Avec l’essor de la voiture électrique, quels sont ces ambitieux constructeurs chinois qui ont émergé ?

Aiways, SAIC Motor, Geely...

 
La transition du thermique à l’électrique a vu l’émergence de nombreux constructeurs chinois, qui ont saisi l’opportunité d’un nouveau marché pour aller s’exporter vers d’autres contrées, et notamment en Europe. Mais quels sont ces « nouveaux » constructeurs chinois venant jouer des coudes avec les mastodontes européens et américains ? C’est ce que nous allons voir dans ce dossier.
Aiways U5

La Chine fut longtemps considérée comme l’eldorado pour les constructeurs automobiles européens, qui voient en ce marché une manne financière énorme. Néanmoins, nombreux sont ceux à y avoir laissé des plumes, à l’image de nos constructeurs nationaux, comme DS par exemple, qui comptait bien jouer sur la carte du savoir-faire français afin d’y vendre ses voitures haut de gamme. Aujourd’hui, le constat est sans appel, et la directrice de DS, Béatrice Foucher, l’affirme elle-même au micro de BFMTV : « On ne peut pas être content du parcours de DS en Chine ».

Si les constructeurs européens ont de plus en plus de mal à s’imposer en Chine, c’est aussi parce que la concurrence locale s’est largement intensifiée, avec l’arrivée de nouveaux produits particulièrement aboutis et moins onéreux. Les marques domestiques, qui assemblent majoritairement des voitures sous licence, dominent largement le marché, notamment via des joint-ventures avec des constructeurs européens et américains. Depuis le début de l’année, le top 5 des constructeurs en Chine est constitué de FAW-VW, SAIC-GM, Changan Auto, SAIC-VW et SGMW.

Après avoir conquis leur propre marché, les constructeurs automobiles chinois se font peu à peu une place ailleurs. Et encore une fois, ils avancent leurs pions avec intelligence, en concentrant notamment leurs efforts sur les segments les plus porteurs et sur lesquels leur expertise n’a rien à envier aux constructeurs occidentaux. La transition énergétique amorcée est un excellent moyen de « remettre les compteurs à zéro » et de se hisser au niveau de certains constructeurs historiques.

Et pour ce faire, la stratégie de certains fabricants, ou de certains groupes chinois devrait-on dire, c’est de racheter des marques européennes pour percer sur un marché avec des noms qui résonnent dans l’esprit des clients européens. Ainsi, des constructeurs comme Lotus, Proton, MG, Volvo ou encore la marque de pneumatique Pirelli sont tous passés sous le giron d’entreprises chinoises. Et elles ne s’arrêtent pas là, car les plus gros acteurs du marché européen sont désormais dans leur ligne de mire. En 2018, par exemple, Geely est entré à hauteur de 9,7 % au capital de Daimler (Mercedes). Une première brèche qui marque le début d’investissements massifs de capitaux chinois.

Mais au-delà de ces investissements colossaux, certaines marques s’implantent directement en Europe avec l’essor de la voiture électrique, et elles sont de plus en plus nombreuses. Nous allons donc passer en revue les principales marques automobiles chinoises et leurs voitures que vous croiserez, ou que vous avez peut-être déjà croisées, sur les routes ces prochaines années.

Certains constructeurs chinois impressionnent avec de puissantes supercars électriques, comme c’est le cas de cette Techrules Ren de 1305 chevaux.

SAIC Motor (MG Motor)

SAIC Motor n’est plus ce que l’on pourrait appeler un « constructeur en devenir », il s’agit bien aujourd’hui de l’un des plus gros constructeurs, qui ne tardera sans doute pas à dépasser les géants européens, américains et japonais. Il faut dire que l’émergence de SAIC Motor ne date pas d’hier, bien au contraire, puisque son histoire a débuté à Shanghai, dans les années 50, avec plusieurs ateliers de réparation.

Pour continuer son expansion, l’entreprise possède une stratégie qui est encore d’actualité aujourd’hui : elle mise sur les partenariats et les alliances avec les grands groupes automobiles. SAIC parvient à décrocher quelques juteux contrats, notamment avec General Motors, où l’entreprise développe des véhicules adaptés pour le marché chinois. Plusieurs synergies se mettent en place entre les deux groupes, SAIC profitant de certains composants du constructeur américain, tandis que General Motors s’appuie sur l’expérience de SAIC concernant les véhicules électriques.

