J’ai relié Paris à la mer en vélo électrique sur 2 jours : récit d’un périple de 200 km pas comme les autres

 
Partir de Paris et rejoindre Dieppe en 2 jours, après 200 km et le tout en vélo électrique : voilà l’audacieux défi que je me suis fixé le temps d’un week-end, sans aucune préparation sportive au préalable. À quel point l’assistance électrique est-elle indispensable ? Quelle était ma condition physique ? Quel vélo et équipements ai-je embarqués avec moi ? Le bikepacking en gravel, ça vaut quoi ? Récit d’un périple pas comme les autres.
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Source : Frandroid

Le bikepacking et le cyclotourisme sont devenus des pratiques largement démocratisées en France. L’Hexagone est même la seconde destination mondiale après l’Allemagne, avec une fréquentation en hausse de 11 % des véloroutes européennes sur le territoire français, entre 2021 et 2022. Bref, le voyage en vélo plaît et à la cote.

Alors, pourquoi pas nous ? Cet été, l’idée d’un périple en vélo électrique a progressivement germé dans ma tête. Avant de se concrétiser en septembre, entouré de quatre acolytes résolument plus sportifs que moi – nous y reviendrons – et rompus pour certains à de longues sorties vélos dépassant parfois les 100 km.

Cet article écrit sous forme de récit s’attarde sur plusieurs grandes thématiques du voyage : du projet en question à ma condition physique en passant par le vélo utilisé, les équipements emportés, l’alimentation, les avantages et désavantages d’un cycle électrique, la découverte du bikepacking et les quelques a priori sur l’électrique à déconstruire.

Le voyage et sa préparation

Déjà, de quel type de voyage parle-t-on ? Ici, il ne s’agit pas d’une épopée d’une semaine reliant Paris à la côte Atlantique par exemple. Non, il est question d’une excursion de 2 jours, composée de deux étapes pour un total de 200 km à parcourir. Le départ : Paris ou sa banlieue. L’arrivée : Dieppe.

Pour la préparation de ce voyage, nous nous sommes inspirés d’un tracé échafaudé par le site Les Others. L’application Komoot nous a aussi grandement aidés à matérialiser l’itinéraire sur une carte, et le modifier comme bon nous semble et selon nos envies. Komoot est une mine d’informations captivante à analyser en amont.

Profil de l’étape, dénivelé positif et négatif, temps de trajet selon une vitesse de référence, typologie des routes (sentier, chemin, piste cyclable, rue, route), type de surface (non goudronné, gravier compact, pavé, asphalte), météo (fonction payante), difficulté et conditions physiques à respecter : bref, un panorama global de ce qui vous attend.

  • Étape 1 : relier Paris à Gisors, l’arrivée de notre première étape. En réalité, mon point de départ était situé à La Garenne-Colombes, localisé à 85 km de Gisors.
  • Étape 2 : relier Gisors à Dieppe, soit 115 kilomètres.

Composé aussi bien de routes goudronnées que de chemins caillouteux, le tracé en question m’a naturellement poussé à enfourcher un vélo électrique de type gravel. Je reviendrais plus en détail, dans un article dédié, sur le modèle en question – le Domane+ SLR 6 AXS, mais il convient de préciser qu’il s’agit d’un gravel électrique très haut de gamme.

Quelle condition physique ?

Autant tuer le suspens de suite : ma condition physique au moment du grand départ n’avait pas fière allure. Disons que l’on pourrait davantage me qualifier de « sportif de la 3e mi-temps » que de sportif du dimanche, et de sportif tout court. Précisons que je suis fumeur occasionnel, ce qui ne favorise pas non plus l’aspect « cardio ».

Du haut de mes 30 ans, j’ai tout de même pratiqué plusieurs activités sportives par le passé : 7 années de volley-ball, 6 années de natation, avant de stopper toute occupation en la matière à mes 26 ans. Évidemment, mon métier m’amène à tester des vélos électriques urbains tous les jours, mais c’est bien tout.

