Encore une nouvelle marque de vélo ? À chaque projet inédit, c’est toujours une question que je me pose. Souvent, c’est par orgueil d’apporter une technologie ou un gadget sur un cycle qui ne demande qu’à pédaler pour aller d’un point A à un point B. Ici, justement C du Cycle pense plutôt au quidam souhaitant passer au vélotaf.
Cette marque, originaire de Mérignac, près de Bordeaux, et fondée par Adrien Duhamel, se concentre sur les vélos électriques urbains pour un usage quotidien. Elle cible notamment les entreprises en proposant des subventions pour les employés. Avec un cadre ouvert et une position confortable, elle a créé deux modèles accessibles à tous. L’entrée de gamme est l’Ariane, équipée d’un moteur arrière, d’un dérailleur classique à 7 vitesses, et d’une batterie de 380 Wh.
Le modèle plus haut de gamme est le C du Cycle Moby – oui, comme le musicien – qui offre un moteur central, une transmission automatique et une plus grande autonomie. C’est ce second vélo électrique que nous avons eu l’occasion de tester pendant une dizaine de jours, avant son lancement officiel prévu pour la rentrée 2023.
Fiche technique
Modèle | C du Cycle MoBY |
---|---|
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Autonomie annoncée | 70 km |
Temps de recharge annoncé | 240 min |
Batterie amovible | Oui |
Bluetooth | Oui |
GPS | Non |
Écran | Oui |
Poids | 25 kg |
Couleur | Bleu, Vert |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Le Moby joue la musique classique
Le C du Cycle Moby adopte un traditionnel dans son esprit. Son cadre ouvert est l’unique choix, et est doté d’une poutre avant contenant la batterie. À sa base, le moteur central est bien intégré, à peine visible derrière le pédalier. Les câbles au niveau du guidon manquent, eux de discrétion.
Notons que l’éclairage est relié à la batterie, avec le grand phare avant, mais un minuscule feu arrière à trois diodes sans fonction stop. Les finitions sont soignées, avec des soudures totalement invisibles ainsi qu’une belle peinture bleu marine – un vert d’eau étant aussi disponible ainsi qu’un gris metalisé – avec déjà quelques rayures d’usages malgré le peu de km au compteur.
Le vélo est conçu en une seule taille, mais avec une selle ajustable pour convenir aux personnes mesurant entre 1,55 m et 1,90 m. La potence est également ajustable pour adapter la position de conduite, et elle est équipée de poignées ergonomiques. La selle est courte et large, très rembourrée et suspendue.
Doté d’une fourche avant à suspension SR Suntour NEX avec un débattement de 63 mm, le C du Cycle Moby joue la carte du confort. Les roues Kenda, de 28 pouces et 40 mm de large, peuvent paraître un peu petites, mais le fondateur précise qu’il est possible de passer à 40 mm si nécessaire, les haubans à l’arrière du cadre étant suffisamment larges.
Un vélo électrique tout équipé mais lourd
Conçu pour le vélotaf, le C du Cycle Moby inclut logiquement d’office les garde-boue, la béquille et le porte-bagages arrière avec un tendeur offert, bien que celui-ci ne soit pas compatible. Autre élément présent et non négligeable : le bloqueur de roue arrière Axa, qui permet des arrêts-minute en toute sécurité. Pour un stationnement long, la marque a pensé à deux fixations à l’arrière du cadre pour un antivol Axa Lock 800 proposé en option (70,95 euros).
Tous ces éléments ajoutent au poids du vélo, qui est de 28 kg batterie comprise sur notre balance, malgré l’utilisation d’aluminium. Le poids pourra varier à la hausse si vous optez pour la batterie optionnelle de 630 Wh, de plus larges roues, ou varier à la baisse si une courroie remplace la chaîne (voir plus bas). Ce vélo électrique n’est donc pas facilement transportable au quotidien, comme dans un escalier par exemple, bien que le poids soit équilibré grâce à la position centrale du moteur et de la batterie.
Affichage non connecté mais de toute beauté
Incluant l’écosystème électrique Bafang, C du Cycle a opté pour sa console la plus récente, la DP C010, dotée d’un port USB-C. Cette connectique permet de recharger son téléphone, lentement toutefois (1,5 A hors roulage). Cet écran central de 4 pouces dispose d’une belle luminosité même en plein soleil, avec un super contraste entre le noir profond et les couleurs chatoyantes.