SAIC pousse aussi pour s’immiscer en Europe, et elle le fait grâce à des marques rachetées par le groupe et qui possèdent encore une image forte sur le Vieux Continent. C’est via MG Motor, la célèbre marque anglaise qui fabriquait de sympathiques petits roadsters, que SAIC arrive en Europe, avec des SUV électrifiés et bientôt une gamme complète. MG vient notamment d’annoncer l’arrivée du premier break 100 % électrique au monde avec le MG5.

Geely (Volvo, Polestar…)

Juste derrière SAIC Motor, nous retrouvons Geely, qui adopte globalement la même stratégie, même si le groupe s’est orienté vers des marques qui n’avaient pas complètement disparu, comme ce fut le cas avec SAIC et MG. Geely possède dans son portefeuille de marques de nombreux constructeurs comme Lotus, Volvo, Polestar, Lynk & Co ou encore Proton. Le groupe vend cependant aussi des voitures électriques sous son propre nom.

Geely multiplie les investissements pour développer son portefeuille : c’est ainsi qu’il devient le principal actionnaire de Volvo en 2017 et qu’il acquiert, comme énoncé plus haut, près de 10 % de Daimler l’année suivante. En Europe, vous ne verrez pas de voitures estampillées Geely, mais l’offensive du groupe chinois sur le Vieux Continent est bien présente, notamment avec ses marques suédoises Volvo et Polestar. Si la première est identifiable par la majorité des clients européens, la seconde l’est un peu moins puisqu’elle fut longtemps à Volvo et était la division performance de Volvo Cars Corporation.

Depuis, il s’agit d’un constructeur de voitures électriques haut de gamme dont les voitures partagent de nombreux éléments avec certaines Volvo. En France, Polestar fait actuellement face à quelques problèmes juridiques avec Citroën pour une sombre histoire de logo : le lancement de la marque est ainsi retardé.

N’oublions pas également Lotus, qui devrait continuer à faire des voitures de sport, mais électriques désormais, tandis que Lynk & Co, qui est moins connu en Europe du fait de sa jeunesse (la marque fut fondée en Suède en 2016) compte bien conquérir le Vieux Continent en se concentrant sur la connectivité et des modèles d’achat innovants. Les voitures de Lynk & Co partagent elles aussi quelques éléments avec certaines Volvo. Pour le moment, Lynk & Co ne propose pas encore de voitures 100 % électriques, mais un SUV hybride rechargeable en Europe avec un modèle sobrement baptisé 01.

Aiways : déjà disponible en France

L’ascension d’Aiways est pour le moins fulgurante, surtout quand on sait que cette entreprise fut fondée sous la forme d’une start-up en 2017. Aiways fut d’ailleurs le premier constructeur chinois (en dehors des grands groupes précédemment cités) à investir le marché européen avec un SUV électrique. Mais il faut dire que la marque ne part pas d’une feuille blanche, puisqu’elle dispose d’un centre de recherche à Ingolstadt, fief d’Audi, où de nombreux ingénieurs qui ont été débauchés de grands groupes européens travaillent désormais sur les technologies des voitures du constructeur. 

Aiways fait sensation en 2019 au Salon de Genève, en exposant son premier modèle : un SUV 100 % électrique répondant au nom de U5. Ce modèle arpente déjà nos routes en France, notamment en Corse où Hertz en a commandé 500 pour l’île. Aiways s’est aussi développé très rapidement, car elle a simplifié au maximum son réseau de distribution et de réparation, en s’associant avec des partenaires locaux, et notamment le réseau Feu Vert pour les entretiens. Pour les ventes, Aiways utilise son site internet sans passer par un réseau de concessionnaires.

Seres : une arrivée timide

Voici une marque qui est arrivée en Europe sans trop faire de bruit via l’importateur européen EcoWay. Pourtant, elle se targue de proposer l’un des SUV 100 % électriques les moins chers du marché avec le Seres 3. La marque a été fondée en janvier 2016 dans la Silicon Valley par John Zhang, en étroite collaboration avec Martin Eberhard, cofondateur et ancien PDG de Tesla. Le constructeur est issu de Dongfeng, un des poids lourds du marché chinois. Il ne s’agit donc pas d’une start-up, mais d’une joint-venture entre Dongfeng et Sokon, DFSK, dont la division électrique est Seres. De quoi certainement rassurer les potentiels clients et les moyens engagés pour que cette marque se développe en Europe.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, Seres commercialise un seul et unique produit en France, à savoir le Seres 3, un SUV compact 100 % électrique qui revendique une autonomie de 329 kilomètres. D’ici la fin de l’année, il sera rejoint par un modèle plus imposant, le Seres 5, qui, selon la marque, sera plus abouti pour le marché européen avec des performances en hausse (Seres annonce un 0 à 100 km/h en 3,5 secondes !) et une autonomie homologuée sous le cycle WLTP d’environ 500 kilomètres.