Pour résumer, mon corps n’était absolument pas préparé à tailler la route sur 200 km. Encore moins sur un gravel électrique où la position de conduite très sportive génère des douleurs et des gênes auxquelles je n’étais pas habitué – nous y reviendrons. Voici pour le contexte physique, qu’il est important de prendre en compte pour la suite de ce périple.

Mon vélo et mon équipement

Pour ce Paris – Dieppe, nous avons fait appel à la marque Trek pour nous fournir le vélo électrique et une partie de l’équipement. Comme évoqué précédemment, le cycle prêté appartient à la catégorie des gravels. Un gravel reprend la géométrie d’un vélo de route, mais s’équipe de pneus plus larges et généralement crantés.

Cette combinaison lui offre une très belle polyvalence : il peut aussi bien rouler sur du bitume tout lisse que sur des routes de campagne plus abîmées, des sentiers battus ou des chemins de forêt. Ses caractéristiques vous offrent une certaine liberté mais aussi et surtout une meilleure adhérence partout où vous allez.

Trek Domane SL+
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

Trek nous a fourni le modèle Domane+ SLR 6 AXS vendu 9099 euros. Faites fi du prix, l’idée n’est pas de s’attarder dessus. Admettons tout de même que ce deux-roues est une petite œuvre d’art à lui tout seul. Voici ci-dessous ses principales caractéristiques techniques :

  • Cadre 100 % carbone
  • Transmission électronique sans fil SRAM RED eTap AXS
  • Poids : 12,15 kg
  • Moteur : TQ-HPR50 de 50 Nm de couple
  • Batterie : TQ de 360 Wh
  • Roues : Bontrager Aeolus RSL 37V, carbone
  • Freins à disque hydrauliques SRAM Red AXS

Quel équipement, et pour combien ?

Partir en vadrouille 2 jours durant requiert un minimum d’équipements spécialisés. Nous allons ici faire l’inventaire des vêtements et autres accessoires pour certains fournis par Trek, pour d’autres achetés avec notre pécule. Nous préciserons le tarif de chaque article. Évidemment, cela ne signifie pas qu’il vous faudra débourser ladite somme en question si vous souhaitez investir dans ce type de matériel. Mais cela peut au moins vous donner une petite idée pour du matériel milieu et haut de gamme.

Trek Domane SL+
Source : Frandroid

Avant toute chose, sachez que l’achat en seconde main ou en occasion est tout à fait envisageable, sur Le Bon Coin ou Troc Vélo par exemple. Par ailleurs, des enseignes comme Decathlon commercialisent des produits à toutes les gammes de prix, aussi bien pour les petits, moyens et gros budgets. L’objectif est surtout de cibler vos besoins.

Ci-dessous, voici tous les accessoires prêtés par Trek.

Casque vélo route Trek Velocis Mips : 299,99 euros

Le principal atout de ce casque, c’est son poids : 220 grammes en taille S, 235 grammes en taille M. Je n’ai jamais ressenti la moindre lourdeur sur mon crâne, même après plusieurs heures d’utilisation. Cette légèreté est notamment à mettre au crédit de l’insert en OCLV Carbon – un procédé de fabrication breveté par Trek.

Trek Domane SL+
Source : Frandroid

Ses évents latéraux permettent en outre de caler ses lunettes solaires avec facilité, et accessoirement de vous libérer les mains. Il profite aussi d’une vue dégagée : jamais mon champ de vision n’a été entravé par son bord biseauté. Ses multiples ouvertures optimisent enfin l’évacuation de la transpiration. J’ai certes transpiré, mais jamais outre mesure.

