Comment reconditionne-t-on un vélo électrique ? Plongée dans les coulisses de cet entrepôt XXL

 
Frandroid a eu l’opportunité de visiter l’entrepôt francilien d’Upway, entreprise française experte dans le reconditionnement des vélos électriques, pour découvrir le processus complet du groupe. De l’arrivée d’un VAE à la sortie d’un modèle retapé à neuf et revendu.
Upway entrepôt
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

Upway est une entreprise française qui s’est lancée dans le reconditionnement de vélos électriques fin 2021. Depuis, cette jeune pousse a rapidement grandi : elle est aujourd’hui présente dans quatre pays européens (France, Belgique, Allemagne et Pays-Bas), ainsi qu’à Brooklyn, à New York.

Frandroid a rencontré l’un de ses cofondateurs, Toussaint Wattinne, qui nous a raconté en détail et en toute transparence le fonctionnement de l’entreprise. Ce fut aussi l’occasion de visiter leur entrepôt francilien, sis à Gennevilliers, afin de découvrir les coulisses de tout ce beau manège.

Upway, un processus bien rodé amené à être optimisé

L’entrepôt d’Upway est divisé en deux niveaux : celui d’en bas est dédié à la réception, au diagnostic, au reconditionnement et à l’envoi des vélos électriques. Le second niveau fait son effet : c’est ici que la marque stocke ses VAE reconditionnés. « On en a presque 1000 actuellement disponibles à la vente, on peut monter à 1200 », nous souffle Toussaint Wattinne.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces cycles à perte de vue vous plongent dans un tourbillon enivrant, presque déroutant. Vous ne savez plus où donner de la tête, tant le lieu regorge de modèles, de marques ou de catégories de biclous différents. C’est tout bonnement impressionnant pour tout passionné de vélos.

« Le second bâtiment [Upway France va grossir avec un second site qui jouxtera l’actuel, ndlr] va nous permettre de revoir le flux opérationnel », afin d’optimiser toujours plus le processus. Mais le véritable cœur de cette machine se situe juste en dessous, où l’ensemble des mécaniciens s’activent à leurs tâches.

« En France, nous tournons autour de 35 à 40 personnes, cadres et mécaniciens confondus. Dans le monde, on est environ 80 personnes », débute Toussaint, avant de rentrer dans le concret. « Lorsqu’un vélo arrive, il est enregistré dans notre plateforme et est placé à droite de cette chaîne (voir photo ci-dessous). En fait, toute notre chaîne opérationnelle est numérisée ».

Upway entrepôt
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

« Pour commencer, on identifie le vélo, le vendeur, l’état, avec une validation de l’inspection. L’inspection est très basique : on s’assure que le moteur fonctionne, les roues aussi, etc. », poursuit l’entrepreneur. « La seconde étape consiste à l’envoyer à l’atelier : il est alors confié à un mécanicien responsable de son reconditionnement ».

À partir de cette étape, le vélo électrique va subir un diagnostic en profondeur. « Il fait l’objet de 20 points de contrôle : état des pièces d’usure, fonctionnement des pièces structurelles, vérification du cadre et de potentielles fissures, de potentielles roues voilées », liste notre interlocuteur.

Des tests de batterie poussés

« Nous avons aussi un diagnostic électronique, pour vérifier le fonctionnement du moteur via un logiciel, le cycle de charge sur la batterie ou encore le nombre de kilomètres déjà parcourus par le vélo. On peut aussi identifier un problème sur le capteur de couple ou de rotation, sur le contrôleur ou encore l’ordinateur de bord », nous explique Toussaint.

Upway procède à des tests de batterie relativement poussés, grâce à un stand spécifiquement imaginé pour. Disposés dans une armoire antifeu, les accumulateurs sont soumis à des machines de tests parfois directement fournis par la marque. C’est le cas de Bosch. Sinon, un appareil peut parfois suffire à tester des batteries de plusieurs marques.

Upway entrepô
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

« Ici, on charge entièrement la batterie, pour ensuite la décharger en entier et définir la capacité restante par rapport à la capacité initiale. Si la batterie a été utilisée sur plusieurs milliers de kilomètres, nous réalisons un diagnostic sur son état de vie. L’idée est d’être le plus transparent sur ça », insiste Toussaint Wattinne.

« Si sa capacité tombe sous les 80 ou 85 %, on procède alors à son reconditionnement ou son remplacement. Mais in fine, une batterie subit une perte après 500 ou 600 cycles de charge. En se basant sur une moyenne d’une charge par semaine par utilisateur, le cycle de vie est long », estime-t-il.

Des objectifs pour les mécaniciens

Une fois le diagnostic effectué par le mécanicien, le vélo est disposé dans la zone dite de « backlog » que l’on retrouve en début de chaîne : il est alors en attente de reconditionnement, affublé d’un badge de couleur selon la quantité de travail à fournir. Cela permet d’anticiper la durée de réparation.

L’étape suivante consiste à sortir le vélo de cette zone de backlog, pour remplacer ou réparer ses pièces d’usure ou faire une purge des freins hydrauliques, par exemple. Bref, remplir le cahier des charges de chaque VAE à retaper. « On peut aussi faire des réparations électroniques », nous précise Toussaint Wattinne, qui aborde avec nous le rythme des mécaniciens.

« Chaque mécanicien à des objectifs, qui varient selon la difficulté du vélo. Exemple extrême : pour des vélos en très bon état, un mécanicien peut en reconditionner entre 6 et 8 par jour. Par contre, cela peut prendre une journée et demie pour un vélo en très mauvais état », nuance l’intéressé.

Upway entrepô
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

« Le tout, c’est d’équilibrer la réparation facile et difficile. Il existe aussi des niveaux de séniorité pour chaque mécanicien », poursuit Toussaint Wattinne.

« Certains vont se concentrer surtout sur les pièces d’usure, quand d’autres vont pouvoir tout faire, ou avoir des appétences particulières sur certaines pièces, comme les roues, les suspensions de VTT. À mesure que l’équipe grandit, il y a des spécialités qui se développent naturellement. »

Des plots codifiés

Tout au bout de l’entrepôt, une autre catégorie de vélos attend patiemment que l’on s’occupe d’elle. « Eux, ce sont les vélos dont certaines pièces doivent être remplacées. Les pièces sont commandées, on attend de les recevoir ». Là encore, un système de plot coloré permet de codifier l’avancée du projet.

Upway entrepôt
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

« Les plots permettent de déterminer si la pièce n’a pas encore été commandée, a été commandée ou a été reçue », nous explique Toussaint, qui nous guide alors vers d’autres allées de l’entrepôt. « Avant la mise en ligne d’un vélo, un mécanicien effectue un check complet pour vérifier tous les points d’inspection et respecter nos standards ».

Se faire beau pour le shooting photo

La fin du processus inclut un petit passage sur le stand de nettoyage… et le stand photo. Un vrai de vrai, dans une pièce spécifiquement faite pour du shooting, qui détonne clairement au beau milieu de tout cet outillage, de toute cette mécanique, de toute cette grande machine.

Vient ensuite la zone d’expédition, où sont réalisées les dernières vérifications : pression des pneus, chargement de la batterie, etc. « On retire ensuite les pédales, on fournit un outil et un mode d’emploi, puis on le glisse dans le carton. Les vélos électriques qui sont en attente d’envoi sont forcément en bas ».

Au total Upway a reconditionné 10 000 vélos électriques depuis son lancement fin 2021.


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