocchi Bomber Z2 ou la SR Suntour Mobie 34, toutes deux d’un débattement de 100 mm. Lorsque le premier est en rupture, R&M le remplace par l’autre référence, plus haut de gamme. Notre modèle d’essai était en tout cas équipé de la fourche Suntour.
Il n’empêche, le Charger4 est un excellent allié urbain pour filtrer les aspérités de la route, des trottoirs aux nids de poule en passant par les pavés. Le seul bémol se situe au niveau de la selle, qui profite certes d’un léger système d’amortissement à cran – que vous pouvez régler vous-même –, mais qui n’arrive pas à la hauteur de la combinaison pneu/fourche.
En conséquence, quelques secousses se font tout de même ressentir au niveau du train arrière, malgré la présence d’une selle Selle Royal New Lookin moelleuse et vraiment agréable pour votre séant. Sur un trajet de 50 minutes par exemple, nous n’avons pas forcément relevé de gêne particulière au niveau de notre fessier. C’est très agréable.
Un comportement électrique unique
Depuis le temps que Frandroid teste des vélos électriques, difficile de totalement nous surprendre au moment d’en essayer un nouveau. Les comportements se ressemblent parfois beaucoup à quelques détails près, mais peuvent aussi se démarquer sans non plus nous en mettre plein les yeux.
Le Charger4 GT vario ne fait partie de cette catégorie de VAE : il est tout simplement différent, unique en son genre et capable de procurer des sensations de conduite inédites. En réalité, deux groupes de mots nous viennent à l’esprit au moment de décrire notre expérience : tapis volant et vaisseau spatial.
Tapis volant, car c’est le sentiment ressenti lorsque vous roulez sur un bitume plat. Vous avez comme cette impression de légèrement flotter au-dessus du sol : il faut le tester pour le comprendre. Évidemment, les pneus Schwalbe Johnny Watts n’y sont pas pour rien, tout comme le moteur Bosch Performance Line CX.
Il s’agit tout simplement du plus puissant moteur de Bosch pour les vélos urbains – on exclut le Performance Race taillé pour les VTTAE – grâce à son couple de 85 Nm, qui offre un dynamisme et une puissance exceptionnelle. Sans parler de son capteur de couple irréprochable et ultra réactif, qui garantit un comportement naturel : vous ne faites qu’un avec ce VAE.
Le tout est associé à une transmission à variation continue – la version manuelle – signée Enviolo. Cette technologie permet non pas de changer de vitesses sous forme de paliers, mais de manière linéaire et continue. Pour ce faire, une poignée tournante que vous manipulez avec votre main droite adapte le rapport de vitesse et ajoute plus ou moins de résistance dans les pédales selon vos besoins du moment.
Cette gestion hyper dosable est silencieuse, se fait tout en douceur et même à l’arrêt. En revanche, à l’arrêt, impossible de tourner en entier ladite poignée : celle-ci se débloque une fois que vous prenez de la vitesse.
Tout ça combiné – sans oublier une transmission à courroie Gates – rend l’expérience de conduite remarquable. Le Charger4 en devient un vélo électrique extrêmement joueur, avec lequel vous avez envie d’aller vite – vous ne sentez clairement pas les 30 kg sous les pédales – et de multiplier les dépassements. Qui plus est avec sa très bonne adhérence, qui offre un angle d’inclinaison plus qu’intéressant dans les virages.
C’est à ce moment-là que les termes « vaisseau spatial » entrent en jeu : précisément dans les virages. Cette fois-ci, vous avez l’impression de vous retrouver à bord d’une Motojet 74-Z de Star Wars, tant l’inscription dans les virages est facile, stable et rassurante. Bref, un comportement électrique vraiment pas comme les autres, qui mérite son attention – et un essai.