Maillot Trek Circuit : 69,99 euros

Le choix de la taille est ici capital : un maillot doit certes vous moulez le corps, sans non plus vous le compresser. Ce que j’ai pu un poil ressentir. Les trois poches dorsales sont évidemment très pratiques pour emporter une belle quantité de nourritures : j’ai pu y insérer des barres, des gels, des compotes et des pâtes de fruit. Sans oublier mon portable.

trek maillot
Source : Trek

Attention en revanche à la transpiration qui émane de votre dos : cela avait tendance à traverser mon maillot et humidifier mon smartphone. Et ce malgré la technologie 37.5 appliquée au tissu, censée accélérer l’évaporation de la sueur. Sachez que je portais en dessous de ce maillot un tee-shirt de sport synthétique, qui a pu accentuer le phénomène de transpiration.

Pour finir, les manches intègrent des accroches en silicone qui les maintiennent sur votre corps sans broncher, quelle que soit la situation.

Cuissard à bretelles Trek Velocis : 129,99 euros

Encore une fois, le choix de la taille revêt une grande importance. Mon cuissard était possiblement un poil trop petit : les bretelles ont eu tendance à trop m’appuyer sur les épaules, notamment la gauche, entraînant une douleur diffuse au niveau de cette zone après quelques heures de route. Et ce malgré leur très bonne élasticité. Sur la fin, j’ai préféré l’enlever – la bretelle, pas le cuissard.

La base du cuissard est constituée d’une peau de chamois Pro inForm, pensée pour épouser votre fessier et vos parties génitales. Oubliez votre caleçon, un cuissard se porte à même votre corps. La page officielle de Trek mentionne un « excellent confort lors des sorties de 2,5 heures maximum ».

trek cuissard
Source : Trek

Je ne vous cache pas qu’au bout de 5 à 6 heures d’activité, mon postérieure me priait de le mettre au repos. Une fois l’étape Paris – Gisors bouclée, les douleurs ont été intenses durant 2 heures environ. Chaque fin d’étape est globalement délicate pour votre derrière. Pour le reste, je n’ai strictement rien à lui reprocher.

Gants Velocis Dual Foam de Trek : 49,99 euros

La paire de gants est un indispensable, surtout lorsque les températures matinales descendent sous les 10 degrés. Vous pouvez alors opter pour des gants intégraux ou des mitaines, comme c’était le cas ici. Au cas où, j’avais embarqué avec moi une paire intégrale signée Moustache, relativement fine et pratique.

Les gants Velocis Dual Foam se parent de coussinets en gel, en mousse à mémoire de forme et à double intensité, astucieusement placés pour tempérer les vibrations émanant de votre guidon. Ils prennent tout leur sens sur des routes caillouteuses. Jamais mes menottes n’ont eu à s’en plaindre : ils remplissent donc leur rôle à la perfection.

Blendr Fendr de Trek : 14,99 euros

Ce petit garde-boue n’est jamais de trop pour préserver votre fessier, voire votre dos, si vous traversez des passages légèrement humides ou boueux. L’avantage, c’est que son installation est d’une facilité déconcertante : il suffit de le clipser à un petit support lui-même compatible avec la sacoche de selle Blendr.

Trek Domane SL+
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

Sacoche de selle Blendr de Trek : 59,99 euros

Cette petite sacoche se clipse donc elle aussi à une fixation à visser en dessous la selle. L’opération ne prend pas plus de 5 minutes. Sa contenance de 0,5 litre m’a permis d’y ranger deux chambres à air, achetées 7 euros l’unité. Plusieurs petites poches internes permettent d’y entreposer d’autres effets personnels de petite taille.

Sacoche de cintre Bontrager Adventure : 109,99 euros

Cette sacoche de cintre a été l’élément principal de mon équipement : c’est dans celle-ci que j’ai transporté la majorité de mes affaires. Sa contenance de 9 litres m’a permis d’emporter un jogging, un tee-shirt, un caleçon, une paire de chaussettes, un pull en laine, le chargeur de la batterie, un tour de cou et de la nourriture.

