Voilà maintenant près de 25 ans qu’Arcade Cycles a investi l’industrie du cycle. Spécialisée dans l’assemblage de vélos musculaires et vélos électriques, cette entreprise vendéenne aujourd’hui considérée comme une PME (environ 130 salariés) a longtemps été dirigée par François Lucas. Avant que son fils, Frédéric Lucas, ne reprenne le flambeau en septembre 2022.
Aujourd’hui, Arcade Cycles tient une place de choix dans le secteur, et plus particulièrement auprès des collectivités et des loueurs de vélos basés sur la côte Atlantique. « En Bretagne, 90 % des vélos électriques proposés par les loueurs viennent d’Arcade », nous précise Frédéric Lucas à l’occasion d’une journée presse organisée par l’entreprise et la marque de VAE cargo Gaya, fondée par Amélie Guicheney et Jacques Bonneville (ancien CEO de Matra).
Dans les coulisses de l’usine
Frandroid a pour l’occasion été convié à visiter l’usine d’assemblage d’Arcade, basée à la Roche-sur-Yon, laquelle assemble depuis le quatrième trimestre 2023 les longtails électriques de Gaya. Auparavant, la jeune pousse s’appuyait sur un partenaire basé en République Tchèque, avec une volonté à terme de relocaliser l’activité d’assemblage en France.
C’est désormais chose faite.
Depuis son lancement en 2021 et l’inauguration de son magasin dans le 10e arrondissement de Paris – que Frandroid avait couvert -, Gaya a vendu plus de 2000 longtails dans leur version « Cargo » et « Compact ». La marque participe à l’essor du vélo cargo « abordable » en France, dont les ventes ont bondi de 17 000 à 33 000 entre 2021 et 2022. Le cru 2023 devrait être encore plus beau.
Découvrir les coulisses industrielles d’un VAE n’est pas forcément chose aisée. Les photos y sont parfois, voire bien souvent, interdites, secret professionnel oblige. Arcade Cycles nous a ici complètement ouvert leurs portes : nous avions ainsi carte blanche en matière d’images et de questions.
L’usine actuelle occupe une surface de 6000 mètres carrés : 3000 m2 pour l’assemblage, 3000 m2 pour le stockage. Mais elle appartiendra bientôt au passé, puisqu’Arcade transfert toute son activité dans un site deux fois et demie plus grand, de 15 000 mètres carrés au total, à deux pas de leur localisation actuelle. « Le déménagement aura lieu dans 5 semaines environ », nous annonce-t-on.
Un vélo toutes les 6 minutes
Arcade a poussé les murs au maximum pour optimiser ses opérations. Mais il a fallu investir un lieu plus grand, afin d’assumer la hausse de son activité. Plus grand, oui, mais aussi plus moderne. Sa future usine est construite from scratch : autrement dit, elle sort littéralement de terre. Une opportunité en or pour penser et optimiser l’ensemble des processus industriels, avec une nouvelle ligne de production plus moderne à venir.
L’usine actuelle dispose d’une seule et unique ligne d’assemblage, de laquelle sort un vélo électrique Gaya toutes les six minutes. « Pour autant, il faut en moyenne 180 minutes de travail pour concevoir un Gaya », souligne Frédéric Lucas. Cette durée est découpée en plusieurs temps. « Nous sommes dans une logique de production à la chaîne. Chaque opérateur à une fonction désignée et un temps imparti » selon sa tâche.
Avant de rentrer dans les détails techniques, il convient de bien saisir une chose : Arcade ne produit pas de vélos, il en assemble. Pour Gaya par exemple, le cadre est préalablement fabriqué en Chine avant d’être envoyé en France. Le bilan carbone d’un tel vélo – et comme la plupart des autres VAE – n’est donc pas 100 % neutre. L’idée reste de le réduire au maximum.
« Notre fabricant de cadres, en Chine, s’occupe aussi des cadres Scott. Disons qu’il gère de marques connues », nous souffle Jacque Bonneville dans les allées de l’usine. « C’est un cadre qui est fait en trois fois : il y a donc beaucoup de soudures. La première partie soudée est ensuite redressée », poursuit-il.
Poudre en peinture
« À ce moment-là, le cadre repasse dans un marbre pour lui redonner la forme exacte souhaitée. Quand il y a beaucoup de soudures, il y a une possibilité de déformations. C’est pour ça que certaines marques décident de visser le porte-bagages pour alléger le processus de soudure ». Ce que ne fait pas Gaya, lui apportant au passage plus de résistance et de rigidité.
Une fois le cadre soudé, le voilà envoyé dans l’usine d’Arcade. La première étape ? Le thermolaquage, qui consiste à appliquer une peinture en poudre au vélo. Pour rappel, ce type de peinture revêt plusieurs avantages : meilleure durabilité, protège des rayures, ne contient aucun solvant et utilise moins d’eau. Bref, cette méthode est plus écologique.
