Souvenez-vous en mai 2023 : nous avions pris en main le Pi-Pop pour la première fois. Cette petite expérience nous avait permis de découvrir « en vrai » la technologie de ce vélo électrique sans batterie, lancé en 2022 après la conception de l’U-Feel en 2019. Puis à quelques jours de la fin d’année 2023, nous avons reçu un exemplaire de test par le fondateur Adrien Lelièvre en personne, pour tester cette technologie sur une plus longue période.
Nous avons ainsi roulé régulièrement avec le vélo électrique à supercondensateurs durant 6 mois, de quoi expérimenter toutes les météos, ainsi que différentes températures, conditions de circulation ou types de terrain. Voici notre bilan de ce vélo électrique pas comme les autres .
Fiche technique
Modèle | Pi-Pop (2023) |
---|---|
Dimensions | 200 cm x 70 cm x 120 cm |
Puissance du moteur | 250 watts |
Batterie amovible | Non |
Bluetooth | Non |
GPS | Non |
Écran | Oui |
Poids | 21,5 kg |
Couleur | Blanc |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Il ressemble à un VAE classique, à deux détails près
Avant de parler des sensations et du comportement électrique du cycle, voici une petite introduction rapide de ce Pi-Pop. Ce VAE ressemble à presque n’importe quel autre VAE. Il possède un cadre ouvert classique, de grandes roues de 27,5 pouces dotées de freins à disque hydrauliques, un guidon courbé, une fourche suspendue, une selle rembourrée, et un porte-bagages arrière.
La partie électrique est aussi conventionnelle, avec un moteur placé sur le moyeu arrière, venant entraîner une transmission par chaîne et un dérailleur Shimano Altus 7 vitesses avec manette tournante.
Quelques détails nous font tout de même tiquer, comme les garde-boue en plastique déformables (mais avec bavette), les pneus trop étroits limitant la pratique sur certains chemins ou encore l’éclairage à piles. On apprécie tout de même le bon confort offert par la fourche suspendue, la position assez droite avec sa selle en gel, ainsi que la petite sonnette au vert Pi-Pop !
Des supercondensateurs, c’est quoi et comment ça marche ?
Le seul élément intrigant du Pi-Pop, ou plutôt les deux éléments, sont le double bloc arrière faisant corps avec le porte-bagages. D’habitude, la batterie lithium-ion se loge sous le porte-bagages, dans le triangle arrière derrière le tube de selle, ou dans voire sur la poutre diagonale du cadre. Ici, ces deux blocs sont en réalité les boîtiers des supercondensateurs.
Dans les faits, on y trouve la même architecture de piles collées et connectées les unes aux autres. La rupture fondamentale est qu’une pile de supercondensateurs utilise seulement :
- Du carbone,
- De l’aluminium,
- De la cellulose,
- Des polymères.
En conséquence, ce vélo électrique est plus écologique.
Dans le détail, la capacité est faible : 8 Wh, contre 250 à 750 Wh pour un VAE muni d’une batterie lithium-ion. Mais le transfert des électrons – et donc du courant – est très rapide. Cela vaut pour l’alimentation du moteur, mais aussi pour la régénération d’énergie. Car oui, les supercondensateurs se rechargent aussi vite qu’ils se déchargent – à 300 W maximum – à l’aide de la récupération au freinage et lors d’une décélération. Pas de recharge à la prise, c’est perturbant !
Une assistance ponctuelle à maîtriser
Pour suivre le système de charge-décharge, il faut consulter un écran. Pour démarrer le vélo, cela passe par un appui prolongé du levier de frein droit. Et oui, aucun bouton on/off n’est ici de la partie !
L’affichage est encastré dans un bloc plastique imprimé en 3D tout vert. Minimaliste, l’écran propose en gros caractères la puissance, et non la vitesse, exilée en bas en plus petit.
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Pour bien utiliser ce Pi-Pop, il faut avant tout maîtriser le concept même de ce vélo à supercondensateurs et regarder régulièrement le chiffre affiché. En rouge, il indique une décharge et donc le fonctionnement de l’assistance électrique. En vert, c’est que les piles se chargent, grimpant jusqu’à 300 W.
En toute franchise, nous avons mis quelques semaines à rouler de façon optimale avec le Pi-Pop. Le vélo électrique n’envoie les watts qu’au démarrage, afin d’atteindre une vitesse de croisière.
Étonnamment, on n’atteint pas les 25 km/h coutumiers d’un VAE conventionnel, mais plutôt 20 km/h. C’est en réalité peu ou prou la vitesse d’un vélo mécanique, et le Pi-Pop est pénalisé par son poids de 21,5 kg. On peine donc à maintenir cette vitesse : cela en devient physique, voire même plus physique qu’un vélo musculaire équivalent pesant 5 à 6 kg de moins.