Une poche avant zippée a pu accueillir mon portefeuille, mes clés et mon pass Navigo (pass de transport pour la région parisienne). Enfin, la partie supérieure intègre une sangle et un élastique, capable de maintenir une trousse de toilette constituée d’une brosse à dents, d’un dentifrice, d’un déodorant, d’une crème dermatologique, d’un chargeur de téléphone et de mes écouteurs.

Trek Domane SL+
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

Je n’ai pas eu besoin de plus pour 2 jours. Si vous souhaitez emporter plus d’affaires, je vous conseille d’ajouter une sacoche de selle, ou d’autres contenants. Par ailleurs, cette sacoche de cintre n’a pas eu beaucoup d’impact sur l’agilité de mon train avant, malgré le poids supplémentaire.

Point fort : son imperméabilité et étanchéité, pour tout maintenir au sec. La première nuit, le vélo a dormi dehors, dans un endroit sécurisé jouxtant notre logement. L’humidité et la rosée du matin ont littéralement trempé la sacoche… dont l’intérieur a complètement été épargné. Un très bon point à souligner. J’ai enfin utilisé un tendeur, car la sacoche de cintre était à mon goût un poil trop proche de la roue avant.

Notons enfin que Trek m’a fourni un éclairage avant et arrière – Trek Commuter Pro RT Flare RT Bike Light Set – dont je n’ai pas eu l’utilité. Nous avons toujours roulé de jour.

Trek Domane SL+
Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

J’ai également investi dans du matériel pour compléter ce bel attirail :

  • Lunettes Van Rysel ROADR 900 : 40 euros ;
  • Deux porte-bidons : 12 euros ;
  • Deux chambres à air : 14 euros ;
  • Chaussettes Van Rysel : 15 euros ;
  • Tour de cou acheté il y a plus d’un an ;
  • Coupe-vent quechua acheté il y a plus de 2 ans ;
  • Chaussures de sport achetées il y a plusieurs années.

Les chaussettes Van Rysel méritent une attention particulière : elles sont en effet faites de laine PrimaLoft et mérinos. Le mérinos revêt bien des avantages : évacuation de l’humidité, aucune d’odeur, ne gratte pas. C’est une matière extrêmement utile pour le vélo ou la randonnée, utilisée par tous mes compères de route à différentes échelles.

Alimentation et hydratation

Lors de longs efforts, l’alimentation et l’hydratation sont deux éléments cruciaux à ne pas prendre à la légère. Votre corps est en mouvement constant, dépense sans relâche de l’énergie et fournit des efforts divers selon la typologie des routes empruntées.

Sous les conseils de mes camarades de voyage, je me suis donc alimenté toutes les 45 minutes/1 heure, et hydraté de manière très régulière. Nous avons préalablement fait nos emplettes chez Decathlon pour nous fournir en pâtes de fruits, barres de céréales, compotes et gel énergétiques. Au total, j’ai emporté avec moi une vingtaine de produits.

Trek Domane SL+
Source : Frandroid

Concernant l’hydratation, mes deux gourdes embarquaient pour l’une de l’eau classique issue d’un robinet, pour l’autre de l’eau mélangée à des électrolytes, censées réduire la fatigue et diminuer le risque de crampes musculaires.

Il est globalement amusant d’observer la réaction du corps humain après une courte pause durant laquelle ont été ingurgitées une compote et une barre de céréales par exemple. Le gain d’énergie et le petit coup de boost qui en découlent permettent de repartir pour une petite heure avant de réitérer l’opération alimentation.

Les avantages d’un gravel électrique : côte, démarrage et routes gravel

Une fois passée la préparation, place à l’action. J’expliquerai dans ce chapitre les avantages apportés par un gravel, et plus précisément un gravel électrifié. Après 200 km, trois bénéfices évidents en ressortent :

Quand le dénivelé positif devient (presque) un jeu d’enfant

Le Trek Domane+ SLR 6 AXS m’a clairement sauvé la mise sur toutes les côtes. Sans le moteur et la batterie, je n’aurais pas misé longtemps sur ma capacité à tenir le rythme et aller au bout de l’aventure. Leur apport est plus que considérable : il a même été primordial dans mon cas et ma condition physique limitée.

