La paradoxale situation du vélo en France

L’année 2022 a été un cru particulier pour le marché du vélo. Les ventes de vélos à assistance électrique ont certes battu un nouveau record avec 738 454 modèles écoulés, mais pourtant, il ne s’est jamais aussi peu vendu de vélos neufs depuis au moins 15 ans – 2,596 millions vs 3,5 millions en 2007.

Malgré ce phénomène, le chiffre d’affaires du secteur est en hausse de 7 % par rapport à 2021, avec une valeur de 2,37 milliards d’euros. Si vous ajoutez l’univers des pièces et accessoires, ce bond passe à 5,2 % pour un total de 3,6 milliards d’euros. En plus de ça, la pratique, elle, tend à croître.

En prenant un peu de hauteur, on constate donc que les ventes de vélo reculent… mais que la pratique du cycle progresse – plus 41 % par rapport à 2018, nous indiquait le Parisien en juillet 2023. Une situation paradoxale qui s’explique par plusieurs raisons, que certains représentants du milieu ont récemment mises en exergue.

Des raisons financières

Pour Thibault Quéré, représentant de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), « on est dans un effet plateau. Il y a, certes, une croissance de l’usage du vélo en France, mais aussi des tensions liées au pouvoir d’achat, les Français s’équipent moins », lit-on dans Le Point. Ici, l’explication est donc purement financière.

En 2022, l’inflation annuelle s’est établie à 5,2 % en France. La vie coûte plus cher, les consommateurs sont donc plus prudents dans leurs dépenses.

De son côté, Virgile Caillet, délégué général d’Union Sport & Cycle, reconnaît avoir été très optimiste durant la période post-Covid. « Nous avons eu une communication un peu trop euphorique après le Covid. En 2022, le nombre de vélos vendus a baissé de 300 000 unités », reconnaît-il lui aussi dans Le Point.

L’intéressé revient par ailleurs sur la seconde raison qui explique cette chute : les cyclistes réparent leur vélo pour se remettre en selle, à défaut d’en acheter. « C’est + 30 % sur les trois dernières années » dans les ateliers de réparation, précise-t-il. Et de poursuivre : « Le secteur commence à s’adapter, en mettant l’accent sur la réparation ».

Aide à la réparation et hausse du reconditionné

L’État a d’ailleurs mis en place le 11 mai 2020 – soit le jour même de la levée progressive du premier confinement – son fameux Coup de Pouce Vélo, qui consistait à encourager la pratique du vélo dans le cadre du déconfinement. Comment ? Notamment avec une aide de 50 euros pour la remise en état d’un vélo.

Le gouvernement a d’une certaine manière favorisé cette dynamique, ce qui a contribué à intensifier l’usage du biclou en France. En parallèle, le reconditionné occupe une place de plus en plus important. Ont d’ailleurs émergé plusieurs acteurs en la matière ces dernières années, à l’image d’Upway que nous avions rencontré pour découvrir son entrepôt XXL.

Dans les coulisses du secteur, les fabricants et les vendeurs font face à un phénomène relativement généralisé : le surstockage. Virgile Caillet l’a d’ailleurs très bien expliqué dans les colonnes du Parisien :

« On est typiquement dans un effet ciseaux. À la sortie du Covid, beaucoup de marques ont massivement commandé pour répondre à la demande. Or, fabriquer et acheminer un vélo prend du temps. Les exemplaires attendus arrivent seulement maintenant dans les boutiques, mais la demande a entre-temps fortement régressé et le pouvoir d’achat a été entamé par l’inflation ».

L’arrivée d’une offre renouvelée

Durant les ProDays 2023 en juin dernier, plusieurs fabricants ont évoqué auprès de Frandroid cette fameuse problématique. D’autant plus que les constructeurs souhaitent progressivement mettre à jour leur catalogue avec des modèles nouvellement équipés… que les vendeurs vont vouloir commercialiser. Faut-il encore vider les stocks actuels.