La gamme de Moustache utilise de curieux noms pour ses vélos électriques : Lundi, Vendredi, Samedi… Ces patronymes donnent à chaque modèle son orientation, que ce soit pour le déplacement urbain en semaine ou le loisir en week-end. Avec son nouveau vélo électrique Moustache J, la marque ouvre « un jour nouveau », une sorte de huitième jour où le vélo serait capable de tout faire.
Ce n’est pas seulement un produit inédit, mais un manifeste du fabricant ayant soufflé ses 10 bougies cette année. Célébrant une décennie, le Moustache J veut aussi renforcer le made in France, avec un cadre creux moulé par gravité dans l’Hexagone à Marseille, en plus des pièces maîtrisées en interne comme les roues, le guidon, les garde-boue et la suspension arrière.
Bien que très polyvalent, le Moustache J se décline en trois configurations pour viser des clientèles spécifiques : le J. on épuré et pour la ville, le J. off pour le tout-terrain et le J. all équipé façon VTC. C’est celui-ci que l’on nous a confié pendant une poignée de jours : de quoi parcourir 150 km au guidon et se faire un avis.
Fiche technique
Modèle | Moustache J. all |
---|---|
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Nombre d’assistances | 5 |
Batterie amovible | Oui |
Bluetooth | Oui |
GPS | Oui |
Écran | Oui |
Poids | 33 kg |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Design : le SUV à tout faire
Ce n’est pas la première fois que nous voyons un vélo électrique à cadre ouvert et tout suspendu. Nous pensons notamment aux Conway Cairon, Riese & Müller Homage, Malaguti Collina ou Victoria Parcours. C’est le SUV du vélo misant sur le confort, avec une garde au sol élevée, pouvant gérer le vélotaf et des sorties tout-terrain.
Mais le Moustache J est pensé différemment avec son cadre en deux parties, séparé des bases par la suspension arrière et les roulements, le tout sans hauban ! On est finalement sur une architecture proche de la moto façon bras arrière oscillant. L’allure est donc atypique, avec un aspect robuste dégagé par le cadre en un bloc, dont la peinture se veut résistante au temps et aux éraflures.
Un équipement dingue avec un porte-bagages suspendu
Comme les Moustache Lundi 27, le J intègre un éclairage avant réglable, ici en porte-à-faux de la potence. Il est réglable en hauteur, avec 100 lux pour bien voir. La lumière arrière (sans feu stop hélas), elle, s’invite sur le porte-bagages.
Ce dernier est aussi très original, car il est fixé au cadre et non à la roue arrière, et donc indépendant de celle-ci. L’enfant ou le chargement n’est donc pas impacté par les chocs arrière, le cadre étant lui aussi suspendu.
La fourche utilisée sur notre modèle Moustache J. all est une SR Suntour XCR 34 de 120 mm de débattement. Et les fixations sont universelles, avec des accroches QL3 pour des sacoches et MIK HD pour un siège bébé, par exemple. Dommage que ce ne soit pas de série, à contrario du porte-sacoches.
Qui dit SUV dit vélo surélevé, et dit corps haut perché. Mais bonne nouvelle, la firme française a installé une selle télescopique à gérer depuis un petit bouton placé sur le guidon. En appuyant dessus, le poids de votre corps baisse de lui-même la selle. Relevez légèrement votre fessier, appuyez de nouveau sur le bouton, et la selle prendra de nouveau de la hauteur.
Les images officielles montrent une assise relativement penchée sur le guidon, mais on peut facilement régler la selle plus bas, afin d’avoir un dos plus droit. Enfin, pour protéger les jambes, un carter enveloppe le haut de la courroie, et les garde-boue tubulaires sont bien fixes et suffisamment longs, avec une bavette avant en bonus. Il fallait cela, car en conduite tout-terrain, ça peut vite salir.
On est émerveillé par l’équipement pléthorique, moins par les dimensions du vélo. Très long, le Moustache J. all est surtout très lourd. Nous l’avons pesé à 33 kg batterie incluse, soit le plus imposant VAE que j’ai pu testé hors cargo. Ne cherchez donc pas à le porter, et même le soulever à la verticale est très compliqué en raison du porte-bagages. Vous êtes prévenu.