Dire que je « déposais » mes amis cyclistes à chaque dénivelé positif serait prétentieux de ma part, qui plus est au regard de leurs charges transportées et de l’aspect purement musculaire de leur vélo. Mais force est de constater qu’un fossé nous séparait : eux, en danseuse et la bouche ouverte, moi, les fesses collées à la selle et la bouche fermée (voire vidéo).

Selon la difficulté du dénivelé, un changement de mode d’assistance s’imposait : le mode 2 sur une côte moyenne, le mode 3 – plus rarement – face à un « mur ». Chaque mode apporte son gain de puissance plus que bienvenu. L’effort sur les pédales est le même, mais l’assistance, elle, est bien plus palpable : le ressenti est réel.

Pour soulager mes jambes, il m’est arrivé de baisser de rapport en conservant le mode 2 ou 3. Le braquet est alors plus petit, le nombre de tours de pédaliers augmente, mais l’assistance électrique fait office de petite locomotive. Filer à 15 km/h sur un dénivelé positif coriace n’aurait jamais pu se faire sans une motorisation.

Pour autant, un vrai effort vous est demandé. Sur une cote, vous êtes obligés de « taper » dans les pédales pour avancer. Au sommet, il m’a généralement fallu un petit temps de récupération, pour reprendre mon souffle et reposer mes cuisses en surchauffe. Peut-être moins que les autres, mais cela restait une nécessité.

Quant à l’autonomie – j’y reviendrais dans un article technique entièrement dédié au vélo -, je n’ai jamais eu à m’en soucier. Il suffisait de paramétrer l’assistance du moteur pour jouer sur l’autonomie estimée, et bien conserver le mode 1 – le plus faible – hors des parties difficiles pour rester dans les clous.

Les routes gravel sans effort

La journée du samedi fut ponctuée de nombreuses routes typées gravel : cailloux, sentiers de forêts, petits chemins cabossés. C’est là que le gravel et ses pneus légèrement typés VTT prennent tout leur sens. C’est aussi là que le système électrique d’un vélo vous donne un bon coup de pouce.

Pourquoi ? Car la vitesse de croisière sur ces routes est généralement inférieure à 25 km/h, la limite légale à laquelle l’assistance peut vous accompagner. Chaque passage gravel a donc été franchi avec une relative facilité, puisque l’assistance – le mode 1, majoritairement utilisé pour conserver mon autonomie – tempère votre effort.

Suivre le rythme de mes acolytes n’a pas été d’une grande difficulté. En bonus, si vous aimez les routes gravel, vous appréciez d’autant plus le moment.

Les démarrages et reprises

L’assistance électrique apporte un vrai plus pour vos démarrages et vos reprises. L’effort demandé est vraiment moindre, et atteindre les 25 km/h requiert moins d’énergie corporelle. Durant les premiers kilomètres, il est évident que son apport est à minimiser compte tenu de votre bonne forme.

En revanche, au bout de 50, 60 ou 70 kilomètres, bref, au moment où votre organisme commence à fatiguer, l’assistance devient un précieux allié pour vous redonner un élan après un stop, un feu rouge ou une intersection potentiellement dangereuse. Sur le long terme, le rapport énergie dépensée/dynamisme du vélo est excellent.

Le dimanche, les pistes cyclables bitumées, protégées et larges ont été légion, surtout durant les 50 derniers kilomètres. Mais de nombreux stop/intersection ont entravé notre route : passer de 30 km/h à 0 km/h, pour repartir sur un rythme à 30 km/h environ toutes les 10 minutes, absorbe une certaine quantité d’énergie. L’assistance est ici votre meilleure amie.

Les désavantages d’un gravel électrique

En réalité, nous pourrions nommer ce chapitre « Le désavantage d’un gravel électrique », qui est en l’occurrence intrinsèquement lié à ma condition physique préalablement présentée. De par sa conception d’exception et son poids très contenu, le Trek Domane+ SLR 6 AXS n’a pas vocation à rester bloqué à 25 km/h.