L’affichage est possible sous deux formats. Le premier est original, avec 3 barres en diagonale : celle du haut indique les niveaux d’assistance au pédalage, la centrale est une jauge de puissance délivrée par le moteur, et celle en bas à droite indique le niveau de batterie. Décentrée à droite, la vitesse avec le dixième de kilomètre/h est très visible, tandis qu’un dernier indicateur existe tout en bas de l’écran. On peut y faire défiler toutes les informations de kilométrage, vitesse, durée, cadence, calories, et autonomie restante.
Le second affichage est similaire à ce que proposent Bosch ou Specialized : quatre tuiles, au-dessus desquelles campe la vitesse. Trois fenêtres sont à défiler, soit 12 informations différentes à consulter au total. Précisons que le petit bouton de défilement est un peu petit pour un usage avec des gants. Hormis ce détail, c’est un superbe écran agréable à lire et complet.
Tout pour le confort
On vous l’a décrit plus haut dans le dessin de ce vélo, l’objectif de ce C du Cycle Moby est d’offrir la position la plus confortable qui soit. En conjuguant une selle large et rembourrée, une potence réglable et un guidon haut, le dos est parfaitement droit. Si le Cowboy Cruiser l’évoquait abusivement pour sa conception, ce vélo français est lui un vrai typé hollandais.
Outre la position, le confort de conduite est également privilégié, grâce à une suspension avant SR Suntour NEX de 80 mm de débattement, et une selle suspendue. Comme prévu, le Moby absorbe sans problème les bosses et les trous et peut même se permettre des escapades sur des terrains de gravier ou de terre.
Toutefois, les pneus de ce vélo électrique sont très fins. Cette caractéristique entraîne une filtration des vibrations moins efficace et une adhérence réduite. On prend ainsi plus de précautions dans les virages, sur les chemins, et l’on redoute les bords de chaussées abrupts. Le freinage, avec des disques de 160 mm et des commandes hydrauliques, est correct, mais sans plus. On conseille aussi de ne pas dépasser 40 km/h, car le Moby guidonne après cette vitesse.
Un moteur vif mais poussif en montée
Pour son vélo le plus polyvalent, la firme bordelaise a opté pour un moteur central au pédalier. Il s’agit d’un des meilleurs moteurs Bafang pour les VAE urbains, le M420, qui développe tout de même 80 Nm en pointe.
Le C du Cycle Moby fonctionne avec une philosophie similaire que son bloc électrique, favorisant une conduite douce. Le capteur de couple réagit bien, mais au démarrage, il faut un peu forcer pour montrer que l’on veut de l’assistance, qui met un peu de temps à se mettre en route. Une fois lancé, le VAE français atteint rapidement ses 25 km/h en mode maximal « Boost ». Ce dernier domine les autres modes Sport +, Sport, Tour et Eco, ce dernier étant le plus limité en assistance.
Bon en accélération et en relance, le moteur Bafang culmine à 500 W (on le voit sur l’écran), mais il montre ses limites en montée. Sur un parcours étalon, le Moby n’atteint pas les 25 km/h sur les plus fortes côtes, là où certains VAE pourtant moins performant sur le papier – Bosch Performance Line par exemple – font mieux. Il faut donc fournir un effort supplémentaire pour passer certains endroits, d’autant plus que la transmission présente aussi ses limites avec seulement 3 rapports.
Une boîte auto hyper fluide
Également conçue par Bafang, la boîte à 3 vitesses automatiques loge dans le moyeu arrière. Elle vise tout bonnement à simplifier la conduite du C du Cycle Moby. En effet, tout est géré automatiquement, sans bouton, et l’écran n’indique même pas sur quel rapport vous êtes (étrange tout de même).
Les passages entre les trois vitesses est tellement lissé, que l’on ne les remarque à peine. À titre d’information,, le deuxième rapport s’active autour de 17-18 km/h, le troisième vers 21-22 km/h. On sent donc que le braquet se durcit à mesure que l’on prend de la vitesse, mais on oublie totalement le système après quelques kilomètres.
En revanche, on note quelques sauts de rapports dans certaines circonstances, à moyenne cadence (autour de 47 tr/min) et pression sur les pédales, et en grand effort. C du Cycle nous a affirmé que le problème était inconnu et potentiellement isolé sur notre vélo d’essai.