Sachez enfin que quatre modes d’assistance sont mis à votre disposition :
- Turbo : très utile dans les côtes, si vous êtes pressé, si vous avez envie de vous amuser ou si vous avez littéralement la flemme de faire le moindre effort ;
- Sport : amplement suffisant pour les trajets du quotidien, belle touche de dynamisme ;
- Tour : si vous commencez à être en rade d’autonomie, mais que vous souhaitez tout de même un minimum de puissance ;
- Éco : en cas de batterie très faible ou si vous aimez les efforts – c’est un engin de 30 kg, rappelons-le.
Des freins rassurants
Concernant le freinage, notre Charger4 était chaussé d’un ensemble mix Magura MT4/MT5 de série. Il est aussi possible de jeter son dévolu sur les Magura MTC, uniquement si vous optez pour l’option ABS de Bosch – qui est au passage une option facturée 400 euros, mais dont la technologie nous a bluffés durant notre essai.
Notre système était en tout cas difficile de prendre en grippe : excellent freinage, progressif et mordant. Ce bolide est donc rassurant en toutes circonstances, tout particulièrement dans les situations urgentes. Attention en revanche à bien respecter le principe de la progressivité.
Si vous y allez trop fort, la roue arrière a tendance à facilement se bloquer : dans ce cas, le pneu chasse facilement, malgré sa bonne adhérence. Il convient dans tous les cas d’anticiper au maximum les situations et de réduire votre vitesse au moindre doute, ou au moindre danger qui pourrait pointer le bout de son nez.
À l’aise sur l’autonomie
Avec la plus performante des batteries Bosch en son cœur, on s’attend forcément à ce que le Charger4 GT vario dégaine une autonomie plus que confortable. Bonne nouvelle : c’est le cas. L’accumulateur de 750 Wh m’a permis de parcourir environ 75 kilomètres en jonglant avec les modes Turbo, Sport et Tour de temps à autre.
Sur une semaine entière, vous n’avez pas forcément à vous soucier constamment de votre autonomie restante. En ressort donc un sentiment de sérénité toujours agréable à avoir. Mais qui dit batterie généreuse, dit aussi batterie lourde : 4,4 kg, ce qui en fait un composant très lourd à transporter, même dans un sac — vous êtes prévenu.
Bonne nouvelle : la batterie est amovible. Pour un VAE pesant plus de 30 kilos, c’est toujours bon à prendre pour extraire l’accumulateur, le ramener à votre domicile ou à votre bureau, et de le brancher sans devoir trimballer le vélo avec vous. En revanche, la manœuvre pour boucler ce petit manège n’est pas des plus évidentes au départ.
La batterie se retire par le dessous du cadre : il faut insérer une clé dans un loquet, puis la tourner pour débloquer le mécanisme. Là, l’accumulateur se désolidarise du cadre, mais pas complètement : il faut alors appuyer sur une petite surface souple au niveau de sa face supérieure pour complètement la déloger.
Pour la remettre, c’est le même principe, mais à l’envers. Le plus dur étant de bien caler la base de la batterie dans son emplacement, faute de quoi vous n’arriverez pas complètement à la réinsérer. C’est un petit coup de main à prendre un poil difficile au début : mais lorsque vous comprenez bien son principe, l’opération est relativement simple.
Prix et disponibilité
Le Riese & Muller Charger4 GT vario vaut son pesant d’or : 5799 euros au minimum, sans compter les accessoires en option. Avec ceux que la marque nous a prêtés, notre modèle d’essai grimpe à 6000 euros environ. C’est une somme extrêmement élevée, avec laquelle vous pourriez vous acheter un VTT électrique tout suspendu.
La prime à l’achat de 500 euros dans certaines régions fait certes baisser la note, mais de manière plus symbolique par rapport à un VAE à 2000 euros, où 25 % du tarif est dans l’idée prise en charge dans ce cas-là. Disons qu’entre 5299 et 5799 euros, la différence est moins palpable et attractive.
Le réseau de ventes s’articule autour d’une multitude de boutiques physiques. Sur la page de chaque modèle, une liste répertorie tous les magasins qui commercialisent le modèle. À Paris et dans sa banlieue par exemple, on en dénombre une vingtaine. Une bonne occasion d’aller le découvrir de vos propres yeux et l’essayer.
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