C’est un vélo qui mérite d’être poussé à 30 km/h, voire à plus. Or, à cette vitesse, l’assistance électrique est désactivée. Tenir cette allure durant plusieurs heures exige de pédaler à la force de ses jambes malgré votre bel élan apporté par l’assistance. Si vous n’êtes pas habitué à ce type de difficultés, vos capacités physiques peuvent rapidement montrer leur limite.

À plusieurs reprises, des « coups de mou » physique m’ont relégué en queue de peloton. Et quand le corps souffre, c’est au cerveau — et aux copains — de prendre le relais. « Sucer la roue » — telle est l’expression — et prendre l’aspiration d’un cycliste est une solution efficace et bien aidante lors d’une baisse de régime. Sans oublier l’alimentation et l’hydratation.

De longs efforts peuvent entraîner des douleurs autres que musculaires : mon genou gauche a clairement flanché durant la seconde étape, tout comme mon adducteur gauche. Encore une fois, une bonne préparation physique reste nécessaire même en électrique. Le corps n’est pas habitué à être poussé aussi loin, sauf avec de l’entraînement.

Autre facteur à prendre en compte : le réglage de votre vélo. Ayant reçu le mien deux jours avant le départ, il m’a été difficile de le régler parfaitement. Un bon réglage permet de bien positionner son corps. Et une bonne position du corps peut quant à elle réduire le risque de douleurs. Pensez-y et prenez du temps à bien configurer votre monture.

La découverte du bikepacking

Pour moi, ce fut une première, et peut-être un petit déclencheur. La découverte du bikepacking sportif est une agréable surprise, aussi intense que cela a été. Alors, que retenir de ce périple ? Premièrement, le tracé suivi m’en a mis plein les yeux en termes de paysages.

Des forêts baignant dans la lumière du soleil, aux immenses champs de tournesol ou de blé, en passant par de gigantesques plaines normandes, des villages authentiques et des chemins isolés du monde, ce voyage a été l’occasion de se retrouver avec la nature, avec soi-même. Plus simplement, de se ressourcer. La météo a aussi été de notre côté.

Un certain sentiment de liberté émane également de cette épopée. Certes, nous avons suivi un trajet prédéfini, mais libre à vous de modifier vos étapes comme bon vous semble selon le temps qu’il vous reste, votre forme physique, et plus globalement vos envies.

Les routes empruntées ont été diverses : bitume urbain, piste cyclable champêtre, sentiers de forêts, chemin caillouteux, billard tout lisse. Les plaisirs sont donc variés. Nous avons aussi eu notre dose de dénivelé positif… et négatif. Quoi de plus excitant que de lâcher les chevaux et dévaler à plus de 50 km/h en position aérodynamique : vous avez dit adrénaline ? Clairement.

À chacun sa manière de voyager : notre groupe de 5 personnes a fait le choix du confort pour la seule et unique nuit de notre voyage. Certains préfèrent le bivouac et la tente, d’autres les gîtes ou un Airbnb : nous avons opté pour la seconde option… dans une yourte plus précisément. Cerise sur le gâteau : un jacuzzi nous attendait gentiment à notre arrivée.

Le jacuzzi m’a personnellement beaucoup apporté pour la récupération physique : mes muscles ont pu se relâcher, se détendre, et les douleurs s’apaiser. Il y a eu un avant et un après. Avant, il m’était presque impossible de m’asseoir tant les douleurs dans la fesse et l’adducteur gauche étaient intenses. Après, la donne a clairement changé.

Cette escapade m’a-t-elle donné envie de réitérer l’expérience ? Oui, mais différemment. Déjà, une meilleure préparation s’impose. Ensuite, l’idée de découvrir le cyclotourisme me titille franchement, le tout avec des étapes plus courtes – environ 50 km par jour – afin de profiter pleinement d’un village qui constituerait l’une de mes étapes. Bref, ajoutez une dose de tourisme là-dedans.