Un appui en accélération et en pente
À 20 km/h, il manque donc un petit filet électrique pour conserver la bonne vitesse de croisière sans peine, sur un terrain plat. Surtout, le système récupère un peu d’énergie si vous apportez « trop » de puissance humaine, et le frein électromagnétique conserve cette vitesse de croisière. L’assistance électrique du Pi-Pop n’intervient donc qu’au démarrage, et surtout dans les dénivelés. C’est là le vrai terrain du jeu de ce vélo électrique.
Là encore, il faut un petit temps d’adaptation, car le moteur délivre de l’assistance seulement après que vous ayez maintenu une vitesse stable lors des 10 secondes précédant la montée. Si vous accélérez, le système considère que vous donnez la puissance humaine nécessaire : par conséquent, il estime que nous n’avez pas besoin d’assistance électrique. Une fois la vitesse stabilisée, et suite aux quelques km/h perdus en maintenant la cadence, on sent donc le coup de l’assistance avec un pic de 300 W.
Le tout doit se faire avec une certaine cadence, car un moteur de vélo électrique s’exprime sur une plage restreinte. Si vous mettez le petit plateau en amont de la montée avec une cadence de 40 tr/min, oubliez l’assistance. Idem si vous moulinez en 2e vitesse : vous perdrez trop rapidement de vitesse et l’assistance ne fonctionnera pas.
Pour en revenir à l’écran, vous verrez beaucoup de rouge et peu de vert. L’autre chiffre affiché est le pourcentage d’énergie, qui va fondre assez vite. Résultat, vous terminerez probablement votre trajet avec moins d’énergie qu’au départ, et en sueur. C’est ce qui nous est arrivé lors des premiers essais.
Sans prise, du coup, on fait comment pour recharger ?
Le Pi-Pop est un vélo électrique exigeant. Mais lorsque l’on comprend le fonctionnement, banco ! Il faut aussi savoir jouer avec les freins, procurant la plus rapide recharge possible du Pi-Pop.
Le frein régénératif, un jeu d’enfant
Les deux leviers de frein génèrent une forte régénération d’énergie (avec un frein électromagnétique), en les pressant légèrement. Trop souple, vous récupérez peu, trop fort, vous activez les étriers de freins. La recharge, certes faible, s’amorce également quand vous apportez plus de puissance que nécessaire pour conserver une vitesse stable, ainsi qu’en décélération et lors d’une descente.
Si vous avez déjà roulé avec une trottinette électrique (ou une voiture électrique), rien de choquant, c’est à peu près le même principe. Sauf qu’ici, la puissance de recharge est très forte, et dépend des deux leviers. Chacun dispose d’une limite de 150 W, donc 300 W maximum en cumulé.
En combinant l’expérience du système et celui des freins, on s’amuse donc à anticiper chaque freinage au feu rouge, ou à conserver une vitesse modérée en forte descente. À chaque sortie, nous avons donc augmenté le delta positif d’énergie, en disposant davantage d’énergie à l’arrivée qu’au départ.
Finie la (re)charge mentale
À force, nous avons même réussi à finir avec 100 % de batterie sur certains de nos trajets ! Évidemment, l’expérience et le pourcentage varient selon l’environnement. Sur plat, clairement, le Pi-Pop est frustrant, car il devient un vélo mécanique avec une assistance active seulement au feu vert. Sur un parcours vallonné, il trouve toute sa légitimité en chargeant lors des descentes et en restituant l’énergie en montée.
Surtout, quel bonheur d’oublier la recharge du vélo. Car si l’on ne peut pas vraiment parler d’économie (le coût est dérisoire) la charge mentale de la recharge n’est pas négligeable. Exit les heures d’attente pour faire le plein d’électricité, pas de chargeur à amener – ni à produire, donc moins d’impact – on prend juste le Pi-Pop est c’est parti !
Autre point très appréciable : nous n’avons noté aucune différence de fonctionnement par temps frais ou en forte chaleur. Les supercondensateurs semblent insensibles à l’environnement par 2°C sous une petite bruine ou sous le soleil à 25°C. Lorsque l’on immobilise le vélo, il n’y a pas de perte d’énergie non plus, ce qui peut arriver sur certains VAE (on pense aux cycles connectés Cowboy ou Motto).
Nous avons interrogé le fondateur et directeur Adrien Lelièvre sur l’endurance et la fiabilité de la technologie. Il nous rassure sur une durée de vie de 10 à 15 ans, et Pi-Pop n’a enregistré aucun souci sur les centaines de vélos sans batterie déjà livrés. De rares dysfonctionnements électroniques (carte dans l’écran) ont touché certains utilisateurs, mais le tout a été réparé très rapidement, tandis que la partie cycle est à entretenir chez les partenaires de la marque.