XPeng : le Tesla chinois ?

Xiaopeng Motors, ou Xpeng, a été fondé en 2014. La marque n’est pas encore distribuée en France, mais elle l’est depuis pratiquement un an en Norvège avec les G3. En cette fin d’année 2021, elle lance son second modèle en Europe, toujours en Norvège, avec la P7, une berline 100 % électrique concurrente de la Tesla Model 3. Là encore, il ne s’agit pas d’une petite marque qui s’implante sans grandes ambitions. Grâce à plusieurs levées de fonds réussis, Xpeng a pu développer des capacités industrielles pour couvrir son marché local et exporter vers l’international. Des grands investisseurs chinois comme le groupe Xiaomi ont aussi pris part à l’aventure.

XPeng est sous le feu des accusations depuis quelques mois de la part de Tesla, qui accuse la marque chinoise d’avoir volé des propriétés intellectuelles liées à son logiciel de conduite autonome Autopilot. Même si la firme asiatique nie en bloc toutes accusations, les rares journalistes qui ont pu essayer ces modèles ont remarqué d’importantes similarités entre les deux logiciels. Et XPeng ne s’inspire pas de Tesla uniquement pour ses logiciels, puisque la marque a aussi développé son propre réseau de bornes rapides similaire au réseau Superchargeur en Chine. Il en va de même pour le processus d’achat, avec une disposition des showrooms équivalente à celle de Tesla, puis toute la vente se déroule en ligne directement.

Les autres marques

Des marques et groupes chinois qui tentent de s’implanter en Europe, il y en a d’autres, mais qui ne rencontrent pas (ou qui n’ont pas encore rencontré) le même succès que les entreprises précédemment citées. BYD, qui était auparavant uniquement un fabricant de batteries, possède désormais ses propres véhicules et est l’un des plus gros vendeurs de voitures électriques en Chine. La marque souhaite s’implanter en Europe via la même stratégie que Xpeng, en commençant par le marché norvégien, le plus mature aujourd’hui concernant les voitures électriques sur le Vieux Continent.

Byton aimerait connaître le même lancement en Europe que MG Motor ou encore Aiways, mais celui que l’on a rapidement qualifié de « Tesla Killer » peine à s’implanter. Avec le M-Byte, un SUV 100 % électrique présenté à Francfort en 2019, Byton compte bien inonder l’Europe, mais la pandémie qui a suivi et d’importants soucis de production semblent avoir eu raison du lancement de ce produit dans nos contrées. La marque n’a pas encore officiellement renoncé à se déployer en Europe, puisqu’elle compte lancer son M-Byte d’ici 2022 aux dernières nouvelles. Mais depuis, les informations sont rares et les 25 000 précommandes européennes annoncées par le constructeur ont dû fondre comme neige au soleil.

Nio est un constructeur chinois ambitieux, mais qui a, lui aussi, été plombé par la crise sanitaire. Aujourd’hui, la gamme est composée de quatre produits, dont trois SUV avec les EC6, ES6 et ES8, et une berline avec l’ET7. Il y a également une supercar qui a fait parler d’elle sur le Nürburgring, à savoir l’EP9, mais disons qu’il s’agit plus d’un « véhicule image » plutôt qu’un vrai produit intégré au catalogue.

Là encore, Nio commence à s’implanter en Europe par la Norvège, et vient même de déployer sa première station d’échange de batterie en Norvège, un système propre à la marque chinoise qui permet de ne pas attendre le chargement de sa batterie, mais de directement l’échanger avec une batterie déjà pleine. Nio compte ouvrir un total de 20 stations d’échange de batterie en Norvège d’ici la fin 2022. L’Allemagne, qui sera le prochain marché européen auquel Nio s’attaquera, profitera également de l’installation de stations. Pour le moment, la marque n’a pas annoncé de date de lancement en France.


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