Le retour en train : est-ce vraiment galère ?

Le sujet des vélos dans le train est relativement brûlant, tout particulièrement durant la période estivale où le nombre de cyclotouristes explose. Pour un mois de septembre, nous n’avons pas rencontré de difficultés spécifiques : notre premier TER reliant Dieppe à Rouen disposait d’un espace vélo gratuit.

Le train Nomad reliant Rouen à Paris exigeait de réserver un emplacement vélo. Le problème, c’est que notre train en question se limitait à trois emplacements fixes, combinés à un emplacement « libre ». En arrivant dans notre voiture, quelle fut notre surprise de découvrir deux vélos « squattant » nos emplacements, que nous avions spécifiquement réservés.

Heureusement, le chef du train a fait preuve d’indulgence et de compréhension, et nous a autorisés à embarquer l’ensemble de notre barda que nous avons ensuite entreposé de la manière la moins gênante possible. En réalité, certains trains mériteraient plus d’emplacements fixes pour combler une demande en hausse.

Les préjugés sur le vélo électrique

« Oh, mais c’est de la triche », « Ah, mais tu seras en électrique », « Mais, ce sera facile pour toi ». Nombreux ont été les commentaires un brin satiriques à mon égard avant le grand départ. Cette expédition me permet néanmoins de déblayer quelques a priori et autres préjugés.

Soyons honnêtes : oui, je n’aurais jamais pu aller au bout du bout de l’aventure sans assistance électrique. Un VAE ouvre le champ des possibles pour des personnes comme moi, dont la condition physique est plus que modeste. Sans ce gravel électrifié, il m’aurait été impossible de prendre le départ.

Mais n’est-ce pas là toute la beauté d’un vélo électrique ? Vous donner des opportunités jusque-là impensables ou inimaginables. Vous permettre de vivre une expérience unique, au cœur d’un groupe soudé, sportif et humain. Vous pousser aussi à vous surpasser dans des moments plus difficiles.

Loin de moi l’idée de tomber dans le pathos, mais il est, à titre personnel, difficile de critiquer dans ce type de circonstances l’utilisation d’un vélo électrique lorsqu’il vous ouvre des portes jusque-là fermées à double tour. D’autant plus lorsque la dépense énergétique et physique est réelle.

Trek Domane SL+

Pour rappel, le mode d’assistance le plus faible a majoritairement été utilisé durant les deux jours. Ne pensez donc pas qu’un vélo électrique même vendu 9099 euros vous mâche tout le travail. Vous devez donner de votre personne, tout du moins sur des étapes longues, rapides et sportives. À l’issue du périple, la fatigue est plus que palpable : elle est même omniprésente.

Il suffit de jeter un œil aux différentes données enregistrées et fournies par l’application Trek pour mieux se rendre compte de l’effort fourni. Durant l’étape n° 2, ma puissance moyenne – celle du cycliste, donc – a été de 56,3 W. En face, la puissance moyenne du moteur grimpait à 23,6 W. Autrement dit, pendant tout l’itinéraire du dimanche, mes jambes ont fourni 2/3 de l’effort, sur une distance de 119 km, dont 687 mètres de dénivelé positif.

Vous l’avez peut-être remarqué : la vitesse moyenne fournie par Strava et Trek n’est pas la même. C’est normal : Strava calcule cette donnée uniquement pendant les phases de roulage. Lorsque Trek l’estime sur l’ensemble du parcours, pause incluse où l’allure stagne logiquement à 0 km/h. Notre vitesse moyenne durant l’étape 2 était donc de 23,4 km/h, en se basant sur Strava.

C’est en tout cas un « combo » intéressant : un effort plus ou moins intense, épaulé par une roue de secours nommée « assistance électrique ». Je n’ai qu’une chose à dire : vivement la prochaine.


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