Un environnement Bosch dernier-cri
Les habitués de la marque vosgienne ne sont pas dépaysés en matière de technologies embarquées. Ils retrouveront l’écosystème Bosch Smart System sur ce Moustache J, employant l’écran Kiox 500. Ordinateur de bord haut de gamme du fournisseur allemand, ce boîtier est identique au Kiox 300 installé sur notre exemplaire de test, hormis la diagonale : 5 pouces contre 3 ici.
Nous n’allons pas tout vous détailler car un dossier spécifique publié sur Frandroid vous dira tout sur le Bosch Smart System. On peut néanmoins vous dire que l’on aime la navigation pour les trajets loisirs en terrain inconnu.
Et la dernière mise à jour Bosch permet désormais d’utiliser l’écran comme objet de verrouillage (et plus seulement avec le smartphone et l’application), ainsi qu’une personnalisation des menus à l’image des écrans Specialized. Enfin, on peut afficher la vitesse et le kilométrage ou l’autonomie en même temps. Vraiment sympathique.
L’écran Kiox 500 n’est pas tactile : il est relié à une commande Bosch Remote sur la gauche du guidon. Les boutons sont assez gros pour l’utiliser avec des gants, mais il faut savoir jouer des droite-gauche ou haut-bas pour naviguer dans les différents menus. Pas si intuitif, même pour nous ayant déjà testé de nombreux vélos équipés de ce système.
Avec le temps, vous devrez vous y faire.
Un vélo agile qui cache bien son jeu
La position SUV déroute sur les premiers mètres, car ce Moustache J demeure un intermédiaire atypique entre le VTT et le vélo de ville. En réglant notre selle un peu basse et avec un angle de guidon bien positionné pour garder le dos droit, on roule confortablement sur ce trekking d’un genre nouveau.
L’assise de la selle Royal Essenza est bien rembourrée, les suspensions avant et arrière venant absorber tous les trous, les racines en forêt, les trottoirs de certaines pistes en ville, sans perdre de neurones. Bémol, le garde-boue arrière vient heurter le porte-bagages sur les variations extrêmes comme un gros dos d’âne.
Le Moustache J est ainsi un petit tapis volant, sachant que les pneus ballon Schwalbe Johnny Watts, montés sur les jantes maison Just, contiennent presque toutes les vibrations. C’est impressionnant et très agréable.
Mais ces gommes assez crantées sont installées surtout pour offrir une polyvalence, que l’on a testée sur terre grasse ou gravier, sans appréhension ni perte d’adhérence. Nous n’avons pas poussé le vélo sur un parcours VTT à gros dénivelés, ce vélo électrique restant l’intermédiaire de la gamme (il y a le J. off pour cela avec des pneus Maxxis Rekon et une fourche avant Marzocchi d’un débattement de 130 mm).
On comprend déjà que ce Moustache a de belles capacités en conduite, car le haut centre de gravité est un peu joueur, en rupture avec la position passive (on peut jouer avec une position semi-active en changeant les réglages). L’agilité est presque déconcertante sur les premiers kilomètres, et on prend un vrai plaisir à filer dans le trafic parisien avec ce vélo électrique.
Un moteur Bosch puissant, mais pas le plus adapté ?
Bosch fabrique probablement les moteurs de vélos électriques les plus réputés. Le modèle Performance Line installé au pédalier de notre Moustache J. all délivre 75 Nm, via un capteur de couple. La réponse à la pression de pédale est excellente, et le pédalage est très naturel, sans à-coups ni latence en reprises. Le couple est suffisant en utilisation modérée, sur les trois différents niveaux : Eco, Tour et Turbo. Les 75 Nm emmènent facilement aux 25 km/h de la limite légale, avec un bruit très contenu.
En revanche, on peut s’interroger sur le choix de ne pas employer le haut de gamme Bosch Performance Line CX. Car le Performance Line « tout court » n’est pas capable de tenir les 25 km/h en pente soutenue, à cause du poids important et de l’empreinte au sol des roues. Les 85 Nm du CX n’auraient pas été de trop, surtout face au positionnement haut de gamme et du prix de ce vélo.
Une transmission idéale, mais des freins en retrait
Pour la transmission, pas grand-chose à redire, le choix de l’Enviolo est tout bonnement super en conduite citadine. Conjuguée à une courroie, cette solution permet de varier le braquet en roulant et à l’arrêt, facilitant le démarrage et le pédalage en montée. Pour aller au-delà des 25 km/h, cela devient plus difficile : ne visez pas plus de 30 km/h en forçant sur le plat. Une option avec un dérailleur Shimano Cues à 11 vitesses est disponible pour ceux et celles désirant plus de souplesse.
