« Quand tu rentres chez Decathlon, c’est 1400 euros par mois » : technicien vélo, ce métier « trop peu valorisé »

 
Frandroid a pu rencontrer l’organisme de formation Sup de vélo à l’occasion des ProDays 2024. L’occasion d’échanger autour du métier de technicien vélo, auquel l’entreprise forme de nombreuses personnes depuis 10 ans déjà. Et de mettre en exergue un métier souvent « trop peu valorisé ».
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Source : Sup de vélo

Il suffit de jeter un œil aux offres d’emplois relatifs à la filière du cycle pour se rendre compte à quel point le métier de technicien vélo est prisé. D’autant plus avec le nombre grandissant de vélos électriques sur nos routes, des engins nécessitant des compétences spécifiques et plus techniques.

De nombreuses « écoles de vélos » existent aujourd’hui en France. « Il y en a une cinquantaine même », nous précise Cécile Frayssinet, l’assistance administrative et financière de Sup de vélo, que nous avons rencontré lors des ProDays 2024. Voilà déjà 10 ans que cette entreprise de formation instruit le métier de technicien de vélo à des élèves.

Des formations pour tous les profils

L’idée et le lancement de Sup de vélo sont à mettre au crédit de la Centrale Cyclelab, qui chapeaute également les réseaux Culture Vélo, Bouticycle et Vélo Station. « Notre école est rattachée à tout ça, mais on ne forme pas que des gens de ces magasins. On accueille vraiment tout le monde », tient à rappeler Cécile Frayssinet.

Sup de vélo propose plusieurs types de formation : du manager d’unité marchande (Bac + 5 minimum), au technicien-vendeur option cycle en passant par le conseiller expert en vélo électrique ou la formation hydraulique. Chaque formation à ses spécificités, ses modules, sa durée et son prix.

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Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

La formation vélo a forcément connu un boom significatif juste après le Covid-19. « Nos chiffres ont doublé, voire triplé. On était en moyenne à 100 formations à l’année, on est montée jusqu’à 300 ». Entre 2020 et 2023, le secteur vit un âge d’or. « Puis ça s’est tassé en 2023, on revient sur des standards pré-Covid ».

« Depuis le Covid, on a dû former autour de 1000 personnes ». Surtout, le taux de transformation est plus qu’intéressant : 80 % des personnes formées trouvent ensuite du travail. « Beaucoup d’entre eux se lancent aussi à leur compte, en autoentrepreneur. Nous avons un suivi au bout de 6 mois », qui permet de tracer leur évolution.

Des salaires jugés trop faibles

Pour les 20 % restants, l’aspect économique est généralement le facteur déterminant : « Ces gens-là sont rattrapés par le côté économique, car au début, ça peut moyennement payer. Quand tu rentres chez Decathlon en tant que technicien vélo, c’est 1400 euros par mois ». On imagine qu’à Paris, les salaires sont potentiellement nivelés par le haut. À noter que le site Indeed estime à 1687 euros le salaire moyen d’un Technicien Cycle chez Decathlon.

« C’est un métier trop peu valorisé, les salaires devraient être revus à la hausse. Récemment, il y a eu des postes à 2000 euros. Les entreprises sont obligées d’attirer les jeunes générations », notamment pour remplacer certains départs à la retraite et assumer la hausse de la demande.

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Source : Grégoire Huvelin – Frandroid

On imagine aisément que la formation dédiée au vélo électrique, le segment de cycle ayant le plus progressé ces dernières années, a été particulièrement prisée. Ce type de formation s’attarde sur le contrôle d’un VAE selon la procédure du constructeur, la maintenance et le montage, le diagnostic d’un dysfonctionnement, la vente et l’argumentation.

Des modules plus spécifiques sur les systèmes Bosch et Shimano – les deux plus populaires dans le monde du VAE – sont notamment au programme. « Ils mettent les mains dans le cambouis, sauf pour Shimano et Bosch qui ont verrouillé leur système. On n’a par exemple pas le droit de démonter un moteur Bosch, c’est un outil de diagnostic qui se charge de l’analyse », explique notre interlocutrice.

Différentes typologies d’élèves

Évidemment, tous les motoristes ne fonctionnent pas de la sorte. « Ozo, par exemple, nous permet de démonter leurs moteurs ». Pour les batteries endommagées en revanche, il est difficile d’intervenir.

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Source : Sup de vélo

Quelles typologies de profils forment Sup de vélo ? « Cela peut être des gens déjà formés qui veulent ajouter une corde à leur arc en se concentrant sur l’électrique », nous éclaire Cécile Frayssinet. « Sinon, ils viennent de partout en France, il y a même des Belges, des Suisses et des personnes des DOM-TOM ».

Il n’empêche, un type de profil ressort plus que les autres : « Ce sont principalement des gens en pleine reconversion ». Paradoxalement, ou plutôt ironie du sort, Sup de vélo forme un grand nombre d’anciens employés… d’Airbus. « Nous sommes proches de Toulouse, donc on en a eu beaucoup ».

Un « aspect humain » important

« Ce sont des personnes qui avaient un métier à l’opposé du vélo. Mais ils veulent changer leur mode de vie, prendre leur temps et penser au côté bien être, quitte à faire des concessions sur le salaire », poursuit notre interlocutrice.

Le métier de technicien vélo est également plus que ça. « Les gens pensent que c’est simple, mais il y a aussi tout un travail de gestion, de technique de vente, d’étude posturale et de conseil. Il y a également de la gestion, et un aspect humain important pour faire venir les gens dans les magasins », conclut Cécile Frayssinet sur cette belle note.


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