Un vélo à supercondensateur cher et désormais amélioré
Reste le prix élevé, même si l’on salue une conception française, la fabrication des supercondensateurs et l’assemblage du vélo locaux. À 2 690 euros, le Pi-Pop ne fait clairement pas le poids face à un vélo électrique classique doté d’une batterie lithium-ion.
Pour ce tarif, vous pouvez optez pour un Decathlon LD 920 E (2 499 euros), un Ellipse E2 ST (2 706 euros avec porte-sacoches et suspension) ou un Voltaire Rivoli pour 100 euros de plus (2 790 euros). Nous mettons ici des vélos électriques plutôt urbains, à cadre ouvert et assemblés en France pour conserver une certaine équité au jeu de la comparaison.
Surtout, ce cycle orléanais verra l’arrivée d’un concurrent technologique, l’Anod Hybrid. Ce vélo hybride combine supercondensateurs et petite batterie lithium avec une partie cycle bien plus moderne et séduisante, mais bien plus onéreux (3 499 euros) aussi.
Le vélo électrique sans batterie arrive avec une assistance optimisée
Intéressant dans sa conception, le Pi-Pop évolue en revanche depuis cet été dans une version « V1.5 », pour mieux rivaliser avec l’Anod et les VAE classiques. Selon le dirigeant Adrien Lelièvre, plusieurs nouveautés sont à noter :
- Un algorithme optimisé pour apporter une assistance en vitesse de croisière digne d’un VAE jusqu’à 23 km/h, un mode « course-poursuite » maintenant les 25 km/h en permanence au détriment de l’énergie ;
- Un freinage régénératif porté de 300 à 400 W avec une répartition différente ;
- Un écran doté d’un boîtier moulé (non plus imprimé en 3D), avec une interface identique.
Finalement, le Pi-Pop corrige le principal reproche que nous pouvons lui faire dans cet essai. Et bonne nouvelle, nous commençons tout juste à le tester et ça change beaucoup l’expérience. Du coup, on vous donne rendez-vous prochainement pour un nouvel avis.
Conclusion
Nous voyons ainsi le Pi-Pop comme un vélo doté d’une assistance électrique… partielle. Du moins dans sa version vendue de 2022 à début 2024, car le comportement de la nouvelle itération est bien plus proche d’un VAE classique. Disons que le Pi-Pop testé assiste dans 40 % des situations, quand nouveau vous aide dans 90 % des situations. Une analogie à laquelle acquiesce Adrien Lelièvre, le fondateur et directeur.
Le Pi-Pop est un VAE qui ressemble presque à n’importe quel autre. Sans bouton, il ne demande aucune action si ce n’est la pression du levier de frein droit. Il suffit sinon, de pédaler. Néanmoins, il faut du temps pour comprendre quand l’assistance intervient, car elle n’est pas systématique. N’intervenant qu’au démarrage, ou après un obstacle à une cadence régulière et une vitesse de croisière, elle vous oblige à utiliser vos muscles une belle partie du temps.
En tous cas, le Pi-Pop n’a que peu d’intérêt sur un terrain plat, car il préfère s’exprimer sur des dénivelés. Le vélo français utilise pleinement sa technologie de supercondensateurs au freinage, récupérant autant de puissance qu’en accélération (300 W). Là encore, il faut de la souplesse – un peu comme sur une voiture électrique – et il faut user des deux leviers pour une régénération entière de l’énergie. L’écran permet de consulter en permanence ce jeu sympathique de consommation, de recharge et de vitesse de croisière – dommage que la lisibilité soit compliquée au soleil.
Une fois cette mécanique saisie, on retrouve la simplicité du Pi-Pop en le garant. Pas besoin de l’éteindre, ni de le recharger. Exit le chargeur et l’attente de plusieurs heures ! Les supercondensateurs sont par ailleurs réalisés en France, avec des matériaux communs, sans lithium : c’est un gain écologique. Reste que la partie cycle n’est pas française, et un peu bas de gamme au regard du prix de vente : dérailleur Shimano de base, pneus fins, freins un peu légers, porte-bagages non compatible avec certaines fixations…
Si vous comptez vous procurer un Pi-Pop génération 2024, il faudra faire ce compromis niveau cycle. Toutefois, son système électronique a évolué et apporte une meilleure assistance en vitesse de croisière, même sur le plat, tandis que la recharge est possible avec un seul levier, combinée avec un freinage plus puissant. Le prix du vélo à supercondensateurs semble ainsi plus légitime. Nous avons démarré une nouvelle expérience au guidon de ce Pi-Pop « 1.5 », que nous vous partagerons prochainement.
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