Rayon d’action correct, or à gestion de puissance contestable
Parlons maintenant de la batterie du C du Cycle Moby, qui est intégrée dans le cadre mais peut être retirée. Elle intègre des cellules de la marque LG, et offre une capacité de 490 Wh ou 13,5 Ah. Pour 150 euros de plus, vous pouvez augmenter cette capacité à 630 Wh ou 17,5 Ah. Avec le pack le moins puissant installé, nous avons choisi un cycle de charge en mode Boost, en parcourant un itinéraire urbain avec quelques dénivelés, à une température de 20-25 °C, et avec un poids de 80 kg à bord. Après avoir fait presque 40 km autour de Paris, la batterie était à 21 %, ce qui nous laisse espérer une distance totale de 50 km.
À noter que, une fois la batterie descendue en dessous de 30 %, la puissance diminue progressivement. Ce phénomène est perceptible au pédalage et visible sur l’écran. De 500 W maximum, la puissance descend à 333 W, puis à 250 W, et enfin à 100 W. La perte de puissance est telle que les derniers kilomètres deviennent pénibles, surtout en dessous de 15 %, où on se rapproche de l’expérience d’un vélo sans assistance électrique. C’est un choix de Bafang pour protéger la batterie et prolonger sa durée de vie, ce qui est compréhensible.
Un autre aspect à noter est qu’il est difficile de déterminer l’autonomie restante du C du Cycle lorsque la batterie est en dessous de 30 %, car l’indicateur devient erratique. Après avoir laissé le vélo à 21 % après le premier trajet, nous avons commencé le second avec 30 %, puis il est tombé à 18 % après seulement 5 minutes. Sur cette base, on peut estimer environ 55 km d’autonomie en mode Boost à Sport (la différence entre les modes est minime), en s’arrêtant à 15 %.
Pour ce qui est de la recharge, le chargeur classique de 2A est très encombrant et peu pratique si vous souhaitez l’emporter avec vous, en plus d’avoir tendance à surchauffer. Bien que le temps de charge complet soit annoncé – avec optimisme – à 4 heures, il faut en réalité 7 à 8 heures. Les 4 heures correspondent plutôt à un cycle de charge entre 30 % et 80 %.
Un tarif premium avec quelques options chères
Avec un attirail haut de gamme de Bafang incluant le moteur central doté d’un couple élevé, une boîte automatique à 3 rapports et un bel écran LED, le C du Cycle Moby se permet d’afficher un tarif à partir de 3 400 euros. Ce prix s’applique actuellement à ce vélo électrique disponible commande, mais dont les livraisons ne commenceront pas avant septembre. La mention barrée de 3 650 euros sur le site officiel laisse aussi entendre une offre de lancement temporaire. Une hausse est donc à surveiller ces prochains mois, tout comme les primes à l’achat potentiellement disponibles dans vos régions.
Le Moby peut être comparé à un O2feel iSwan 7.1 (3 499 euros) qui dispose d’un ensemble Shimano moins performant – Nexus à 5 vitesses manuelles – mais de pneus larges (45 mm), d’une courroie et de chargeur rapide. Il existe aussi des modèles avec suspension équipés d’un moteur et d’une batterie Bosch, comme le Moustache Samedi 28.3 ou le Lapierre e-Urban 6.5, avec un Nexus à 5 vitesses.
Le prix peut évoluer selon la configuration, car la batterie optionnelle de 630 Wh est facturée 150 euros supplémentaires pour augmenter l’autonomie. Disponible d’ici la rentrée, une courroie optionnelle Carbon Gates CDX pourra remplacer la chaîne pour un coût supplémentaire de 300 euros. C’est un choix plus cher, mais il ne nécessite pas d’entretien ni de graissage, et il est plus léger, plus durable, plus silencieux, et aussi moins lourd.
Livraison à domicile ou en mains propre en atelier
Pour découvrir le vélo en vrai, la seule façon de l’approcher est de réserver un test de 30 minutes à domicile. Cela n’est néanmoins faisable qu’autour de Bordeaux, qui est proche du lieu d’origine de C du Cycle. La marque ne possède pas encore de réseau de revendeurs, livrant exclusivement à domicile. Seuls les clients locaux ont l’opportunité de récupérer leur vélo électrique dans l’atelier de Mérignac, pouvant aussi assister à l’assemblage de leur nouveau véhicule en compagnie.
En matière de SAV, la firme assure prend en charge les éventuels frais de réparation sous garantie chez un réparateur agréé ou via Cyclofix. Elle offre également jusqu’à 50 euros de réduction sur le premier entretien annuel. Les réparations seront bien sûr couvertes par la garantie légale de 2 ans, à l’exception des pièces d’usure comme les freins et les pneus.
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