Du côté des freins, c’est bien pensé, mais Moustache a peut-être commis une petite faute. Les Alhonga à étriers 2 pistons sont certes rassurants avec une bonne progressivité aux commandes hydrauliques, mais pas adapté aux gros freinages ni au tout-terrain. Disons que ce n’est pas au niveau du reste du vélo. Vu le tarif et les prestations, on est en droit de demander du Shimano MT-400 ou des Magura MT4 au minimum. Ce n’est pas le cas.
Autonomie correcte et charge très rapide
Bien que moulé en un bloc, le cadre du Moustache J héberge des batteries de grande capacité. Notre exemplaire de test est en plus équipé du bloc de 625 Wh – contre une capacité de 500 Wh de série – pour fournir une autonomie digne de ce nom. En pratique, nous avons fait 59 kilomètres, sur le plus haut niveau d’assistance Turbo.
Les conditions étaient idéales, entre 25-30 °C et avec 80 kg de charge. Mon trajet de prédilection consiste à faire le tour de Paris, avec un passage par le bois de Boulogne, donc des chaussées diverses, quelques petits dénivelés et des arrêts fréquents. Nous avons ajouté un trajet de 7 km avec une charge arrière (15 kg) et un autre sur une surface totalement plate.
Sur un second trajet pour vider la batterie, nous avons obtenu 66 km, en ajoutant un peu de mode Auto. Sous une pluie battante et en Auto, notre dernier trajet a demandé 36 % sur 20 km, soit 56 km d’autonomie sur charge complète.
En jouant avec le mode Tour et Eco, variant la puissance selon le terrain, il est possible d’allonger l’endurance à environ 80 km. Des valeurs plus qu’acceptables, voire même très bonnes eu égard aux poids et aux pneus.
Une belle charge rapide
La batterie intégrée est aussi amovible. Derrière son cache – non définitif sur le modèle de test – l’accumulateur est à déverrouiller avec une clé, sans avoir à forcer. La batterie reste lourde (4 kg) et ses dimensions ne permettent pas de la loger partout.
En compensation, Moustache livre un chargeur 4 ampères, de quoi passer de 5 à 55 % en deux heures, atteindre 80 % en trois heures et faire le plein en 3h45. Suivre la charge est simple : tout se fait depuis l’écran avec un pourcentage sur le vélo, et une petite jauge à 5 voyants sur la batterie.
Prix et disponibilité
Connaissant la marque et sa grille tarifaire, et la démarche du groupe pour ce nouveau vélo électrique, le Moustache J n’allait certainement pas être cheap. En revanche, on ne s’attendait sans doute pas à le voir s’envoler au-delà des 5 000 euros si aisément. Car pour rappel, la gamme débute avec notre modèle, le J. all. Trekking ou VTC du trio, il n’a pas le porte-bagages de série, ni de courroie ou d’Enviolo, mais est fourni avec un dérailleur Shimano Cues 11 vitesses par défaut.
Avec 5 199 euros en guise de ticket d’entrée, c’est élevé. Il faut ajouter sur notre modèle d’essai l’Enviolo (800 euros), le porte-bagagessuspendu (200 euros) et la batterie 625 Wh optionnelle (200 euros), de quoi atteindre les 6399 euros. C’est cette barrière que tente de ne pas franchir le citadin de la bande, le Moustache J. on. Avec un Enviolo d’office mais une suspension de 100 mm moins sport et des pneus moins polyvalents Schwalbe Moto X, il culmine à 5 999 euros.
De son côté, le J. off joue la carte du VTTAE, avec ses roues 29 pouces, une suspension de 130 mm, aucune garde-boue, un dérailleur et des freins plus performants. Ce modèle est lancé partir de 5 699 euros. « À partir », car chaque version peut ajouter un certain nombre d’options, le Moustache J se voulant personnalisable en annonçant 550 combinaisons sur le configurateur en ligne.
- J. on : 5999 euros ;
- J. off : 5699 euros ;
- J. all : 5199 euros.
Lancé le 6 septembre au même moment que notre essai, le Moustache J rejoindra les autres points de vente où la marque est implantée, soit plusieurs dizaines en France. La garantie reste légale, soit 2 ans pour l’ensemble du vélo hors pièces d’usures, et le SAV est à orchestrer auprès du revendeur. À noter que le Moustache J. off sera lancé dans le courant du mois d’octobre.
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