Une fois la première couche mise, le cadre est enfourné dans un four géant (voir photo) chauffé à 180 degrés. C’est ici la première « cuisson ». Après ça, l’opérateur ajoute un vernis qui renforce la rigidité de la peinture, suivi d’une seconde cuisson à 180 degrés.
La seconde étape se focalise ensuite sur le câblage électronique. Dans le cadre du Gaya, il s’agit des clignotants, des phares ou encore de la gâchette d’accélération très utile au démarrage pour gagner en stabilité. Forcément, chaque vélo à ses spécificités : Arcade s’adapte donc à chaque fois dans ses processus.
Un contrôle strict des stocks
La personnalisation du vélo, comme l’ajout de sticker, ainsi que l’identification et la connectivité, sont aussi gérés dans la foulée. L’installation du moteur s’effectue au moment du montage des roues, en raison de l’emplacement de la motorisation, à savoir au niveau du moyeu arrière.
La fourche, le guidon, les garde-boue ou encore le porte-bagages quand il y en a sont fixés dans la foulée, tout comme les derniers branchements. Sachez que la ligne d’assemblage avance de quelques centimètres seulement après un certain laps de temps, de quoi laisser suffisamment de temps aux opérateurs de boucler leur tâche.
Au bout de la ligne, plusieurs contrôles sont effectués : un contrôle des branchements, du comportement, ainsi qu’un passage sur un banc à rouleau pour vérifier le cycle dans son entièreté. « Lorsque l’on identifie un défaut et que l’opérateur n’a pas le temps de le corriger, le vélo est déposé dans une zone de réparation avec une note de l’opérateur », nous montre Frédéric Lucas. L’anomalie est alors traitée plus tard.
Pour éviter que des pièces défectueuses sèment la pagaille à grande échelle, le dirigeant d’Arcade et ses équipes préfèrent avoir le minimum de stocks. Cela leur évite de corriger trop d’erreurs inhérentes à une pièce. Si l’une d’entre elles est déficiente et a été commandée en gros volume, cela peut leur faire perdre du temps, et donc de l’argent.
2500 Gaya assemblés dans les 4 prochains mois
La toute fin de ligne laisse place à la personnalisation à la dernière minute, dans le cadre de Gaya encore une fois. Une personnalisation qui se fait au cas par cas selon la commande du client préalablement effectué sur le configurateur en ligne : ajout d’un panier, d’un kit adulte, d’un kit enfant, etc.
Les vélos électriques sont ensuite transférés dans la zone de stockage, avant d’être emballés dans d’imposants cartons. Ces derniers sont alors déposés dans une navette d’un transporteur local – il est situé en face de l’usine – avant d’être livrés aux clients. Le nombre d’expéditions journalières dépend de beaucoup de facteurs, admet Frédéric Lucas. « Notre record est de 630 », qu’il ne faut pas considérer comme une moyenne référentielle.
De l’alliance entre Gaya et Arcade, résulte une commande de 2500 vélos prévus pour les quatre prochains mois, dont 1000 d’ici Noël, nous informe Amélie Guicheney. « 500 modèles ont déjà été commandés par des clients, il faudra donc ensuite les livrer. Le reste de la commande concerne les ventes à venir ».
Un bureau d’étude pour imaginer des nouveaux VAE
Comme précisé précédemment, Arcade n’a pas Gaya pour seul et unique client. Bien au contraire. Les ventes en marque blanche constituent le cœur de son métier, principalement sur la côte Atlantique mais aussi auprès de plus de 200 villes de 28 pays, depuis ses débuts. « Aujourd’hui, Arcade, c’est une trentaine de modèles ».
Pour ce faire, l’entreprise dispose de son propre bureau d’études dédié à la conception de nouveaux vélos. Le groupe vise le grand public, des modèles moyens de gamme, mais mise aussi et surtout sur la robustesse afin de les faire tenir dans le temps. « On part d’une base, que l’on modifie selon les envies de nos clients avec une peinture ou des stickers », abonde Frédéric Lucas.
Encore une fois, rien n’est produit sur place. « On conçoit des pièces métalliques, que l’on ne fabrique pas nous-même. On les sous-traite en Europe, en France et en Asie », révèle l’intéressé. À terme, l’objectif du groupe est de minimiser son empreinte carbone en faisant appel à plus de partenaires européens et tricolores.
Qui sait, et du moins on l’espère, leur nouvelle usine de 12 000 mètres carrés leur apportera peut-être plus de poids à l’échelle nationale et européenne. De quoi mettre en œuvre des nouveaux leviers de négociations qui leur ouvriront le champ des possibles.
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